En comparant les époques et les civilisations entre elles, pantalons et jupes ont été utilisés par les hommes et les femmes indifféremment. Nos prêtres utilisent encore une robe héritée de l’antiquité. Et je pense que traditionnellement, la question des climats a été fondatrice dans les mouvements de mode. Il est difficile d’imaginer une robe en plein hiver dans les régions polaires sans recouvrir ses jambes d’une sorte de bas qui est l’embryon d’un pantalon. Ainsi le pantalon est-il indissociablement lié au travail en extérieur dans des conditions rudes. La robe longue, boubou ou autre, permet de mieux réguler la chaleur dans les régions chaudes du globe, ou en intérieur. Dès lors pourquoi ces habits se sont-ils sexualisés en occident et comment sont-ils portés ? Alors que les modes de chauffage et de vie ont évolué, la différenciation a-t-elle encore un sens ?
En matière de sexualisation de pantalons qui seraient réservés aux hommes, et de jupes réservées aux femmes, j’ai déjà fourni un début de réponse : l’homme traditionnel fréquentant le monde extérieur, il a eu besoin de se protéger les jambes du froid, mais aussi, éviter de risquer l’accident parfois mortel en coinçant ses habits dans des branchages/outils. Le pantalon a rationalisé ce besoin. Pas partout. Il n’y a qu’à songer à l’habit traditionnel écossais. Le kilt porté par les hommes est une jupe courte que les hommes utilisent dit-on sans rien dessous. Cependant, comme dans les pays du sud, l’agriculture en Ecosse a toujours été moins développée que l’élevage. Le travail que demande la culture de la terre n’est pas le même que ce dérivé de la chasse lié au soin des bêtes. Il est facile d’imaginer que les déplacements sont moins contraints par la jupe, et que de telles sociétés d’éleveurs aient pu la garder préférentiellement. Je pense également qu’il y a une question de prestige social dans le port du kilt. L’homme qui résiste au froid montre en relief sa force, sa chaleur. Il se valorise et valorise le groupe en même temps, un collectif de guerriers qui se conçoit alors comme une somme d’hommes puissants. Dans l’antiquité, les batailles entre hommes nus n’étaient pas si rares.
Le pantalon serait donc plutôt un héritage de l’agriculture et du froid dans un questionnement plus proche de la nature que de la kulture. Profitable en extérieur, il devait finir par être associé au masculin. Les contraintes extrêmes seules poussaient les femmes à aider leurs hommes aux champs, et à délaisser ainsi leurs foyers, leurs enfants, et à risquer leur intégrité physique. Mais plus les conditions d’existence s’amélioraient, plus le partitionnement des tâches entre sexes s’imposait naturellement. Comme en ce qui concerne le paradoxe de l’égalité norvégienne : quand les hommes et les femmes ont le choix, ils se libèrent en sexualisant leurs orientations professionnelles. Il faut vraiment que les féministes et quelques puissants nous aient imposés leur délire pour nous persuader que le progrès, c’était l’indifférenciation. De nos jours, la robe fait encore honte aux hommes, parce qu’elle leur rappelle inconsciemment la possibilité d’une inutilité sociale de leur sexe et un manque de courage face aux difficultés dans le monde. Le discours progressiste n’a pas pu effacer ce souvenir en nous, surtout dans une société aussi agricole que la France.
Car il est vrai que beaucoup d’entre nous, salariés dans des bureaux, pourraient s’habiller comme en robe sans perdre en efficacité. Les environnements surchauffés et aseptisés, les architectures épurées, le permettent. Pourtant abandonner le pantalon, ce serait oublier cette culture sur laquelle nous nous sommes construits. La robe chez un homme occidental est immanquablement corrélée à un travail lascif de pays chaud ou à des tâches domestiques. Pour cette même raison, les femmes ont été forcées d’abandonner peu à peu leurs robes longues au travail tandis qu’elles étaient minoritaires. Elles étaient soupçonnées de travailler pour elles et non pour leur organisation. Elles montraient leur bon vouloir en se masculinisant.
