Le néologisme qu’il a forgé parle pour lui : néo-féminisme. Grâce à son concept, il est sensé dénoncer « les dérives du féminisme » sans choquer ces dames et les électeurs, tous acquis à la cause féministe.
Qu’importe l’assassinat de masse des enfants, qu’importe la destruction des familles et des individus grâce à l’indépendance de la femme, qu’importe la stérilité, ou le divorce généralisé, ou la maltraitance, ou la baisse du niveau de vie. Ce ne sont que des détails, puisque la majorité, et nous sommes en démocratie, a toujours raison, ou qu’il faut la faire évoluer lentement.
Telle est la première erreur du droitardé. Médiocre homme d’action, il ne fait même pas la différence entre métapolitique et politique. Un gauchiste de 18 ans pourrait la lui expliquer. Or le droitardé se sent toujours investi du devoir d’incarner le pouvoir quand bien même il serait journaliste, essayiste, ou simple quidam.
Le pouvoir en démocratie, c’est le consensus mou, ou la majorité. L’homme politique doit faire majorité, effectivement. A cette fin, il doit habillement segmenter son marché, pour faire unité au second tour, s’il s’agit d’acquérir une majorité absolue. Pour segmenter son marché, il clive, il rassemble les radicaux qui vont le porter jusqu’à la fin, tout en n’allant pas trop loin pour que son discours reste crédible quand il en changera juste avant le second tour. Enfin élu, il trahit souvent ses premiers soutiens, pour gouverner cette foutue majorité.
Pour le métapolitique, il s’agit plutôt d’enfoncer les lignes ennemies, de les réduire à néant, pour ouvrir la voie au politique. Dans ce cadre, le métapolitique doit se contrefoutre des élections, de choquer, ou de faire majorité, surtout pas. Le métapolitique et le politique, s’accordent tant que ce dernier n’a pas l’opportunité d’être élu, ou tant qu’il ne doit pas gouverner. Voilà probablement pourquoi Donald Trump a dû écarter Stephen Bannon très peu de temps après son élection.
Or le droitardé s’identifie à celui qui gouverne déjà, ni véritablement au politique, ni au métapolitique, et ceci même s’il n’est rien. Plus que tout, il ne comprend pas l’intérêt des provocations du métapolitique (voir les difficultés connues en interne par le groupe antiavortement « les survivants »). A répétition, il faut essayer de lui enfoncer dans le crâne que ces dernières permettent d’élargir le champ des réflexions. Or élargir le champ des réflexions, lui paraît inutile, puisqu’il lui semble avoir raison dans son consensus médiocre, légèrement à droite de ce qui se décide habituellement.
Mais il y a pire. Si le droitardé ne fait pas la différence entre métapolitique et politique, la raison en vient d’un manque de pratique philosophique, alors qu’il a la prétention de changer le monde ! Peu habitué aux idées extrêmes, il n’a ni l’habitude d’argumenter, ni l’habitude de réfléchir tout court. Lourd de ses certitudes, et ne les ayant pas expérimentées contre l’argumentaire de ses adversaires, souvent incapable d’altérité, car il est immature, il se fait détruire par la moindre femme qui le bouscule un peu psychologiquement parlant. D’ailleurs, ce sont de plus en plus des femmes qui doivent lui suppléer à droite parce que celles-là sont bien meilleures communicantes que lui, et qu’elles ne sont pas plus médiocres en matière de maniement d’idées.
A sa décharge, il est pris entre l’étau de la féminisation de la société, et le peu de vérités conservatrices qu’il a découvert. D’un côté, la féminisation de la société censure toute intervention virile. De l’autre, il lui faut bien apporter des solutions viriles pour améliorer le sort de son pays. Mais ces solutions viriles doivent être présentées de manière féminine. Or, elles finiront par choquer l’immense majorité des féminisés. D’où la généralisation du mensonge en démocratie. Essayant de répondre à ce dilemme avec ce qu’il pressent de la société féminisée, le droitardé tente d’apprendre la grimace au vieux singe féministe, par exemple en introduisant le concept de « néo-féminisme ».
