Hugh Laurie, le Docteur House ou l’autorité paternelle qui manque à notre société

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Les meilleures séries télévisées parlent plus de ce que nous aurions envie d’être que de ce que nous sommes réellement. Bien entendu, elles s’appuient sur une forme de réalité, et les scénaristes ne racontent pas autre chose que leur propre histoire. Mais celle-ci, magnifiée, fantasmée, plonge le spectateur dans une autre dimension. Il y aurait un champ infini d’étude pour un antiféministe. Il y aurait une façon de revisiter l’histoire de manière incroyable pour quelqu’un qui aurait le temps de revenir sur notre inconscient collectif, la façon dont ceux qui fabriquent la culture, s’en font le relais ou bien essaient de l’orienter.

 

La série télévisée, un conte moderne.

 

 

Dans ce monde désespéré, la série télévisée est le nouvel hôpital de nos vies sentimentales et parfois intellectuelles. Sans elles, nous serions obligés de penser nos vies autrement. Nous devrions certainement en revenir aux contes traditionnels, le soir, au coin du feu, aux histoires étranges qui ont nourri notre inconscient collectif jusque là. Les séries télévisées ne sont que les nouveaux contes traditionnels que nous nous racontons le soir, plus ou moins seuls, sur un coin de canapé. Les fans forment communauté. Ils aspirent à se faire peur, à voyager, à rire ensemble. Grâce à elles et comme avec un conte traditionnel, ces vies qui nous semblent superficielles peuvent être transcendées. Nous pouvons nous projeter dans un monde alternatif qui peut faire évoluer nos représentations collectives, et ceci pour le meilleur et pour le pire.

 

 

 

L’ambiguïté de la série télévisée : donner à réfléchir ou interdire de penser.

 

 

Encore plus qu’un conte traditionnel, la série télévisée pensée à l’aune de la psychologie et des moyens de manipulation modernes, possède une ambiguïté intrinsèque: elle peut nous ouvrir à notre propre vie, comme elle peut nous enfermer ou nous implanter, comme le ferait une puce électronique, des idées complètement réductrices et artificielles du monde. La série télévisée est irréelle, elle nous parle pourtant de nous, et de temps en temps, pour notre plus grand malheur, elle veut faire réalité. Le monde du fantasme ne peut sortir impunément de l’écran.

 

 

Evolution des thèmes.

 

 

A côté des séries purement familiales qui nous ont donné à voir des couples unis (…) (« Rosane », « Cosby Schow », « Mariés deux enfants », « La petite maison dans la prairie » etc…) plusieurs autres modèles sont venus se surajouter à celui-là : apparition de couples homosexuels dépeints de manière identique aux couples hétérosexuels, voire parfaits, familles décomposées, recomposées qu’on a cherché à nous vendre (« Arnold et Willy », « Buffy », « Plus belle la vie »…). La famille à la TV a semblé suivre « les évolutions » de notre société, tout en tentant de leur donner un cadre pacifié.

 

 

Un thème de fond des familles à problèmes : pile de la recherche de père, face de la femme indépendante.

 

 

Au-delà de ces opérations de marketing, plus ou moins réussies, une tendance de fond travaille depuis des années les scénarios de séries : la recherche de père, et la femme indépendante. L’une et l’autre de ces deux images semblent se répondre alternativement sans jamais pouvoir se rejoindre. Et pour cause… La tension qui se crée autour de ces deux concepts contradictoires semble indépassable. Mais elle nourrit notre imaginaire. Elle nous donne des perspectives quant à nos difficultés personnelles dans cette société moderne. Et ainsi, elles nous aident à continuer à y croire tant que les scénaristes savent faire preuve d’assez d’imagination pour cela. D’un côté, les garçons en manque de repère paternel, pourront se souvenir de « Madame est servie », « Papa poule », « Arnold et Willy » à l’âge où il sera temps pour eux d’endosser des responsabilités de père. De l’autre, les working girls qui échoueront tout autant leur vie familiale que les garçons sus-mentionnés, pourront se rappeler du « Docteur Quinn », « Charmed », « Sex and the city » et autres « Buffy » ou « Ally Mac Beal » de leur jeunesse quand elles voudront s’orienter dans leur vie professionnelle, ou bien attendre secrètement qu’un « Mentalist » incroyable professionnel, les comprenne entièrement, elles, et pas une autre, afin de réussir leur vie sentimentale.

