Il y a 6-7 ans, un correspond énervé sur facebook dans une discussion de groupe, avait parlé de moi à la 3ème personne du singulier pour me vexer en rajoutant que je devais « bouffer mon jambon beurre dans un appartement miteux ». C’était le temps où il y avait un semblant de liberté d’expression sur facebook et où les vraies rencontres étaient encore possibles. Depuis, grâce aux efforts de notre gouvernement, Facebook est devenu une entité à son image, un cloaque endogamique et contrôlé de bout en bout. J’ai quitté la place dès que j’ai senti le vent de la censure tourner. Quant à la France, elle a concentré le débat autorisé autour de ses « experts » pour le résultat brillant que nous constatons en ces jours de pandémie.
A l’époque, je n’ai pas embrayé sur la remarque de mon interlocuteur car je trouvais sa ficelle un peu grosse, et même ridicule : et si la vérité venait d’un mec dans un appartement miteux et bouffant du jambon beurre, ne faudrait-il pas l’écouter ? Et puis, jouer sur mon orgueil pour en savoir plus sur moi, cette manipulation était en elle-même vexante parce qu’elle reposait sur ma supposée puérilité. Bref, je n’ai rien dit à l’époque, j’ai rigolé intérieurement, sans toutefois oublier son propos. Désormais, le temps est venu de lui répondre.
Je vis dans une grande maison, beaucoup trop grande d’ailleurs. Je ne mange que de la bonne bouffe, bio. Je bois du vin de qualité. Et j’ai conquis ce petit bonheur bourgeois par mon travail, non grâce à un quelconque héritage. Cette crise, je m’y suis préparé durant des années, tranquillement, tout en militant à temps complet. Notre bonne justice française m’a fait prendre du retard sur mon programme de préparation à la récession. En même temps, les tricheurs du gouvernement ont repoussé le couperet. Bénis soient-ils ! Du coup, je devrais m’en sortir dans la bonne moyenne. Peut-être les circonstances me forceront-elles à devenir riche, mais j’espère ne pas devoir perdre mon temps à ça.
Je préfère assister à la débâcle qui vient, assis confortablement dans un joli fauteuil en sirotant un alcool de notre très chère tradition, fort, dès que la période de carême sera derrière nous. Certes, mes choix de vie m’imposent ce que d’aucuns pourraient juger comme d’une forme d’ascétisme. A l’égal de Pierre Rabhi, je préférerais parler de sobriété heureuse. Je n’ai pas couru après les objets inutiles, je n’ai pas placé mon bonheur dans la consommation, ou dans un confort superfétatoire, et surtout j’ai vu les fondations de ce monde pourrir en contenant ma colère, puis avec une franche relaxation. J’ai fini par me persuader que la plus belle des révoltes, c’était le bonheur. Mon bonheur a même crû depuis le début de la crise puisqu’un certain nombre d’incompétents socialistes ne m’emmerdent plus, ou beaucoup moins.
J’ai compris aussi cette ancestrale maxime qui nous dit que « plus on est grand plus on tombe de haut », qu’il était donc inutile de vouloir grandir au-delà de ce que notre société autorisait, par rapport à l’idée qu’elle se faisait de son propre bien. Et comme la société française actuelle ne désire pas la compétence avec beaucoup de ferveur, je me suis résigné à être heureux tout seul dans mon coin. Je me suis seulement obligé à dénoncer le mal qui ronge ce monde, juste pour lui donner une chance. Tel était mon unique devoir de catholique, que j’ai rempli avec assiduité.
En tant que Français, je suis resté sur le territoire national pour sombrer avec mon pays. J’aurais pu amasser des fortunes à l’étranger, mais j’ai eu peur de perdre ma vie en la gagnant. Et puis, j’ai toujours aimé relever les défis. Aider la France a été proche d’une forme de sacerdoce qui correspondait à mon naturel entêté. J’ai toujours été un peu trop idéaliste et je dois le confesser, je suis d’abord parti avec l’idée de déplacer des montagnes, avant qu’elles ne m’apprennent l’humilité.
F Nietzsche affirme qu’il faut aider le fruit pourri à tomber plus vite. Notre mission contre le mal se résumerait donc actuellement à amplifier l’audience des faux experts et leurs mensonges finement enrobés et répétés à satiété. Sauf que je ne crois pas qu’il soit possible de sortir indemne d’une telle expérience, pleine de laideur morale. En ces jours, j’imagine qu’il ne faut ni pousser à bout, ni retenir le fruit pourri, mais plutôt devenir une branche fructueuse. Être, c’est déjà bien assez difficile. Le reste doit être laissé aux autres, à la société, aux consciences individuelles alternes. Tel est le chemin d’un vrai progrès moral en société. A l’inverse, essayer d’imprimer les consciences malgré elles, en leur mentant, en jouant sur leurs fragilités émotionnelles, peurs, avidité, jalousie, ignorance, aboutit à réaliser un travail de surface qui nourrit les problèmes que le manipulateur plein de bonnes résolutions, tente de dénoncer. L’homme qui veut faire le bonheur des autres, à leur place, se ment, et leur ment. Il contribue à pérenniser les systèmes démoniaques.
