Dans le précédent livre de Mme Badinter, «fausse route», celle-ci tentait de faire la part des choses entre un mauvais et un bon féminisme. Elle essayait de recenser les erreurs qui avaient été commises par le féminisme. Nous, hommes militants, y avions vu une perche qui nous était tendue, comme une bouffée d’air au milieu du brouillard de la pensée unique. Enfin, la critique du féminisme n’était plus tabou (tout au moins par une femme). A l’époque, les folles totalitaires l’avaient fustigée comme une traître à la cause.
Pourtant tel n’était pas le cas.
Mme Badinter savait que la barque était en train de couler et qu’il fallait la sauver en donnant une issue viable à ce féminisme qui était en train de stériliser l’ensemble de la société, que ce soit idéologiquement, psychologiquement et même physiologiquement.
Dans ce livre, «le conflit», elle révèle enfin ses vraies intentions : couper chez les femmes le lien entre culture et nature continuant par d’autres moyens son travail de stérilisation. La mère est une gêne à l’épanouissement de la femme, et il faut que ce «travail» de mère, qui ne satisfait pas de nombreuses femmes, soit mis sur un second plan dans la vie de ces dites femmes (voir sur www.aimeles.fr l’antinomie entre féminisme et maternité). Les femmes de la nouvelle génération qui se concentrent sur leur vie de famille sont en train d’échouer pour elle. Elles reviennent au foyer et mettent en jeu l’indépendance des femmes si chèrement acquise. Les femmes françaises qui feraient un peu plus d’enfants que les autres, le feraient à cause des systèmes de garde de crèche et parce qu’elles auraient une distance culturelle envers leur progéniture.
Or tous ces raisonnements pèchent autant par idéologie que par logique. D’abord, ces femmes trentenaires qui ont choisi de s’occuper de leur famille plutôt que de s’investir dans leur milieu professionnel, ne sont pas plus bêtes que d’autres. Au contraire. Elles se sont aperçues que cette libération qu’on leur avait promise n’était qu’un mensonge. Loin d’être libérée, elles se sont retrouvées sous la double contrainte familiale et professionnelle. Mme Badinter explique que ce sont les hommes qui auraient dû prendre le relais, qu’ils ne l’ont pas fait, et que tel est la raison de l’échec de l’intégration professionnelle de ces femmes. Mais elle se trompe lourdement.
Ce sont les femmes qui n’ont pas voulu lâcher prise sur le territoire de la maison, preuve en est les demandes des femmes lors des séparations, même seules, même insérées professionnellement, et désirant systématiquement assumer la résidence principale des enfants. Si ces femmes n’avaient attendu que d’être libérées de la «charge» des enfants lors des divorces, elles auraient majoritairement encouragé les résidences alternées et égales. Mais tel n’a pas été le cas. Au contraire, les femmes ont cherché à garder leur pouvoir dans le domaine qui leur était réservé, celui de la famille, tout en restant insérées professionnellement. Evidemment, cette double tâche, a été un poids qu’elles n’ont pas ou mal assumé. Mais ce n’est pas cette génération qui a remis en question ces choix idéologiques, elles en étaient bien incapables. Ce sont leurs filles. Ayant constaté l’échec total de leurs mères, premières victimes de la destruction des familles, ces femmes devenues responsables, se sont dites que le partage traditionnel n’avait pas que des désavantages. Ce partage leur offrait une sécurité plus grande, du temps pour s’occuper de ce qui les intéressait : les enfants; ce partage leur offrait également des hommes valorisés auprès d’elles, plus susceptibles de les soutenir. Mme Badinter analyse ce changement d’orientation des femmes trentenaires comme une simple révolte des filles envers leur maman, révolte générationnelle. Mme Badinter ne s’étonne même pas que cette révolte se fasse contre la mère et non plus contre le père comme c’était le cas quand les hommes avaient un peu d’autorité à l’intérieur de la famille. Elle accuse les mouvements naturalistes d’avoir travaillé à la régression (ligue du lait, naturopathie…).