 

 

« Evolution »

 

 

Les familles traditionnelles qui fonctionnent bien sont toujours là. Elles résistent aux modes. Dès lors, on les retrouve plus souvent que les familles ratées à la télévision. Cependant le modèle raté, lui, évolue au fur et à mesure qu’il échoue et comme il a tendance à s’étendre, il prend de plus en plus de place sur nos petits écrans.

 

  • D’un côté, le père qui était capable de s’occuper seul de toute une famille est devenu progressivement le papa idéal déclassé qui sauve la working girl et son enfant, ou bien la fille-mère. De nos jours, il s’est transformé en père célibataire qui fait fantasmer toutes les filles-mères modernes, parce qu’il a un côté raté rassurant.

  • De l’autre, les femmes mal assurées et déséquilibrées qui voudraient bien réussir à vivre leur indépendance tombent, d’abord sur l’homme idéal, puis sur de petits caniches hommes juste là pour les servir dans leur parcours personnel, et enfin, naturellement, finissent seules mais tellement heureuses (il vaut mieux être seule que mal accompagnée).

Madame est servieLe jardinier italien s’occupe du gazon de madame.

Dans les séries télévisées pour personnes en quête de sens dans leur vie, le dialogue de sourd grandit : les enfants veulent des pères forts, les femmes des compagnons rassurants, et les hommes des modèles virils. Chacun regarde ses propres séries et se conforte dans ses convictions, parfois réfléchit quand même un peu. Voilà pourquoi la plupart des histoires d’amour finissent mal dans les séries atypiques, ou bien pourquoi les scénaristes évitent aux personnages principaux ce genre de situation, et de plus en plus, quand bien même ils pourraient les vivre : quand chacun tire la couverture à soi, il n’y a pas de logique heureuse dans les scénarios de films pas plus que dans la vie. Les personnages de TV aussi doivent vivre leurs contradictions. En dehors de celle-là, ils ne sont plus rien. Ils n’ont plus d’identité. Le malheur qui les faisait vivre, ne leur offre plus d’opportunité d’exister quand ils rencontrent le bonheur : les gens heureux n’ont pas d’histoire dit-on. Une certaine modernité reflétée dans ce genre de séries télévisées cultive le malheur et s’en nourrit. Miroir et acteur de la décomposition, la série télévisée progressiste ne peut pas s’extraire d’une forme de logique de vie sans s’approcher de la religion, ce qu’elle fait rarement, pour l’instant.

 

 

Où en est-on aujourd’hui du côté des familles impossibles ?

 

 

Du côté des femmes, on sent bien que le narcissisme est devenu la règle d’identification. Les héroïnes trouveront bien des hommes objets prêts à les accompagner sur le chemin de leurs désirs personnels, avec enfant ou pas. Qu’importe finalement…

 Samantha MicelliLa petite Samantha Micelli dans « Madame est servie », est devenue une sorcière, tout un programme…

Du côté des hommes, l’image du père a fini par s’effacer, tout autant que dans notre société d’ailleurs. Celui de « Castle », poussif au possible, irresponsable, enfantin, dépassé par les femmes de son entourage, peine à convaincre de sa masculinité. Ce père-célibataire riche et fantasque nous est vendu amoureux d’une serpillière masculine. Quel homme peut s’y retrouver ? Cette série censée redorer le blason des pères divorcés, permet surtout aux petites filles de rêver d’un improbable père puissant et permissif qu’elles pourraient retrouver quand elles en auraient besoin. Pour souligner toute l’ambiguïté de telles séries et pour parler plus précisément de son côté néfaste, le monde irréel de Castle maintient filles et pères dans des fantasmes dangereux d’enfance éternelle (d’ailleurs le père romancier cherche dans sa vie son roman).

 La petite maison dans la prairie

Le dernier vrai mec dans les séries télévisées.

A côté de ce genre de série médiocre, il y a eu ces dernières années Hugh Laurie et le « Docteur House ». Ce personnage n’est pas père à proprement parlé. Il en est pourtant la véritable icône. Celle que le tout à chacun cherche secrètement dans notre monde moderne déstructuré, la nouvelle image qui pourrait guérir notre société malade… peut-être.

