« Angel » a été créée par Joss Whedon et David Greenwalt au début des années 2000. Série télévisée de 5 saisons, elle reprend l’univers de « Buffy contre les vampires » dont elle est issue, tout en cultivant ses propres codes. D’esprit athée, féministe, multiculturaliste, progressiste, bourrée d’ésotérisme, la réflexion de Fabrice Hadjaj concernant le futurisme passéiste de Star Wars pourrait tout autant lui être appliqué. « Angel » est le regret d’une autre époque, non une série de science fiction. C’est aussi la nostalgie d’un monde qui avait du sens, qui n’en a plus, et qui cherche à le retrouver en redéfinissant clairement les frontières du bien et du mal. La forme se veut païenne, le fond en est souvent catholique (sacrificel…).
Pour échapper aux caricatures morales, Joss Whedon et David Greenwalt partent de personnages bien campés dans le médiéval fantastique, la sorcière, le vampire, le démon, auxquels ils rajoutent une épaisseur humaine particulière en les plongeant dans un monde moderne où ils se frottent à des scientifiques, avocats, policiers. Le mélange confronte nos héros à des situations complexes qui les laisse dans l’expectative avant qu’ils ne prennent des décisions tranchées.
Plus tonique dans la réalisation, plus masculin dans le scénario, David Greenwalt quittera l’équipe à la fin de la saison 3 mais reviendra le temps de quelques épisodes. Joss Whedon poursuivra le travail, et s’il continuera à donner de la profondeur à ses personnages et aux scénarios, l’univers de la série s’étiolera un peu. Cependant, en se lâchant complètement, l’équipe réussira à produire en deuxième partie de la dernière saison, des épisodes d’anthologie.
Le sujet qui nous intéresse chevauche la saison 3 et 4, entre le départ de David Greenwalt et la poursuite par Joss Whedon seul. Autant dire que distinguer les lignes directrices de chacun en matière de paternité en a été rendu d’autant plus difficile que leurs visions étaient complémentaires, et que de nombreux autres scénaristes sont intervenus sur le sujet. Disons que tant que David Greenwalt participe, les conflits violents entre père et fils semblent pouvoir connaître une issue favorable. Par contre, Joss Whedon victime du divorce de ses parents dans sa jeunesse, est beaucoup plus désespéré sur un sujet qu’il connaît bien. Dans sa conception, le fils ne retrouvera le sens de sa vie qu’en oubliant son passé et en revenant au sein d’une famille stable. Nous verrons cela par la suite. Pour l’instant et avant de reprendre l’histoire de la filiation du fils d’Angel, je voudrais souligner à quel point il est intéressant d’étudier le travail de ce scénariste même s’il est à ce point opposé à mes idées. Vous pouvez être pourri d’utopies, le talent et le travail vous rapprocheront immanquablement de la vérité. Voilà ce qui est arrivé à Joss Whedon. Même s’il n’a certainement pas abandonné sa naïve idée du multiculturalisme, sa manière puérile de voir le lesbianisme, son manque de religiosité, sa vénération exagérée des fortes femmes, il a dû s’interroger sur le sens de son existence pour pondre des scénarios intéressants. Il en ressort une vision complexe de la paternité, parfois même prophétique sur la filiation. Joss Whedon adulé par les féministes a rejeté loin de lui ce qualificatif et en a subi de nombreux reproches. S’il évoque souvent sa mère à travers des personnages de femmes omnipotentes, le revers de cette idolâtrie l’a poussé à un questionnement sur sa propre masculinité. Voilà ce qui nous intéresse ici. Fils, pères, familles brisées s’entremêlent dans un ballet violent. La réalité de notre modernité affleure et peut nous permettre d’avancer pour mieux comprendre notre société féministe.
Pour bien apprécier la justesse des propos des scénaristes, il faudra aussi passer sur leur vision de femmes qui se défendent à coup de poings à l’égal des hommes. La force des femmes aurait pu être illustrée autrement que par la violence physique même si celle-ci n’est pas absente pour l’enfant soumis à sa mère, pour les petits en général. Par contre comparer cette force à celle des hommes est ridicule et irréaliste. Et imaginer que la gestion des conflits humains puissent se faire par cette forme de violence est tout aussi absurde. La société nous empêche d’en user. Si les petits/ les faibles sont en position d’être violentés dans nos sociétés, c’est bien souvent psychologiquement. L’usage de la violence physique ne peut donc être l’allégorie pauvre que d’une autre violence, qui est psychologique. La métaphore magique, largement reprise dans Angel est déjà plus proche du pouvoir féminin que ne l’est l’utilisation des poings (voir la faction des Bene Guesserit dans le cycle de Dune).
