Quand on entend les associations d’hommes québécois répéter sans cesse combien la folie féministe coûte cher à leur Etat Nation, ici, en France, nous avons des difficultés à le comprendre. Bien entendu, chez nous, le féminisme est aussi largement représenté, subventionné, et en position de force que là-bas. Mais cette idéologie chez nous, hésite à se rouler dans sa fange au grand jour : elle essaie de faire bonne figure scientifique à l’université. Et même si elle n’y arrive pas, on peut au moins lui concéder l’intention. Au Canada, le féminisme a tellement imprégné la société, qu’une d’étudiante peut se permettre de se départir de toute rigueur intellectuelle dans son mémoire, tout en étant promue pour son travail. Celle-là a naturellement pris parti pour le féminisme tout en croyant pouvoir rester crédible auprès d’un lecteur averti. Son mémoire publié au nom de l’université de Montréal en dit d’ailleurs plus long sur ses professeurs que sur elle. Ses maîtres n’ont pas hésité à projeter en avant sa réflexion sur internet tandis que ce genre de travail subventionné et partisan, complètement inutile à la science, coûtait une fortune au contribuable québécois. Par le passé j’étais déjà tombé sur des mémoires canadiens de licence qui faisaient le panégyrique du féminisme. Ils étaient d’une médiocrité absolue, raison pour laquelle je n’en avais pas fait un article. Les petits étudiants y récitaient leur leçon universitaire sans vraiment réfléchir à ce qu’ils avançaient. Je n’avais pas voulu traiter le sujet tant le niveau m’avait semblé bas. Et puis, grâce à un lecteur de mon blog, je suis tombé sur ce mémoire de master de l’université de Montréal, qui a l’avantage d’être assez bien écrit : « Comment comprendre les transformations du mouvement des femmes au Québec? : analyse des répercussions de l’antiféminisme » (1). On ne peut donc reprocher à cette « maîtresse », Melle Goulet Emilie, son manque de capacités intellectuelles. Pourtant combien de poncifs ne cultive-t-elle pas sans y prêter garde. Paradoxalement, son travail présente en cela un intérêt scientifique certain. En mêlant maîtrise du langage et engagement qui s’ignore, il marque combien le fanatisme théologique peut s’immiscer là où on ne l’attend pas.
Absence de réflexion.
La réflexion est étymologiquement, le fait de se regarder et donc d’effectuer un retour sur soi, plutôt que sur les autres. Quand cette étudiante de maîtrise commence dans son mémoire par reprocher aux « masculinistes », cette espèce mal identifiée, de vivre de victimisation tandis quelle ne cesse de la cultiver, on peut déjà s’interroger sur la démarche entreprise. Dès le départ, elle les accuse d’utiliser « la distorsion, les simplifications abusives et la victimisation » (p13), et on pourrait peut-être croire ces accusations factuelles et avancées sans argumentation crédible, si elle n’assénait pas au lecteur juste avant : « La réalisation de ce mémoire n‘a pas toujours été facile… », avant d’énoncer longuement la série de doutes, de difficultés, et tous les soutiens dont elle a eu besoin pour finir son travail…
Juste après s’être bien positionnée en victime, elle s’adresse à ses maîtres et il s’en suit un long passage de brosse à reluire envers sa directrice de recherche, ses collègues et à leurs bonnes rigolades malgré les difficultés, ou « à Mathieu pour son aide et ses talents techniques »… un homme qui lui a fait le boulot informatique, et où la féministe scientifique cultive les stéréotypes féministes entre hommes et femmes sans même s’en apercevoir. (p10).
Disproportion assumée.