 

 

Le Docteur House, le père fantasmé de notre époque.

 

 

Un père qui n’est pas père.

 

 

Dans notre modernité, le père ne peut pas être père, il n’a pas de place dans la famille. Il ne peut donc être mis en situation familiale de père. Bien plus que dans une société traditionnelle, et paradoxalement, il faut qu’il ait été reclus à son métier. Dans ce cadre professionnel, il va pouvoir exercer une nouvelle forme d’autorité face à sa patronne qu’il finira par troncater. Cependant, personne ne s’y trompe : c’est la femme qui tient le manche et le docteur House qui doit ruser pour sauver les patients malgré l’incurie ambiante. Cuddy (la patronne, la femme de substitution, la mère toute puissante et protectrice, le grand médecin, et tout cela en une seule femme) reconnaît les compétences du docteur House. Elle en a besoin pour faire fonctionner son établissement (la société), elle connaît ses compétences, elle le protège même si elle se méfie de cet homme détruit de partout et qu’elle estime dangereux car inconscient sentimentalement. Femme assumée, fille-mère, patronne, elle a toutes les qualités rêvée de l’adolescente déstructurée. Ces deux adultes qui s’attirent s’essaient à l’alliance de la carpe et du lapin, tout comme ces couples d’aujourd’hui attirés sexuellement l’un par l’autre qui finiront par divorcer ou par se mépriser et dont les enfants regarderont immanquablement, pour se guérir, ce genre de séries télévisées.

 Docteur House et Cuddy la colère

Le corps du docteur House.

 

 

Le docteur House incarne son existence. Il est handicapé. Il n’arrive à marcher qu’avec difficultés dans la vie. Mais il n’hésite pas à se servir de ce handicape pour cumuler des avantages. Son handicape n’est qu’une illusion dont il se sert à l’image d’un prestidigitateur, pour donner le change, pour faire pitié, pour obtenir des médicaments.

 Canne du docteur house La canne du docteur House n’est pas le signe de son handicape, mais de son phallus.

L’absence d’attaches.

 

 

Dépeint comme égocentrique, sans attache, sans illusion, sans sentiment, le Docteur House est incapable de faire front dans sa vie personnelle. Sa vie c’est son métier. Il est intéressant de voir que la désillusion du Docteur House est à la source de sa force : il est entièrement cynique, il ne se gargarise pas des illusions dont sont emplis les gens, et qui forment comme des entraves à leur guérison. Cependant, du fait même qu’il soit sans illusion, il est incapable de vivre « une vie normale ». Cantonné au rôle de sauver le monde tout en étant incapable de se sauver lui-même, il voit les relations sociales comme un grand spectacle auquel il ne veut pas participer. Sa compétence n’est pourtant pas médicale. Elle est humaine. C’est là le grand paradoxe du personnage : rejeté pour son « inhumanité », c’est pourtant son « inhumanité » qui fait sa force. La pseudo-humanité des étudiants en médecines, de ses enfants pourrait-on dire, est le frein qui les empêche de s’élever à la taille du père. Et ils doivent reconnaître, presqu’à chaque fois, qu’il a raison, comme si le monde des bons sentiments, féminin, était forcément faux. Maman commande, certes. Mais sans papa, l’établissement serait un établissement comme les autres, peut-être même serait-il obligé de fermer, et les enfants devraient se reporter sur quelque père de substitution médiocre, ailleurs.

 

 

Misogyne ?

 

 

En terme d’attitude envers les femmes, notre société qualifierait rapidement le docteur House de misogyne. En fait, loin d’être misogyne, il cherche les gens pour leur aptitude et se moque de tout le reste. Dans de très nombreux épisodes, cette conception égalitaire s’affronte à la conception égalitaire de notre monde féministe qui voudrait qu’hommes et femmes soient interchangeables. Les différences entre hommes et femmes sont simplement une donnée pour le Docteur House, une donnée dont il se sert pour effectuer son métier, rien de plus. Si c’est un homme tant mieux, si c’est une femme, c’est comme ça. Hommes et femmes sont différents mais qu’importe. En cela, ils sont égaux pour lui.

 

 

Toujours attaqué, jamais abattu.

