Mal dans sa famille, il rêvait de jouer un autre. Réussissant tout ce qu’elle entreprenait, elle fantasmait d’être la muse d’un élève talentueux qu’elle porterait aux nues. Dans ce petit collège de province catholique étriqué, ils suivirent leur voie. Personne ne les en empêcherait puisque dans ce monde, tout n’est qu’apparence. L’enseignement catholique ? Une façade. D’ailleurs, les prélats conciliants se pressèrent de recaser la femme adultère, pauvre pécheresse en direction d’un mineur de moins de 15 ans sur qui elle avait autorité. Pour le bien de tous évidemment. Le milieu bourgeois ne fut pas en reste. La liaison du professeur et de l’élève en fit rire plus d’un ouvertement. Allons donc, dans trois ans, tout serait oublié. Le petit trouverait vite une plus jeune sur qui s’appuyer. Quant à cette femme, si belle, ne pas lui pardonner aurait été un péché.
Ainsi le couple iconoclaste donna-t-il bonne conscience à tous. Tel est le malheur de la chute. Ceux qui vous jalousent finissent par vous plaindre. Ils vous dépassent enfin, irrémédiablement. Assis sur leur orgueil, ils croient comprendre le drame, mais parfois, il les dépasse. Jusque là, ils en jouissent. Au moins les sort-il de leur ennui. Ne leur reste plus qu’à s’apitoyer sur les coupables, plus que de les conspuer, ou bien en rire selon le niveau de cynisme atteint. Ils ne se sont surtout pas dit que tout un pays allait faire les frais de leur hypocrisie. Eux-aussi, croyaient aux apparences, au théâtre, à la magie des petits personnages qui déclament. Et de leurs croyances, le scénario est né. Ils le savent, secrètement. Rien ne serait arrivé sans cette corruption ambiante qui juge qu’il n’y a rien de moins important que la compétence.
Par la suite, la façade d’obscurs notables de provinces a rencontré la grande mascarade de la capitale. L’un a suivi l’autre, pas que symboliquement, puisque le jeune amant et son professeur se sont vite retrouvés à Paris, pour poursuivre leurs ébats. Ces deux-là ne sont pas l’expression d’une anomalie dans notre pays. Ils expriment sa quintessence même, la poursuite acharnée d’une femélisation de notre société. Un tournis.
Dans cette pièce, pas si moderne, tout est pardonné, tout est minoré s’il s’agit d’un personnage jouant la mère auprès de son élève dénaturé. Evidemment, la femme est l’avenir du garçon. Elle va le former à ses désirs, lui apprendre la vie, lui dire comment réagir. Grâce à sa marionnette, le monde deviendra lumineux. Nous sortirons de la tyrannie patriarcale par la rééducation au berceau. Les hommes sont idiots. Il faut leur apprendre d’autant plus tôt. Laisser faire celles qui savent, qui ont toujours su, et que la société n’a pas laissé faire. Nous, nous sommes au courant. L’inceste pratiqué sur des enfants, allons allons, c’est pas grave quand le sexe femelle en est coupable. Le progrès en passe par là. Nous pourrissons tout ce que nous touchons ? Ah, encore une remise en question des vieux barbons. Le « plus de femmes » a échoué, certainement parce qu’il n’y en avait pas assez.
Acte 2, naturellement, la politique n’est pas très sérieuse dans de telles conditions. Elles votent pour leur enfant. Et les enfants votent pour l’enfant. Ils ont le choix entre la fille du père et l’enfant. Ils se disent minorité oppressée. Ils décident pourtant des élections. Pour cette fois, ce sera l’enfant car ils l’aiment plus que la fille du père. A coup de communication, à coup de mensonges. Le spectacle profite de notre propre aveuglement. Il s’agit d’y croire ou pas. Voilà ce qui fait réussir, ou pas. Et il a la tête de l’emploi, il a été créé pour ça. Il s’est construit autour de ça. Etre un acteur de talent, c’est ce que les féminisés demandent. Fuir la réalité. Ils veulent retrouver leurs héros DVD, fabriqués sur critères politiques, qui font échapper à la vie, et rêver à la fin de l’oppression des pères, à l’avènement de l’enfant roi, au jeune mystérieux brillant venu de nulle part et qui crève l’écran.
