L’Ancien Testament est un formidable terrain d’étude sur plusieurs milliers d’années des mœurs des hommes et des femmes de temps qui ont suivi ceux du culte à la déesse mère, et où le monothéisme commença à se distinguer du paganisme.
Dans ces débuts hasardeux en termes de croyances, de peuplades forcément nomades sur ces terres généralement trop arides pour être cultivées par des méthodes d’agriculture issues du néolithique, l’histoire de Jacob et d’Esaü nous offre une illustration de la persistance du pouvoir des femmes au sein même d’une société que certains ont appelée de manière bien impropre « patriarcat ».
Car ce n’est pas parce qu’il y avait des patriarches, que les femmes étaient dénuées de tout pouvoir comme nous allons le voir. La prise en compte du rôle de l’homme dans la procréation vint surtout compenser un pouvoir totalitaire et qui était tout dévolu à celles qui enfantaient. Depuis, ce pouvoir totalitaire a toujours tendance à resurgir à cause d’une philologie qui n’est pas acceptée. Il s’appelle féminisme. Le pouvoir des hommes apparaît bien fragile face à cette « évidence » de la maternité. A cause d’une antériorité de perception dans la fécondation, mais aussi d’une évidente antériorité de la gestation dans le lien à l’enfant, la dépendance entre hommes et femmes risque toujours d’être remise en cause au profit des femmes seules . Les enfants ne sont alors que les fils de la mère, et jamais ils n’accèdent à une autonomie psychologique voire divine.
Esaü Jacob, histoire de la genèse
Jacob et Esaü sont deux jumeaux qui réitèrent à leur manière l’histoire de Caïn et d’Abel. Alors que Dieu a toujours tendance à préférer le viandard, les hommes jaloux de leur frère ne peuvent le supporter. Le bon comme le beau excitent une jalousie naturelle contenue dans l’humanité. Accablés par leur destinée, les révoltés contre Dieu fuient toujours plus loin le jardin d’Eden, privilégiant la technologie à la nature telle qu’elle est, la préciosité à l’acceptation de notre rude condition.
Ici, une femme va se charger de ce détournement. Et Jacob va finir par s’imposer envers et contre tout, instituant un Israël en proie à la division, dès ses débuts, et en son sein même. Voici l’histoire d’un peuple dont la destinée entière, vouée à la rédemption, est ici le fait d’une femme irrésolue, et qui n’en démontre pas moins aux hommes de ce peuple en matière de nuque raide.
Genèse
Esaü et Jacob naissent à la suite l’un de l’autre du ventre de Rebecca. Au moment de l’accouchement, Jacob tient le talon d’Esaü et le suit de près. Ils resteront ainsi liés l’un à l’autre pour la vie, et plus encore. Jacob, qui prendra bientôt le nom d’Israël, ne pourra jamais s’accomplir sans celui qu’il va bientôt trahir, destinée prémonitoire qui le poursuivra jusqu’à récemment.
Fils du père contre fils de la mère
Le premier est roux, avec une forte pilosité. Le second est plutôt imberbe par rapport à son frère, et nous pouvons supposer qu’il est brun. Esaü est donc marqué d’un des attributs de la masculinité dès sa naissance : le poil. La rousseur d’Esaü renforce encore cette impression. Ce poil masculin est animé par un caractère sanguin. Leurs trajectoires respectives vont confirmer ce signe originel. Esaü est un habile chasseur. Jacob préfère rester sous la tente près de sa mère.
Le père d’Esaü l’aime objectivement parce qu’il est chasseur, et qu’Isaac y voit là le caractère d’un héritier fort. Rebecca préfère Jacob, mais le texte ne donne pas de raison à cet amour de femme.
Ainsi, l’homme est considéré aimer pour des raisons objectives, tandis que la mère s’oriente avec le coeur et pour des raisons qu’il est difficile d’exprimer par des mots (Ge 25:28).
