Très étonnant de voir combien notre société « évoluée » répète inlassablement les mêmes erreurs au fur et à mesure qu’elle se sécularise. Nos concitoyens ont l’impression que la terreur a été un épiphénomène de la révolution française, inédit dans l’histoire, tandis que ce genre de pogrom a signé le retour de pratiques tribales communes et répétées dans le temps et l’espace. La terreur est le fond de la sécularisation car si le citoyen n’est plus capable de confesser ses péchés, il faut forcément qu’il en fasse supporter le poids sur les autres en les assassinant. La terreur est l’angle mort de la révolution. Généralement, elle est perçue comme une anecdote dérangeante de l’histoire et regrettable. « Il fallait bien en passer par là » semble nous dire le brave citoyen peu sûr de vouloir en revenir à la monarchie. Le réactionnaire y voit plutôt la preuve évidente de la supériorité du système ancien, oubliant combien ce système était gagné par les idées de son temps, et combien l’Église qui aurait dû le défendre avec plus de vigueur, l’a enterré pour de bonnes raisons, car quoi, la royauté sociale de notre Seigneur Jésus Christ, révélée quelques années plus tard, n’était-elle pas une réponse théologique à ce qui aurait dû être anticipé dès avant la révolution ? L’Église manquait d’arguments face à la demande assez légitime d’une partie du peuple parce qu’Elle s’était confortablement vautrée dans ses certitudes, surtout le haut clergé, qui n’avait aucun intérêt matériel au changement. Sa réponse théologique prit forme quand la société sécularisée l’obligea à la penser. Et il est bien malheureux de voir que notre noble institution s’est réformée et continue à se réformer depuis, contrainte et forcée par la société civile, alors qu’elle aurait dû en être le ferment. L’Église court derrière les massacres perpétrés par le retour au tribalisme, massacres qui allaient joliment égayer tout le 20ème siècle, et massacres qui prennent une forme nouvelle au 21ème siècle. De nos jours, il devient difficile de mener un bon massacre au nom de l’idéal socialiste nationaliste ou communiste, tant le désastre en a été évident. Un Jean-Luc Mélenchon défend encore cette position, mais y croit-il lui-même ? Difficile de le dire. En tout cas, son troupeau n’y croit plus lui. Il cherche des dérivatifs. Et il en a trouvé dans l’idéologie woke et plus spécialement en ce qui concerne mon sujet présent, dans l’infanticide par avortement.
Au moment même où notre système de santé s’effondre, où nos écoles deviennent des poubelles, où notre justice n’a même plus l’apparence de la justice, où notre économie a été pillée par des intérêts étrangers, et vérolée par la corruption socialiste, notre congrès célèbre en fanfare l’infanticide par avortement en constitutionnalisant cette pratique a-médicale. Y-a-t-il là un hasard ou bien une vache dans le couloir et que nous ne voulons pas voir ?
D’aucuns avancent l’idée d’un détournement, et je voudrais écarter tout de suite cette idée. Si l’homme politique se sert de l’infanticide pour se faire mousser auprès du public, il y a là des raisons profondes, qui ne peuvent se résumer à une simple mesure opportuniste. Et puis, comment expliquer cette presque unanimité, s’il s’agissait seulement de cautionner un gouvernement pourtant défaillant. Si tous les partis politiques institutionnels ont voté ce massacre, si la france se gargarise d’être le premier pays du monde à prendre cette mesure, il y a bien une raison de fond à cette croyance.
La première raison serait que la massacre ne serait pas un massacre, mais une promotion de la liberté des femmes. Personne n’a jamais vu une liberté se définir par l’assassinat d’une autre personne, au moins dans un pays dit démocratique, et pourtant, voilà l’idée sous-jacente. Les femmes auraient droit au massacre, qui n’en serait pas un, parce qu’elles exerceraient leur liberté. L’enfant ne vote pas, au stade d’un embryon encore moins, il peut donc être perçu comme une gène et son élimination comme un confort, tout au moins légalement. Humainement, c’est déjà moins évident, et les nombreuses femmes qui se mordent les doigts d’y avoir eu recours, sont là pour en témoigner.