La réaction de ce comité de la jupe, voilà quelques années, a été en cela très intéressante. Ces femmes catholiques n’ont plus voulu être ramenées à leurs performances objectives, tandis que pour André XXIII, cardinal de Paris, on ne pouvait choisir des femmes parce qu’elles étaient des femmes (qu’elles portaient donc une jupe selon ses propres termes). Ici, les catholiques qui se sont plaintes de sa déclaration ont simplement montré qu’elles refusaient les critères passés de sélection au masculin. Revendiquant en même temps leur différence par le port de la jupe et leur indifférenciation des hommes en matière de compétence, elles ont tenu un propos pour le moins contradictoire. Que ces femmes aient souffert d’un complexe de castration mal résolu n’y change rien. Leur démarche incohérente et leurs souffrances personnelles aboutissaient à mettre la pression sur l’épiscopat en le culpabilisant, et ceci pour faire avancer la féminisation du clergé. Mais comme elles l’ont souligné elles-mêmes, la compétence n’était pas leur affaire. Elles voulaient être reconnues en tant que femmes. Et elles y sont parvenues puisque leur plainte a été relayée et jugée légitime par tous nos journaux et même parmi les croyants.
Mais revenons-en aux débuts de l’intégration forcée des femmes sur le marché du travail. D’abord, les robes de travail des femmes ont été très serrées près des jambes, puis elles se sont raccourcies en tailleur, et enfin, mouvement inéluctable, elles ont fini par calquer leur comportement entièrement sur celui des hommes, comme le revendiquaient les féministes d’ailleurs. De nos jours et devant l’échec de la féminisation totalitaire dans nombre de secteurs professionnels, je crois pouvoir dire que les femmes se cherchent. Tiraillées entre leurs aspirations de femmes et d’employées, elles constatent l’impossibilité pratique de fonder une famille sur des critères modernes sans abandonner leurs enfants, ou tout simplement, leurs préférences. Toute la richesse que nous avons produite a été dilapidée en futilités.
Dès lors, certaines revendiquent une fuite en avant et une poursuite de la féminisation des métiers selon des critères typiquement féminins : fonctionnarisation, grammaire sexuée ou indifférenciée selon les intérêts personnelles de celles-là, vues personnelles de mise (subjectivisme), retour des habits sexués en milieu professionnel, voire dans toute la société comme le demande « ni putes ni soumises ». D’autres voudraient en revenir à un travail plus sérieux que celui d’employé, ou pouvoir compter sur leur homme. Même la bourgeoise plutôt riche, commence à douter. Un homme faisait vivre sans difficulté toute sa famille dans les années 50, même s’il était pauvre et à la tête d’une famille nombreuse. Désormais hommes et femmes travaillent, et ils ont de plus en plus de mal à boucler les fins de mois. Comme le pressentaient tous les réactionnaires du temps passé, le travail forcé des femmes nous a appauvri, tout comme les subventions d’état, familialement et financièrement parlant. Car oui, les femmes ont privé leurs hommes d’une juste rémunération en favorisant tous ces milieux fonctionnarisés. Elles ont volé les hommes (pas partout et pas dans tous les milieux je m’entends, mais globalement parlant), mais en devant travailler comme salariées, souvent par jalousie, ce que les féministes ont appelé esprit d’indépendance.
Nous avons donc partagé collectivement le pouvoir d’achat en même temps que le travail. En sus, le temps que les « femmes modernes » consacraient à leur famille, a été amputé par celui qu’elles consacrent désormais à leur métier. Hommes et femmes y ont donc perdu deux fois. Le pouvoir d’achat du mari a diminué au profit de son épouse, ce qui a déstabilisé les rôles sexués dans le couple. Et tout ceci avec encore moins de temps pour s’occuper des enfants, et donc la nécessité de gagner plus. Les quelques points de PIB engrangés, les familles les ont payés très cher au quotidien, ou en termes de stérilité. Sans parler de l’ambiance générale dans notre pays qui s’est dégradée, et de la perte de libertés qui en découle (la femme DOIT de plus en plus trouver un travail rémunéré parce que les métiers productifs ne sont plus rémunérés comme ils devraient l’être, toujours à cause de l’imposition et des secteurs féminisés à faible rentabilité).