Le petit, plein de talent, va réussir, bien entendu, jusqu’à ce qu’il se cogne à la réalité. Acte 3 : l’incompréhension. Les enfants élevés par les femmes, saignent quand les épreuves arrivent. Dès les premiers émois, ils fuient, ils sont communistes, d’amère en fils de fumée. Notre président n’échappe pas à la règle. Depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans, nous élisons des drogués. Tous des fils de la veuve. Des paumés aux allures de paons.
Mais revenons aux premiers instants de consécration, à l’apparence de la victoire. Le petit sent qu’il n’est que façade. Il va voir à gauche, il va voir à droite, si De Villiers ne pourrait pas lui servir de papa. De lui, comme des autres, il retient l’essentiel, les ficelles. Etre à travers, l’aura des gens qu’il veut incarner, aspirer leur personnalité. A l’opposé, dans l’intimité, il admire ces banlieusards femélisés, libres de faire ce qui leur plaît. En vrai, des prisonniers tout comme lui de leur mère. Mais qu’importe, ils se renvoient leurs images. Lui, il incarne le pouvoir. Eux, ils agissent au nom du pouvoir. Ben Alla n’est pas arrivé là par hasard. Avec son casque et sa matraque, il vit, par procuration, la vie du président qu’il protège. Ils se nourrissent dans leurs egos, personnages incongrus d’une scène de théâtre en décalage.
En amont, les gens sérieux qui ont voté pour l’enfant et qui ne comprennent pas pourquoi il ne veut plus jouer le jeu. D’abord, ils veulent croire que ses égarements ne sont que facéties. A leur tête, des acteurs dont la vie déborde sur scène. Il est ce qu’il est finalement. Seulement il l’est aux manettes de la commande nucléaire. Fâcheux les ratés. Peut-être même risqués. Les journalistes tiquent. Mais ils sont payés par l’état. Ils bruissent, mais ne se révoltent pas. Tant qu’ils se taisent l’avenir est assuré.
Acte 4 : l’opposition. En aval, des gens qui subissent l’inconséquence. Tous ces petits blancs vivent dans le même pays et pourtant, les journalistes ont du mal à les définir. Dans un premier temps, ils se disent que si l’enfant tape sur ces résidus de l’ancien monde, cela n’a véritablement aucune importance. Que connaissent les petites gens du pouvoir ? Rien, sinon ils l’auraient investi depuis longtemps. L’impôt injuste ? Une faribole si vous lui devez votre pitance. Ces gens qui protestent, les bourgeois de gauche les disent “séditieux”. Pour preuve, ils n’ont pas les mots. Ils ne parlent pas le même langage, probablement incapables de se plier au moule qui leur est si cher.
La sédition est pourtant un devoir quand les séditieux sont au pouvoir. Mais les intégrés ne l’entendent pas. Ils veulent croire qu’ils sont France, tout en la détruisant. Et puis, la sédition signifie, fin de leurs privilèges, fin d’un système bien établi qu’ils ont peur de voir disparaître. Il ne faut pas trop chercher la grandeur d’âme et les motivations complexes, là où il n’y en a pas. Le langage est châtié, certes. Il n’empêche pas la bassesse, ou le ridicule des petites phrases assassines.
Si la crise est mal gérée, s’il y a foule de mutilés, le président en sort pourtant vainqueur, l’image sauve auprès de ses soutiens. A force de mensonges, en jouant sur les peurs, la jalousie, et la médiocrité des lâches, il est encore dans son rôle. Rien de plus crucial. Le président doit encore avoir l’air d’un président, sinon le peuple des intelligents ne saurait plus à quel sein se vouer.
Et il leur en faut de la miséricorde pour leur cause. Car notre élève prometteur fait tout de mal en pis. Pour beaucoup d’observateurs avertis, il ne semble pas savoir où aller. Comme tout enfant roi, comme ce peuple puérile qu’il représente bien au-delà de son électorat, il est tombé dans l’abus. Il sait qu’ils sont prisonniers de leur relation toxique, entre lui l’enfant et eux, le peuple qui s’est fait acheter. Pas d’alternative. Puisque tout n’est qu’apparence, il faut continuer. Et rater. Ensemble.