Dans son mémoire, la féministe scientifique assumée, se propose de mettre en relief luttes antiféministes et féministes, leurs interactions tandis qu’elle a conscience que l’antiféminisme est largement minoritaire (moins de 10% d’opinion favorable en p 14 de son mémoire), comme si elle essayait de se servir de l’antiféminisme comme d’un épouvantail plutôt qu’analyser une situation objective majoritaire du féminisme dans la conduite des affaires de son pays depuis 4 décennies :
« Comme le soulignent Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri (2008, 252), «plusieurs considèrent qu‘il s‘agit là d‘un phénomène marginal (ndt : le masculinisme), porté par quelques individus plus ou moins sains d‘esprit, qui ont recours à l‘activisme politique pour métaboliser leur crise personnelle et leur dérive psychologique ». Il est vrai que le mouvement masculiniste n’est pas composé de plusieurs groupes et d‘un nombre élevé de militants. Pour plusieurs, cela semble être suffisant pour ne pas accorder beaucoup d‘importance à cette forme d‘antiféminisme et pour minimiser ses conséquences dans la société et sur le mouvement des femmes. Nous croyons cependant qu‘il est essentiel d‘étudier cette montée de l’antiféminisme et d‘y réagir. » (p116)
Conclusion, les antiféministes seraient des marginaux, très minoritaires, et dérangés psychologiquement, mais ils seraient quand même dangereux. Comme dans tout discours féministe qui se respecte, cette notion abstraite d’« homme dangereux » finit par émerger immanquablement pour justifier tout et n’importe quoi. L’antiféministe n’est rien, mais il représente tout de même une menace pour la société qui justifie à lui seul la démarche féministe. L’effort de rhétorique de la part de cette étudiante est confondant. Ce n’est pas l’antiféminisme, minoritaire et faible, qui servirait de bouc émissaire à toute la société pour justifier l’échec du féminisme majoritaire, mais le féminisme qui aurait été pris comme bouc émissaire par les antiféministes. En fait, ayant eu le pouvoir durant de nombreuses années, seules, les féministes ne veulent être responsables en rien de la mauvaise image dont elles souffrent de plus en plus :
« Les féministes et leurs alliés ont perdu de la crédibilité auprès du gouvernement et doivent dorénavant faire face à des processus de politiques sociales qui sont orientés vers des problèmes économiques globaux. Ils ont aussi été catégorisés comme étant des «groupes d‘intérêts spéciaux » et sont constamment victimes de compressions budgétaires (McKeen 2001a, 188) » p40.
Ici, il ne s’agit pas de faire s’interroger les féministes sur leur perte de crédibilité, mais de faire échapper un mouvement à ses responsabilités.
Les médias sont méchants.
Quand cette étudiante définit les médias comme antiféministes, qu’entend-elle exactement par là ?
« Selon Francine Descarries, les médias de masse contribuent depuis plusieurs années à la diffusion de l’antiféminisme « ordinaire » et plusieurs journalistes se demandent si le féminisme est allé trop loin » (p45)
Voilà sa définition de l’antiféminisme dans les médias : se demander si le féminisme a été trop loin. Ainsi, cette simple interrogation suffit à définir l’antiféminisme, tandis qu’elle est surtout la condition objective d’un retour sur soi. Le retour sur soi est donc obligatoirement vécu comme négatif par des féministes qui ne veulent surtout pas être étudiées ou remises en question puis qui se posent en victime de médias qui ne cessent pourtant de les soutenir. Le seul fait que ceux-là « se posent des questions sur le résultat du féminisme » ou sur sa nécessaire « modération » suffit à les définir comme opposés à la démarche féministe. Sans le vouloir, cette étudiante définit très exactement le totalitarisme qui imprègne intrinsèquement le mouvement qu’elle défend : il faut être féministe, et ceci ne peut être remis en question. « Et si le féminisme se trompait ? » Est une question qui ne peut faire l’objet d’un débat pour une féministe.
Pour moi comme pour elle, il est vrai qu’on ne voit pas assez les féministes à la télévision. Mais à l’inverse de cette étudiante, je pense que c’est une forme de protection du féminisme. A chaque fois que les féministes sont invitées à s’exprimer, elles ne provoquent que la moquerie. Si les gens étaient vraiment au courant de la folie féministe, il n’est pas certain qu’ils auraient cautionné toutes leurs lois depuis 40 ans. D’ailleurs, lors du débat sur l’avortement, il a fallu que les journalistes hommes les censurent, sinon la loi ne serait jamais passée, elles qui proposaient de faire passer dans la presse ce genre de questionnaire auprès des femmes : « vous préférez avorter avec une aiguille à tricoter, du fil de fer, etc… » (La loi Veil de 1975 sur l’avortement, l’histoire d’une manipulation des masses, aimeles du 29/11/2012)). Ce genre d’exemple peut être multiplié à l’infini notamment ces dernières années en France où on a vu Melle Sorman défendre le chaos, Melle Diallo vouloir détruire les contes traditionnels, ou bien les féministes de la Barbe s’en prendre à un journaliste sur un plateau de télévision qui leur était largement favorable et tout cela parce qu’il était homme… Oui, nous ne voyons pas assez de féministes à la télévision, des vraies, et je trouve cela bien dommage.