Le fils d’Angel
Pour ceux qui se perdraient en chemin, voici un petit arbre généalogique de Connor, le fils naturel d’Angel :
Connor est le fruit des ébats mal contrôlés d’Angel, d’un vampire à qui il a été redonné une âme pour le punir de toutes les souffrances infligées aux autres par le passé, et de Darla, une femme vampire experte dans l’art de faire souffrir ses victimes :
Papa et maman ne s’entendent pas, même s’ils s’attirent mutuellement. Après des années de séparation, quand maman s’aperçoit que papa a une âme, dégoûtée, elle essaye de le transpercer. En réponse, il la chasse de la ville :
Mais maman revient grosse comme une baudruche. Elle a fait un enfant dans le dos à papa tandis qu’entre vampire, ce n’est pas très habituel :
Les retrouvailles sont chaleureuses. Darla cherche à se faire battre. Et Angel l’exhausse pleinement :
En fait, cet enfant a tout changé. Elle est bouleversée. Pour la première fois de sa très longue vie de vampire, elle sent une âme en elle, et cette souffrance lui est insupportable, raison pour laquelle elle a cherché à éliminer l’enfant, et n’y arrivant pas, a voulu se faire liquider par Angel :
Ce premier bon fruit de son existence, Darla ne veut pas le perdre. Seulement l’enfant se meurt. Elle s’offre donc en holocauste pour le sauver :
Alors que la mère a été réduite en poussière, l’enfant apparaît sur le pavé. La maman morte en couche, son père devient son unique protecteur :
Mais Holtz l’ennemi juré d’Angélus est là :
Petit retour en arrière :
Lorsqu’Angel n’était pas encore doté d’une âme, il s’appelait Angélus. Il a tué la famille de Holtz au complet et a transformé la petite dernière en vampire :
Holtz a été obligé de tuer sa fille de ses propres mains :
Inutile de dire que depuis ce temps là, il poursuit son bourreau sans répit à travers le temps, les lieux et les âges.
Reprise du récit :
Cependant, devant l’enfant, Holtz fait preuve de compassion, il laisse Angel s’enfuir :
Il n’a pas renoncé à sa vengeance. Il mûrit un autre plan. Pendant ce temps, Angel joue au père moderne :
Pour compléter le tableau idyllique, il a retrouvé une nouvelle compagne :
Mais Wesley, son ami de toujours, est terrifié par l’idée qu’Angélus reprenne le dessus sur Angel et tue l’enfant :
Alors, il décide de l’enlever. L’enfant vivra dans un milieu « safe » :
C’est sans compter sur Holtz qui le piège par l’intermédiaire de sa compagne qui se fait passer pour une femme battue :
L’ennemi juré d’Angel a récupéré l’enfant et décide de partir en Utah, un Etat des USA réputé pour sa tranquillité et ses moeurs religieuses mormons.
Mais Angel rattrape le petit chenapan. Ils se retrouvent tous coincés entre avocats maléfiques, père naturel à vif et beau-père légèrement mono-maniaque.
Holtz s’échappe dans une autre dimension au désespoir de tous :
Papa est légèrement vénère de la confiance douteuse de ses amis. Angel tente d’étrangler Wesley à l’hôpital :
Il se retrouve devant le berceau vide. Le bonheur s’est enfui :
Et voilà-t-y pas que, quelques épisodes plus tard, son fiston fait sa réapparition dans notre dimension. Le temps s’y écoulait différemment. Il est désormais âgé, et surnommé le destructeur :
Son père doit rapidement le mettre au pas car Holtz l’a élevé dans la haine de son père naturel :
Mais le gamin ne s’en laisse pas compter. Il s’enfuie au soleil, là où son vampire de père ne peut le suivre :
Il fait des rencontres hasardeuses dans la rue :
Mais il finit par sauver la belle qui l’initie à toutes les gourmandises avant de mourir d’une surdose de drogue :
Heureusement papa le sort de ce gourbi. La discussion est virile :
Rien de tel qu’une petite baston contre des revendeurs de drogue pour se réconcilier entre père et fils :
Angel se sacrifie dans la bataille pour que son fils puisse s’échapper
Connor n’est pas encore tout à fait convaincu. Il repart dans la rue :
En fait, il va rejoindre celui qu’il appelle son père, Holtz, qui l’a suivi dans cette dimension. Ce dernier a aussi pris de l’âge entre temps :
Holtz voit naître une complicité entre Angel et Connor :
Il n’en est pas surpris ni jaloux. Il demande à son beau-fils d’assumer ses sentiments. Mais Connor n’y arrive pas :
Connor qui a été éduqué dans la haine des démons et autres vampires veut s’attaquer à Cordélia quand il apprend qu’elle en est pour moitié. Mais Cordélia avec ses super-pouvoirs le calme en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire :
