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Jean Anouilh : la Sauvage (1938), extrait du monologue de la bourgeoisie au travail

Thérèse a poussé comme une fleur sauvage au milieu d’un environnement misérable. Florent qui a discerné sa grandeur d’âme, a décidé de l’épouser. Seulement le milieu de ce grand bourgeois déstabilise Thérèse. La confrontation avec l’inconscience dure des notables la révulse. A ce moment de la pièce, elle semble s’être faite une raison. Florent l’a convaincue de rester en lui montrant sa souffrance de la voir partir. Voilà donc notre future mariée en train d’essayer sa robe de noce en compagnie de sa belle-famille (Marie France sa belle-sœur et Madame Bazin, sa future tante par alliance), ainsi que de la vendeuse et de la petite main de 14 ans qui ajuste les plis. Elle écoute les bourgeoises lui parler de travail. Nous sommes après la première guerre mondiale et celles-ci commencent à vouloir « s’émanciper » (p163-172 du livre de Poche) :

Marie

Décidément, vous êtes tout à fait vieux jeu, ma pauvre Thérèse ! Alors pour vous, l’idéal, c’est la jeune fille à la maison. Cela ne vous a jamais excédée, vous, la maison ?

Thérèse sourit.

Oh ! Moi, c’est un peu spécial. Ma maison…

Madame Bazin

Vous avez raison, Thérèse ; tenez-lui tête ! Marie est une petite révolutionnaire.

Marie

Mais naturellement ! Je pense qu’une jeune fille doit travailler. D’abord, parce que je trouve cela sport et amusant et puis très chic aussi, dans la mesure où on n’y est pas obligé. C’est vrai, il faut vivre avec son temps, ma tante !

Madame Bazin

De mon temps aussi nous disions cela. Mais nous, c’était pour qu’on nous laisse monter à bicyclette.

Marie

Il ne faut plus que les bourgeois se croient sortis de la cuisse de Jupiter. Nous sommes tous les mêmes et notre lot sur terre est de travailler les uns comme les autres.

La Vendeuse

Pour ma part, je suis de votre avis, mademoiselle. La vraie jeune fille moderne doit travailler. Malheureusement, il y en a beaucoup trop qui ne se sont pas posé la question.

Thérèse à la petite main.

J’espère que tu te l’es suffisamment posée, toi, la question, avant d’entrer chez M Lapérouse ?

La Vendeuse a un petit rire poli.

Mademoiselle aime plaisanter… D’ailleurs, je comprends qu’elle soit tout à fait étrangère à notre petite controverse. Quand on se marie, c’est tout différent. On a une maison, un rang à tenir… Mais dans le cas de Melle France, au contraire, je le pense formellement, la jeune fille doit travailler. M Lapérouse a d’ailleurs étudié des ensembles d’un goût très simple et très sûr, pour la jeune fille qui travaille… Pour cette saison, il a prévu deux modèles, l’un du matin, l’autre de l’après-midi. Parce que le problème n’est pas si simple qu’on peut le croire. Il faut songer que la jeune fille qui travaille l’après-midi et qui sort à sept heure n’a matériellement pas le temps de faire une nouvelle toilette pour la coktail party ou le petit dîner. Il fallait donc concevoir un modèle avec lequel elle puisse être convenable aussi bien au bureau qu’au cabaret, au cinéma, ou, à la rigueur, dans un petit théâtre. Si vous donnez suite à vos projets, Mademoiselle, je suis sûre que M Lapérouse se fera un plaisir de vous envoyer quelqu’un avec les deux modèles pour que vous puissiez les voir.

Marie

Je vous remercie. Mais je ne compte pas travailler avant la rentrée. Pendant les trois mois d’été, avec les invitations qui pleuvent, ce n’est vraiment pas possible. En octobre, s’il a un modèle intéressant, volontiers.

La Vendeuse

Je lui ferai la commission, mademoiselle. Jeanne, voulez-vous remonter un peu la pince.

Marie

Parce que, dès octobre, ma tante, je vous parie bien que je travaille du matin au soir, et sérieusement.