La jalousie de Jacob, la bêtise d’Esaü
Dieu et la nature n’ont pas sanctifié Jacob. Il va se rebeller contre eux. Le drame débute alors qu’Esaü, revenant d’une chasse, au bord de l’inanition, demande de la nourriture à son frère. Ce dernier veut bien lui en offrir, il a fait un potage de lentilles et a fait cuire du pain, mais seulement en échange du droit d’aînesse d’Esaü.
Le chasseur cède.
La cohérence du récit veut donc qu’Esaü se soit mis dans une position délicate en chassant outre mesure, ou bien qu’il ait négligé son droit d’aînesse dans un simple moment de faiblesse. Quelle que soit l’explication, Esaü n’est donc pas quelqu’un de très réfléchi. Soit il a été emporté par sa passion de la chasse au point de se mettre en danger. Soit par fainéantise, il n’a pas voulu se mettre à préparer un repas, voire demander à un serviteur, à sa mère, à un ami de le faire. Soit encore, il a eu peur de mourir. Il a alors tenu son droit d’aînesse pour quantité négligeable (Ge 25:34).
Cependant, inconséquent et irresponsable, il ne rencontre pas la bienveillance de son frère. En effet, Jacob est ambitieux, intéressé, et même immoral en ce qu’il profite d’une situation de faiblesse de son propre frère.
Le premier est fort physiquement, mais inconséquent. Le second semble efféminé mais détient le pouvoir. Aucun des deux n’est un homme accompli. Ils ne sont pas le fils de leur père et de leur mère, mais chacun agit selon les modalités d’un seul des deux parents.
Jacob insiste
La « séquence » suivante de cette quête pour la prédominance a lieu quelques années après. Le temps n’efface pas les coeurs. Isaac se sent vieillir, il est déjà aveugle, il lui faut auréoler son préféré de sa bénédiction. Cette cécité en dit long sur l’aveuglement du « patriarche ». Il a certainement attendu trop longtemps pour accorder ses grâces à qui de droit…
Le droit d’aînesse ayant été cédé à Jacob, il peut paraître étonnant que la bénédiction ne lui revienne pas automatiquement. Mais ces deux onctions se distinguent. D’abord, ce droit d’aînesse appartient à Esaü seul et il peut donc en disposer comme bon lui semble, quand bien même il eût fait affront à la réalité en s’en privant. A l’inverse la bénédiction appartient entièrement à Isaac quand bien même il se tromperait au moment de la donner.
La complicité de la mère et de l’enfant
Or Isaac ne s’imagine certainement pas que sa femme va comploter contre lui. Voilà pourtant ce qui va se produire. Le « patriarche » a exprimé bien imprudemment devant elle son souhait de bénir son fils Esaü. Ayant le temps d’anticiper, elle va perfidement encourager Jacob à organiser la trahison de son père. Un huis clos intime va donc décider de l’avenir politique du peuple hébreux.
Considérations morales
Les humains sont libres de choisir le bien ou le mal, et l’absence de Yahweh dans ces passages n’en est que plus cruelle, car les humains poursuivent leur propre malheur en prenant des décisions douteuses. Certes Jacob est plus subtil qu’Esaü. Mais utilisant son intelligence à des fins coupables, il salira sa race. Celle-ci sera désormais condamnée à ne vivre qu’en état de guerre perpétuelle, guerre contre ses propres membres, guerre contre le monde entier, la morale ayant dû plier une fois face à l’avidité au sein de cette famille.
Ainsi, le mal ne naît pas de l’intelligence ou de la bêtise en elles-mêmes, mais d’une mauvaise intention. Il naît des coeurs. A partir de là, le peuple hébreux choisira toujours l’intelligence et le calcul face à la morale, pour simplement survivre, et il finira par fabriquer à la pelle de ces pharisiens dont Jésus dénoncera l’attitude plus tard.
L’avidité d’Esaü est moins coupable que celle de Jacob, en ce que justement elle n’est pas éclairée. La personne intelligente a une responsabilité particulière qui l’oblige à en user tout en prenant l’autre en compte. Le monde ne progresse pas sans sacrifices, en particulier de ceux qui possèdent en surplus, mais ceci est une autre histoire. Revenons à l’avidité de Jacob qui n’est autre que celle de sa propre mère.
