En faisant partir Philippe Bouvard et en le remplaçant par Laurent Ruquier, notre Etat scribouillard vient de marquer un point final à un mouvement de rééducation sur nos ondes radios. Notre culture française est en deuil même si son agonie hertzienne se termine dans un faux-semblant : l’émission des Grosses Têtes continue bien mais définitivement dépouillée de sa direction corrosive et libertaire. Philippe Bouvard doit partir alors qu’il aura essayé de tenir contre vents et marées en multipliant les concessions. Et il ne sera pas remplacé par un quelconque phallocrate. Car quand bien même nos directeurs de programmation auraient eu une telle volonté, il leur aurait été bien difficile de la mettre en oeuvre tant ce genre d’homme s’est fait rare dans le paysage médiatique français moderne. L’époque d’une gauloiserie reconnue et acceptée par tous à la radio se termine bien avec le départ de Philippe Bouvard de la tête des Grosses Têtes.
Une émission qui aura mis du temps à être travestie.
Dès le milieu des années 90, les blagues grasses sur les homosexuels, sur les femmes, sur les moindres différences qui nous caractérisent, avaient fait l’objet de poursuites médiatiques et pénales qui les avaient rendues progressivement inacceptables, malgré la forte audience qu’elles généraient. Le politiquement correct s’était imposé ici comme ailleurs en limitant, canalisant puis ré orientant la culture masculine de notre civilisation vers une idéologie que notre société puritano-communautariste, mondialiste, moderne, individualiste et féminisée (tout cela n’étant qu’une seule et même forme d’idéologie) était susceptible d’accepter.
A l’époque du vote de la loi sur les discriminations et en particulier le délit d’homophobie (2001-2004), Philippe Bouvard avait essayé d’alerter les hommes politiques sur l’orientation collective liberticide que nous étions en train de prendre. Mais la machine vérolée de partout par des réseaux communautaristes était en marche et rien ne l’arrêterait, surtout pas le point de vue d’un homme de radio aussi populaire soit-il et pour qui elle avait le plus grand mépris (1). La loi avait été votée à l’unanimité. Nous en percevons tout juste les conséquences pleines et entières avec la censure de M Dieudonné M’Bala M’Bala et la loi égalité de 2014 qui va étendre la contrôle médiatique de l’Etat sur les antennes par le CSA (3).
Plus récemment, Philippe Bouvard avait été mêlé à une affaire politique concernant le vote de la loi sur les unions de duos. Une lettre dénonçant clairement cette mesure lui avait été attribuée (2). Cette prise de position avait été largement relayée sur le web. En voulant croire qu’une telle initiative fut possible de sa part, le peuple français faisait appel à un de ses derniers représentants médiatiques sans savoir que Philippe Bouvard n’avait déjà plus les moyens d’endosser un tel combat. La lettre n’était pas de lui, la résistance gauloise au sein de l’intelligentsia ne survivait que dans l’imaginaire de quelques internautes.
Un phénomène plus large.
On pourra remarquer que le rire mâle a disparu de nos sociétés en même temps que l’homme fort, cultivé et viril a perdu toute place en son sein. Symboliquement, Philippe Bouvard a été remplacé par un homme à pulsions homosexuelles. La métaphore a été poussée à son comble puisque le Français moyen devra se contenter d’humour anglais pour toute nourriture zygomatique quand on sait bien que les Anglais sont tous des pédés. Cela n’augure rien de bon pour les restes de notre société qui croule déjà sous le poids du politiquement correct au sein de nos entreprises, en politique, ou à l’école. Laurent Ruquier a tué le père, mais il le regrettera certainement en constatant que les échanges standards entre humains n’existent pas. La course au jeunisme l’aura propulsé à la tête d’une émission qu’il n’incarnait pas. Mais les jeunes d’hier deviendront les vieux cons d’aujourd’hui qui rejetteront d’autant plus la manipulation qu’ils se seront faits facilement bernés par des lumières mièvres.
1 « Philippe Bouvard au ratrappage », Yagg têtu du 18/10/2001.
2 « Philippe Bouvard : « de quel droit ? » », Salon Beige de mai 2013.
3 « Loi égalité : faillite au féminin » Aimeles du 08/02/2014.
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