Les organisations catholiques autorisées, jamais en avance d’une bonne guerre, comptent lutter contre le massacre, en évitant la question du massacre. Elles défendent le confort et la sécurité de ces femmes, sensés leur permettre d’accueillir leurs enfants, ce même confort et cette même sécurité qui justifient le massacre… Au contraire, en alimentant cette idée de toute puissance féminine, culte marial oblige, elles nourrissent le problème qu’elles croient combattre. La femme ne doit pas être au-dessus des lois, ni en dehors. Elle a la pleine et entière responsabilité de l’enfantement. La lui enlever, c’est déjà s’attaquer à cette nature de femme pourtant si chère à ces organisations catholiques. Mais pour elles, il faut nécessairement que la femme soit une victime de son environnement, raisonnement marxiste s’il en est, qui amène à bien d’autres travers wokes que ces associations dénoncent par ailleurs.
La vraie raison de la célébrations du massacre est à chercher dans l’actualité. Non pas qu’il s’agirait d’un détournement politique comme je l’ai déjà rappelé, mais parce que justement, nous traversons une période de crise profonde. Comme dans tout pays tribal, la résolution de la crise n’est pas le fait d’une compétence gouvernementale, mais d’un recours au divin. Le dieu sécularisé aime l’avortement. Et si on favorise cette mesure, alors il accordera la prospérité au pays. Vous ne pouvez pas comprendre tous ces fous qui applaudissent cette loi, sans comprendre qu’ils sont convaincus d’être sur la bonne voie pour régler les problèmes de notre pays. Et vous ne pouvez pas le comprendre non plus, sans voir que toute une population légitime leur croyance et les appelle à sacrifier, comme durant le covi.
Le sacrifice d’humains, plus particulièrement d’enfants, a toujours été un moyen pour les peuples grégaires de s’assurer les bonnes grâces divines. Au paroxysme de sa croyance, l’empire maya a massacré des dizaines de milliers de personnes, en croyant résoudre ses problèmes sociaux, au moment même où l’envahisseur allait les multiplier et faire disparaître cette société. Est-ce à dire que nous aurons la chance de recevoir l’épée salvatrice de quelques bons catholiques venus de l’étranger sur leurs bateaux pour nous délivrer ? A l’époque que nous vivons, j’ai bien peur qu’un tel miracle ne se reproduise pas et qu’il faille faire appel à d’autres moyens. La dénonciation du massacre est le moindre de ceux-là. J’attends que les catholiques relaient mon article en masse pour les croire sérieux sur ce point. Trêve de plaisanteries.
Même sur la forme, le côté sacrificiel et divin, saute aux yeux. Comme un autre éditorialiste l’a fait remarquer, personne n’a eu l’idée avant de constitutionnaliser l’arrachage d’une molaire. Quelle est donc cette pratique médicale qui entre avec tant de solennités dans nos institutions les plus élevées ? Car oui, solennités, il y a eu, c’est le moins que nous puissions dire avec cette convocation du congrès, ces fêtes organisées un peu partout pour célébrer le massacre, et appelant à un retour moins que probable, d’une prospérité obtenue par la sainte médiation de « nos valeurs de respect des femmes ». Pour tout vous avouer, je n’ai absolument rien suivi de cette pantomime néfaste et ridicule. Et un esprit aussi averti que le mien aurait bien d’autres réflexions à faire sur le déroulé de cette affaire, s’il l’avait suivi. Malgré tout, cette image de présidente de l’assemblée nationale arrivant en robe longue et traditionnelle au congrès pour faire voter la loi, au milieu d’une haie de militaires hommes, est quand même parvenue jusqu’à moi et n’a pas manqué de me faire sursauter.
