Avertissement : il ne s’agit pas de légitimer l’existence de l’état islamique, mais de montrer en quoi nous sommes dans une situation inextricable. D’ailleurs, en matière de situation inextricable, celle-ci commence dès le titre de mon article. Les dernières lois sécuritaires votées dans mon pays concernant « l’apologie du terrorisme » et leur renforcement en état d’urgence pourraient me faire condamner pour avoir proposé des solutions pratiques à la crise que nous connaissons. Gouvernants, passez votre chemin, et choisissez un autre bouc-émissaire à vos erreurs.
Aujourd’hui, la plupart des gens pensent qu’identifier l’ennemi est facile, que nous sommes du bon côté et eux du mauvais. Pourtant ces « terroristes » sont souvent issus de notre territoire. Il ne s’agit pas d’un ennemi extérieur. Nos institutions, nos gouvernants, nous-mêmes, avons légitimé une situation qui n’est plus sous contrôle. Il y a défaut de maîtrise de notre part, tout autant qu’erreur idéologique. Si nous nous interdisons le débat social, il n’y aura plus moyen d’en sortir. Le « Je suis Charlie » est une plaie de l’intelligence émotionnelle qui s’énonce comme telle et qui mène inévitablement aux lois sécuritaires actuelles, car il n’est pas possible de les éviter quand le populo se conçoit uniquement du bon côté. Or ces lois permettent surtout à un système corrompu de perdurer par absence de remise en question.
A court terme, heureusement que l’état islamique existe. Sans lui, ce serait des dizaines de milliers de fanatiques qui seraient dispersés à travers le monde. Dans la position où nous nous sommes mis, nous pourrions être rapidement submergés idéologiquement, si ce n’est militairement.
Grâce à la survie de l’état islamique, nous pouvons encore espérer repérer, contrôler, expulser les fanatiques. La présence de Daesch nous donne une chance de régler un problème intérieur en l’externalisant. Certes, tuer nos nationaux fanatisés en territoire étranger, après les avoir autorisés à partir, ne semble pas très moral au premier abord. Il y a pourtant une situation d’urgence qui mérite que nous ayons un coup d’avance sur notre cancer. Comme dans l’immédiat, il ne nous est pas possible de gagner idéologiquement, nous devons traiter les symptômes et transformer certains de nos concitoyens en étrangers.
Bien entendu cette survie à court terme de l’état islamique, permise, ne nous dédouanera pas de l’affaiblir autant que nous le pourrons. Il s’agira de maintenir tout un territoire dans la misère, d’essayer de le réduire à un état de fonctionnement minimal pour qu’il puisse perdurer dans les conditions les plus difficiles pour lui sans pour autant disparaître. Contrairement à toutes les bonnes intentions qui nous ont conduites là où nous en sommes, la solution que je préconise est sale, mais elle nous permettra de nous donner du temps, ce dont nous avons le plus besoin en ce moment.
Cette solution ne peut se justifier qu’avec un travail spirituel profond à long terme. Il est évident que si nous organisions cette « externalisation » dans le temps comme seule réponse à la difficulté sociale que nous connaissons, nous n’aurions perpétré qu’un simple massacre, et nous ne vaudrions pas plus cher que ces personnes dont nous dénonçons les actions. La France mourrait alors spirituellement au terme d’une longue agonie comme elle se meure aujourd’hui.
Quelque décision que nous puissions prendre à court terme, nous ne saurions donc nous exonérer d’une remise en question profonde, par exemple concernant le système économique que nous avons développé.
Au nom de l’argent, de notre développement, de notre PIB, nous ne pouvons pas continuer à financer directement ou indirectement cette « nation » islamique. Notre développement ne peut se faire dans n’importe quelle condition. Le pétrole à bas coût dont nous nous gavons est un poison lent mais violent. Certes l’intervention de l’état islamique arrive au plus mauvais moment, quand tous nos gouvernements ont échoué à développer notre société de manière harmonieuse. Au moment même où notre mauvaise gestion nous empêche pratiquement tout déficit supplémentaire et où les déficits présents menacent déjà la stabilité de l’édifice, nous devrions nous serrer la ceinture. D’où l’importance d’une prise de conscience sociale large et profonde qui devra aller bien au-delà de ces minutes de silences, sortes de mini-deuils de nos illusions perdues.
De même en matière familiale, nous ne pouvons continuer à promouvoir des modèles individualistes et/ou pervers en forme de suicide. Car la destruction des familles est terreau du fanatisme (1).
Enfin concernant notre politique extérieure, la poursuite de nos intérêts marchands ne peut se faire à coup de bombes sur des populations innocentes dont les dictateurs nous déplaisent surtout quand ils ne se plient pas à nos quatre volontés tyranniques.
Tout nous pousse donc actuellement à la catastrophe et en premier lieu notre immaturité. Celle-là vient du progressisme, de l’abandon de toute vie spirituelle comme le dénonçait déjà M Soljénitsine en 1978 à Harvard. Nous avons vécu à crédit ici aussi, comme si « égalité liberté fraternité et prospérité » pouvaient remplacer « spiritualité ».
Transformons une situation de crise en élan positif. Les attentats nous rendent service : ils nous ont permis de prendre conscience de notre perméabilité idéologique. Sans eux, les Français n’ont pas été capables de s’interroger jusque là. Ils ont autorisé bêtement les massacres en Syrie et en Libye. De même avant ce drame à Paris, l’Islam avait déjà gagné, sans débat. Voilà d’ailleurs ce qui a réveillé la virulence de Mohamétans contre leurs frères. En effet, cette manière de procéder remet en question leur inévitable progression. Ces croyants sincères doivent également pressentir que si l’Islam s’imposait par la force, ils pourraient en être les premières victimes comme ils le sont ailleurs.
La crise doit donc nous interroger dans notre médiocrité qui permet seule aujourd’hui les progrès d’un Islam à papa et/ou une situation de guerre civile. A long terme, si nous le voulions bien, elle pourrait aussi enrichir nos conceptions spirituelles et notre manière de concevoir les rapports matériels. Car nous ne pouvons apporter comme seule réponse à l’affrontement toujours plus de caricatures, toujours plus d’hypersexualisation, toujours plus de déviance, du pinard et du pain qui ne seraient pas liés au corps et au sang du Christ. Il faudrait sortir de ce cycle de violence. La victoire de l’Islam par perte d’identité des Français ne peut mener qu’à une catastrophe. Les conversions doivent se faire par le haut : le modèle le plus capable d’amour doit s’imposer. Pour moi, celui qui est la Vérité, le Chemin et la Vie, celui de Jésus. Pour les croyants d’Islam, celui de Mohammed. Nous devons apprendre à nous concurrencer dans le bien, pas dans l’horreur. Quant au laïcisme, il invite à la médiocrité. Il est à la base de notre réduction culturelle à des « valeurs » vides de sens, voire amorales (individualisme cupide). Il est la guerre. Lui, est à ce point ridicule qu’il ne peut être retenu comme orientation sociale.
1 « Profils de tueurs en série : de la décomposition familiale au terrorisme », Aimeles du 24/03/2013.
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