Comme de la prise de conscience nécessaire de ce réel, les robes longues d’antan sont en train de réapparaître dans les environnements de travail. La concurrence exacerbée des corps féminins a fait long feu. Cette guerre mimétique permanente, entre hommes et femmes et entre femmes, favorisée par le pantalon est en train de battre de l’aile. Les femmes qui veulent encore construire une relation sérieuse constatent que les provocations vestimentaires ont mené leurs mères à des impasses. Les hommes, surtout les hommes un peu intègres, ne les respecteront jamais lorsqu’elles semblent se donner à n’importe qui. Cette tendance se surajoute à celle des femmes désirant pouvoir s’épanouir en tant que femme dans leur milieu professionnel, et donc pouvoir s’habiller comme elles l’entendent.
Car là où le pantalon est symbole de travail courageux et forcené pour l’homme, d’abnégation pour le collectif, l’habit est en général sexualisation personnelle chez la femme, faisant ressortir chacune de ses courbes, même les plus intimes. Les femmes n’ont jamais conçu le pantalon de travail que comme un moyen de séduction. Elles auraient pu porter des pantalons larges qui les auraient caché un peu mais elles ne l’ont jamais fait. Il fallait que ça leur colle au cul, jusqu’au sexe.
A l’inverse, la féminité exprimée par la robe leur permet de sortir un peu de ce « tout-corps », effort particulièrement difficile pour une femme. Ou plutôt, il lui permet d’exprimer un corps plus subtile, plus profond, plus poétique, mieux en phase avec des aspirations humaines. Un corps qui serait attaché à une âme, non un corps seulement animal.
Notre rapport au désir masculin et féminin affleure de partout en matière d’habillement. Les femmes détournent le pantalon pour chercher à séduire les hommes. Mais les hommes ne sont pas en reste. Avec lui, ils montrent leur sérieux et leur capacité à s’intégrer à la société. D’ailleurs, le pantalon met une barrière symbolique entre le sexe et l’extérieur.
Si nos Ecossais traditionnels ne portent pas de slip, ils le font aussi pour montrer qu’ils sont des conquérants de femmes. Le guerrier dans tous ses aspects en somme. L’homme en robe est prêt à sortir sa queue à tout moment et peut pénétrer jusqu’au viol celle qui lui résisterait. Pratiquement le port du kilt est beaucoup plus ambiguë puisqu’il dévoile la moindre érection, là où le pantalon la cache un peu. Ainsi, un homme en société qui n’arriverait pas à maîtriser son désir physique serait moqué par ses compagnons, ceux-là lui pardonnant facilement ce dont eux mêmes se rendirent coupables bien des fois. Cette érection, puisqu’il s’agit de cela, serait aussi une victoire de la femme sur l’homme, lui prouvant ainsi qu’elle est maître des pulsions de celui à qui elle fait face. La robe sans rien dessous, invite donc l’homme, en même temps à apparaître comme un guerrier au sein de la société, et en même temps à savoir contenir son désir.
Le pantalon lui est similaire en bien des points sauf qu’ici, il s’agit d’empêcher tout « accident ». Il faudra en conclure que l’usage du pantalon éloigne l’homme d’une nécessaire maîtrise de soi en société. L’habit y pourvoit. Il tient le sexe, ou symboliquement, notre animalité. Nous ne devons pas nous laisser-aller, et nous ne le pouvons tout simplement pas. Toute symbolique de viol ou de pénétration forcée devient tabou avec le pantalon. Celui qui adhère au règles sociales « s’empêche ». Il ne suivra pas son désir animal non plus et le conditionnera à des attentes plus élevées, comme la femme avec la robe.
La femme en robe est plus exposée au viol. Cependant, elle confie ainsi sa sécurité à la société. Cette fragilité affichée la met sous la protection des hommes du groupe. Naturellement devant une robe décente, les hommes bien nés, respectés par leur mère, seront comme mis à distance par la femme qui la porte, parce qu’elle en appellera à leur responsabilité d’homme, une responsabilité liée notamment au tabou du viol. L’homme qui ne se contiendrait pas en telle occasion, se dénoncerait lui-même.