 

 

La vision du monde du docteur House est l’héritage d’un passé tortueux qu’il a dépassé comme une évidence. Les problématiques qui se posent à lui ne le surprennent plus. Le monde ne le surprend plus. Sans passé, sans avenir, sans morale si ce n’est celle de réussir, le docteur House s’est libéré de toutes attaches. Il est libre, mais seul et détruit. Il ne donne pas des coups à ses patients pour se venger de sa situation personnelle, mais parce qu’il sait que s’il n’agit pas ainsi, les coups qu’ils devront recevoir de la vie seront encore plus rudes. Il ne s’attend pas à être aimé. Il sait bien que les gens ne vont pas accepter facilement d’être mis face à leurs contradictions (ils veulent être soignés ou soigner, sans faire ce qu’il faut pour cela). Cela ne l’empêche pas d’agir avec une totale désinvolture. Tel un père qui essuierait les reproches de ses enfants avec patience, il anticipe les réactions de chacun sans s’échapper. Ses enfants (patients, étudiants, collègues) vont résister à la contestation de « ses » règles, il le sait, face à ce monde qu’il domine, il sera toujours remis en question par des gens qui ne le comprendront pas et qui ne seront certainement jamais, à sa hauteur. Et tel un père, il finira toujours ou presque par avoir raison. Il y arrivera, non pas comme le ferait un père de l’ancien monde, à force d’autorité non discutée, mais en rusant, en faisant réfléchir ses acolytes et surtout en les manipulant tout en usant de sa position de force pour arriver à ses fins.

 

 

Le père qui sert de repoussoir pour entrer dans la vie.

 

 

Surprenant le spectateur féminisé en attente de repère, le docteur House n’en devient que plus grand au fur et à mesure que ce téléspectateur se prend à le détester tout en reconnaissant sa force. On aime le docteur House parce qu’on le déteste. Le docteur House est le père qui révulse tout en suscitant l’admiration. On l’aime parce qu’il résiste, qu’il ne plie pas face à la féminisation d’un monde trop sécurisé et qui en est devenu incompétent. Le Docteur House sait prendre des risques, bousculer les institutions, les personnes. Il est irrévérencieux, ne connaît rien à la galanterie, il a abandonné toutes ses illusions sur ce point, sur les femmes en général. Il est un exemple assez inatteignable. Il reste un personnage lointain, un père qu’on ne peut qu’admirer de loin, car on imagine assez bien que le moindre quidam qui s’essaierait à le prendre pour exemple finirait immanquablement licencié, au chômage et à la rue. Cependant le spectateur régressif, lobotomisé devant sa télévision, avide d’expérience en zyeutant une série télévisée, pitoyable en fait, voilà en tous cas comment le dirait le docteur House, sent bien qu’il lui faudrait rencontrer un tel homme pour grandir dans sa vie. Il se prend à rêver de pouvoir en trouver un sur sa route qui le ferait enfin plier, lui et son ego d’enfant à maman. La relation du fan du Docteur House à son héros est donc une relation de type sado-maso. Cet enfant spectateur sait bien qu’il a été trop materné durant sa jeunesse et qu’il lui aurait fallu connaître la présence d’un père tel le docteur House pour pouvoir grandir. Ne l’ayant pas rencontré, il regarde la série télévisée en se disant que peut-être, il pourra en retirer quelque chose. Il prend les coups en même temps que les patients, que les collègues du Docteur House. Il les donne aussi, toutes les fois où il aurait voulu dire aux autres leurs quatre vérités mais qu’il n’en a pas eu le courage ou qu’il ne s’est pas senti assez habile pour ça. Le docteur House sait donner les coups. Il le fait à la place du spectateur médusé. Pour ce faire, il agit sans haine, par simple dépit envers l’humanité et par soucis de vérité. On se demande où les Américains ont été pêcher le côté aristocratique si prononcé du personnage, eux qui n’en ont jamais eu.

 

Le côté aristocrate raté.

