Il frappe Christophe Dettinger, le visage à découvert, l’âme à fleur de peau, la patrie à bout de poings. Il donne Christophe Dettinger tout sur le ring, tout dans la vie, pour ce qui est juste, sans attendre un merci. Il boxe le héros, le noble art l’a détruit sans lui ôter sa soif de justice.
Jamais assez récompensés ces hommes qui croient que le courage seul suffit, que la société est clémente avec les généreux, qu’elle honore les braves de tout son crédit. Pourtant pour eux ici, point de grandes récompenses, point de sponsoring, Peut-être bien un petit job à Massy pour ne pas signifier aux autres « bientôt l’oubli », continuer la mascarade du sport bling bling où des milliards sont jetés sans souci de l’éthique.
Christophe Dettinger est d’une autre race lui. Ce qu’il a, il l’a gagné aux poings. Il est hermétique à toutes les phrases de politiciens. Il dit juste « J’ai agi pour le bien ». Il ne se préoccupe pas du lendemain, des atteintes au cerveau, des coups qui viennent de ses anciens copains, de sa fédération de coquins, qui chie dans son froc quand la critique vient, déjà couchée, au premier round, sans rien donner, terrée au premier alizé.
Les flash balls, les amputations, les yeux crevés n’ont pas effrayé Christophe Dettinger.
Au contraire, en homme d’honneur, ces pratiques de barbares l’ont gonflé de tout son orgueil. Il n’a pas laissé faire, il n’a pas détalé. Il a remis les gants une dernière fois. Il aurait pu les tuer. Mais juste pour l’exemple, juste pour le respect, il les a fait reculer. Pour quelques coups reçus derrière leurs larges boucliers, protégés, ces gendarmes couchés, pleurant, geignant d’être mal considérés, vont recevoir force indemnités. Encore une fois notre bonne justice aura fait son métier, après avoir mis en prison un odieux révolté.
Oh, ce soir, ils auront la conscience tranquille tous ces féminisés, ces protecteurs des relations sociales pacifiées, ces hérauts de l’institution républicaine. Derrière eux, tout leur argent, masse de certitudes, leur appareil d’état, leur pâleur faible et molle qui les rend incapables d’admirer et le geste et l’éclat. Se battre pour eux, guerroyer, un truc de gueux. Quémander un peu de bienséance, cela s’appelle foule haineuse.
Quelle laideur derrière tant de sourires affichés, de faux chefs qui à la moindre tapette se feraient retourner, s’ils n’avaient pour les protéger la lâcheté de plus couards qu’eux, qui ont bien, gentiment voté, comme il fallait, qui génèrent le désastre années après années, avec leurs grands cerveaux, avec leurs méthodes de communication éculées, leur spectacle de marionnettes viciées.
Derrière Christophe Dettinger, personne ou presque. Pas de grands pouvoirs. Pas d’immenses lobbys. Pas de campagne de marketing réussie ou de galettes à vendre pour l’épiphanie. Pas un seul de nos rois.
Seuls le suivent dans ce pays, les artistes les fous, les sportifs, les idéalistes, ceux qui ont soif de justice, tous ceux qui mettent réellement leur vie au service, pour qui un mot vaut parole donnée, les francs du collier, inévitables naïfs, innocents décents, les engagés dérangeants, les qui ne se résolvent pas, les qui y croient, ceux qui ne se laissent pas écraser même s’ils n’en ont pas les moyens, les anti bureaucrates blafards, les qui ont encore une étincelle au fond de soi, les misérables, les petits blancs avec idéal, abandonnés, seuls encore à croire aux chimères du passé.
Et figurez-vous, que muni de son coeur pur et de sa bonne volonté, en mode challenger, Christophe Dettinger a gagné. En vérité, au jeu de l’honneur, aucun de ses adversaires n’était à la hauteur.
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