En lisant cet article de l’androsphère, le décalage était tellement grand, pour ne pas dire opposé, entre mon vécu et le vécu de l’auteur, que j’ai décidé ce jour là qu’il me faudrait creuser sur l’aspect catholique de la confiance en soi. Voilà pourtant un drôle d’exercice. En écrivant sur ce sujet précis, nous en appelons à une sorte de validation de nos lecteurs, comme si nous manquions justement de confiance en nous. Il ne faudrait pas écrire sur le sujet, et encore moins lire, juste être confiant. Surtout lire sur le sujet, ce serait chercher ailleurs la confiance qui devrait nous être intérieure. Dit autrement, si nous avons besoin de l’autre pour nous rassurer et avoir confiance en nous, alors c’est la preuve évidente que nous n’avons pas et nous n’aurons jamais confiance en nous.
Autre problème logique, augmenter sa confiance en soi, comme le souligne notre auteur, c’est une question de foi. Or il faut pourtant être en phase avec la réalité, sinon, nos projets périclitent et inévitablement, la confiance disparaît. Pire encore si nous oublions la foi et que notre réussite ne nous comble pas (la dépression est la réaction d’un esprit sain finalement, qui refuse de mourir à Dieu). Réalité/foi ou raison/foi, deux objets philosophiques opposés et réconciliés dans la religion catholique par Dieu seul. Mais si nous tenons notre confiance de Dieu seul, quelle est la place de « la confiance en soi » ? Nulle ? Quant aux émotions, quelle est leur place dans ce diptyque ? Contrairement à ce que suggère l’auteur, lorsque je parle de confiance en soi, je parle bien d’une émotion, et non d’un simple raisonnement ou d’une foi aveugle, qui provoquerait la bonne émotion. Cette émotion ne peut pas être le résultat d’un simple raisonnement logique. Elle vit au milieu d’un système émotif complexe qui échappe aux règles habituelles du monde rationnel. A ce propos, y-aurait-il une confiance en soi typiquement féminine et une autre typiquement masculine, tout comme les hommes raisonnent de manière générale et les femmes de manière particulière ?
Pour commencer, je pense qu’il y a une vraie confiance en soi et une fausse. La vraie confiance en soi est indépendante des conditions sociales ou de votre place dans la hiérarchie familiale. La fausse est le résultat d’une position sociale valorisante qui vous donne l’impression de la force dans vos relations personnelles. Elle est souvent à porter au discrédit des hommes. La fausse confiance en soi est encore l’impression que tout vous est dû à cause de votre statut de parent. Elle est souvent l’apanage des mères. Les femmes sont maîtres dans l’art de cultiver la confiance en soi dans les relations personnelles. Les hommes, dans les relations professionnelles. Or derrière ce genre de compétence, se cache souvent beaucoup de fragilité. Par exemple, certaines femmes savent jouer de la fausse confiance sociale dont les hommes intégrés jouissent, pour en profiter. Ceux là s’imaginent par exemple que s’ils réussissent dans la vie, ils seront plus valeureux aux yeux d’une femme, ou pire, qu’ils seront protégés lors d’un divorce. Cette manière de raisonner est puérile. Si les femmes sont souvent attirées par la réussite matérielle d’un homme, ça ne veut rien dire du respect qu’elles auront pour lui. Au contraire, cette réussite, elles vont la percevoir assez vite comme d’un handicap dans la relation, une possibilité d’abus de la part de l’homme imbus. Et les femmes françaises sont très exigeantes en la matière.
Pour beaucoup d’hommes, au contraire, l’insertion sociale est tout, et parfois, ils ne s’imaginent même pas qu’un autre monde puisse exister. Surtout que les femmes sont avides de jouir de cette insertion sociale par leur intermédiaire. Elles n’ont donc pas intérêt à les corriger de leur erreur. La mère veut, plus que tout, que son fils travaille et réussisse. Idem pour l’épouse. Qu’importe dès lors pour elles que cet homme soit fort moralement. Seulement, cet homme soumis, au désir de réussite social, ne présente aucun intérêt affectif dans la relation, contradiction que les femmes ont bien du mal à gérer. Voilà pourquoi quand il est sous leur contrôle, ces femmes cherchent à le changer. Ou encore pourquoi l’insoumis, le bandit, les attire, car elles rêvent de vivre avec lui une passion véridique.