 

 

Le père d’aujourd’hui ne peut être qu’un raté bougon. Il doit avoir passé son existence à s’imposer au milieu d’un système qui n’a pas voulu de lui comme d’un adulte. Il a gardé les principaux traits d’un homme au prix du sacrifice de sa vie familiale et sentimentale. Il prend donc des risques comme un homme, refuse le train-train au boulot. Il aime se battre, il aime la confrontation, c’est un enfant bagarreur, et son haut niveau culturel n’est pas tant un marqueur de catégorie socio-professionnel qu’une façon de mettre son entourage et le téléspectateur dans la position d’être dominés. Sa voix éraillée évoque l’expérience d’une masculinité usée par les combats. Il est le père idéal de notre début de 20ème siècle. Il n’a pas d’enfant car chacun des téléspectateurs est un de celui-là. Sa relation sentimentale avec Cuddy, sa patronne est donc vouée à l’échec, le téléspectateur comprenant difficilement comment un tel homme pourrait trouver sa place auprès de cette espèce de femme « moderne ». Les scénaristes qui ont cru, ici, sauver la série, l’ont enterrée. Le Docteur House est trop masculin pour une working girl telle que Cuddy. La tension moderne décrite plus haut entre la recherche de père et la femme indépendante n’a pas pu être résolue dans cette série, si elle ne pourra jamais l’être dans aucune série. Tant que ces deux sortes de personnages seront séparés, ils pourront jouer l’un de l’autre pour faire valoir leurs côtés brillants. Ensemble, ils perdront toute saveur. Tel est certainement le drame de notre modernité. Le monde qu’on nous a vendu est un monde où les hommes virils, ne pourront jamais s’accoupler avec des femmes-hommes sans que le résultat ne soit catastrophique. Il aurait été très intéressant de donner au docteur House une femme très féminine, et soumise pour compagne qui aurait énervé Cuddy (et qui en même temps aurait représenté toutes ses aspirations profondes), puis de faire évoluer ce personnage comme une sorte de dompteur d’animal qui s’y serait pris progressivement pour dominer le Docteur House (un archétype féminin bien plus parlant pour le téléspectateur) et faire passer l’agressivité de Cuddy de la petite amie de House au docteur lui-même au fur et à mesure que le docteur House se serait soumis sentimentalement à sa compagne. Avec des si…….

 

La voix éraillée du docteur house, plus aiguë qu’en France (plus cassée encore dans sa masculinité).

L’addiction.

 

Le docteur House souffre d’addiction (drogue, côté maniaque…). Cela est dû à un symptôme physique, mais on comprend très bien qu’il y a plus derrière cette souffrance. On sent bien que le docteur House est aussi un enfant non fini, qu’il a été trop materné puis qu’il s’est affronté violemment à la réalité, à son père, et qu’il y a perçu le mensonge de toute une vie sans se l’expliquer. Ce trait de caractère renforce l’identification de ses fans souffrotants au personnage. Ils peuvent s’imaginer avec leurs faiblesses, devenir un héros (un anti-héros) formidable, fort tout au moins, et capable de dépasser leurs blessures malgré l’absence de père ou son rejet.

 Janus

 Le côté Janus du docteur House : réparateur et détruit.

Conclusion : le docteur House, un dieu stérile.

 

 

Ayant offert sa vie en sacrifice à son égo, le docteur House ne trouvera jamais la rédemption. Il ne sera jamais réellement père, il restera un fantasme pour ses fans, enfermé à jamais dans ses contradictions, peut-être comme nous le sommes tous un peu. Le docteur House n’est pas vraiment un exemple, c’est un anti-héros, mais il nous renseigne sur notre société : nous voudrions des hommes, que nous sommes incapables d’accepter. Nous voudrions des familles que nous sommes incapables de construire. Nous voudrions des pères que nous ne sommes pas capables d’aimer et qui refusent d’ailleurs d’être aimés parce qu’échardés par un monde dur, vil et féminisé dont ils ne sont pas ressortis indemnes. Nous fantasmons un retour à la tradition comme la tradition ne l’a jamais été. En regardant le docteur House, nous pleurons sur la masculinité perdue de nos sociétés. L’homme a été détruit, et il ne s’en sortira pas. Il ne sera reconnu dans ses compétences qu’au prix de la destruction de sa propre vie et de tous ceux qui l’approcheront. L’hôpital peut vivre sans lui, mais dans une forme de médiocrité généralisée. C’est un hasard, une chance d’être sauvé par le docteur House, mais on sent bien que tout le monde n’aura pas cette chance, que son autorité n’est assise que sur un concours de circonstances exceptionnelles : des compétences extraordinaires, des amis fidèles, une bonne étoile. Sans lui, les gens continueront à mourir dans l’indifférence, accusant la fatalité, désabusés, personne ne pourra les soigner. Le pauvre sera laissé à l’abandon, le riche se retrouvera face aux limites de son argent. Mais en sa présence, les gens le contesteront et refuseront de reconnaître son autorité. La société ne peut accepter l’autorité du docteur House mais ne peut pas s’en passer. Les malades qui viennent voir le docteur House se font soigner dans leur humanité bien plus que dans leur corps. Ils en viennent à accepter le monde tel qu’il est, parfois avec ses limites. Le docteur House ne peut pas tout, la médecine ne peut pas tout, et les questions humaines ne seront jamais remplacées par des questions techniques. Le docteur House grâce à sa compétence extraordinaire peut repousser les limites de la connaissance ou la manière de les utiliser, mais il ne peut pas changer les règles qui régissent le monde de la médecine et du cœur des hommes. L’effort de tous est nécessaire pour réussir. Et parfois, il faut accepter l’échec. Avec sa barbe le docteur House, c’est un peu le Dieu de l’Ancien testament, mais un Dieu qui aurait été déchu tout en ayant conservé son pouvoir. C’est l’homme moderne à qui l’on ne reconnaît pas sa responsabilité sacrée.

