Depuis des mois que nous luttons contre le mariage homosexuel, ce ne sont qu’insultes, mépris, violences à notre égard. Sans même parler de la censure active que nous subissons. Quand Mme Boutin s’exprime sur l’élection d’un transsexuel à l’eurovision et parle d’une Europe qui est paumée, il faut que I Télé montre en arrière plan les images de joie, de pleurs de la gagnante pour modérer la portée des paroles contestataires, voire pour les caricaturer (1). Tentant de la faire passer pour une homosexuelle qui ne s’assumerait pas, d’autres parlent du « malaise de Madame Boutin sur tweeter face à l’élection de Conchita Wurst » et non de son malaise de voir l’Europe dégénérer (3) . Un autre exemple encore plus significatif montre à quelle sorte d’idéologie nous faisons face. Hier la ministre , Mme Rossignol s’est faite copieusement arroser de sperme par quelques militantes de l’inter LGBT (2). Cette femme politique avait pourtant soutenu le combat de la partie la plus extrémiste des homosexuels jusqu’à ce que ce ne soit plus politiquement possible. Mais ces militants ont jugé cela insuffisant. Eux, considèrent avoir raison envers et contre tous. Dès lors il faudrait que le peuple avale la couleuvre des procréations eugéniques (PMA pour lesbiennes) comme on lui a fait avaler la couleuvre du divorce, de l’avortement, ou des unions homosexuelles et quel que soit l’état présent de l’opinion publique sur le sujet. Seulement les lendemains déchantent de plus en plus. Et le peuple devient frileux. Il n’est pas si idiot que ces propagandistes veulent bien le croire. Le peuple français sent bien, de manière assez diffuse, à quel point on lui a menti. Il garde mémoire de ces mensonges parce que le bonheur qu’on lui a promis est loin. On a beau essayer de l’émouvoir, de jouer sur la corde sensible de « la différence », des lendemains idylliques, de l’égalité, ces ressorts manipulatoires marchent de moins en moins dans une France riche qui échoue justement à cause de cette idéologie niaise. Car la réalité du totalitarisme LGBT est en train de percer de partout. Face à un petit refus de la société, leurs représentants piétinent de rage. Ils attaquent en justice ceux qui osent remettre en question leur démarche. Mais surtout, ils travestissent la nature de l’opposition en déformant ses propos et en l’invectivant du crime d’homophobie. Ces personnes qui, non seulement ne sont pas sensibles à l’altérité sexuelle, mais la refusent, n’arrivent plus à cacher leur vrai visage : celui de l’intolérance.
Au milieu de ce flot de bêtise, l’élection de Conchita Wurst pourrait être considérée comme bien anecdotique, et un militant du beau et du bien pourrait vouloir l’ignorer et ne lui apporter pour toute réponse que son mépris. Cette élection est pourtant significative. Elle est le signe que nous sommes arrivés à un point de rupture civilisationnelle.
Les militants LGBT ont réussi à nous faire confondre amour des différences et indifférenciation.
Issu de la doctrine catholique, le respect des différences a ici été travesti, sur la forme et dans le fond. Tout d’abord, de différences, il n’y en a point dans cette élection. Conchita Wurst n’est ni homme, ni femme. Elle est tout, elle n’est rien. Cet entre-deux devrait pourtant être célébré comme une victoire de la tolérance en ce qu’il nous apprendrait à respecter l’autre dans son altérité radicale. Au comble de l’allégorie catholique, un professeur agrégé de philosophie en vient même à faire une comparaison christique (4). Conchita Wurst serait le nouveau Jésus issu de notre culture moderne et que l’on aurait élu par amour. Or d’altérité il n’y en a point. Et en cela, l’amour qu’on nous demande d’avoir est une gageure. Pour aimer, il faut une difficulté, il faut dépasser ses préjugés, il faut se confronter à la différence. Or que ce soit pour des hommes ou des femmes, Conchita Wurst ne peut résonner en nous comme image de différence mais comme image de similarité. Elle est nous. Elle est aussi ce que l’autre a de similaire en nous dans son altérité. Il n’y a rien à aimer dans Conchita Wurst si ce n’est notre propre image. Et cela, ce serait facile de s’y laisser aller.
Esthétique dévoyée.