Changer un homme… Encore faut-il que l’ego sensible de cet homme permette d’alimenter un tel dialogue. Et comme cet homme ne connaît rien au monde des sentiments, cette entreprise se révèle toujours périlleuse. Les hommes forts sentimentalement sont rares. Et ceux capables d’insertion sociale tout autant que de maîtrise des sentiments, encore plus rares. Ils ont accédé aux monde des femmes pour de mauvaises raisons, ce qui en fait des personnalités généralement instables. Il est rare de cumuler les qualités d’insertion sociale propres aux hommes et de connaissance sentimentale propre aux femmes. Ces personnalités ne sont souvent qu’un fantasme féminin dont les attentes réelles attaquent la psyché et rendent plus difficile la vie de couple. La différence hommes-femmes, et les quiproquos qui en sont issus, est irréductible avant même de questionner la confiance en soi, qui permet de les gérer. Elle se situe au-dessus, à un niveau spirituel qu’il ne faut pas confondre avec cette apparente confiance en soi des relations sociales et familiales.
Souvent autour de moi, des personnes me disent que tel ou telle enfant a beaucoup de force de caractère, la confondant ainsi avec la confiance en soi. Par là, elles entendent qu’ils sont capricieux. La vraie force morale n’est pas de s’énerver contre ses employés pour que le travail se fasse, tel un enfant avide et mal sevré. La vraie force morale c’est d’accueillir la parole de ses employés, pour enrichir vos vues. Encore faut-il être capable de supporter le choc, sans se refermer sur son petit pré carré rassurant, souvent mâtiné d’intellectualisme. Beaucoup de dirigeants de petites entreprises ont des profils psychologiques d’enfants avides qui ont voulu s’extraire de leur condition sociale soit disant basse, à cause de leur mère. Cette sur-représentation nous trompe sur la nature de la force. Oui, ces gens là ont l’envie. Et pour réussir socialement, c’est essentiel. Non, ils ne sont pas forts. Ce sont souvent des handicapés sentimentaux.
La confiance en soi se joue tout autant de la force sentimentale des femmes que de l’insertion professionnelle des hommes. Elle se situe au-dessus, voire complètement en dehors ou en opposition, car comme je l’ai déjà suggéré, affirmer qu’on est doté de confiance en soi, c’est déjà avouer qu’on en manque. Or, à l’inverse d’une démarche volontariste, la vraie confiance en soi nécessite d’abandonner tout ego. Les Bouddhistes l’ont compris sans toutefois donner un sens à cet abandon. La foi catholique guide le croyant sur ce chemin.
Je veux avertir ici mes lecteurs que la confiance en soi telle qu’elle est promue par la société protestante américaine médiatique et par nombre de militants de l’androsphère subjugués par les usa, est une fausse confiance en soi. Vous ne serez pas plus sûr de vous parce que vous réussirez, ou en adoptant toutes les qualités du mâle soit disant alpha. Au contraire, vous serez certain d’échouer. Vous serez confiant en vous, le jour où vous perdrez tout, et que vous n’en éprouverez aucune honte, aucune peur, aucune amertume. La société américaine traditionnelle, des pionniers, le sait d’ailleurs mieux que toute autre, ce qui explique partiellement sa réussite. Ces qualités morales sont de nos jours, cachées par le diable. Ne reste à notre vue que des modèles de fausse réussite, vendus par des plagiaires.
Evidemment, je ne vous souhaite pas de vivre une telle catastrophe. Alors pour savoir de quel bois vous êtes fait avant, et vous préparer à cet instant (la mort vous obligera à grandir bien brutalement si vous cherchez à vous défiler), il vous suffit de vous observer quand vous êtes humilié socialement, ou en position de faiblesse, ou d’insécurité affective. Si dans ce genre de moment, vous n’êtes pas capable de vous contenir, ou si votre coeur bat la chamade, si vous vous mettez en colère, si vous ne savez pas quoi répondre, si vous vous effondrez, si vous déviez la question, si vous vous soumettez aveuglément, si vous répondez n’importe quoi juste pour ne pas perdre la face et avoir raison, vous pouvez être certain que vous êtes un faible. Vous vous considérez comme le centre de la terre, et à partir de l’instant où votre petite personne est attaquée, tout votre monde s’effondre.
Les Bouddhistes, encore eux, invitent leurs croyants à s’imaginer comme un point dans le pays, puis un point sur la planète, puis un point dans l’univers. Ils affirment ainsi que le croyant n’est rien. Chez nous catholiques, tout à l’inverse, Dieu nous dit que pas un seul de nos cheveux ne sera perdu (quand bien même nous serions chauves). Alors comment concilier cette nécessité de tout abandonner avec la certitude que Dieu nous aime et que nous sommes tout pour Lui ?