 

8 réponses à “Hugh Laurie, le Docteur House ou l’autorité paternelle qui manque à notre société”


  1. Avatar de Léonidas Durandal

    "Kamala Harris, première vice-présidente de l’histoire" L'Obs du 07/11/2020.

    L'histoire de quoi ? qu'ils se racontent. 


  2. Avatar de Léonidas Durandal

    (Vidéo coub) « Il n’aime pas l’autorité de Donald Trump, cependant… » Durandal coub du 09/11/2018.


  3. Avatar de Zorro le renard
    Zorro le renard

    « J » en plus d’être profondément débile a du mal à se choisir un pseudo. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous les petits kapos à venir poster ici ? La charité religieuse doit avoir ses limites n’importe qui vient dire portnawak ici. Allez tire toi pauvre demeuré, va te suicider crâne d’œuf ! Moi ce qui me déprime c’est que des individus aussi neuneus que J existent et que cela prouve que notre combat est plus nécessaire que jamais. Allez ducon pour ta gouverne on lutte ici contre le féminisme pas pour la restauration d’un patriarcat t’as rien compris normal ta caboche est aussi vide que la signification de ton post.Ici c’est toi qui en insultant fait preuve de propos lénifiant et dogmatique tu es un fanatique qui s’ignore les plus dangereux à mon sens


  4. Avatar de J.
    J.

    Vous vous
    dites chrétien ? Drôles de valeurs que vous affichez là.
    Savoir que des gens comme vous existent
    me déprime profondément.

    Et, pour en venir à cet article sur ce
    qui est, je pense, ma série préférée… C’est encore une fois
    complètement ridicule, risible ! House, l’autorité paternelle
    qui manque à notre société ? Certains aspects du personnages
    me semblent relativement bien décrits dans l’article, je peux au
    moins vous accorder ça. Mais ils sont tout de suite complètement
    extrapolés et tournés à votre sauce de misogyne obsédé par le
    phallus (il faudrait s’amuser à compter le nombre de fois où vous
    l’employez dans nombre d’articles). La relation House-Cuddy n’a rien
    à voir avec la façon dont vous la traitez, et le portrait de Cuddy
    (fille mère : elle a 40 ans!) est simpliste et méprisant.
    House a autant besoin de Cuddy qu’elle (et l’hôpital) ont besoin de
    lui : leur jeu de séduction est basé sur la domination, mais
    sous la forme d’un jeu ; il est évident que c’est l’amour et le
    respect qui sont entre eux deux, et non une espèce de relation
    malsaine domination homme/femme…

