Elle traîne son père sur 1200km en vélo

Ô horrible domination patriarcale. Et en Inde, un pays arriéré, vous vous rendez compte, un de ces systèmes archaïques qui profite encore de la situation précaire des femmes pour les exploiter (mais où des hommes sont lynchés suite à des soupçons de viol). Dans ce presque continent, le coronavirus a été l’occasion de nous démontrer encore une fois, combien les hommes sont des monstres, les pères en particulier.

L’un de ces hommes donc, qui vivait misérablement en tirant un pousse pousse, énième martyre d’un universel exode rural, chair à canon de bourgeois à bonne conscience qui commencent à pulluler là-bas aussi, s’est vu privé de toute ressource durant le confinement dû au covid19. Et comble du malheur, blessé, il ne pouvait retourner se réfugier en vélo dans son village natal. Il ne lui restait plus qu’à crever sur place. Jusque là, une banale histoire d’homme exploité par toute la société.

Mais voilà que sa fille de 15 ans sous emprise, a enfourché son vélo et a accepté de le ramener à la terre des origines, sur le porte bagage. Le père doutait qu’un tel voyage de 1200 km fut possible. La fille a insisté. A aucun prix, elle ne le laisserait tomber. Emporté par l’enthousiasme de sa jeunesse, coincé aussi, il lui fit confiance et ils commencèrent tous les deux leur improbable voyage, lui derrière et elle, devant.

Pendant qu’elle multipliait les coups de pédale, il la ménageait en blaguant à l’arrière, tâchant de lui apprendre à mesurer ses efforts, lui faisant profiter de son expérience de forçat de la route, tandis qu’inconsciemment, ses gènes la portait, mais aussi toutes les leçons de courage qu’il lui avait donné au quotidien. Sans le sou, ils ne pouvaient traîner en chemin. Il leur fallait donc accomplir cet exploit en une semaine, pas moins.

Le premier jour, elle fut portée par le souffle de vie. Elle entrevit la lumière et les ombres de son périple. Mais elle tînt bon. Le deuxième jour, le soleil les réconforta, et tous deux remercièrent le ciel de leur avoir permis d’arriver jusque là. Il y eut un soir d’espérance, il y eu un matin de courage. Le troisième jour, les eaux d’en haut se séparèrent du ciel et vinrent en bas. Il eut peur. Elle ne douta pas. Juste avant le coucher du soleil, des passants leur donnèrent des fruits et ils sentirent qu’ils pouvaient continuer. A la nuit tombée, levant les yeux vers le ciel, ils virent un ciel lavé de toute pollution grâce au confinement, et les luminaires que Dieu a créé leur parurent éclatants comme jamais. Ils se rapprochaient d’une nature qu’ils avaient oubliée à New Dehli et ils sentirent que c’était bon. Au matin, même constat, le soleil, le ciel bleu leur parlait parce qu’ils étaient clairs. Le cinquième jour, une nuée d’oiseaux et de volatiles en tout genre leur apparut comme autant de signes d’espérance. Il leur en fallu parce qu’éloignés de tout, ce fut l’étape la plus dure. Mais déjà le soir venait et des gens de leur caste insistèrent pour les accueillir. Le lendemain, comme si ceux-là comprenaient d’instinct leur dénuement, ils leur donnèrent aussi un peu de viande pour refaire leurs forces vives. Décidément, ce voyage devenait de plus en plus étrange. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, ils surent comme d’une prémonition qu’il y avait du bon en ce monde. Au septième jour, ils arrivèrent en héros. La nouvelle de leur folie les avait précédés, et tous les journaux du pays les célébrait. Puis celle-ci se répandit aux quatre coins de la terre.

Arrivée dans notre pays, la suite en pâlit. L’histoire fut revisitée de fond en comble par nos journalistes perclus de féminisme. Ils essayèrent d’abord de nous détourner de l’essentiel par la récompense que la petite en recevrait. Celle-ci avait conquis son indépendance en gagnant la possibilité d’être sélectionnée dans l’équipe nationale de cyclisme, en Inde, très réputée comme chacun le sait. Quel avenir ! Il nous fut épargné, tout juste, qu’elle allait pouvoir se libérer de son environnement traditionnel toxique ! Mais comble de la révision historique, la journaliste qualifia cette jeune de « migrante », en son propre pays, juste pour compléter cette esquisse humaine plaquée sur les ratés de nos propres sociétés.

En second lieu, l’article n’évoquait pas du tout les motivations de la petite. S’il faut parler de ce qui importe, cette dernière semblait se moquer complètement de l’équipe nationale. En principal, elle demandait d’abord à bénéficier d’une instruction sérieuse (en matière d’éducation, elle est largement pourvue). Pour le reste, rien sur la question de l’amour filial, ni sur ce qui avait porté son courage, ni comment un tel exploit avait été possible (confiance du père, dévotion de la fille).

En ce qui me concerne, ses sentiments me semblent clairs. Une telle personne qui n’a vraiment pas peur de la misère, ni d’échouer, ni d’être jugée, a certainement de la gratitude envers son père. Comme elle l’a fait durant cette semaine mémorable, sa revendication  d’instruction manifeste une volonté ferme d’emmener son aïeux un peu plus loin, et toute sa famille avec. Quelle force de caractère. Quel amour pour le père.

A l’inverse, nos pauvres féministes, le coeur mort, l’âme sèche, ne nous ont pas rapporté l’essentiel. Ces femmes, à qui les hommes occidentaux ont tout donné, n’ont même plus les moyens affectifs de percevoir ce vrai moteur de l’humanité : la chaleur filiale. Handicapées, elles n’ont vu que le fric, là où la noblesse des sentiments alliée à une impérieuse nécessité traditionnelle et heureuse, éclataient de partout. Comme je le pense depuis for longtemps, les misérables ne sont pas toujours là où nos riches en Occident le croient. 

Léonidas Durandal

Antiféministe français, j'étudie les rapports hommes femmes à travers l'actualité et l'histoire de notre civilisation.

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Léonidas Durandal

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