Abdellatif Kechiche vient d’inventer un nouveau genre de cinéma, raison pour laquelle il a peut-être été primé à Cannes. Dans tous les cas, il peut être fier de lui.
La nouvelle vague.
« La vie d’Adèle » se situe entre le documentaire animalier et une émission de téléréalité type « Secret story », avec ses caméras qui filment le quotidien des participantes, leurs scènes de sexe, leurs dialogues. C’est véritablement très bien vu. Le sujet ? Les attirances sexuelles d’une mineure et d’une artiste, excusez du peu. Car dans la nature, le sexe prend une place déterminante, quand tout ne tourne pas autour de lui ! Enfin ici, c’est autour de « elles » puisqu’on parle plutôt de femmes et un peu moins de nature.
Goudouland.
Comme les hommes et les femmes qui s’embrassent quand ils sont ensemble, la faune goudou fait de même. Elle embrasse, elles s’embrassent, elles se frottent. Chez les animaux, on n’oserait appeler cela de l’amour. Mais pas chez les hommes et les femmes de notre pays moderne, malgré, vous le noterez, leur part animale. Car sur ce point, quand M Kechiche ne fait pas de différences sur les questions de vulgarité entre deux femmes ou un homme et une femme qui s’embrassent, on peut l’en féliciter : les uns sont aussi ridicules que les autres. Les gros plans de baisers répétitifs, de lèvres consommées, et la chair absurde paraissent tellement futiles quand on a passé l’âge mental de 20 ans qu’il faut bien le montrer au spectateur et le lui montrer encore pour bien lui signifier là où il doit voir la vulgarité.
Le réalisateur de « La vie d’Adèle » n’hésite donc pas à nous répéter ce genre de scènes, longuement : oui, l’amour et l’attirance sexuelle se confondent chez les hominidés, et ils s’embrassent ou baisent pour vivre cet « amour ». On se croirait revenu en mai 1968. Pour enrober cette farce érotique à 4 millions d’euros, parfois un peu longue, il mâtine tout cela d’un fond de philosophie. Les êtres vont vers leur destin de manière immanquable, c’est leur tragédie. Adèle est attirée par Emma, il va falloir qu’elle lui attrape le minou, même si elle ne s’assume pas et ne dit pas non à une petite turlutte de temps en temps avec son collègue ou avec son camarade de classe, la coquine. Et puis Emma finit par se tourner vers Lisa bref… ce n’est pas ce sketch des inconnus où Liliana, Fabiana et Corélia s’aiment toutes mais pas en même temps, même si cela y ressemble, en plus trash, modernité oblige :
Et même si ces êtres son happés par leur destin, ils sont quand même libres selon M Sartre et M Kechiche qui reprend ce premier. Pour la faire courte, le concept d’aliénation au corps, et de liberté auraient mérité d’être un peu plus creusés, la démonstration que Sartre avait tort, les personnages suivant tous leurs pulsions homosexuelles sans savoir pourquoi, devant déboucher nécessairement sur une mystique de la tragédie et non sur une impasse individuelle et bassement corporelle de tous… comme il aurait été bon de voir Emma accepter son propre corps de femme et se donner à un homme !
Une fresque sociale.