    House n’a rien d’autoritaire: il joue
    avec les règles et se comporte en gamin, il rejette l’autorité.
    S’il a une quelconque autorité, c’est de par son statut de chef de
    département, et par ses aptitudes de médecin qui imposent le
    respect. Son autorité (même symboliquement) n’a rien à voir avec
    une quelconque autorité paternelle, d’homme viril qui apprend la vie
    à tout le monde et mène tout le monde sur le chemin de la vérité !
    D’ailleurs, cette sacro-sainte autorité, il la fuit en permanence.
    Il ne cherche pas à éduquer son entourage, ses collègues, amis et
    les spectateurs ne sont absolument pas ses enfants, même
    symboliquement… Cela n’a pas de sens.
    Cessez de croire que le monde entier
    recherche un père ou un Dieu. Les gens aiment House pour de
    multiples autres raisons : son humour, l’aspect fascinant de sa
    personnalité, la façon dont il voit le monde et dont il interagit
    avec les autres… Je ne vois franchement pas le lien avec un père
    idéal qui mènerait sa famille et la société bien droit comme il
    faut…

    Vous voyez tout ce qui vous entoure (et
    y compris les séries TV, apparemment) par le prisme de votre
    « idéologie » délirante et vous salissez une superbe
    série par votre vision misogyne, réactionnaire et patriarcale qui
    n’existe (heureusement) plus depuis bien longtemps. Cette série a
    bien d’autres buts, bien plus intéressants et louables que vos idées
    détestables…

    Vous faites partie des gens qui se
    battent avec vigueur pour des causes minables, alors qu’ils ne
    comprennent visiblement rien à la société et à la vie en général.
    L’ensemble de votre site est d’abord risible tant vos propos sont
    insensés, puis simplement profondément déprimants.


    1. Avatar de Léonidas Durandal
      Léonidas Durandal

      Joli exposé de vos névroses…..
      Vous voyez la différence entre vous et moi qui suis catholique, c’est que votre existence ne me déprime pas du tout. Par contre cela me fait de la peine que vous soyez à la limite de sombrer dans le cannibalisme. Elevez vous un peu spirituellement.


  5. Avatar de flashou

    Je penses que votre analyse ce trompe sur un point fondamentale : House n’est pas une image paternel pour la simple et bonne raison qu’il ne prend jamais ce rôle. S’il conteste l’autorité, s’il refuse de laisser place aux émotions et s’il agit contre la volonté des gens, c’est avant tout parce que c’est un égocentrique qui ne cherche que la vérité, SA vérité.Il veut donner du sens à tout, prouver ses théories, et surtout l’imposer aux autres via son point de vue. House est un être aux aspirations théoriques très « pures » et il s’applique a lui même (jusqu’à un certain point : ce n’est qu’un homme) cette rationalité alors qu’elle est justement inhumaine. Si on prend sa relation avec Wilson : ce dernier est parfois otage de House qui veut diriger sa vie. Il refuse ainsi le libre arbitre à un autre homme qui devrait être son égal puisque leur relation est une relation d’amitié.La surdomination de House sur son entourage sert sa mégalomanie qui elle même est un refuge face a la médiocrité de sa vie : oui c’est un grand medecin, oui il est le meilleur dans sa partie, sauf qu’a coté de ça c’est un piètre être humain, seul, sans famille et dont le seul ami est son exact opposé. Tout du long de la série il va lutter contre ce comportement et essayer autant que faire ce peut de changer. Il est tragique car ce qui fait de lui un medecin d’exception est ce qui le rend aussi pathétique et sordide.House est un personnage ou on peut se retrouver parce qu’il exprime ce qu’on aimerai dire et faire, mais c’est aussi le miroir de notre propre bassesse, des mesquineries infantiles auquel on se livre parfois avec les autres. House est un gamin, pas un père.


    1. Avatar de Léonidas Durandal
      Léonidas Durandal

      House est une image de père dans notre société parce qu’il n’est pas père et que sinon, notre société le refuserait tel quel, comme je l’écris.

      House est-il une image de père pour notre société mais aussi de gamin ? Peut-être. Chez tous les hommes il y a un côté gamin qui prend des risques qui aime dominer. Il a des limites, qu’il ne dépasse pas, donc pas si gamin que ça…

      A noter que pour moi, ce n’est pas une image de père à proprement parlé, mais l’image d’un père qui est fantasmé par toute une société. Si tel n’était pas le cas, les gens ne regarderaient pas de simples gamineries à la télévision. Ils s’éduquent en regardant docteur House…


  6. Avatar de kasimar
    kasimar

    Il y a aussi la série Walking Dead où les personnages principaux transpirent la masculinité bien que le langage des personnages est limite ordurier. Excellent pour que les jeunes hommes et les gamins puissent s’identifier à un archétype, dommage que les personnages soient grossiers


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