Beaucoup sont resté interdits face au courage d’Anne Sinclair dans l’affaire DSK. Son attitude ne correspondait à rien d’identifiable dans la pensée féministe dominante : comment une femme éduquée, riche, mère et heureuse pouvait encore soutenir son mari face à une tromperie qu’elle connaissait depuis des années ? Comment acceptait-elle de rester dans une barque qui était certaine de couler ?
Si on leur laissait toute la parole, je pense que nos féministes seraient capables de nous expliquer son aliénation. Ou bien, comme je l’ai entendu malgré moi, que « leur vie de couple les regarde ». Pour les féministes, il ne peut rien y avoir de beau entre un homme et une femme, sinon un rapport de force. Mais malheureusement pour elles, les couples qui s’aiment vraiment mettent au second plan ce rapport de force. Et les féministes, en monopolisant la parole sur des sujets futiles ou en n’abordant que des sujets stratégiques pour elles, nous éloignent de réalités plus justes. Quand les féministes s’adressent à tout le monde, elles cherchent à diriger les comportements de chacun. Par contre, quand il s’agit d’une femme bien réelle et même si celle-ci s’oppose à leurs conceptions, ici Anne Sinclair, elles font silence. Cela va à l’encontre du code féministe. Dans ce code, il est écrit qu’une femme a le droit de faire n’importe quoi car c’est une femme. Seul les hommes doivent être remis en question de manière personnelle, car, a priori, ce sont eux les mâles dominants, les agresseurs, et les femmes les victimes. Et puis comme le dit cet article :
http://www.jesuisfeministe.com/?page_id=1792
« ne semons pas la divisions, pour mieux régner ».
Mais en vérité, il n’y a rien de plus contradictoire que la démarche féministe face à la réalité des femmes (raison pour laquelle, les féministes deviennent soit définitivement lesbiennes, soit hypocrites).
Une vraie femme ne se comporte jamais en féministe dans les faits. Anne Sinclair nous a donné le merveilleux exemple d’une démarche totalement antiféministe et qui a permis à son couple de passer un cap, pour le moins difficile :
_ Trompée, au centre de l’attention, elle aurait pu considérer que c’en était trop, qu’il fallait quitter le navire au milieu de la tempête, qu’un homme comme celui-là ne méritait pas son amour. Comme l’aurait fait une féministe, elle aurait pu le traiter d’affreux macho, d’exploiteur, de mâle dominant. Loin de là, elle a considéré que son devoir n’était pas de juger son mari, mais de lui donner de l’amour envers et contre tout pour préserver sa famille et sa fille. Ainsi Mme Strauss Kahn s’est grandie, s’unissant toujours plus à son mari alors qu’il était touché, forme aboutie du mariage traditionnel.
_ Tout au long de la procédure, elle est restée discrète. C’était la meilleure posture féminine qu’elle pouvait adopter. A l’image d’une féministe, elle aurait pu devenir hystérique, réclamer ses droits, faire valoir son point de vue, faire le buz dans les médias. Non, elle était là, tout simplement, et ça changeait tout. Pour une féministe, se contenter de son rôle traditionnel de passivité, est complètement inimaginable. Agir dans l’ombre n’est pas du ressort d’une femme moderne, surtout si c’est pour donner de l’amour. Une femme moderne agit, elle s’exprime, elle décide au grand jour, elle est l’égale de l’homme. Rien de tout cela ici. Anne Sinclair a été encore plus loin : elle s’est servie de son argent pour sauver son couple, elle a payé de sa personne pour sauver son homme, elle n’a pas lâché l’affaire, et dans l’ombre, j’imagine bien qu’elle est restée peut-être désabusée, mais sans rien montrer, liant son destin à celui qu’elle avait le droit de mépriser mais qui se confondait à elle dans leur union et donc, dans les épreuves.
_ Anne Sinclair ne nous a pas fait de grands discours moralisateurs sur l’indépendance de la femme, sur le « débrouille-toi » qu’elle aurait pu jeter à l’adresse de son mari. Elle nous a montré sa morale par ses actes. Abattue, humiliée, au centre d’une situation où tout appelait au jugement, elle est restée morale.
Pour conclure, ses intérêts financiers, psychologiques, moraux et immédiats étaient de quitter son mari, et elle ne l’a pas fait. D’un côté, j’entends les féministes évacuer stratégiquement la question. De l’autre, j’entends certains matérialistes ou des complotistes parler avec haine d’un milieu bourgeois et sioniste qu’ils ont en horreur. Quant à moi, je me permets de rappeler à tous une chose : le monde ne s’effondrera pas tant qu’il y aura ce genre de femme. Car alors même que nous subirons les pires injustices, que des êtres humains en affameront d’autres en se targuant de représenter le pays de la liberté, qu’une oligarchie s’appropriera le pouvoir parce qu’elle veut faire le bonheur des peuples malgré eux, ou que des idéologues décideront que l’individu ou la société dans son ensemble a tous les droits, à travers ces femmes, il nous restera toujours l’exemple de l’amour, de l’union, de la dépendance vitale qui lie hommes et femme, et si nous sommes perdus, cet exemple maintiendra en nous l’espoir de sortir du néant dans laquelle tout une société tente de nous jeter. Oui, il y a encore des femmes qui savent aimer leur homme, et qui, en dehors de tout intérêt matériel, savent créer les conditions d’un foyer chaleureux, vivant de fait, un merveilleux antiféminisme. Chez les Strauss Kahn, on ne minute pas les temps d’amour que l’on donne. Puisse cela inspirer les féministes dans leurs honteuses répartitions des tâches ménagères. Puisse cela inspirer les matérialistes pour qui l’intérêt suffit seul à expliquer la marche du monde.
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