Madame Bazin

J’ai toujours dit que tu étais une extravagante.

La Vendeuse

Il ne faut pas dire cela, madame. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. De nos jours, le travail n’est plus un passe-temps agréable pour les oisifs ; il est devenu une nécessité.

Marie

C’est ce que tante ne veut pas comprendre. Elle vit encore comme avant guerre sans vouloir tenir compte de l’instabilité des situations sociales. Cette époque est révolue, tante. Nous sommes obligées de travailler, maintenant.

La Vendeuse

Hélas ! Toutes autant que nous sommes.

Un temps se tournant vers Thérèse.

Vous n’êtes pas fatiguée, mademoiselle ?

Thérèse

Non.

La Vendeuse

Nous n’en avons plus pour longtemps, mais le montage de ces manches est si délicat…

A Marie

Ce serait dommage tout de même que cette décision vous fît renoncer au délicieux petit ensemble pour les sports d’hiver dont je vous avais parlé.

Marie

Oh ! Je prendrai tout de même un mois de vacances en hiver. Je ne suis pas une sectaire.

La Vendeuse

Ah ! Bon, vous me rassurez. J’aurais été navrée qu’une autre le portât. On dirait vraiment qu’il a été conçu pour vous.

Marie

Et puis surtout, vous savez, la neige, le ski, au début, si cela n’a été pour moi comme pour les autres qu’un coup de snobisme, maintenant c’est devenu quelque chose dont je ne saurais pas me passer ! Mais si je travaille, je paierai mon hôtel et mes costumes moi-même. Personne ne pourra me chicaner sur mon séjour à Megève. Je dépenserai ce que je voudrai.

La Vendeuse

C’est la grande force d’une jeune fille qui travaille.

Marie

Mais certainement ! Au fond, les midinettes et les dactylos nous envient ; elles ne savent pas leur bonheur. La liberté que donne l’argent gagné en travaillant ; l’argent bien à soi. Si elles savaient comme, sous prétexte de bonne éducation, on est pingre, au fond, avec les jeunes filles, dans les meilleures familles françaises…

Thérèse, à la petite.

Tu vois, tu peux te vanter d’avoir de la chance ! Tu ne t’en doutais pas ?

Marie

Mais c’est évident ! La vraie privilégiée de nos jours, c’est la femme qui gagne son argent toute seule. Tenez, je connais une jeune fille qui travaille comme secrétaire-dactylographe dans une banque depuis près d’un an déjà. Résultat : moi, on n’a jamais voulu que j’aie une voiture personnelle. Elle, elle va s’acheter un petit roadster !

Thérèse

Et elle est dactylo ? Elle a une bien bonne place…

Marie

Oh ! À vrai dire, elle en paie seulement une partie de sa voiture ; son père met le reste.

Thérèse

Ah ! Bon.

Marie

Dès qu’elle l’aura, elle va faire la Grèce et l’Italie par petites étapes avec une amie…

Thérèse

Mais sa banque ? Elle aura un assez long congé ?

Marie

Naturellement : c’est la banque de son oncle. Il lui donnera tous les congés qu’elle voudra.

Thérèse

Tout s’explique…

Madame Bazin

Tu auras beau dire, fillette, cela me paraît une drôle d’idée de vouloir travailler chez les autres. Je ne comprends pas qu’il y ait des gens pour accepter qu’on les commande ! Moi, j’ai toujours aimé être mon maître.

La Vendeuse

Tout le monde, madame. C’est pourquoi nous devons féliciter très chaleureusement et encourager les jeunes filles d’excellente famille comme Melle France qui savent renoncer d’elles-mêmes à des avantages sociaux, déjà illusoires, hélas ! Mais je suis sûre que les merveilleux petits ensembles que M Lapérouse a spécialement conçus pour les jeunes filles qui travaillent, lui adouciront beaucoup l’épreuve. Leurs noms déjà ne sont-ils pas charmants ? L’un de grosse faille marron avec une petite cape de loutre s’appelle « Les Quarante heures », et l’autre, plus habillé, avec une blouse de lamé très sobre bleu nuit, qu’égaie un simple clips de perles fines, « La Petite Syndiquée ».