Quelques erreurs logiques de ci de là.
Cette absence de retour sur soi conduit donc cette étudiante à commettre des erreurs intellectuelles grossières et à tout un système de les valider par exemple lorsqu’elle définit le féminisme comme un mouvement qui ne serait pas une forme d’individualisme (p26). Or le féminisme n’a cessé de s’appuyer sur l’individualisation des rapports sociaux au détriment des rapports familiaux pour progresser dans la société, comme elle le remarque elle-même un peu avant (p24 citation mentionnée un peu plus loin). De manière identique, elle accuse l’antiféminisme d’être sournoisement présent dans certains domaines de la vie sociale tandis qu’en réalité ces domaines de la vie sociale sont des « vitrines » privilégiées du féminisme :
« L’efficacité de l’antiféminisme «ordinaire» et la difficulté à le déceler reposent sur l’absence de coordination, la diversité de ses messages et ses représentations dans divers éléments (pornographie, publicité sexiste, humour, etc.). »(p13)
Oublie-t-elle que c’est la libération sexuelle féministe qui a permis l’explosion de tous les cadres moraux, en particulier en matière de pornographie ou de publicité ? La moralité de la « religion des mâles » qu’elle dénonce ailleurs, mettait plutôt des freins à ces hommes dans les sociétés plus masculinisées. Le féminisme a détruit cela et non l’inverse. Tout n’était pas permis quand les hommes étaient présents pour leur famille. Pour remettre les choses à leur place, il faudra rappeler que ces mouvements féministes ont été à la tête de l’effondrement moral qui a suivi mai 1968. Ce discours bon teint féministe qui voudrait nous faire croire que cet effondrement moral serait aujourd’hui de la responsabilité des hommes, consiste en un retournement phraséologique hallucinant. En fait, comme cette étudiante n’analyse pas les dérives sociales comme pouvant provenir du féminisme, elle ne peut comprendre ni le féminisme, ni l’antiféminisme, ni le passé, ni le présent. L’antiféminisme est donc perçu intrinsèquement de manière négative, et le féminisme a raison quelques conséquences qu’il ait pu engendrer :
« En plus d’être un discours réactionnaire, il s‘agit aussi de pratiques qui nuisent à l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes et son fondement idéologique se base sur un discours sur la différence naturelle entre les sexes. » (p15)
Jamais elle n’interroge les fondements philosophiques du « masculinisme » québécois… ou plutôt les bases sur lesquelles est assis le féminisme. Le suicide des hommes pfeuuu… l’échec scolaire des garçons qui a suivi la mixité et la féminisation de l’enseignement… une paille. Les problèmes familiaux… c’est important la famille ?
De même elle ne s’interroge pas sur la collusion majoritaire entre Etat et féminisme et le résultat social négatif qui a pu en découler :
« l’État québécois a donc joué un rôle d‘accompagnateur, de soutien et même de promoteur des projets des femmes » (Descarries 2005b, 148). (p23)
Ces pauvres femmes oppressées par le système médiatique seraient par contre entièrement promue par l’Etat ? Bizarre ?
Cette absence d’interrogations sur les motivations du féminisme, ses résultats, sa méthodologie permet de justifier tout et n’importe quoi :
« … dans le cas des politiques de promotion du statut des femmes au Québec, «l‘institutionnalisation de la cause des femmes précède celle des intérêts familiaux», ce qui favorise le rapport de force du mouvement des femmes » (Revillard 2008, 702) (p24)
Elle reconnaît ainsi qu’il est normal que les femmes aient fait passer leurs intérêts égoïstes avant leur famille. Quel programme altruiste et humaniste que celui du féminisme ! Cette étudiante, qui plus loin se surprend à découvrir que l’antiféminisme peut être de gauche, devrait s’interroger sur les valeurs soi-disant supérieures qu’elle véhicule, et plus grave pour un mémoire universitaire, sur son propre manque de logique.
Le renversement des valeurs.