Angel a appris qu’Holtz est dans la ville. Il compte bien se venger de celui qui lui a pris son enfant :
Mais les hommes se réconcilient. Holtz lui montre combien Angel lui doit plus en ayant tué sa fille que lui en l’ayant privé de son fils. Holz donne une lettre à Angel qu’il doit transmettre à Connor car il n’a pas la force de laisser son fils et de lui dire « adieu » :
Holz demande à sa compagne de le tuer en simulant l’attaque d’un vampire :
La compagne de Holtz accuse Angel du crime (elle hait les vampires et veut que Connor tue Angel). Connor est obligé d’étêter Holz avant de l’enterrer car il croit qu’il va se transformer en vampire la nuit venue :
Connor simule une entente parfaite avec Angel. Il lui demande de lui transmettre tout ce qu’il sait en matière de combat :
Et il se sert de ce qu’il a appris pour assommer Angel dans un traquenard :
Connor met papa en boîte et le voue à une souffrance éternelle en le jetant à la baille :
Pendant ce temps, la disparition d’Angel laisse tout le monde dans l’expectative. L’équipe d’Angel doit supporter les aléas humoraux de ce jeune adolescent moyen :
Heureusement, Wesley signe son retour, et au bout de 3 mois de recherche, il retrouve le vampire empaqueté au fond de la mer :
A la maison, c’est la consternation. L’équipe d’Angel pète vraiment un plomb quand elle apprend ce que Connor a fait à son père :
Papa est de retour. Il met une bonne branlée à son fiston. Heureusement ce dernier n’est pas responsable de la disparition de Cordélia, sinon cela se serait plus mal déroulé que ça :
Connor reprend sa vie au service des passants, il a été jeté du domicile paternel :
Cordélia est retrouvée, mais elle a perdu la mémoire. La photo de Connor petit ne lui rappelle rien :
Perdue, elle choisit de vivre auprès de Connor qui lui parle franchement et qui n’essaie pas de la protéger abusivement :
Bien entendu, une intimité se crée entre la copine de papa et son fiston :
Et l’inévitable se produit entre Connor et Cordélia :
Seulement maman ne fricote pas seulement avec Connor mais avec des bêtes cornues. En fait, Cordélia est possédée par un démon qui veut dominer la planète terre quand il se sera servi de son ventre comme porte d’entrée dans notre monde :
Connor, lui, hésite entre maman et des copines de son âge un peu violentes :
Mais Cordélia lui avoue qu’il est désormais charge de famille. Elle est enceinte jusqu’au menton de leurs ébats. Terminé les jeux dans la cours d’école :
Manipulé par la fausse Cordélia, Connor veut se débarrasser de papa qui serait redevenu maléfique. En fait, il n’en est rien et Connor est arrêté au dernier moment :
Tout le monde apprend que Cordélia est enceinte de Connor. Le dégoût est général :
Finalement, l’équipe s’aperçoit que Cordélia est possédée. Elle est prise la main dans le sac :
Mais Connor arrive pour la délivrer. Il n’est pas au courant de sa trahison. Il croit en elle :
Cordélia lui demande de sacrifier une jeune vierge afin d’accélérer sa grossesse par un rituel magique puisqu’elle est désormais sous pression. Mais maman Darla revient d’entre les morts pour l’en dissuader :
Connor ne l’écoute pas. Il emporte la vierge et Cordélia se charge du sanglant sacrifice :
Et là, oh surprise, du ventre de Cordélia sort Jasmine, une sorte de déesse déjà adulte. Loin d’être un monstre prêt à détruire la planète, notre négresse est plutôt rebondie et sacrément appétante. Elle entend bien apporter la paix au monde en le privant de toute douleur, en échange de la digestion de quelques âmes par jour. Fascinée, l’équipe d’Angel (et le monde entier) commence à lui vouer un culte :
En vérité, le vrai visage de Jasmine, c’est ça :
Je vous passe l’intrigue qui va révéler la forfaiture. Connor a toujours vu son vrai visage, cela ne l’empêche pas de la servir, de croire en elle, de la soutenir contre ceux qui lui veulent du mal. Seulement, il commence à souffrir intérieurement de non sens. Le coma de Cordélia n’arrange rien. Il perd pied :
Alors que la face sombre de Jasmine a été révélée au monde, Connor finit le job en sauvant son père :
(pas facile de prendre un instantané de ce moment où le poing de Connor traverse la tête de Jasmine par derrière)
Connor s’enfuie. Il ne croit plus en rien et ne veut pas écouter son père qui lui dit qu’il l’aime :
Voici l’instant central de cette thématique, voire de toute la série. Angel retrouve son fils qui a pris un groupe d’innocents en otage. Il est prêt à se suicider, avec eux, avec Cordélia.