Madame Bazin

C’est curieux comme la langue française évolue. De mon temps, des syndiqués, c’étaient des gens qui faisaient dérailler des trains.

La Vendeuse se relève.

Voilà. Si vous voulez bien patienter cinq minutes, mademoiselle, nous revenons avec la petite cape qui vous permettra de juger de l’effet d’ensemble. Venez, vous autres. Il va falloir que nous nous dépêchions si nous voulons ne pas rater le train.

Elle va sortir, suivie des ouvrières. Thérèse court après elles, prend la petite arpète, étonnée, par le bras.

Thérèse

Ecoute, toi… Vous permettez, mademoiselle, je voudrais dire un mot à cette petite.

La Vendeuse

Mais je vous en prie,mademoiselle. Tu monteras nous retrouver à la lingerie, Léontine.

Thérèse entraîne la petite vers un coin.

Tu t’appelles Léontine ?

La petite

Oui

Thérèse

Quel âge as-tu ?

La petite

Quatorze ans. Mais je ne suis pas grosse. On est cinq à la maison, je suis la plus petite…

Thérèse

Je te fais veiller ce soir pour ma robe…

La petite

Oh ! Ce n’est pas la première fois, allez. Cette fois, c’est plutôt amusant, le voyage.

Thérèse

Ecoute, je voulais te dire, Léontine, moi aussi, je sais que ce n’est pas vrai ce qu’elles disaient… Moi aussi, je sais que c’est long de travailler, que c’est fatigant, que c’est morne et que cela revient tous les jours… Alors voilà, je ne sais pas comment te dire cela… Cela va peut-être te paraître bête… Elle vaut si cher cette robe que je ne vais mettre qu’une fois… Tout un an de ton travail chez Lapérouse… Ecoute.

Elle est gênée, elle se penche à son oreille.

Je te demande pardon pour ma robe, Léontine…

FIN DE L’EXTRAIT.

Rien n’a changé ou presque. Les bourgeoises ont créé et continuent de créer un monde du travail obligatoire dont elles ne supportent pas les contraintes réelles. Elles peuvent le faire dans de bonnes conditions et imposent aux autres leurs divagations. Il est vrai qu’aujourd’hui, la condition des filles-mères plutôt pauvres, ou des fonctionnaires, s’est améliorée grâce aux aides de l’État. Cependant il n’est pas certain qu’elles voient le monde du travail réel avec plus d’entrain que les ouvrières d’autrefois, bien qu’il nous soit présenté sous un jour toujours favorable par la propagande féministe. Ainsi, le discours centré sur les femmes est détenue par celles qui ont le pouvoir de le contrôler, les plus inconscientes d’entre elles, qui ont les moyens de leurs erreurs.

Léonidas Durandal

Antiféministe français, j'étudie les rapports hommes femmes à travers l'actualité et l'histoire de notre civilisation.

