Nos journaux sont unanimes : Aurélie Châtelain est une héroïne. Tuée par Sid-Ahmed Ghlam en refusant de lui donner sa voiture, elle a permis aux services de police d’arrêter le terroriste. En effet, en se défendant, elle a touché le brigand avec son arme à feu, au point qu’il ait dû se rendre à l’hôpital le plus proche. Devant s’expliquer sur ses blessures, les policiers n’ont pas cru son histoire de règlement de compte et ils ont découvert un arsenal dans sa voiture. Puis la perquisition à son domicile leur a révélé ses projets d’attentat contre deux Eglises françaises. Sans Aurélie, y-aurait-il eu plus de morts, on ne le saura jamais. Certainement. Cependant c’est une drôle de gratitude qu’on lui doit.
Avec un seul « Si »…
Si Aurélie était restée mariée à son homme, si elle n’avait pas dû aller jouer les femmes indépendantes et aller se former durant une semaine pour retrouver un emploi, si elle n’avait pas abandonné sa petite fille de 5 ans pour cela, si elle n’avait pas cru les féministes pour qui une femme vaut bien un homme au combat, si elle avait été moins matérialiste en voulant défendre une voiture coûte que coûte qui n’est finalement qu’un bout de tôle, elle serait encore vivante. A rebours, nous constatons qu’elle a sauvé beaucoup de gens. Mais tel n’était pas son intention. Il en aurait été de même si elle s’était retrouvée face à un simple petit malfrat. En vérité, avant même de mourir dans des circonstances extraordinaires, son comportement ordinaire la conduisait inéluctablement vers la mort. Sa vie, comme celle de nombre de nos contemporains, était déjà emplie de croyances étranges et mortifères sur la famille, sur l’argent, sur l’emploi.
Aurélie, une Française parmi d’autres.
Notre monde est inquiétant. Nous vivons une époque où des personnes sont capables de se suicider en toute bonne conscience, sans même s’en apercevoir, pour des futilités. De l’argent, un métier, qu’est-ce face à la vie ? Notre sens des priorités est distordu. Le Français moyen dénonce sourdement l’attitude de nos compatriotes qui sont morts pour l’honneur durant la guerre de 14-18. Pourtant, plus qu’un art de vivre, ou un pays, ceux-là défendaient des gens. Ils se battaient en songeant à leur femme, à leur famille. Aujourd’hui, une personne qui meurt en défendant sa voiture parce qu’elle voulait vivre toujours plus loin de sa famille, est glorifiée. Cependant ceux qui confortent médiatiquement les vaillantes soldatesses tombées sur le champ d’honneur de leurs croyances matérialistes devraient montrer l’exemple avant de les envoyer à la boucherie (1). « Passez-devant » comme disait Georges Brassens.
L’ironie de la vie, le retour.
Le diable aime brouiller les cartes. Un Franco-Algérien haïssant la France et l’Eglise, est sauvé de ses blessures par l’hôpital français dont l’origine est à trouver dans nos congrégations religieuses. Il s’apprêtait à tuer des croyants, et ce sont peut-être des catholiques qui l’ont pansé. Il détestait les femmes occidentales modernes, une de celle-là l’aura soigné. Une femme qui menait une vie de athée, aura sauvé des catholiques. Un Mohamétan qui projetait de s’attaquer aux adorateurs de la croix aura tué une sans-croyance avant d’être arrêté à cause d’elle. Un croyant aura été stoppé dans ses ambitions par une matérialiste. La police aura bien fait son travail juste avant d’avoir échoué à repérer les activités suspectes de cet individu…
En somme tout cela nous appelle à un peu d’humilité. Ces événements raisonnent aussi comme un appel au discernement. Il n’y aura pas toujours une matérialiste inconsciente pour se faire tuer et nous sauver par hasard d’un probable attentat. En dehors de ce genre de situation ubuesque, la mort matérialiste nous guette, surtout si nous ne remettons pas en cause nos conditions de vie, qui autre ironie, deviennent de plus en plus difficiles au fur et à mesure que nous détruisons la famille au nom de nos intérêts individuels.
Nous pouvons changer.
Si la mort d’Aurélie Châtelain a tant marqué nos médias c’est à cause du miroir qu’elle nous a donné de voir : nous nous reconnaissons collectivement dans cette petite femme qui a fait de mauvais choix de vie et qui a poussé l’absurdité jusqu’à la perdre pour les préserver. Nous aurions voulu que cela se termine bien pour elle, comme nous voudrions que cela se termine bien pour nous. Cela ne sera pas le cas, sans efforts moraux de notre part. Alors ne faisons pas d’Aurélie une héroïne de l’absurde. Et gageons qu’elle aurait voulu vivre, surtout, que sa famille aurait voulu la voir vivre, que son mari aurait aimé la voir se comporter en bonne épouse, que sa fille aurait été contente de grandir aux côtés de sa mère. Si nous ne faisons pas ce constat, Aurélie sera morte pour rien, et bien d’autres la suivront dans des circonstances encore plus dramatiques mais plus discrète.
1 « Je suis Aurélie Châtelain », Aymeric Chauprade du 23/04/2015.
Laisser un commentaire