Jacob s’effraie devant l’audace de sa mère
Jacob a peur d’accomplir un tel forfait. Profiter d’un aveugle, son propre père, risquer d’attirer à lui une malédiction ? Jamais il n’entreprendrait une telle action sans la caution morale de sa mère. Jamais il ne saurait mettre en œuvre une telle forfaiture sans ses conseils qu’il suit d’ailleurs scrupuleusement.
Ainsi, il s’avance vers son père déguisé des vêtements d’Esaü mais aussi de peaux de bête qui imitent sa pilosité. Il porte un plat de deux chevreaux cuisinés par sa mère, symbolisant l’innocence et la confiance sacrifiées. Car il ne va cesser de mentir à toutes les questions de son père. Il affirme être Esaü. Il affirme avoir chassé le gibier. Mais surtout il se justifie de l’avoir trouvé rapidement grâce à Dieu : « : C’est que l’Eternel, ton Dieu, l’a fait venir devant moi. » De Dieu, il s’agit surtout de sa mère, Rebecca, qui est confondu avec l’Eternel dans un blasphème des plus osés. Il faut dire que le culte à la déesse mère est encore frais dans l’histoire de l’humanité. Il imprime des paroles et des actes qui ne sont pas jugées blasphématoires mais qui le sont pourtant profondément.
Malgré toutes les entourloupes de l’épouse et de l’enfant, Isaac doute encore d’avoir Esaü en face de lui, comme s’il connaissait la nature perfide de ceux qui l’entourent. D’ailleurs, il doute même de la voix de Jacob tandis que ces deux jumeaux doivent avoir un ton proche l’un de l’autre.
Mais le stratagème bestial des peaux de bête fonctionne lui. Isaac sent l’odeur des vêtements, il a touché les poils, il bénit Jacob.
Pour mieux arriver à ses fins, il lui apporte du vin pour qu’il s’enivre et comble de la trahison, qui en rappelle une autre, il l’embrasse juste avant de recevoir les fruits de son vol. Pas de doute là-dessus, il s’agit bien d’usurpation, puisqu’Isaac en humant les vêtements d’Esaü y reconnaît « l’odeur d’un champ que l’Eternel a béni ». Esaü respire la vigueur, le travail, la bénédiction de Dieu. Il est le vrai peuple que Dieu voulait sanctifier, comme il désirait sanctifier les descendants d’Abel, projet empêché par des espèces de végétariennes calculatrices, fainéantes et semeuses de guerres.
La famille trahie
Esaü revient tout de suite de sa chasse, qui a donc été chanceuse, ce qui pourrait être interprété comme un autre signe de bénédiction divine. Et comble du respect filial, il n’attend pas qu’il lui soit demandé de nourrir son père pour s’exécuter. Il lui apporte naturellement du gibier, préparé.
Tous les deux, père et fils, découvrent rapidement la forfaiture, et savent à qui l’attribuer.
Si Isaac ne peut bénir Esaü pour le faire chef de sa lignée, il l’oint d’une autre bénédiction en en faisant un être errant vivant de l’épée et ayant la capacité de se libérer de son frère par celle-ci. Il les institue ennemis, frère contre frère, guerrier contre pasteur, perfidie contre brutalité, fils du père contre fils de la mère, mais il permet à Esaü d’avoir une destinée d’homme libre, et non de serf. Ainsi, la perfidie n’aura jamais entièrement raison contre le bon droit. La vie se faufilera souvent entre les deux.
Jacob épargné une première fois par Esaü par respect pour son père
Dans sa colère, Esaü décide de tuer Jacob. Le respect filial joue chez lui en deux sens opposés. D’un côté, il n’accepte pas la décision de son père et maugrée contre Jacob. De l’autre, il l’aime et il veut lui épargner la nouvelle d’un fratricide. Malgré ses mauvais sentiments, il n’envisage donc l’assassinat de son frère qu’après le décès de son père. Sa colère ne l’aveugle pas jusqu’à lui faire oublier l’amour qu’il a pour lui. Cependant, il s’exprime tout haut sur ses intentions, avec le ton franc qui est le sien, sa naïveté diraient certains, et la mère veille encore une fois sur son fils préféré. Elle prévient Jacob des intentions d’Esaü.