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  • Bonjour Monsieur, 

    Vous vous souvenez peut-être de moi. Enfin de mon nom.Une personne malveillante de mon entourage féministe s'amuse a utilisé mon nom sur divers sites masculiniste/antiféministes pour les proviquer. J'ai essayé de laisser un message mais je crois que vous avez bloqué mon email. Comme vous ne faites pas partie de ceux qui se sont les plus plaints et que je n'étais a priori pas interessée par ces questions d'antiféminisme, j'allais partir sans rien  dire.Je ne sais pourquoi je n'ai pu m'empêcher de revenir sur ce site malgré tout pour lire les articles.sSurement, parce que je sens une volonté de chercher la vérité ici et pas juste de critoquer les femmes. La plupart m'ont indignée et j'allais partir en vous cataloguant de facho. MCet article vient de me faire comprendre quelque chose, en tant que bourgeoise je me suis reconnue dans la vision du travail de la jeune fille. Surtout quand j'étais à la fac, après, la réalité m'a giflée. Les autres articles me semblaient sortis d'un autre monde.Autour de moi, tout le monde est marié avec des enfants et des relations qui finissent après le décès. Ceci dit, les hommes bourgeois sont frivoles aussi et je pense sincèrement que très peu d'hommes sont faits pour décider  dans le couple: certains sont soumis, d'autres ne veulent pas relever  la tâche, d'autres sont trop dominants voir abusifs. Je suis également d'avis que l'argent (surtout dans les relations entre personnes aisées c'est peut-être moins vrai ailleurs) introduit un rapport de force malsain en faveur de l'homme. J'ai quitté un ex pour cette raison. Certainsse comportent comme si vpus étiez une poupée qu'il peut manipuler comme il veut et cela donne l'affreuse sensation d'être une prostituée de luxe. Ils ont moins tendance a agir ainsi lorsque l'on a prouvé que l'on peut faire de l'argent. Je ne parle pas ici de trancher sur certains sujets en mode bon père de famille mais d'agir comme un tyran : imposer comment on doit s'habiller, vouloir controler ce qu'elle pense, imposer des actes sexuels dégradants etc. Je suis intimement convaincu que ce type d'hommes sont plus nombreux dans mon milieu et qu'il faut agir en conséquence ( et les salopes sont nombreuses aussi d'ailleurs, les contrats de mariage sont courants depuis bien longtemps ici) . Je pense que l'homme a naturellement tendance à vouloir posséder une femme, a la traiter en objet ( parfois objet d'admiration mais objet quand même) et l'argent aide ce penchant à se réaliser. C'est pour ça que je suis très sceptique vis à vis des discours sur la modestie et la pudeur. Si demain, toute les femmes se voilaient, les homles banderaient à la vue d'une cheville. L' homme sexualise tout chez la femme, surtout quand elle est jeune.

    Il y aussi le fait je crois que les bourgeoises ont tout simplement besoin de s'occuper et que de nos jours, il y a très peu de lieu pour socialiser. Etrefemme au foyer est assez isolant et parfois même déprimant à cause de ça. 

    Personnellement je veux "faire carrière" ( je crée en ce moment ma boîte) pas par complexe mais parce que j'aime ce que je fais et je pense sincèrement que c'est par là que je suis utile et utilise au mieux les dons que m'a donnée Dame Nature. Je suis très intelligente mais je ne suis pas particulièrement douce, les tâches domestiques m'ennuient au plus haut point ( je sais toutes les faire ceci dit, ce qui est utile).Les hommes de mon entourage sont au début ravis de rencontrer une femme décidée, ambitieuse et direct.Qui a un esprit logique.Puis ils déchantent lorsqu'ils constatent le revers de la médaille lorsque l'on se met en couple. Le célibat n'est pas tellement ce que j'avais prévu mais, entre cela et changer complètement de personnalité pour des relations qui à mon sens ne valent plus la peine, le choix est fait. D'ailleurs plus je vieillis plus je commence à soupçonner que l'on nous fait peur avec le statut de "vieille fille" pour perpétuer l'espece. Jepense qu'un bon nombres de femmes seraient très bien seules (hormis dans leurs vieux jours peut etre). D'ailleurs, les femmes veuves ou divorcés se remettent moins en couple. Elles veulent juste avoir la paix. 

     

    Car, parlons-en des "couples stables"  que j'ai mentionné tout à l'heure. Tout n'est qu'apparence, les couples traditionnels ne s'entendent pas mieux, c'est juste qu'ils ne divorcent pas.Les mariages arrangés ne sont ni mieux ni pires que ceux d'amour.de ce que j'ai pu voir, ils ont le même taux de réussite.Par contre je vois jne plus forte propention à la tromperie .Surement parce que l'amour passion, tout le monde a envie de le vivre au moins une fois.Et quand ça marche pas, les mères sont très froides envers leur progéniture.Je trouve ça a la limite de la maltraitance.Car au fond, tout le monde peut changer une couche.Mais est ce que votre mère l'a fait en vous cajolant et en jouant avec vous ou mécaniquement comme une machine. Dans le dernier cas, leurs enfants deviennent des soumis ou des machos qu'il faut un peu materner.