S’en suit un dialogue véridique entre père et fils que je développerai :
Connor ne veut plus croire en rien. Il essaie de tuer tout le monde. Angel l’en empêche :
Après tant d’échec, va-t-il en finir avec lui ?
D’une certaine manière, il en finit avec lui. La société d’avocats surpuissant lui propose un contrat qu’Angel accepte : par magie, elle intègre Connor à une famille équilibrée, lui fait oublier son vrai passé et lui en donne un nouveau plein d’affection et d’amour :
Connor vivra heureux loin de l’équipe d’Angel qui ne se souviendra pas plus de lui, que lui ne se souviendra d’eux. Seul Angel gardera mémoire de son fils qu’il aura perdu à jamais.
Wolfram et Hart accorde à Angel une dernière volonté, celle de voir son fils heureux à travers les carreaux de son nouveau foyer. Ceci fait, il s’éloigne de la maison :
Connor réapparaît deux fois dans la 5ème et dernière saison, juste pour nous rappeler qu’il est heureux, qu’il a gardé ses pouvoirs et qu’il poursuit sa vie. Il interviendra aussi dans le final de la série pour aider son père. Tout est bien qui finit bien, pour lui.
L’histoire vraie
Tout se passe comme si Connor avait manqué de mère, tout autant de père. Les deux questions resurgissent en parallèle, sans jamais s’entrechoquer. Cette séparation prend la forme d’un sas hermétique entre hommes et femmes. L’enfant qui le subit, gère ces deux mondes de manière distinguée sans jamais pouvoir les rapprocher. Telle est la malédiction de l’enfant divorcé. Joss Whedon est l’un de ceux-là. Ses histoires transpirent l’impossibilité d’aimer. Elles correspondent à notre temps, à notre société de la pulsion sexuelle, et donc de la séparation.
Enfant du divorce, couple déséquilibré
Connor est d’ailleurs né des ébats mal contrôlés de Darla et d’Angel. La vampire femelle n’a pas d’âme. Elle profite de la vie, ne veut pas construire de relation stable, surtout pas de famille. Elle est l’archétype de la femme indépendante qui sait se battre dans un monde de jouissance. Même si Angel a retrouvé son âme, cela ne l’empêche pas de « fauter » en sa compagnie. Il sait que leur relation ne les mènera à rien, il se laisse aller à elle. Malheureusement, comme beaucoup d’hommes de notre monde, il se fait piéger. Il pensait peut-être que madame serait honnête (qu’elle prendrait toujours la pilule ?). Mais Darla triche aussi avec elle-même, ou pour le moins, joue avec son corps. Par la suite, si elle n’est pas vide de regrets, la vie qu’elle portera en elle prendra le dessus. Comme de nombreuses femmes, elle renaîtra en la maternité. Sa vison de la vie, ses préceptes, changeront alors du tout au tout. Pour résumer, Connor est donc né de l’irresponsabilité de ses deux parents. Sa naissance est symboliquement celle d’un enfant non désiré par le père et non assumé par la mère, comme il en naît tant dans notre monde de la libération sexuelle où l’existence des enfants eût dû être choisie et où bientôt, aucun ne le sera.
Par contre, si Connor n’est pas un enfant voulu, il va finir par être désiré plus que tout. Sa mère va se sacrifier pour lui en mourant et son père le prendre en charge de manière un peu surprotectrice. Angel papa poule est ridicule au possible. L’absence de la mère seule excuse cette faute de goût. En effet, le père qui se voudrait tout, n’est rien. Il renonce à son rôle d’homme et doit en subir les conséquences dans sa vie privée. Angel ne sera pas victime de son entourage par hasard.
Le sacrifice de la mère évoque l’idée catholique du choix en cas de danger durant la grossesse. Autant la philosophie juive oblige la mère à se sauver car elle pourra avoir d’autres enfants, autant l’Eglise laisse ce choix aux femmes. Toujours est-il que Connor va souffrir de grands manques, dès le début, et que les scénaristes n’ont pas esquivé la question des déséquilibres familiaux modernes, tout progressiste qu’ils soient. Dans l’ensemble, l’absence de mère va faire de Connor un être rigide, peu sensible, perdu affectivement, en recherche de femmes d’âge mûr, même si dans les débuts, la présence d’une famille de substitution semble pouvoir combler tous ses manques.