La grande prêtresse entre dans le temple de la république, l’air grave et compassé. Cette belle vestale (vierge de sa robe bleu marial) magnifie la victoire du dieu femme dans notre civilisation. Ses congénères viennent d’obtenir le droit de vie et de mort inconditionnel sur leurs enfants. En pratique, le droit de vie, et de mort, elles l’avaient déjà. Seul leur manquait l’onction divine de nos institutions. Nos nouvelles idoles viennent de l’obtenir en inscrivant leur pouvoir dans le « marbre de nos institutions », la constitution étant la première de celles-là. Je ne peux qu’applaudir des deux mains : un pays féminisé a les consécrations qu’il mérite. Le ridicule de celle-là n’échappera pas au moindre esprit encore catholique de notre temps.
Notre bonne vieille droite se demande : « était-ce bien le moment de consacrer une pratique qui n’était remise en cause par personne (sic) ». Certainement, il était temps de mettre une cerise sur le gâteau de notre effondrement présent. Il était vraiment temps de symboliser tout ce que notre société a de criminel, en engageant une nouvelle dépense somptuaire, qui s’ajoute à toutes les autres qui vernissent notre pays d’un brillant divin grégaire, tout en participant à le faire couler. Oui et contrairement à ce que cette droite avance, ce moment a été important pour la vie publique de notre pays. Il fallait être de son époque pour le comprendre. Or cette droite n’est qu’un conglomérat de réactionnaires gauchistes qui s’ignore et qui vit toujours dans la france d’avant, elle-même gauchiste. Elle ne voulait pas choquer les esprits et se déconsidérer. Elle reste, comme toujours, à la remorque des progressistes. .
Ce comportement de notre droite française, n’a pas dénoté de son habituelle médiocrité. Nos partis d’opposition n’ont pas offert la moindre résistance spirituelle à cette religion de l’holocauste. La droite ne s’est opposée à cette mesure que pour dénoncer un « enfumage » et la consécration d’un droit qui « n’était remis en question par personne ». En 40 ans, il ne nous reste donc plus de représentation droitière en france, seuls quelques élus isolés qui peuvent avoir bien honte du parti auquel ils appartiennent et qui tentent de sauver maladroitement l’honneur. Le masculin a été évacué à ce point de notre société, qu’il n’est plus représenté dans aucun parti et qu’il n’a plus les moyens d’élever une seule protestation contre les infanticides s’ils sont pratiqués par des femmes en direction de leur propre enfant. Notre droite encore, a manqué une occasion de montrer qu’elle n’était pas uniquement matérialiste. Mais n’est-elle pas profondément acquise à la dialectique matérialiste, tout comme M Marx l’était finalement au capitalisme ? Combien je comprends ces gauchistes écologistes qui s’attaquent à cette société ayant prospéré et réussi grâce aux hommes, mais qui à cause du résultat, préféreraient que nous en revenions à nos cavernes. Les réacs de droite, ne sont peut-être pas où nous les imaginons sur la scène politique.
L’infanticide par avortement n’est pas que le symbole de notre effondrement. Il est l’effondrement lui même. Il est le sacrifice de tous nos principes au dieu matérialiste, qui nous conduit au désastre. Or la plupart de nos concitoyens sont persuadés de l’inverse. Ils pensent que mammon les récompensera s’ils travaillent dur et bien, et qu’ils donnent tout pouvoir à leurs femmes. Cet enfantillage conduit forcément au marasme, car ce ne sont pas les conditions environnementales déifiées qui dirigent les humains, mais les hommes qui dirigent les conditions environnementales. La terre nous a été confiée, que nous le voulions ou non. Et les conditions environnementales sont de notre propre fait, objectivement. Elles n’arrivent pas de manière quasi magique pour nous dire ce que nous devrions décider ou pas pour notre avenir.
Ainsi deux options seules sont les nôtres en la matière. Soit accepter notre responsabilité, et mettre des hommes catholiques avec des couilles aux postes de pouvoir. Soit nous suicider parce que nous serions une inconnue négative dans l’équation naturelle, une erreur de la nature qui ne serait pas au sommet de la création naturelle. Matérialisme ou pas, il est pourtant avéré par la science que nous sommes au sommet de la chaine alimentaire et que la nature nous a donné tous les pouvoirs que nous avons (sans même parler ici de Dieu). Il serait peut-être temps d’accepter nos responsabilités au lieu de chercher le bon comportement qui plairait à notre dieu environnement.
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