    Je suis convaincue que les couples stables et mariés et qui s'aiment font des enfants plus sains que les divorcés. Je suis pas sure que ce soit le cas des enfants des couples qui ne s'entendent plus mais restent ensembles. En tout cas autour de moi, ce sont tous des drogués. Pour fuire ce mal être diffus, en apparence tou va bien, parents mariés, richesse mais tout est faux et on se sent coupable d'etre malheureux lorsqu'on est aussi privilégié. Mais rien de pire  que de vivre dans un mensonge et de grandir dans un foyer sans amour. 

    Bref tout ça pour dire qu'à mon avis, vous regrettez un monde qui ne reviendra plus. Il avait trop de défauts sous sa façade et la modernité a mis en évidence cela.Notre nouveau monde n'est certes pas mieux mais en vérité c'est parce que nous passons d'une ère à une autre et nous sommes perdus. Il faudrait voir comment dans ce nouveau monde homme et femme peuvent s'organiser et s'apprécier de nouveau.

    • Il est très étonnant de vous voir accréditer vos préjugés et de les combattre en même temps, de manière aussi lucide, sans que vous ne vous soyez tournée vers la grâce de Dieu. Car cette lutte que vous menez sans savoir où elle va, ni vers quoi elle vous mène, est la la lutte de toujours de l'humain pour trouver un sens à sa vie. Et cette lutte le mène à abandonner le sens de son existence à plus haut que lui, vaincu dans son orgueil. Savez-vous que vous menez un combat contre votre orgueil ? Vous le pressentez. Allez plus loin. Ce combat est le même que celui des couples qui tentent de survivre ou que je mène moi-même, et en moi-même pour vaincre. Pour parler de moi, je ne regrette pas un monde passé que j'idéaliserais. Je crois en l'expérience, patiemment accumulée, et qui enrichit les peuples. Elle augmente quand le résultat de cette type de lutte que vous menez pour vous améliorer, est gagnante. Mon regard est entièrement tourné vers l'avenir. Je crois que l'idée catholique a juste effleuré les coeurs et que le combat pour la sainte foi ne fait que commencer. Je ne dis pas non plus aux gens ce qu'ils doivent faire ou penser. Ce serait fou. Ce serait se mettre à leur propre place ou à la place de Dieu. Nous avons déjà tant de difficultés à nous améliorer sans devoir en plus, nous occuper des autres.

      De manière plus prosaïque, je vois qu'il n'y a que deux vocations pour un humain : le célibat consacré, ou le couple. En dehors, il déchoit. Peut-être est-ce la volonté de Dieu qu'il soit célibataire comme je le suis. Mais dans ce cas, même là, il faut en rabattre sur nos prétentions à vouloir faire le bien. Nous devons garder un idéal en tête, sans pouvoir le vivre. Tel est le destin de l'humain : être incomplet et apprendre à le supporter. Même les couples ou les religieux sont soumis à cette règle. Ils cherchent pour les uns leur solution en Dieu, pour les autres la solution en une altérité humaine, parfois ils puisent dans l'un et dans l'autre, mais à la vérité, ils auront toujours à gérer le manque, le combat pour le manque, avec le manque, contre le manque. Les humains naissent de cette solitude dont Dieu ne veut pas toujours les guérir pour les faire grandir.

      Vous le voyez, je m'inquiète pour votre âme. Je comprends bien tout votre discours sur vos aspirations et vos capacités réelles qui aboutissent à la conclusion d'un investissement carriériste. Et je trouverais cela exaltant si je vous voyais faire preuve d'un peu plus d'ambition. Car que croyez-vous d'une réussite professionnelle ? Qu'elle pourra vous combler ? Pas plus que les enfants ne comblent ceux qui en ont. Vous me dîtes être faite pour ça, soit. Mais la vraie ambition c'est d'agir par amour où que l'on soit, même vieux et seul.