Le beau-père, complication dans l’histoire familiale
Très vite dans le scénario, Holtz, l’ennemi juré d’Angel, va le reprendre auprès de lui pour l’éduquer loin de son père biologique, dans une autre dimension maléfique. Holtz c’est le beau-père. Il est celui à qui l’enfant est confié quand une mère refait sa vie. Il est aussi le double symbolique d’Angélus. Là encore, les difficultés des familles recomposées ne sont pas esquivées. L’enfant confronté à un deuxième modèle, se coupe souvent de son père. La double éducation crée en lui, non un monde fait de règles complémentaires, mais deux entités hermétiques et parallèles l’une à l’autre. Dans le monde de Holtz, Connor va devenir particulièrement insensible, car il ne peut s’investir affectivement dans une relation dont il n’est pas le fruit naturel. Son coeur appartient à Angel. Sa vie repose sur Holtz. Il éprouve donc un sentiment fort de loyauté pour Holtz qui l’éduque comme un père et qui remplit des obligations qui lui permettent de survivre en tant qu’enfant. Pourtant, son coeur le pousse vers Angel. Ces deux derniers partagent une complicité naturelle alors même que Holtz l’a élevé dans la haine la plus absolue de son père biologique. Cependant, avec l’âge, le beau-père a mis de l’eau dans son vin. Il a compris qu’Angel était un père comme un autre et que s’il l’avait privé de sa fille, la vengeance ne la lui ramènerait pas.
Le beau-père face à l’ex-mari
Le symbole de la fille tuée est celui de la primauté d’Angel sur la femme convoitée. Angel est passé avant lui dans le lit conjugal et ceci est difficile à pardonner pour un homme. Le premier compagnon a détruit la petite fille en prenant femme, et Holtz en éprouve de la jalousie. Le partage d’une femme ne peut se faire qu’au détriment de l’ancien compagnon pour le nouveau. La recomposition familiale implique des sentiments de concurrence affective difficiles à gérer. Les avocats surajoutent au conflit comme le montre la scène où Holtz emmène Connor dans une autre dimension. Et les amis qui devraient vous soutenir, vous trahissent parfois, vous le découvrez dans les moments difficiles, en particulier lors d’une séparation.
Solidarité contre le père naturel
Dans cette série, Wesley, l’ami d’Angel, va endosser ce rôle de traître. Il va écarter l’enfant de son père de peur qu’il ne redevienne Angélus, le double maléfique d’Angel. En vérité, la confiance qu’il porte à Angel est limitée. L’image de l’homme violent, du tyran domestique, n’est jamais loin. Ce fantasme encourage la trahison et les engagements en défaveur des pères dans nos entourages d’hommes. Wesley s’apercevra trop tard qu’il avait tort. En attendant le mal est fait.
L’enfant et le conflit de loyauté au masculin
L’enfant en bas-âge va être confié au beau-père qui va pouvoir exercer sur lui tout son empire. L’opposition est telle que beau-père et père vont donner des noms différents à l’enfant. L’un l’appellera Steeven. L’autre Connor. Les deux cherchent à affirmer la primauté de leur paternité par le choix du prénom. Le beau-père veut effacer le père de la vie de l’enfant en le privant de son vrai prénom. Le père naturel doit accepter cet état de fait quand il retrouve son fils à l’adolescence. Le temps a marqué son enfant qui a prêté allégeance au beau-père. Le père biologique doit respecter ce que son enfant est devenu. En attendant, comme de nombreux pères divorcés, Angel se retrouve face au vide du berceau qui symbolise l’absence des enfants. Il va devoir retrouver sens à la vie, durant plusieurs épisodes. Tant que Connor sera loin de lui, cela lui sera impossible. Durant cette période, les habitudes de vie seules lui feront poursuivre le cours de son existence.
L’enfant aliéné
Son enfant lui revient au moment de l’adolescence, à un âge où les individus sont en quête d’identité. Comme nombre d’enfants adoptés, il cherche à fréquenter son ascendance biologique, même s’il s’agit ici de divorce. Le père naturel va servir de sac de frappe pour grandir. Angel doit amadouer son fils, mais aussi en faire l’éducation. Il lui demande de croire en son amour et lui en donne même des preuves comme lorsqu’il s’interpose entre lui et un fusil à un moment crucial d’une scène de combat. Tout est à construire/reconstruire. Rien ne les lie, si ce n’est une complicité immanente entravée par la défiance de toute une vie. Les conflits de loyauté surajoutent aux difficultés. Holtz, le beau-père, dans un acte de compassion, choisit de s’effacer. Mais la compagne de Holtz joue les sorcières à cette occasion en accusant Angel du suicide de Holtz. La belle-mère sert ici d’allégorie à la mère aliénante. Elle maintient Connor dans un ancien système de croyance dévoyé et l’oblige à couper la tête de Holtz après sa mort pour ne pas qu’il se transforme en vampire. Couper la tête c’est prendre le pouvoir, tuer le père dans un geste oedipien qu’elle suscite. Elle va d’ailleurs participer au plan de mise à l’eau d’Angel tandis que l’adolescent va pouvoir continuer ses petits caprices dans la maison paternelle, entouré qu’il est des amis de son père. Le père transmet ce qu’il sait à son fils, mais cette connaissance se retourne contre lui. L’art du combat de Connor va participer à neutraliser Angel. Ce genre de trahison semble être le destin de l’homme qui n’a pas élevé son garçon. Soit il ne lui transmet rien, et il n’est pas son enfant. Soit il lui donne des armes pour se défendre dans la vie, et ces armes se retournent contre lui.