Oui donc pour revenir au sujet si nous l’avions quitté, plongeons, plongeons toujours plus profond dans les antres de cette jeunesse de gauche formatée par l’école, mais gare aux phallus impétueux tout de même, jeunesse donc qui manifeste pour que les clandestins soient reconnus français aux côté de la CGT, ça ne mange pas de leur pain d’irresponsables, qui se tape des parents franchouillards, pinardiens et inintéressants au possible mais qui savent cuisiner les pattes à la tomate,
Vous aurez également la peinture d’une France paumée, complètement, qui ne croit en rien sauf en ses pulsions sexuelles, qu’elles se vivent ou qu’elles se transcrivent sur un tableau d’artiste. Une France sans culture, qui va chercher dans celle des autres une manière superficielle de vivre, dans les danses africaines par exemple ou encore dans une sexualité à la mode mise sur une toile de peinture, réussissant ainsi à se croire cultivée . Une France des ghettos entre femmes et entre hommes et entre bi, qui s’embrassent s’embrassent s’embrassent, je sais je l’ai déjà dit, mais le film c’est ça, une France aussi de voyeurs qui se trouve dans la salle et qui est fascinée par l’intimité des autres, le sien étant devenu d’une banalité ! Peut-être qu’ailleurs, l’orgasme est là ? Et effectivement, la jeunesse étant ce qu’elle est, qu’elle soit française ou pas, elle jouit, sans attendre le lendemain, sans réfléchir à ce qu’elle veut de sa vie. Et les parents de ces jeunes trouvent cela super bien, comme le spectateur vicieux. Ils accueillent miss goudou qui rate sa vie, ils lui font manger des huîtres, ça ne s’invente pas, après d’ailleurs une longue allégorie sexuelle des personnages féminins sur le sujet juste avant, et ils boivent encore du vin, bref ils sont normaux. Tout est si normal dans ce film, tout y est si plat finalement. Les scènes de cul, oui, elles évitent l’ennui. Les copains LGBT, ils sont vraiment open. D’ailleurs ils font leur petite vie, ils ont des enfants, comment ? Là, il ne faudrait pas rentrer trop dans les détails pour ne pas gâcher la magie banale que le réalisateur a su créer. Adèle trompe Emma par ennui. Elle se fait donc jeter par cette dernière. Elle ne retrouvera pas de partenaire sexuel à la hauteur, son corps étant marqué hormonalement par son ex, phénomène bien connu des endocrinologues. Et par la suite, comme pour signifier au monde son manque, elle fera écrire cette dictée à ses élèves (car elle a le toupet de vouloir servir de modèle à des enfants) : « Dans la cuisine, maman épluche l’oignon. » phrase où le spectateur perspicace comprendra très bien que c’est elle qui voudrait se faire éplucher l’oignon mais qu’elle a été trop loin dans la transgression pour récupérer la grande Emma qui veut se protéger d’elle en restant dans sa nouvelle relation « stable » (avec une autre fille, quand même !).
Conseils de visionnage.
Vous pouvez vous préparer un repas tout en regardant le film, aller aux toilettes, vous laver les dents, faire votre repassage, coudre ou vous curer les pieds en même temps, pas de soucis. Ce film est aussi open que son contenu. Vous n’en tirerez absolument rien pour votre vie personnelle, mais ce n’est pas grave.
Cela vous rappellera votre adolescence, combien vous avez pu être bête, complètement idiot, soumis à vos hormones, et peut-être vous vous satisferez d’être devenu l’adulte que vous êtes. Je vous le souhaite en tout cas. Sinon… sachez qu’en grandissant, un monde bien plus merveilleux vous attend, fait de grands sentiments, de beauté, de sacrifices, de rires collectifs, et espérez vivre cela, pas cette vie mortifère qui gagne toujours plus en France à cause de ce genre de film qui ne fait pas avancer le schmilblick d’une once, même s’il est un bon état des lieux de notre dépravation sentimentale.
THE END
PS : Dans une France encore saine, voilà comment le sujet aurait été traité :
A chaque défaite de la gauche, à chaque frustration, ce sont les mêmes images qui…
En 2022, certainement soulagé de sortir de la bouffonnerie covidesque, je suis passé à côté…
_ « Je vous l’avais dit Donald, vous ne pouvez rien faire contre leur désir. Ils…
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"« Mektoub, my Love : Intermezzo » de Kechiche : des culs jusqu’à l’overdose" L'Obs du 24/05/2019.
Mon Dieu, il a quand même réussi à faire vomir un journaliste de gauche. Ca doit être du beau travail. Dans l'ensemble, il est à se demander pourquoi le gauchiste tolère un Abdelatif Kéchich et rejette un Harvey Weinstein. Cela aussi, ça me dépasse.
"La belle saison, romance lesbienne", Marie-Claire du 12/08/2015.
"Love interdit aux moins de 8 ans", Le Point du 04/08/2015.
Le réalisateur se demande comment décrire une passion sans scènes de baise. Je ne sais pas... mettre en scène des sentiments ?
Eh oui, si la ça frise pas la pédophilie :S
Je me disais cela aussi : montrer des images pornographiques à des enfants de plus en plus jeunes... c'est favoriser la pédophilie et autres perversions.
"Sexiste le festival de Cannes ? Le président répond", Figaro du 23/05/2015.
Alors qu'il y a plus de femmes scénaristes et productrices, le président du festival doit subir la question sur les réalisatrices qui sont moins nombreuses que les hommes.
En 2014, le président du festival de Cannes (pour rappel, La vie d'Adèle a obtenu la palme d'or avant), est jugé "Queer" par ses pairs du Monde :"Bruce Labruce, président Queer", Le Monde du 15/05/2014.
"Léa Seydoux, Eva Green... Et James Bond succomba au charme des Françaises.", Figaro du 11/10/2014.