Voilà un film qui n’a pas pris une ride puisqu’il s’attaque à un problème cuisant de notre modernité : comment se trouver entre hommes et femmes dans une société où toutes les structures traditionnelles qui favorisaient les rencontres, ont disparu.
Vous retrouverez dans ce film tous les faux semblants de notre internet, et plus largement de notre monde : les jolies filles, les laiderons, les beaux gosses, les séducteurs, mais aussi de manière plus profonde, les amis qui vous tirent vers le bas, les mères possessives, les femmes fortes, les couples avec enfants dans leur petit monde…
Marty se considère inapte à rencontrer les femmes. Il ne plaît pas, parce que… il s’invente tout un tas de raisons, alors qu’il essaie juste de forcer la vie. Il n’appartient pas à ce monde des dragueurs avides même s’il voudrait comme eux, séduire les jolies filles. Ce miroir aux alouettes l’a fait passer à côté de bien des rencontres probablement. Mais comme il est perdu, il en arrive à rationaliser une situation qui, finalement, n’est pas de son propre fait : prêt à abandonner l’idée de se marier, malgré le harcèlement quotidien social qu’il subit, il s’estime laid, peu attractif. Son métier de boucher n’est pas avancé comme un obstacle dans le film, signe d’une époque peut-être moins matérialiste que la nôtre. Pourtant, en arrière plan, nous pouvons comprendre qu’il en forme des complexes.
Son petit monde va changer du tout au tout par le plus grand des hasards. Enfin va-t-il pouvoir accueillir la vie, parce que celle-ci lui aura fait comprendre combien il se fourvoyait en matière amoureuse. Beaucoup de jeunes garçons cherchent des recettes, encore de nos jours, pour décrocher la timbale. Les femmes ne sont pas en reste. A l’inverse, peut-être suffirait-il que chacun et chacune fassent des efforts de leur côté en se concentrant par exemple sur l’amour qu’ils ont reçu, leur volonté de progresser dans leur métier (et non de faire de l’argent), s’améliorer en quelque sorte, le reste appartenant à Dieu.
Le film Marty a encore un autre avantage. Celui de montrer que le couple est d’abord une question de faiblesses. Ici, faiblesse du gentil gars qui n’a pas les codes, mais qui s’assume tel qu’il est. Faiblesse de la jeune fille ou du garçon qui n’est pas doté des canons esthétiques à la mode. Faiblesse de l’humain perméable à ce que pense la société de lui. Errance des individus qui courent après des mirages, ici former un couple fantasmatique avec une belle fille ; ou bien, être désirée par les hommes en général et non par un homme en particulier.
Très beau moment de spectacle, la leçon du film Marty pourrait se résumer comme suit : pour rencontrer un partenaire dans la vie, l’aimer et le conserver, c’est d’abord une question d’humilité. Dans un système disons, libéral, comme le nôtre, seule l’humilité peut contrer des orgueils nés de l’illusion de s’être construit soi-même.
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