Semblant écouter à toutes les portes, ou se faire rapporter les paroles de tout le monde, Rebecca contrôle son petit monde. L’homme qui s’exprime tout haut, avec confiance et franchise, s’expose à être manipulé. Il n’a pas intégré que le mal pouvait accomplir son oeuvre tout près de lui. Esaü symbolise ici tous les fils qui sont bien aveugles concernant celle qui les a engendrés quand bien même ils ne seraient pas leur préféré.
Rebecca manipule Isaac pour sauver Jacob
Là aussi Rebecca ne peut demander à Jacob de partir sans que le père de ce dernier ne lui en donne l’ordre. Respect des apparences oblige. Elle va donc manipuler son mari en affirmant que Jacob ne peut prendre femme dans ce pays de « non Juifs ». Isaac va en conclure seul qu’il doit envoyer Jacob au pays de père de sa femme pour y trouver épouse dans la « tribu ». L’attente de Rebecca est comblée. L’homme, le patriarche a eu l’impression de prendre la décision. Il s’est fait manipuler de part en part au nom d’un respect tribal qui sert seul sa femme.
La fuite de Jacob
Jacob pourrait accepter la confrontation d’avec Esaü, tel David d’avec Goliath, et remettre encore une fois son destin dans les mains de l’Eternel, prendre ses responsabilités, tout expliquer à son père, miser sur sa clémence. Non, la situation est devenue inextricable à cause des agissements de sa mère. Il s’en va chez Laban, le frère de Rebecca.
Ayant appris à devenir fourbe, il partira aussi de chez son oncle en douce après avoir pris femmes sous sa tente.
Le désir de l’épouse devient celui du mari qui devient celui d’Esaü
Avant le départ de Jacob, les paroles d’Isaac sont claires. Esaü intègre qu’il lui faut prendre femme parmi sa propre famille pour satisfaire son père. Difficile de ne pas penser que ce choix endogamique n’ait pas été aussi le résultat de la manipulation de Rebecca, qui ferme Jacob au monde, et qui par ricochet, ferme Esaü au monde.
Ce dernier va donc prendre épouse parmi les filles d’Ismaël, le frère de son père, pour suivre les directives de ce vieil homme, en fait dépassé par sa femme.
La notion d’inceste est ici plus lâche que dans notre société traditionnelle. Elle est voulue par la mère dans une culture où se marier avec ses cousines est bien vu, quand bien même elles seraient les filles de l’oncle maternelle, et donc de la famille de la mère. Le cousinage d’Esaü, moins incestueux en ce qu’il ne concerne qu’un demi-frère et qu’un demi-frère de son père, n’en reste pas moins étrange à nos yeux. Ce monde est clos, et il est voulu clos par des femmes qui y cultivent ainsi leur pouvoir. Cette ascendance est faite de polygamie, de polythéisme, de tribalisme.
D’ailleurs, il est à noter que polythéisme et polygamie se côtoient encore dans cette société, non sans hasard, les deux étant indissociablement liés, à mon avis : Jacob épouse plusieurs femmes, plusieurs soeurs, dont l’une s’enfuit de chez son père en emmenant avec elle les pénates de son aïeul (idoles de maison faites d’argile). Tandis que son mari devient monothéiste, qu’il n’est l’homme que d’un Dieu, Rachel voue un culte à plusieurs dieux. Etrange, au premier abord.
Seulement, il est très important de comprendre que notre intimité est structurée par l’image que nous nous faisons de Dieu. Rachel ne peut aimer qu’un seul homme parce que Jacob se sent déjà monothéiste. A moins que ce ne soit l’inverse, peu importe. De même, Jacob aime plusieurs femmes parce que ses compagnes sont polythéistes. Dans ce jeu de miroirs, l’idée à retenir est celle-ci : la société que nous construisons correspond aux croyances que nous cultivons. Et il n’est pas étonnant que la nôtre soit celle du divorce, car elle ne croit en rien. La polygamie, dans bien des périodes de l’humanité, a servi les femmes, en leur donnant un mari prompt à les entretenir, en leur offrant beaucoup plus de chances de finir en couple, la protection d’un homme puissant etc… Et cette polygamie ne peut se concevoir sans une forme de polythéisme qui, comme tout système matrimonial, répond à une image intérieure de perfection, ici avec de multiples visages.