L’absence de différences, ou toutes les différences réunies en une même personne, ce qui revient au même, nous est présenté comme beau. Il est féminine. Elle est masculin. Elle brouillerait ainsi les barrières de l’esthétique. Or qui peut dire qu’une personne serait belle sans n’avoir rien de particulier ? Cela n’est pas possible. Elle tombe dans le commun, dans le banal, dans le vulgaire. L’esthétique qui voudrait se sortir du cadre de la différence sexuelle devrait donc se raccrocher à une autre forme de différence pour exister. Mais c’est justement cette absence de différences sexuelles qui est mise ici en avant pour nous émouvoir. Chez Conchita Wurst, la différence sexuelle est niée en même temps qu’elle est glorifiée dans ce qu’elle n’existe pas. Voilà le genre de beauté qui nous est proposée. Une beauté qui serait conçue sur le même plan que la laideur, qui lui serait jumelle, et qu’on nous demanderait d’agréer comme un signe d’au-delà. Le concept de beau aurait été transcendé et porté plus loin que jamais. Cette démarche purement rhétorique nous inviterait donc à identifier le beau dans la définition même du laid et du vulgaire, comme si l’opposition entre ces deux concepts n’existait plus. Le sens des mots pourrait se confondre et s’opposer à toute logique formelle dans une sorte de paradoxe révélatoire d’un christianisme sacrificiel mal intégré. Chez les tenants de cette pensée moderne, cette proposition pourrait être résumée assez simplement par le beau c’est « tout se vaut ».
Or en faisant exploser tous les cadres, il devient équivalent par là de les rétablir. Et si tout se vaut, rien n’est spécialement beau. De toutes parts, la logique s’abat. Comme l’émotionnel ne peut suffire seul à se justifier, la question qui, logiquement, devrait donc venir à un esprit sain en ce qui concerne Conchita Wurst, serait « pourquoi notre société a voulu mettre en avant cette anomalie de la nature et en faire un exemple d’esthétisme ? » en abandonnant toute pensée un tant soit peu formelle.
Une société laide qui sanctifie le laid.
Cette mise en avant d’un travesti transsexuel comme icône de beauté en dit plus long sur la société qui en fait la promotion que sur le sujet lui-même. Notre société est laide, elle se conçoit comme laide et cherche à régresser à un stade où elle n’était rien, parce qu’elle ne croit plus en rien. N’ayant su renouveler ses canons de la beauté dans la différence sexuelle, elle se raccroche de manière pitoyable au paradoxe christique de l’abaissement comme forme ultime d’élévation et cherche à aller toujours plus loin dans sa religion dénaturée sans vouloir revenir à sa source. La comparaison de ce même professeur de philosophie que j’ai mentionné plus haut avec Simone de Beauvoir est à ce point significative qu’elle décrit bien le processus dégénératif historique que nous avons suivi. D’absurde en absurde, nous essayons de faire toujours plus sens, là où nous y arrivons de moins en moins. La différence sexuelle est le nouvel eldorado de cette folie déconstructiviste et bovariste. Et si à travers cette régression au stade de la petite enfance, nous cherchons un retour au chaos originel, il est certain que nous allons immanquablement le retrouver. L’histoire du 20ème siècle nous prouve assez que les conséquences d’un désir d’omnipotence se payent rubis sur l’ongle. Mais comme des enfants rois qui auraient perdu toute assise avec le réel, une part conséquente de notre civilisation veut s’y essayer encore une fois, malgré tout, même si l’esprit de ce genre « d’innovation » diffère peu de celles qui nous ont déjà conduit au marasme. Oui Conchita Wurst est laide en ce qu’elle n’a rien de particulier. Elle est monstrueuse en ce qu’elle travestit la nature et qu’en cela, elle fait écho à notre propre volonté de faire tout et n’importe quoi. Elle est laide dans ce qu’elle veut être tout alors qu’au final elle joue sur nos visions maladives de la vie dans lesquelles l’image des hommes et des femmes a été destituée par la folie féministe.
Un faux Christ.