L’anonymat a été pour moi l’occasion de vivre encore plus heureux, loin de ce monde menteur qui sacrifie les individus sur l’autel de leurs égos. Les cimetières sont remplis de gens célèbres, qui ont été oubliés et dont il ne reste rien. Au faîte de leur gloire, ont-ils d’ailleurs été jamais heureux ? C’est à en douter, puisqu’ils ont vécu dans une insatisfaction perpétuelle, corollaire de leur désir insatiable, notamment de reconnaissance. En vérité, ils ont fait leur malheur et celui de la société, en entretenant la logique sacrificielle de la tribu.
Voilà pourquoi l’obéissance est cruciale au sein de l’Église catholique. L’obéissance est le rejet du sacrifice de l’individu à la communauté, contrairement à ce que l’instinct pourrait en déduire de prime abord. L’obéissance, c’est le groupe qui choisit en pleine conscience, le chef qui va le mener. A l’inverse, le groupe se retourne facilement contre celui qui a voulu le pouvoir. Il le désigne immédiatement comme responsable en cas de malheur. Et en un sens, il a raison. L’homme qui veut le pouvoir engendre une mécanique de mort dont il sera probablement la victime, lui, ou le groupe. Rien de bon dans une telle démarche. Dans une vraie démocratie, j’imagine, qu’il ne devrait pas y avoir de candidats lors d’un scrutin, comme dans un monastère qui élit son abbé.
J’ai donc distillé les détails de ma vie avec le plus de mesure possible et je ne me suis découvert qu’au fur et à mesure que je gagnais en sécurité. A ce jour, si je peux vous en apprendre autant, c’est grâce à cette crise économique qui arrive. Le système va avoir d’autres chats à fouetter que de poursuivre un pauvre blogueur qu’ils ont précédemment réduit au silence. Avant cette crise, ce n’était pas forcément vrai. Notre système socialiste dilapidait de tels moyens, qu’il n’hésitait pas à se concentrer sur des personnes comme moi. Demain, la voix de personnes comme moi n’aura plus aucune importance au milieu du bruit assourdissant de l’échec.
Car oui, l’échec s’accomplit sous nos yeux. Nos incompétents ont tout fait pour le repousser, il semble devoir en être que plus grand. Peut-être arriveront-ils à le repousser encore un peu si l’Allemagne accepte le chantage, refuse les épreuves et choisit d’être emportée avec les incompétents. Ça fait beaucoup de « si ». Non, elle préférera récupérer les morceaux. En tout cas, voilà ce que je ferais à sa place. Voilà ce qu’il serait sain de faire. Se séparer du corps nécrosé.
Le corps nécrosé français nous propose ses nouveaux experts qui ont une explication sur la situation, qui voient en cette crise une chance de faire ce qu’ils n’ont pas su faire auparavant, quand ils en avaient le pouvoir. J’ai peur que ce soit bien difficile. Il ne suffit pas de se mettre en marche pour savoir où l’on va. Ni de changer les têtes si elles pensent à l’identique, en accusant le reste du monde de sa propre incurie.
Plus certainement, les maîtres chanteurs fonctionnaires, vont continuer à faire chanter notre démocratie. La création de richesse en sera réduite d’autant, et nous vivrons tous de plus en plus pauvres, mais égaux ! Toujours plus proches d’un retour à la tribu. Jaloux de nos ombres. Dans ce cadre, la loi du plus fort aura toujours plus de prérogatives, et la dissension sera toujours plus importante entre les zones de non droit et le brave citron français de souche, ou l’entrepreneur de banlieue. Nous disparaîtrons des suites d’une longue maladie et les manuels d’histoire du monde entier continueront à chanter notre gloire passée, entre deux lignes.
D’ici là, je serai mort et au paradis pour avoir rempli mon rôle sur terre. Oui, car j’ai bien l’intention, non seulement d’être heureux ici-même, mais aussi dans l’au-delà. A vrai dire, je ne vois pas l’ombre d’un sacrifice se profilant à l’horizon et qui mériterait d’être vécu. Ce serait vraiment la cerise sur le gâteau si le retour tribal était à ce point rapide que je dusse finir en martyre de la religion catholique. Mais ça ne devrait pas venir de notre système laïcard qui a appris à se méfier de notre sang de croyant. Il l’a répandu à foison avec pour seul résultat la multiplication de la ferveur. Plus habiles ces derniers temps, il a invité les catholiques à la compromission. Du coup, nous avons été gagnés par la tiédeur. La féminisation totalitaire a fini de nous achever et la tribu catholique de France a adhéré au socialisme, cette forme d’organisation régressive et diabolique.
Non, véritablement, la France est sortie de l’histoire. Et rien à part des personnes comme moi, ne pourraient l’extraire de ce néant, ce que nos institutions se garderont de permettre. Il nous reste donc le miracle. De mon siège, confortablement installé et serein, je vais prier en ce sens et je vous invite à le faire. Que la France ne devienne pas une colonie de l’Allemagne ou une tribu arriérée, s’Il Vous plaît mon Dieu. Qu’elle devienne donc vraiment catholique à défaut de l’avoir été par le passé, Vous qui pouvez tout.
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