Construire la confiance entre père et fils éloignés depuis toujours
Durant les premiers conflits, Connor s’échappe de la maison paternelle. Il va vivre dans la rue car il ne peut supporter la présence affectueuse de son père. C’est un garçon à fleur de peau. Il va retrouver son beau-père ou bien traîne dans les bas quartiers à l’image de ces enfants fugueurs qui font leurs propres expériences loin d’un domicile familial vide d’amour. Son père le retire une fois d’un milieu de drogués manu militari. Il y a rencontré une jeune fille qui l’a ouvert aux plaisirs simples de ce monde mais qui est dépendante et qui va donc mourir pour satisfaire à la morale de la série. Plein de bonnes intentions, Connor aide les gens, mais cette aide l’expose aux mauvaises fréquentations. Comme tous ces enfants qui n’ont pas confiance dans les adultes de leur entourage, parce que leurs parents ont failli, Connor teste son père, jusqu’à dépasser toutes les limites de l’acceptable. Aux USA, il y a en ce moment un marché de l’occasion pour les enfants adoptés. Les petits y sont revendus car leurs « parents » ont échoué à les gérer. Il faut dire qu’adopter sur le papier, c’est idyllique. Dans la réalité, la présence d’un foyer composé d’un père et d’une mère qui s’aiment n’est jamais de trop, raison pour laquelle les services de placement sont très regardants sur les adoptions. Or Angel agit de manière isolée, même s’il est entouré d’amis. Seule Cordélia évoque auprès de Connor la douceur d’une mère qu’il a si peu connue, et réussi à calmer ses colères. Connor manque de mère et de ce fait, ne peut accéder à l’éducation d’un père. Quand il met son père à l’eau pour l’éternité, cette souffrance qu’il veut lui infliger est celle de la mer/mère. La compagne de Holtz qui l’aide, l’encourage dans des illusions infantiles. Angel se retrouve entravé par la toute-puissance maternelle à un âge où son enfant aurait dû se libérer depuis longtemps de ses chaines. Combien de père divorcés vous raconteront la même histoire… L’attraction qu’exerce la mère empêche l’enfant de s’individuer et de maîtriser les règles de fonctionnement du monde. Tel ces terroristes, et j’y reviendrai plus tard, ces enfants se donnent pour règle la destruction d’une société qu’ils jugent responsable de leur souffrance. Souvent ils s’en sortent, mal, mais parfois pas du tout.
Tandis que Connor a essayé de le vouer à une souffrance infini, Angel juge qu’il ne pourra apprécier les bienfaits paternels qu’en en ayant été privé. Cette fois là, Connor est mis dehors. Il va devoir assumer ses responsabilités seul pour grandir. Père et fils sont dans une impasse dont ils ne sortiront pas.
Il ne manquait plus que la belle-mère
Après une courte disparition, la belle-mère de Connor du côté d’Angel, va faire sa réapparition. Mais elle a perdu la mémoire. Il est significatif que Cordélia ait oublié Connor petit sur les photos. Cet enfant ne lui appartient pas, ce n’est pas le sien, et comme la plupart des mères qui n’ont pas fait naître un enfant, il lui est étranger. Mais elle a aussi oublié tout son entourage, dont Angel à qui elle ne fait plus confiance. Elle va donc se réfugier chez le seul qui lui dit la vérité et qui a été chassé du domicile paternel : Connor. Bel-maman avec le fils de Papa… la proximité aidant, l’inceste symbolique a lieu. Connor se tape Cordélia et fait résonance à toutes ces familles recomposées où l’agression n’est jamais loin. Cette fois, et ce n’est pas le plus courant, le beau-fils couche avec la belle-mère. Et devinez quoi ? Cordélia devient enceinte. Ainsi, de génération en génération, le père et le fils auront commis la même erreur. Ils se seront engagés à la va-vite avec la mauvaise personne, signe d’une répétition d’héritages mortifères qui marque tant de famille en souffrance. Le fils n’aura pas mis fin au cycle malgré sa peur de le reproduire, ou peut-être à cause de cette peur. Il l’aura perpétuée.
