Désolé de débuter par des considérations froidement matérielles, mais le mariage procure d’abord de nombreux avantages fiscaux. Pension de retraite de reversion pour le conjoint survivant, exonérations sur les successions, protection du partenaire qui prendra en charge les enfants en cas de séparation, ou du partenaire le plus pauvre en cas de disparité de revenus.
Ca, c’est la théorie. Car pour en bénéficier, il faut déjà être resté ensemble assez longtemps. Or, en ces temps d’incertitude, où le doute plane sur chaque relation, il paraît aléatoire de miser sur ce genre de considérations. De plus, en tant qu’homme, si vous calculez bien : travaillant ou pas, vous n’aurez pas besoin de la pension de retraite de votre femme pour vous seul car notre société vous assurera dans tous les cas un minimum vieillesse. Si vous avez un travail, vous pourrez vous constituer votre propre patrimoine et vous assurer des revenus à la retraite. Enfin dans 99 % des situations, en cas de séparation, vous n’aurez jamais droit à une pension de reversion pour compenser une perte de revenus dû au divorce, car votre femme vous aura certainement choisi pour votre « stabilité sociale » et que vous aurez une intégration en conséquence qui vous assurera un niveau de revenus au moins égal au sien. D’ailleurs une maternité l’entravera forcément dans sa carrière et comme le but de la famille est la reproduction, vous vous retrouverez très probablement dans cette situation de devoir payer plutôt que d’être payé.
Pour répondre à des considérations plus humaines, si vous avez des enfants et que vous divorcez, la société choisira de les confier à la mère en cas de conflit. Vous perdrez donc votre partenaire, mais aussi vous ne serez plus qu’un portefeuille sur pattes pour votre descendance. A noter que cette menace pèse déjà sur votre couple avant la séparation. En effet, chacun sait qui tient dans ses mains les cordons et les bourses de l’homme, bien avant le divorce, et qui pourra les lui couper devant madame le Juge. Comme j’aime à le répéter, la survie actuelle de l’idée de père dans nos familles n’est dû qu’à la bonne volonté de quelques saintes femmes.
En étudiant la situation des hommes dans notre société, la question se déplace donc vite du « Doit-on se marier ? » à « Existe-t-il une seule raison pour quitter le célibat et avoir des enfants ? ». Et là, il faut bien aller du côté du religieux car en vérité, les hommes de nos sociétés n’ont plus aucune raison logique de se marier devant le maire. Ils n’en tirent aucune protection financière, leur descendance n’est pas la leur, et les femmes ont tout le droit de les bafouer tout en restant dans des rapports immatures/incestueux avec leurs enfants.
Déjà, à l’époque de Jésus, les disciples Lui faisaient remarquer : « Si telle est la situation de l’homme par rapport à sa femme (ndt : la fidélité à vie), mieux vaut ne pas se marier. » (Mat 19-10). Et Ses disciples ne connaissaient rien au fonctionnement de la justice occidentale moderne ! Jésus ne demande donc pas aux gens de se marier, sauf ceux capables d’une fidélité à vie. Le mariage est très exigeant, et ceux qui s’y lancent, doivent en avoir conscience. Il est un moyen de quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa moitié. Or dans notre monde qui permet, voire encourage l’infidélité, il ne semble plus rester grand-chose de ce cadre catholique, ni fidélité, ni maturation en dehors de la famille de naissance.
La dernière exhortation apostolique de notre Pape François nous invite sommairement à nous engager dans le mariage en tant qu’homme. S’en suivent de longues préconisations toutes plus utiles les unes que les autres, une glorification de la femme en tant que mère et évangélisatrice, et même une dénonciation de ces affreux machos du passé. Cependant, une question reste en suspens : pourquoi s’engager désormais en tant qu’homme, et même en tant qu’homme catholique ? Un célibat chaste nous serait bien plus profitable.
Pour tout vous dire, je n’ai pas de réponse à la question que j’ai posée en début d’article. Je constate simplement, que nous n’avons plus aujourd’hui aucune raison objective de nous marier et fonder famille en tant qu’homme occidental de culture catholique, et que par contre nous avons plein d’arguments pour ne pas le faire. Je constate également que nos guides spirituels ne nous apportent pas de réponse, sauf individuelles. Je pense aussi que cela explique une partie de la stérilité de notre civilisation. Toute la société s’évertue à créer le désir chez les femmes et à protéger ce désir par des lois, des us et coutumes, des exhortations. Or, il s’agit bien là, au minimum, d’un grave aveuglement au pire d’une perversion. Notre Pape parle de la disparition de la volonté de perpétuation chez les hommes. Il la regrette comme d’un simple détail qui serait survenu de manière magique dans nos sociétés. Mais quand on compte sur le seul désir des femmes, comment ne pas s’étonner de tout un effondrement civilisationnel ? Parfois, j’ai l’impression qu’en plus du reste, la société civile et l’Église catholique tentent de se substituer au désir masculin, ou pire, de lui substituer le désir féminin. Cette démarche est vouée à l’échec. La grille d’analyse féministe n’est pas la bonne. L’accepter, c’est se priver d’un constat objectif : le masculin est en crise parce que le féminin a pris toute la place. La société est en crise à cause de cette démarche folle, du déni du pouvoir des femmes par exemple à l’intérieur même de nos Eglises. L’Église qui s’est faite la défenderesse de ce pouvoir depuis trop longtemps en a oublié la moitié de ses communautés masculines. Je pense qu’il va falloir y remédier car la résistance des hommes a été mise à rude épreuve par ce comportement qui dure depuis plusieurs décennies. Puisque les femmes commencent à en subir les conséquences, peut-être y-a-t-il une chance que notre élite féminisée réagisse ? En tout cas, cela serait sympa avant que le vide ne soit complet.
Alors, oui, les femmes engageront toujours quelques pigeons malgré eux dans des paternités à moitié voulues en les attirant avec leurs fesses ou en leur faisant miroiter monts et merveilles. Il y aura toujours des hommes qui se laisseront fourvoyer par leur stupide instinct grégaire de perpétuation, alors qu’ils n’auront aucune raison objective de le faire. Et les femmes les plus honnêtes pâtiront encore de cette situation, en dehors des quelques couples qui auront la chance de se retrouver sur des bases solides. Oui, notre monde actuel marche sur la tête, et il va falloir y remédier pour ne pas laisser la misère se propager.
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