Ces valeurs que la gauche paumée a volé à la religion ne lui conviennent plus quand ce sont les religions qui en font la promotion. Là, il n’est plus question de respect des différences mais d’une horrible oppression :
« La montée des conservatismes religieux maintient également les rapports de forces inégalitaires dans la société : « elle a pour effet de vouloir maintenir les femmes dans une position de sujétion et à l‘intérieur d‘une stricte délimitation des rôles féminins et masculins » (Trat, Lamoureux et Pfefferkorn 2006, 18). (p37)
C’est donc de la faute à la religion tout ça, mais pas seulement, puisque les journaux pourtant majoritairement féminisés, seraient depuis peu antiféministes. La raison : il y aurait trop d’hommes en haut de la hiérarchie :
« Toutefois, les femmes continuent d‘être sous-représentées dans les postes de pouvoir et de prestige, et elles sont surreprésentées dans les postes au bas de l‘échelle (Rhode 1995, 687 » (p42)
Il faudrait déjà prouver que les patrons de journaux, ayant majoritairement embauché des femmes, seraient contre les femmes. Difficile… Il faudrait également prouver que des hommes ne sont pas capables de soutenir des femmes, ce qui pour le coup serait très loin de la réalité et profondément… sexiste de la part des féministes. En vérité, tout comme l’Etat, tout comme les services scolaires, dont elle n’a étrangement, pas parlé, tous sont profondément féministes. Et si quelques personnes se posent encore des questions sur le féminisme, il ne faut pas y voir une forme d’antiféminisme comme elle le fait, mais les reliquats d’une époque où des personnes plus cultivées apprenaient à réfléchir un peu plus profondément.
Et si on parlait du système scolaire ?
Pour ce faire, laissons-là s’exprimer :
« Finalement, je remercie le Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations (CREMIS) pour les deux bourses qui m’ont grandement aidée à réaliser ce projet « (p10)
Mon Dieu, le féminisme serait-il donc partout ?
Dès lors, il n’est pas étonnant que les jeunes femmes ne veulent plus se revendiquer féministes :
« Aussi, plusieurs études confirment qu’une partie importante des femmes et particulièrement les jeunes femmes refusent de se dire féministes, même si elles sont conscientes des inégalités qui persistent toujours et qu’elles sont favorables aux valeurs féministes. » (p116).
Ce double discours des femmes peut s’expliquer autrement qu’à cause d’une montée de l’antiféminisme. Les femmes reculent à se dire partie prenante d’une idéologie qui a échoué de tout son long, qui en rendant les femmes égales aux hommes, les a plongées dans des conditions de vie misérables, sans parler des hommes, des enfants et de la société. Aussi de nombreuses femmes pressentent le danger et ne veulent plus être identifiées à des féministes. Dans le discours apaisant des femmes qui disent « le féminisme a obtenu ce qu’il désirait, ne va-t-on pas trop loin ? », il y a surtout une manière indirecte et habile d’échapper au constat de l’échec effarant du féminisme en termes de « libération des femmes, libérations sexuelles » sans parler de la vie familiale ou de l’ambiance au travail. Ces femmes qui ne veulent plus se dire féministes désirent lui donner habilement un coup d’arrêt. Mais les féministes, elles, n’ont pas compris. Elles s’entêtent dans une démarche qu’elles croient juste. Elles ont été éduquées comme ça. Tandis que toutes, féministes ou femmes, devraient faire amende honorable pour avancer, les voilà à vouloir reculer pour mieux sauter dès que l’occasion se présentera, les unes tenant en laisse les autres en attendant des jours meilleurs. Mais le paradis communiste ne surviendra pas. Le féminisme a amené la pauvreté économique et sociale, et seule les dettes d’Etat ont pu masquer ce fait. De même nous n’avons pu tenir psychologiquement que grâce à une stabilité familiale héritée du passé.
Conclusion :
Ce genre de mémoire montre comment le féminisme est devenu une nouvelle théologie qui se base sur la vérité révélée du féminisme, l’égalité, le progrès. Ces idéologies qui ont voulu faire mieux que la religion, l’ont jalousé, pour tenter de prendre sa place. Et elles échouent. Avant de toucher le fond moral et scientifique qu’elles n’auraient jamais dû quitter, elles essaient de nous y entraîner collectivement. A nous de reprendre la main.
1 Mémoire d’Emilie Goulet, « Comment comprendre les transformations du mouvement des femmes au Québec? : analyse des répercussions de l’antiféminisme », 2011. Et résumé.
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