Connor est bien attiré par Faith, la gamine violente de son âge, il est désormais engagé et manipulé par plus fort, une femme d’expérience. Cette laideur est signifiée par l’envoûtement qu’a subi Cordélia et qui est normalement un personnage positif de la série. Un démon l’habite et elle a suscité le coup de queue de Connor pour détourner sa magique semence de son destin. L’être malfaisant cherche à s’incarner dans notre monde à l’aide du corps de Cordélia fécondé par la descendance d’un vampire doté d’une âme et ceci afin de réaliser une prophétie.
Le monde étrange de la grossesse pour les hommes
L’équipe d’Angel découvre la grossesse de Cordélia bien tard, et en est évidemment dégoûtée. L’inceste est trop visible. En sous-main le démon Cordélia leur met des bâtons dans les roues jusqu’à ce que son côté maléfique soit découvert. Mais en voyant que l’équipe d’Angel s’attaque à elle, Connor défend sa maman de substitution, plus aveugle que jamais, et la retire de leurs griffes. Il va alors commettre l’irréparable en trouvant une jeune vierge dont le sacrifice accélérera encore la grossesse du démon. A noter combien les grossesses sont souvent diaboliques dans cette série. Là encore, les hommes un peu sourcilleux se rappelleront combien les femmes de leur entourage, voire leur femme, ont pu se comporter de manière étrange durant cette période. L’homme scénariste, comme beaucoup d’homme, est dépassé par la grossesse de sa femme qui survient rapidement, change son monde enfantin en celui d’un adulte alors qu’il n’y est pas prêt. Si la maternité bouleverse les femmes, elle fait aussi grandir les hommes, parfois contre leur gré.
Nos femmes accouchent aussi d’illusions
Le choix de la jeune vierge qui est sacrifiée représente la fin du monde de l’innocence, mais aussi la culpabilité certaine de l’homme qui a mis son zigouigoui là où il ne devait pas et qui doit en assumer les conséquences. Entre la pute et la sainte, Connor a choisi la pute. Et si sa mère revenue en songes essaie de l’en dissuader, il est bien tard face à la force de la maman de substitution qui elle, est bien présente en chair et en os. Connor, en tant qu’homme responsable, ne devrait pas tout lui sacrifier. Mais tel un enfant, il se donne corps et âme. Le démon naît et oh surprise, il apparaît à l’état adulte sous la forme d’une jolie fille. Jasmine, puisque c’est son nom, est parfaite. Même l’équipe d’Angel pourtant persuadée d’avoir affaire à un monstre, commence à lui vouer un culte. La déesse mère Jasmine représente toutes nos illusions d’enfants qui aimeraient que tout se déroule pour le mieux dans le meilleur des mondes sans que nous ayons d’efforts à faire. Nous voulons tous, la concorde entre les races, la fin des tensions personnelles, l’amour éternel, la paix des nations, et nous le voulons tous de manière magique au début. Puis le réveil a lieu. Dans la série, ce mensonge vit à travers Jasmine, belle en apparence, mais hideuse en réalité.
Retour au réel, violent
Au nom de la liberté de choix, Angel va s’affronter à Jasmine. Et Connor va la tuer. L’enfant aura grandi, mais à quel coût. Il aura dépassé ses illusions au prix de la dépression. Le policier qu’il rencontre au hasard de sa divagation et qu’il sauve du suicide, finit de le convaincre de l’inanité de ce monde. Il le roue de coups après avoir appris qu’il était charge de famille. Ce geste de vengeance ne s’explique pas tant par l’égoïsme du fonctionnaire que par la violence personnelle à laquelle il le renvoie. Un homme, de surcroît chargé d’une autorité symbolique par la société, n’a pas le droit de baisser les bras devant ses enfants. Il doit savoir passer par delà ses souffrances pour transmettre la vie. Après cet incident, Connor n’est même plus certain d’être aimé. Il s’imagine avoir tout perdu. Cordélia ne se réveille pas du coma lié à son accouchement, Jasmine sa fille est morte, elle a été désavouée par l’univers entier qui en est revenu au principe de réalité. Le père seul peut-il faire sens ? Voilà la question qui va occuper les scénaristes en cette fin de saison 4 et qu’ils vont matérialiser dans une scène d’anthologie où Connor a décidé de se suicider en faisant exploser des otages avec lui, dont Cordélia. Voilà l’image du terroriste, fruit des familles décomposées qui réapparaît sous nos yeux dans un scénario de télévision :
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Le divorce tue le sens
Son père essaie de lui faire croire en l’amour, qu’il n’est pas abandonné, qu’il ne l’a pas abandonné, et ceci pour lui faire éprouver un peu de gratitude, un semblant d’émotion. Mais sa mère l’a laissé et ni Cordélia, ni Jasmine ne sont là. Il se sent vide et accuse aussi son père de l’avoir laissé à son beau-père, de n’avoir rien fait pour l’en empêcher. Le coeur des papas divorcés écartés de leurs enfants criera un peu à l’écoute de cette tirade où ils reconnaîtront leur impuissance d’hommes soit disant dominateurs. Angel n’a plus qu’un seul argument à faire valoir auprès de son fils : faire croire à Connor qu’il l’a réellement aimé, même s’il n’a jamais pu le lui prouver durant son enfance. Connor refuse cette idée. Pour lui, comme pour tous les enfants, seules les marques d’attention existent, ce que savent très bien les mères qui privent leurs enfants de la présence d’un père.