Si le Christ a été torturé et tué, il ne l’a pas été parce qu’il flattait nos vices. Au contraire, Notre Seigneur a été tué parce qu’Il était beau, fort, intelligent et masculin, et qu’Il assumait tout cela. Les humains croient en général que la laideur est poursuivie dans la société et que la beauté y est glorifiée. Mais individuellement, ils ont tendance à réagir tout à l’inverse. En vérité la laideur et la faiblesse sont souvent adulées par la plupart des gens de ce monde car elles font pitié et qu’elles rehaussent l’opinion qu’un pauvre être peut se faire de lui-même. Conchita Wurst nous montre très bien à quel point ce mouvement de l’âme peut être fort dans la population. Elle fait pitié au spectateur qui peut s’émouvoir sur son propre compte tout en se sentant éminemment supérieur. Et il n’y a rien de plus facile ni de plus laid que d’éprouver un tel sentiment. Tout à l’inverse, c’est le beau en soi et chez l’autre qui est dur à accepter et qui peut amener l’opprobre puis la répression. Car après avoir suscité l’envie, le beau ouvre la porte à la jalousie, puis parfois à la vengeance quand l’être alterne n’arrive plus à se contenir. D’ailleurs très rapidement, chaque humain sent qu’il devra affronter l’opprobre chez l’autre s’il ose vouloir être beau. La beauté physique donnée par la nature à certaines filles en est le meilleur exemple. Cette beauté est surtout un poids qui attire la convoitise des garçons, mais aussi la jalousie des filles. Couplée à une intelligence assumée, elle devient à la limite de l’acceptable pour le commun. Tout à l’inverse, certaines personnes glorifient Conchita Wurst uniquement parce qu’elle a refusé cette différence. Et en agissant ainsi, si elle désamorce l’affrontement lié à l’altérité, peut-on parler d’une invitation à la tolérance pour le spectateur et d’une forme de sacrifice de sa part ? Absolument pas. Conchita Wurst ne nous donne rien en sacrifice. Elle ne nous donne pas de nous élever à des sentiments nobles et dramatiques comme les paroles de sa chanson ou sa présentation télévisuelle nous le suggèrent. Au contraire, elle nous flatte et va trop là où un peuple niais cherche à la conduire. Elle n’est libre en rien contrairement à l’image qu’elle affiche, mais elle suit la vox populi dans ce que cette dernière a de misérable : son intolérance. La dramatique se joue donc ailleurs que dans son trauma personnel ou face à une société que l’on pourrait juger intolérante. Conchita Wurst accepte d’être la bête de scène, la femme à barbe de ce cirque à grande échelle. Et en échange, la population télévisuelle peut lui accorder son audience. Là est l’horreur progressiste des cirques d’hier comme de ceux d’aujourd’hui.
Sur quoi cette femme a-t-elle été jugée ?
S’ils avaient dû la juger sur ses talents intrinsèques de chanteuse, les spectateurs ne l’auraient pas élue. S’ils avaient dû juger de sa beauté, ils en auraient préféré bien d’autres. S’ils avaient dû mesurer l’originalité de sa prestation, ils l’auraient placée en dernier. Non Conchita Wurst a bien été élue par intolérance, une intolérance au beau, et à l’altérité sexuelle. Elle nous donne à réfléchir sur notre société anti-christique qui se prend pour le summum de ce que l’humanité a fait de plus évolué tandis qu’elle se roule dans la fange de son laxisme. Conchita Wurst n’est pas le signe d’une acceptation des différences, mais au contraire, elle invite le commun à cacher sa différence sexuelle derrière des oripeaux de personnalité. Les hommes et les femmes de notre pays s’assument de moins en moins en tant qu’hommes et femmes. Ils fuient l’autre et ils voudraient masquer leur lâcheté derrière des différences individuelles. Mais sans différence sexuelle, aucune autre différence n’est plus permise. La personnalité devient alors un masque qui nous permet de nier ce qui nous fonde intrinsèquement. La célébration de Conchita Wurst dans toute l’Europe est le signe de cette négation. Elle est intolérance et laideur. Tant que nous pressentirons encore cette laideur intrinsèque à se laisser aller, cette maladie à soigner, la médiocrité d’une telle incarnation, nous ne serons pas tout à fait perdus.
2 Média press info du 13/05/2014 sur l’agression de Laurence rossignol.
3 « Eurovision 2014- Conchita Wurst. Christine Boutin exprime son malaise sur tweeter« , Concertlive.fr du 12/05/2014.
4 « Conchita Wurst : la Simone de Beauvoir de l’eurovision 2014 », Rue89 du 12/05/2014.
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