L’explication du Zohar selon laquelle Rachel aurait volé les pénates de son père Laban pour l’empêcher de blasphémer, est tout simplement ridicule. Si tel avait été le cas, elle les aurait détruites au plus vite, non seulement pour ne pas commettre un acte impie, mais aussi pour éviter toute possibilité d’être considérée comme impie, ou enfin seulement par peur d’être prise la main dans le sac. De même, faire de cette mauvaise femme une défenderesse du monothéisme parce qu’elle aurait voulu garder le « mal » sous son contrôle, le mal ne pouvant être détruit, n’en est pas moins incohérent. Laban avait bien d’autres possibilités de se trouver d’autres figurines pour continuer le culte et il n’est pas dit qu’il ne l’a pas fait, ni que d’ailleurs, le polythéisme ait cessé à partir de Rachel (?).
Rebecca a obligé Isaac qui a obligé Dieu
L’Eternel est tenu lui-aussi par la bénédiction d’Isaac. Il ne peut aller contre les institutions auxquelles il demande aux hommes d’obéïr. La bénédiction d’Isaac est confirmée durant le voyage de Jacob chez son oncle, quand bien même elle aurait été obtenue de manière injuste. Voyant que Dieu respecte ses propres règles, Jacob croit en Lui. A partir de cet instant, il fait la promesse de Lui rendre un culte, si toutefois il revient chez lui en paix… ce qui ne se réalisera qu’après de longs affrontements principalement dus à son impiété.
Jacob se perd malgré toute son intelligence
Car, de nouveau, il ne respectera pas sa parole en manquant de confiance en l’Eternel et en son frère Esaü, cette fois-ci sur le chemin du retour, bien des années après. Sa mauvaise conscience le précédera partout. Il lui faudra parcourir durant de longues années le désert avant de retrouver la terre de son père. Avant cela, il combattra l’ange de Dieu, métaphore de sa vie entière, où il aura refusé bien des fois de se laisser guider par plus grand que lui.
Sa vie n’en aura été que plus ardue, dominée par la peur d’Esaü, la peur de Dieu, la peur de Laban. Son père, Isaac, mourra à son retour. Et Jacob prendra possession de ses terres, tandis qu’Esaü s’en ira loin de lui avec ses propres biens, dépourvu d’intentions belliqueuses à son égard, calmé par des années de prospérité. Le temps aura pacifié son coeur, comme il devait en être. Ils se sépareront pour mieux croître et multiplier, sans pour autant que leurs descendants ne vivent en paix les uns avec les autres (Amalek). Eloignés et irréconciliables.
Jacob, plein des manigances de sa mère, aura vécu dans une frayeur constante, et un aveuglement complet. Certes, il aura acquis la responsabilité de perpétuer la race juive, mais il aura aussi transmis le péché, la peur, la défiance, la manipulation, la contestation du père, l’idée de la persécution Dieu (lutte avec l’ange, Ge 32:28).
Jacob annonce ces Juifs qui crucifieront le Christ. Les descendants de son frère Esaü le combattront. Et à cause de lui, en digne successeur de Caïn, Israël ne trouvera jamais la paix. Mais comment pouvait-il en être autrement ?
La mère impie
Rebecca disparaît des écritures après son action perfide, comme si elle ne devait jamais revoir son fils, ni même exister. Pour qu’il survive, il lui aura fallu le faire partir loin d’elle, séparation totale prix de son forfait. Autant Jacob paiera ses erreurs en peur, autant Rebecca dominée par une sorte d’avidité par procuration, se sera punie elle-même en se coupant de la chair de sa chair. Elle est dans la droite filiation de personnages comme Rachel, l’épouse de son fils, qui subira un sort comparable, les chiens ne s’entichant pas de chats.
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