      En l'occurrence, je ne crois pas que ces mères qui s'occupent mal de leurs enfants puissent être de bons employés. Elles seront mauvaises à tout. Comme une personne qui affirme ne pas pouvoir s'occuper d'un enfant avec amour, sera une usurpatrice dans la vie professionnelle. Chérir en tout, voilà un objectif qui me semble souhaitable d'atteindre, où que l'on soit. Personne ne vit de ce qu'il fait. Tout le monde vit de ce qu'il est. Ce que vous êtes, déterminera ce que vous faîtes. Mais dans un second temps, vos choix de vie influenceront ce que vous êtes. Dans ce cadre, prenez mon long discours comme une invitation à changer de perspective pour comprendre quelle est votre aspiration profonde. J'imagine à quel point c'est difficile quand on appartient à un milieu bourgeois qui a tendance à perdre tout sens des réalités. Pourtant bien que bourgeoise, vous en êtes avant tout humaine. Le mal être bourgeois actuel n'est dû qu'à son manque de foi. Le bourgeois actuel s'est laissé défaire par sa victoire matérielle. Vous n'avez pas encore baissé pavillon et je vous souhaite de gagner la bataille intérieure qui est la vôtre. Priez pour cela ma soeur.

      • Je ne suis pas catholique mais je crois en Dieu. Donc je suis tournée vers Dieu même si ce n'est pas de la même façon que vous

        J'ai baigné dans le catholicisme mais je ne me suis jamais retrouvée là-dedans, les prêtres et leurs prêches m'ont toujours inspirée de la méfiance et/ou de l'indifférence. Les enseignements me semblaient peu adaptés aux réalités du monde d'aujourd'hui, le divin présenté comme uniquement masculin me dérangeait également (je sais que vous estimez que le saint esprit est la dimension féminine de la Trinité mais je ne suis personnellement pas convaincue). Ensuite, j'ai voulu mieux connaitre en participant à des retraites, en lisant correctement le catéchisme et la Bible ( d'ailleurs il est aberrant que j'aie due faire tout cela seule à 20 ans alors que je n'ai fréquenté que des établissements catholiques). La lecture de la Bible a achevé de m'éloigner de cette religion et de toute forme de chrétienté. Je reste profondément croyante et ne me suis jamais autant sentie aussi proche de Dieu que maintenant. Même si, au fond, j'ai toujours senti qu'IL veillait sur moi.

        Je suis très orgueilleuse. J'en ai eu conscience très tôt et c'est un combat que je vais mener bien longtemps, peut-être (surement même) jusqu'à ma mort. J'ai causé beaucoup de dégâts plus jeune en tant que "reine de ruche" comme vous les appelez. Je voudrais néanmoins souligner que nous avons aussi nos bons côtés, on nous a pas choisi reine pour rien. Nous sommes des personnes sur qui l'on peut compter en général, avec des vrais dons d'organisatrice, une bonne capacité d'analyse des caractères ( le notre y compris) et des gens et le don de pouvoir faire vivre une communauté. Nous avons aussi les défauts de nos qualités que vous avez très justement identifié : tdésirs de tout controler, tendance à la manipulation et si l'on ne fait pas attention capacité de semer un véritable chaos sur son passage. Capacité tout à fait effrayante pour nous mêmes d'ailleurs lorsque l'on s'en rend compte;

         

        Je suis touchée que vous vous inquiétiez pour mon âme.J'ai parlé de mes investissements carriéristes car c'est là que nous différons en terme d'opinions. Je suis moins convaincue que vous par le modèle traditionnel.Le couple harmonieux qui s'entend, le couple traditionnel, pas tellement. Pour le reste, je vous rejoins.  Je ne pense pas qu'une réussite professionnelle me comblera. Je ne pense pas qu'avoir des enfants ou non, avoir une carrière ou non, être marié ou non puisse combler qui que ce soit. Peut-on jamais être comblé d'ailleurs en ce bas monde ?On peut être satisfait, voir même heureux mais la plénitude, ce n'est pas pour cette vie. C'est quelque chose dont je me suis rendue compte tôt, je me lançais des challenges démesurés, je les atteignais et ce n'était jamais assez. Et je suis entourée de personnes qui ont a priori tout pour être heureuses qui sont suivies par des psys. Vous avez raison la perte de sens tue. J'ai compris que le bonheur n'est pas une perpétuelle euphorie mais quelque chose de plus tranquille, que je ressens dans tout ce que je fais.C'est un état d'esprit, c'est apprécier ce que l'on a. C'est agir pour les autres. Je n'ai jamais été autant tournée vers l'autre et je n'ai jamais eu une réelle volonté d'aider les autres. Avec l'argent que j'ai, c'est facile de débourser quelques euros et d'estimer que j'ai fais ma BA de l'année. Mais aujourd'hui, je fais attention à m'intéresser à l'autre, à rendre service, à donner de mon temps.  