En vérité, il s’agit là, avant de chasser le démon, de s’accepter dans sa misère et de s’aimer quand même. Je suis un chômeur, je suis un voleur, je suis un obsédé, je suis un parasite social. Pouvez-vous affirmer de telles phrases, si elles sont véridiques, comme je le fais présentement, les yeux dans les yeux de n’importe qui, sans vous sentir déstabilisé ? Si vous tentez l’expérience et que la réponse est « oui », vous êtes sur le bon chemin.
Le démon n’a pas beaucoup de travail à faire dans une âme qui est imbue d’elle-même et sous l’emprise du péché originel d’ego. Pour ainsi dire, il n’a rien à faire. Il lui suffit d’attendre que le croyant se dévore lui-même en s’infligeant de la colère, de la tristesse, de la pornographie, de la frayeur, de la rancoeur, du mépris des autres, parce qu’il est attaché à une image de lui-même distordue, faussement valorisée. Sans Dieu pour nous orienter dans le monde en vérité, grâce au recul qu’Il nous donne, nous finissons coupés du monde, ou à l’inverse, entièrement soumis à sa marche sociale, sans possibilité de prendre de la distance avec les événements qui nous touchent. Finalement fatigués de combattre, si nous en avons eu l’ambition, nous baissons les bras, ou entrons en dépression, sans savoir qu’Il est le chemin et la vie. Ou bien nous sombrons dans l’inconscience crasse. Plus de vérité, plus de bien et de mal, et seule la force pour guider notre action.
Le désir de devenir un mâle alpha est pour un individu, l’envers d’une société qui domine par la force, et non par la vérité. Elle domine par une force forcément bête, grégaire et idiote. Nous l’avons vu durant la faillite covidesque. La vraie force n’est pas celle du surhomme qui abat son ennemi d’un coup d’épée ou grâce à une parole méchante, ou encore par quelques lois sociales. Celui-là ne fait que son métier en proportion de ses talents. La vraie force est celle des martyres catholiques, qui vont à l’échafaud en chantant.
Notre auteur de l’androsphère touche à cette compréhension quand il évoque le sacrifice des mâles alphas. Tout le discours social vous affirme qu’il faut réussir en société, et qu’il faut courir derrière l’idée de « réussir ». Derrière ce mensonge s’esquisse le sacrifice réel des plus belles individualités de notre société. La société fait grossir leur ego jusqu’à les sacrifier, eux, ou leurs enfants. Car quel holocauste plus appétissant pour le dieu vengeur que de recevoir la mort de la force sociale et de l’innocence en même temps ? La société les tue, à coup d’impôts, à coup d’infanticides par avortement, à coup de lois sociales sur le divorce, ou sur l’égalité. Eux, n’ont pas le droit à la vie. Car derrière la protection des minorités, qui forment une majorité, se cache surtout le droit d’opprimer les quelques individus qui pourraient faire avancer le groupe en enrichissant ses représentations. Voilà ce que masque notre socialisme ou notre communisme actuels. Soit tu payes, soit tu meurs, soit tu es exclu. L’individu n’a pas le droit à la vie, non seulement l’individu qui pourrait faire avancer le groupe, mais aussi toute personne qui aurait des velléités individuelles.
Les hommes blancs de plus de 50 ans hétérosexuels ne sont pas stigmatisés pour rien dans notre société. Il faut les dénigrer auprès de toute une génération de jeunes hommes pour qu’ils acceptent leur exclusion sociale. Il devient dangereux de réussir dans une société qui veut s’effondrer. Nous sommes cette réussite, nous sommes ces exclus, nous sommes ceux que notre société oppresse sans toutefois y trouver son bonheur, et pour cause, elle se prive de sa meilleure partie. Face à cette abjecte déchéance, il nous reste un devoir en tant qu’hommes, devenir forts, devenir catholiques, et surtout devenir capables d’aller au martyre en chantant. Ce nouveau martyre ne se fera pas en place publique, il est caché parce que le diable se veut désormais efficace en la matière. A nous de le dénoncer pour ce qu’il est : un esprit sacrificiel et démoniaque de toujours. Et pour ce faire, il nous faudra beaucoup de confiance en nous, c’est à dire être complètement indifférent à tout discours social, à toute notion de réussite sociale matérielle, à toute critique personnelle qui serait injuste ou disproportionnée, et enfin nous accueillir avec notre misère par la grâce de Dieu, avec amour, ceci permettant cela.
Laisser un commentaire