Connor est désormais incapable de s’adapter au monde tel qu’il est. Au contraire, pour lui, le monde aurait dû se plier à sa soif de perfection incarnée par Jasmine. Il va donc reprocher à l’ensemble de la planète son imperfection, jusqu’à vouloir la détruire tel un enfant capricieux. Face à cela, son père essaie de lui montrer combien il saura lui faire découvrir la vie et l’aider dans ses épreuves. Mais Connor ne croit plus en rien si ce n’est en la mort. Il veut que ses souffrances cessent. La réalité est trop dure à accepter pour lui. Il décide de se suicider et d’emporter le monde avec lui. Sans rédemption, l’humain est voué à disparaître. Connor attente à ses jours à l’image de Judas Iscariote.
La famille traditionnelle en arrière plan
Cependant son père finit par le maîtriser, sauver les gens etc… mais cette fois, après l’avoir laissé fuir, après l’avoir chassé de sa maison, il hésite désormais à le tuer. Finalement, il lui donne une autre chance en le laissant en vie, au milieu d’un père et d’une mère adoptifs aimants, après lui avoir fait oublier son passé. Qui a dit que les progressistes étaient incapables d’évoluer ? La famille traditionnelle redevient le socle inaltérable de l’amour. Connor va pouvoir vivre, et même réapparaître dans la série pour aider son père. Il ne sera plus ce gamin cyclothymique qui détruira tout sur son passage, mais un personnage réellement positif enfin préoccupé par ses proches ainsi que par ses études.
Dans la dernière scène, son dernier mot sera en guise de toast avant de rejoindre la fac « A la famille ! »
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Fête des Cons
Dimanche 19 Juin, n’oubliez pas de fêter les Cons de votre entourage !
C’est en effet le jour de leur fêêête ! C’est le moment de féliciter tous ces mecs devenus papas, plus ou moins malgré eux dans nos sociétés féministes avancées.
Le moment de leur rappeler qu’en procréant, ils ont abdiqué tout droit sur leur progéniture, au sein d’une Femmille où ils ne sont plus rien. L’heureux jour de la naissance de leur rejeton ou de leur rejetonne, ils se sont engagés à travailler à vie pour leur descendance :
-à financer sa vie, même au delà de 35 ans s’il poursuit ses études ou s’il- elle est handicapée. Par contre le père n’a aucun droit de correction (la fessée quelle horreur, surtout administrée par un mec). Seuls les reproches polis sont de mise.
- à soutenir leur mère, sans aucune contrepartie. Ils doivent même oublier qu’ils n’ont pas le droit de vérifier si cette descendance est bien la leur et qu’en fait seule la parole de la mère compte sur ce sujet.
- à garantir l’indépendance de toutes et tous. Et d’abord de leur épouse qui de toute façon ne leur doit rien. Bien entendu, les enfants ont des droits garantis par l’Etat Féministe et leur père n’a que des devoirs.
-à adorer la Mère de ses enfants quelque soit son attitude. Elle a le droit de l’humilier par des mensonges mêmes publics, de le jeter en prison par de fausses plaintes (violences conjugales), de le priver de ses enfants tout en percevant son argent …
J’en passe et j’en oublie…
Donc Dimanche prochain, n’oublions pas de rappeler aux CONS leurs engagements et aussi de courber l’échine devant l’Etre Supérieur qui a su les maintenir dans la Servitude : LA FEMME !
Et que les CONS n’oublient pas ! Ils doivent paraître Cons Plaisants, Cons Tribuables, Cons Currents et surtout Cons Tents !