        • Avant de clore les commentaires du blog pour cet été, je tenais à vous souhaiter une bonne période estivale.

  • Cher Léonidas,
    Je retrouve dans cet extrait des accents de Paul Lafargue, le gendre de Marx, qui, dans Le Droit à la paresse met en parallèle :

    « Les ouvrières ovalistes, moulineuses, fileuses, tisseuses, [qui] grelottent sous leurs cotonnades rapetassées à chagriner l'oeil d'un juif et, cependant, ce sont elles qui ont filé et tissé les robes de soie des cocottes de toute la chrétienté. Les pauvresses, travaillant treize heures par jour, n'avaient pas le temps de songer à la toilette, maintenant, elles chôment et peuvent faire du frou-frou avec les soieries qu'elles ont ouvrées. Dès qu'elles ont perdu leurs dents de lait, elles se sont dévouées à votre fortune et ont vécu dans l'abstinence....

    et

    « Les femmes du monde vivent une vie de martyr. Pour essayer et faire valoir les toilettes féeriques que les couturières se tuent à bâtir, du soir au matin elles font la navette d'une robe dans une autre; pendant des heures, elles livrent leur tête creuse aux artistes capillaires qui, à tout prix, veulent assouvir leur passion pour l'échafaudage des faux chignons. Sanglées dans leurs corsets, à l'étroit dans leurs bottines, décolletées à faire rougir un sapeur, elles tournoient des nuits entières dans leurs bals de charité afin de ramasser quelques sous pour le pauvre monde. Saintes âmes! »

    Telle est la toute mystérieuse "condition féminine" n'est ce pas ?

     

    • La condition féminine sociale en tous cas. Il est vrai que nous faisons grand mystère de femmes qui parfois ne sont que des salopes. Mais nous aimons ces salopes, leurs frous frous, nous léchons notre égratignure. Nous nous ennuyons vite des femmes morales. Trop vite. Les sorcières sont là pour nous rappeler notre médiocrité. Elles sont des piqûres de rappel. La bourgeoise en particulier. La pauvre nous fait pitié, mais dans ce cas, nous éprouvons le même sentiment que la bourgeoise pour elles. On ne peut s'extraire du monde des sentiments si facilement. La richesse révulse parfois autant que la pauvreté. La pauvreté est laide et injuste, tout comme la richesse. Dans le monde des sentiments, les artistes ne peuvent appartenir à aucun des deux mondes, riches ou pauvre. Ou ils appartiennent aux deux, comme le fait dire Jean Anouilh à M Tarde en forme de maxime, ce qui est du pareil au même. Nous observons ce monde étrange de la condition féminine qui se mêle aux questions matérialistes. Tout cela me semble une pantomime ridicule parfois.

  • exactement ça n'a pas changé nous sommes conditionnées pour être matérialiste, gagner de l'argent c'est la seule chose qui compte et ce sont toujours les plus privilégiées qui se plaignent de leur condition ou qui vous font des leçons de morale comme quoi c'est important de travailler pour avoir la valeur de l'argent blablabla toutes ces pétasses (désolé ça m'agace) qui ont toujours eu leur parents derrière elles pour tout payer (études, permis, voiture...) travaillent juste pour se payer des fringues... tant mieux pour elles mais qu'elles se la ferme alors!!!

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Léonidas Durandal

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