A l’inverse, le port d’une robe trop courte envoie un message ambiguë qui est compris comme une sorte d’invitation au viol par l’homme. Car la femme qui s’affiche ainsi sexualise son corps, comportement normal, la femme en robe longue agit aussi de la sorte, mais en sus, elle communique sur un mode exclusivement sexuel, ce qui indique à l’homme qu’elle attend seulement d’être satisfaite par une érection de qualité. Chaque homme qui la voit se dit en lui-même, plus ou moins consciemment : « Aucun homme ne l’a encore satisfaite, mais moi, j’en suis capable. » Le guerrier et le conquérant ne sont jamais loin chez un homme.
Ainsi, la femme qui joue sur une ambiguïté vestimentaire favorise chez l’homme la folie. Avec une robe, mais une robe courte, elle envoie un message contradictoire, comme ceux de notre gouvernement actuel qui cherche ainsi à nous contrôler. D’un côté l’homme se dit, c’est une femme comme toutes les femmes, qu’il doit respecter. De l’autre, il se dit, qu’elle est insatisfaite et qu’elle ne demande qu’à être comblée par une bonne bite. La sienne faisant préférentiellement l’affaire. A la fin, ne sachant sur quel pied danser, il peut devenir fou : soit renoncer même à voir les femmes, soit les mépriser.
Le pantalon moulant contient la même ambiguïté que la jupe courte, et le même manque de respect envers les hommes. D’un côté, le pantalon empêche le viol, il met une barrière avec l’extérieur. De l’autre, la vulgarité de formes affichées sans pudeur, provoque les mêmes raisonnements chez l’homme que pour la robe courte (peut-être un peu moins quand même). La femme cohérente avec elle-même porte donc une robe entre le genou et la cheville, ce qu’avait très bien compris notre glorieuse tradition française. Même raisonnement pour les hauts qui doivent suggérer plus qu’afficher, sans cacher. Equilibre raisonnable s’il en est.
Et puis il n’y a rien de plus ridicule qu’une femme qui affiche toutes ses irrégularités physiques en comptant que nous lui pardonnerons à cause de notre appétit sexuel d’homme. C’est oublier combien le mâle fantasme le corps d’une femme plus qu’il ne le voit objectivement, et qu’il ne veut surtout pas l’entendre comme de la simple chair. Comment d’ailleurs une femme qui se résumerait à un bout de chair, pourrait-elle être respectée ?
Ainsi la mode des grosses qui affichent leurs rondeurs est doublement indécente. Non seulement elles veulent être aussi vulgaires que les autres, ce qui n’a aucun sens. Mais elles affichent deux fois un manque de retenu, à table et dans leurs choix vestimentaires, attitude qui condamne leurs dernières chances d’être respectées pour leur beauté intrinsèque. Certes, une femme peut réussir à séduire un homme en se comportant en pute. Mais quelle histoire à long terme compte-t-elle entretenir en commençant ainsi ? Croit-elle pouvoir réellement rattraper par la suite une image dégradée et de manipulation sur laquelle ils auront fondé leur relation ? « (il) a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande. » (Mat 7 26-27)
J’en finirai sur ces pantalons actuels étriqués pour les hommes, mais que nous retrouvons aussi à la renaissance. Il n’y a qu’à penser au portrait de François premier en moule burnes. La tentative de sexualiser le corps masculin est une impasse sodomite. Montrer sa queue, c’est montrer sa force bien maladroitement à une femme, et au contraire s’afficher comme un homme manipulable. S’habiller ainsi pour un homme révèle tous ses complexes au monde. Que ce puissant s’imagine en grand séducteur alors qu’il n’est convoité que pour sa position sociale, nous en dit long sur sa bassesse morale. Croire que nos jambes maigres de salariés modernes pourraient exciter une femme, confine à la bêtise brute. Maintenant, un enfant peut naître d’un quiproquos et s’en sortir quand même. Il aura pour père, un distributeur de billets de banque et de sperme, ce qui vous me direz, est un minimum. Et pour mère, une menteuse manipulatrice congénitale.
Comme vous l’entrapercevez, l’habillement en dit long sur nos personnes, ou même sur nos civilisations. Et encore ici ne me suis-je penché que sur les traits les plus saillants, et les différences les plus évidentes entre hommes et femmes. Il faudra que j’explore peut-être un jour le langage des couleurs, des textures, des formes, des bijoux, et les autres habits que nous portons… (à suivre)
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