Acte 5 : le coup de grâce. Comme si ce n’était pas assez de son vide intérieur, la poisse le poursuit. Au début, il fallait continuer à aller au théâtre, voter, montrer que le jeu se poursuivait, qu’on était plus fort que la petite maladie, la grippette. Puis de nouveau, la réalité est apparue, confuse et hideuse pour l’enfant. La réaction s’est faite attendre, puis elle a été violente. Celui qui voulait jouer à visage découvert, a fini par le prendre, le masque. Et les Français avec. Le masque contre la maladie ou contre les pertes de liberté, indifféremment. Tant que le prendre, ou pas, nous évite de réfléchir. Nous réagissons à ses ordres, empressés d’autant, que nous ne savons pas où l’enfant que nous avons élu, nous emmène.
Au moins c’est clair. La France enchaîne les difficultés avec lui, mais plus encore, son système se révèle incapable de les affronter. Notre pays croit en l’état, en ce jeu de rôle simiesque, car l’état est immortel,
et qu’eux, la plupart des Français, sont de simples humains.
Même si les individus s’en sortent beaucoup mieux que l’état en ces circonstances, qu’importe. Ils veulent être plus que ce qu’ils ne seront jamais, confiant dans le moloch, défiants de leur personne, conduits par des désirs démesurés, que les intégrés leur ont transmis dès leur plus tendre enfance. Malgré les dizaines de milliers de morts, ils insistent. Pas sûr que le plus d’état, comblera les carences imémorielles de l’état. Autre manière de porter le masque. La crise sanitaire était superflue. L’effondrement serait arrivé. Les cris des petits étaient parvenus jusqu’à Dieu. La France s’était reniée, encore une fois.
Acte 6 : à bout de souffle. Seulement 3 ans, et la machine est lasse, comme un cheval de trait à la fin d’une journée de travail en été. Les journalistes relaient la propagande d’état, sans plus y croire, recommencent à pangoliner les Français, à moitié par dérision, à moitié par conscience professionnelle, ou encore pour placer leurs mensonges en matière de réchauffement. J’espère qu’ils en rient bien en secret.
En privé, le cynisme s’est tant imposé, qu’ils l’appellent le drogué. D’autres plus prosaïques, misent sur le premier ministre. Avec son épaisseur politique de limande, au moins ressemble-t-il à un homme politique. Les sondages le disent. Faute de merle, on soutient Philippe.
Le drame est devenu farce puis tragédie. Il ne peut en être autrement sur un bateau communiste. Surtout avec le capitaine sur qui tout repose. Nos ancêtres l’ont décidé ainsi. Le peuple français a voté pour que tout repose sur lui. Il ne reste plus qu’à couler tous ensemble avec le sourire, dans une scène finale digne du Titanic.
Hier comme ici, les pauvres n’auront pas été avertis. Bien entendu pour éviter la panique. Ils crèveront les premiers pour avoir fait confiance aux politiques. Ils auraient pu construire des chaloupes comme ils ont fabriqué des masques. Cependant, il était nécessaire que pour la scène finale, ils restent à leur place. Il ne manquerait plus que ça, un pauvre qui ferait mieux qu’un chef d’état ! Et pourtant… N’importe quel dirigeant de petite entreprise se serait mieux débrouillé que ces capitaines fracasses. La France n’est pas une PME ? Plaise à Dieu qu’elle le soit un jour.
Entre le théâtre et l’économie, déjà, il va falloir choisir. Je ne sais pas, mais se nourrir, ça compte. Et puis pourquoi pas rêver, mais quand nous serons bien administrés, et alors réélire des enfants menteurs, abusés, des corrompus, des fabricants d’histoire, des “tout est possible“, des “pleurons sur les pauvres petits“. des “c’est la faute du capitalisme“, des “l’histoire est finie“, des “la famille ça sert à rien“, des “vive la génération spontanée“, des “l’enfant c’est notre désir“, des incestueux, des “j’assassine dans le ventre des femmes“, des “tout le monde est remplaçable“, des “je m’occupe de votre vie pour votre bien” , des “je ne peux rien et je veux tout“, des “tout le monde est égal“.
Le rideau se ferme
Derrière la scène, dans la loge des artistes, l’acteur enlève son costume de président. Ne reste qu’un clown du chaos. Sa muse lui a fait jouer une histoire dont ils seront les victimes. Et la France avec, si elle s’enfonce dans ce délire.
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