Désormais, seules entres féministes dans le débat idéologique, après avoir exclu les hommes de la réflexion sur la famille, elles s’entretuent. Comme en 1789, tuer le père n’a pas résolu la violence mais n’a fait que l’amplifier.
Il y a plusieurs autres points qui pèchent dans l’analyse de Mme Badinter.
Passons sur le volet discrimination faites aux femmes, débile et mensonger au possible, et regardons les bons chiffres de la natalité aux USA qu’elle n’explique pas (bien meilleurs qu’en France qui n’arrive même pas au seuil de reproduction). Elle se félicite de la fécondité française en arguant des avancées féministes, système de crèches, ou mentalité de la femme française, oubliant qu‘un tiers des naissances viennent des quartiers en très grande difficulté, et que la femme française quand elle est bien intégrée socialement fait comme les mamans allemandes ou japonaises : elle a moins d’enfants, système de crèche ou pas, mentalité ou pas. En vérité, nous avons des enfants en France qui ne sont pas désirés. Ils sont le résultat des subventions d’état. Et si les subventions s’arrêtaient du jour au lendemain, la natalité française dont nous nous faisons les hérauts, s’effondrerait immédiatement.
Beaucoup de ces questions sont habilement esquivées par Mme Badinter. Au lieu de comprendre et de soutenir le choix de ces mères qui veulent investir dans l’amour de leur famille, Mme Badinter tire donc à boulets rouges sur elles, mais aussi, sur tous ces mouvements qui soutiennent ces «nouvelles» mères. Cette attitude pourrait nous faire oublier que de temps en temps, Mme Badinter a quelques traits d’intelligence certains, lorsqu’elle évoque, par exemple, la menace que le père soit d’autant plus écarté de la famille que les femmes se concentrent sur leur enfant, et non sur leur famille dans leur ensemble, à cause du culte de l’enfant «roi». C’est marrant de réintégrer les hommes juste quand on en a besoin… C’est un danger qui risque de se réaliser d’autant plus que l’Etat offre à ces mamans les moyens d’éduquer leurs enfants seules. Mais ce n’est pas un danger qui se réalise auprès des mouvements naturalistes qu’elle combat. Au contraire. On peut même reconnaître à ceux-là d’avoir promu la place du père plutôt que de l’avoir détruite. Les naturopathes par exemple, sont des gens très sensibles à la distinction des sexes et à la place du père. Non, les familles sans père, sont plutôt le résultat des subventions d’un Etat qui a suivi aveuglément l’idéologie féministe… mais de cela Mme Badinter ne répond pas, ni ne se questionne. Que Mme Badinter en assume la responsabilité ou pas, ce sont les féministes qui ont permis le culte de l’enfant roi en donnant une soit-disant indépendance à des femmes paumées, excluant de facto le père.
Que des femmes se révoltent contre la connerie ambiante, je trouve cela plutôt rassurant. Je les connais ces femmes qui adhèrent à ces mouvements naturalistes. Plutôt instruites, elles cherchent les repères qu’elles n’ont pas toujours eu dans leur propre milieu. Elles cherchent à compenser le manque de famille dont elles ont souffert, à reconstruire le lien des générations et la culture féminine que les 68ardes ont consciencieusement attaqué pour obtenir les résultats que l’on connaît.
Mme Badinter, comme, les autres féministes, il est temps d’assumer votre échec total, et la culture de mort que vous diffusez à l’intérieur de la société mondiale. Hommes et femmes, nous sommes des corps, aussi bien que des esprits, nous sommes des mammifères aussi bien que des êtres pensants, nous avons été créés hommes aussi bien que femmes dans un corps que nous apprenons à respecter. Nous aimons la tradition, nous aimons nos ancêtres, nous aimons nos grands-mères, nous ne les trouvons pas plus bêtes que vous, nous aimons nos grands-pères, nous ne les trouvons pas plus idiots que ces 68ards incultes et amoraux, nous aimons la culture et les familles stables, quand hommes et femmes ont conscience de leur inter-dépendance, car au-delà de l’empathie nécessaire entre êtres humains, nos enfants en ont besoin.
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