Entre « Figaro » et « Paris-Match », le sérieux ne fait pas de doute. En matière d’information, vous ferez certainement confiance à l’honorable journal de centre droit plus que centenaire cité en premier. Quant au second, vous le consulterez honteusement chez votre vieille tante, le sourire en coin à chaque page tournée, pensant à tous les gogos qui dépensent de l’argent pour mater les photos vulgaires de pseudos stars (sur)prises à des endroits auxquels vous n’avez pas accès.
Seulement à bien y réfléchir, la pornographie n’est pas toujours là où on croit. Régulièrement le Figaro fait étalage des méthodes de contraception féminines, de leurs avantages et de leurs inconvénients, et même dernièrement de la pilule pour les hommes ou de la vasectomie (1). Quant aux stars dans ce journal, leur sexualité est magnifiée sans honte d’autant plus si elle est hors norme (2). Que ce soit sous l’angle scientifique, de la sociologie ou du people, en matière de couple, le Figaro traite du couple principalement sous l’angle de la sexualité.
A l’inverse dans Paris-Match, si les quelques allusions à la sexualité de chacun ne sont pas absentes, c’est de manière directe, de manière beaucoup moins hypocrite. Mais plus encore ce journal se concentre principalement sur le mariage et la vie des sentiments. Celui-ci nous donne souvent en exemple des couples royaux dont la vie, plutôt stable par rapport à la moyenne de la population française, est exaltée.
Ainsi le premier journal faisant office de référence en matière d’information cache son obsession de la sexualité sous des aspects froids et distants tandis que le second parle de couple et de sentiment sans faux semblants.
En se concentrant sur des couples glamours, des journaux comme Gala, Paris-Match, Voici, Ici-Paris et autres, font vivre l’idée du mariage dans l’esprit des gens. Ils leur permettent de rêver, de s’identifier, d’anoblir leur coeur en privilégiant l’exemple de modèles stables. A la rigueur, Paris-match donne de bien meilleurs modèles à ses lecteurs que Figaro.
Ce dernier résume encore trop souvent la problématique du couple à des questions technologiques comme la contraception ou l’acceptation de pratiques hors normes, comme si nous étions encore en 1968. Il joue sur nos pulsions les plus bestiales. Or nous ne pouvons plus croire que l’assouvissement de nos pulsions grâce à des gadgets pourra nous apporter un jour le bonheur. Face à l’échec pratique de ce courant de pensée, la vie du couple ne peut plus se résumer à de la baise, même si d’aucuns ont pu le croire durant 50 ans.
Le voyeurisme des journaux de célébrités peut certes gêner. Il nous donne à voir l’autre, en favorisant un mimétisme inconscient et inquisiteur. Pourtant, ce regard s’éduque. Il cherche bien souvent la morale. Il se rie des tromperies, et admire la noblesse de cœur. Il observe la banalité des corps de stars surtout quand elles sont photographiées dans leur intimité ce qui ramène chacun à des considérations plus humaines, en faisant fi de cet « exceptionnel qui est souvent mis en scène par notre société du spectacle. A l’inverse, si les princes et princesses sont magnifiés, leur beauté nous parle de loin, sans nous remplir de folles ambitions. Leurs aléas amoureux nous rapprochent d’eux, en vérité. Ils font vivre un idéal sain dans notre psychisme, quand bien même nous pourrions le dévoyer par jalousie, ou condescendance.
La pornographie et la vulgarité ne se situent pas toujours là où on l’imagine. Nos principaux médias se gargarisent certainement de faire du journalisme de haute-volée, à la pointe de la modernité quand ils nous présentent des transgenres, des bisexuels, et bientôt des zoophiles comme modèles, ou en se moquant des princes (3). Or s’ils peuvent se prévaloir d’un comportement, c’est bien d’être obsédés par le sexe, en dehors du mariage et dans ses aspects les plus stérilisants. Ils font vivre en nous des modèles qui n’en sont pas. Ils orientent notre questionnement vers des futilités tout en prenant le chat par le mauvais bout de la queue.
Dans une société saine, la technique en matière de sexualité devrait être réservée aux magazines pornographiques, aux publications déviantes, et autres revues scientifiques éditées par des professionnels. Elle ne devrait pas s’exposer en signe de normalité dans les journaux les plus en vue qui soient. L’absence d’hypocrisie n’est pas toujours une vertu en soi.
Signe des temps, et d’une élite d’écriture corrompue, le tout sexuel comme signe d’épanouissement du couple donne à faire réfléchir objectivement sur notre état de décadence. Il n’est pas étonnant que le simple citoyen soit devenu incapable de penser et de gérer ses affects face à des cataclysmes sociaux prévisibles quand il a été si peu préparé à les affronter dans son intimité. A partir du moment où il pense que le tout sexuel peut régler les problèmes de notre société, il se trouve for déconfit quand l’Islam fut venu. Sans parler de sa vie de couple chaotique dont il ne peut comprendre comment elle a pu échouer. Logiquement, il ne pouvait en être autrement.
1 « Contraception : pourquoi les hommes sont-ils exclus ? », Figaro Madame du 26/09/2015.
2 « Bisexualité, les célébrités font leur outing », Figaro Madame du 24/09/2015.
3 « Jean d’Orléans : le dauphin serait-il un requin ? », Les Echos du 27/09/2015.
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