Evidemment, il se fait rembarrer.
La féministe croit sincèrement que ce genre d’hommes refusent de lui répondre parce qu’ils sont mauvais et qu’ils tentent de protéger le patriarcat en adoptant une posture « murale » (elles dialoguent ici avec papa, qu’elles assimilent au « patriarcat », parce qu’elles ont un rapport tordu à l’intimité). Le quiproquos entre hommes de bonne volonté un peu niais, et femmes troublées est total. Car du côté de l’homme qui se cherche, le terme de « néo-féminisme » n’est pas réellement utilisé pour détruire le féminisme en le « piratant ». Il est utilisé pour donner des signes de soumission aux femmes. L’exact inverse de ce qui est reçu pour une femme. Ces femmes là, en particulier, ne comprennent pas cette attitude masculine de retrait car elles attendent un peu de virilité des hommes en général. Quand ces derniers ne sont pas capables de répondre à leurs attentes, elles les accusent de trahison.
Or il ne s’agit pas du tout de cela. Les hommes, en général, ont l’habitude de se faire dominer dans les rapports personnels avec les femmes. Dans leur intimité, ils adoptent plusieurs réactions plus ou moins appropriées pour soutenir cette infériorité. Ils peuvent se draper dans leur orgueil, en se disant qu’ils ont raison, et que les bonnes femmes sont ceci ou cela. Ne comprenant rien aux rapports personnels, leur femme finit alors par imposer ses vues. Ils peuvent aussi faire des tentatives timides de contradictions appuyées sur leur vision globale de la vie. Si les femmes ont eu un père, elles peuvent lui répondre, mais cela ne règle pas le problème, car les raisonnements intimes n’ont rien à voir avec les raisonnements globaux et politiques. Dans le meilleur des cas, les hommes sont contraints de faire confiance à leur femme, qu’elle soit une harpie ou pas. Et c’est cette soumission dont nous constatons les effets dans le débat public et sur les plateaux de télévision.
A cause des habitudes qu’ils ont dans leur intimité, les hommes sont terriblement gênés, particulièrement dans notre société féminisée, de dire aux femmes qu’elles sont incapables de s’occuper de politique, que les questions qu’elles soulèvent relèvent de l’intime et ne peuvent être résolues par des solutions totalitaires et institutionnelles. Les femmes voudraient que les hommes règlent tous leurs problèmes, notamment de sécurité matérielle ou physique. Et face à cet appel, les chevaliers maman droitardés, veulent secourir la pauvre femme qu’ils supposent en déroute.
Après des décennies d’échec suite à ce comportement, quelques droitardés ont fini par comprendre qu’ils ne pouvaient pas complètement s’aplatir, que certaines demandes de femmes pouvaient être illégitimes, voire abusives. Voilà pourquoi ils ont créé le terme de « néo-féminisme ».
Ils me rappellent tous ces militants pères divorcés d’avant, qui au lieu de répondre franchement à la société féministe qui les spoliait, menacèrent les femmes durant des décennies, de l’arrivée de « plus extrémistes » qu’eux, dont elles auraient vraiment à se plaindre. Ils ne s’imaginaient même plus devoir agir en hommes dans l’espace public. Ce comportement là a mué en critique du « néo-féminisme » auprès de la nouvelle génération, critique formulée du bout des lèvres, pour tenter de rester légitime auprès des femmes de droite. Or la soumission est toujours là, du droitardé à certains militants d’égalité et réconciliation, dont on aurait pu attendre mieux suite aux leçons d’Alain Soral.
Dans cet article d’ER, j’ai été catastrophé de nous voir revenir 50 ans en arrière. Les féministes seraient des cruches. Elles se déconsidéreraient elles-mêmes. Il ne faudrait pas les prendre au sérieux. Laissons-les faire. Nous voyons pourtant le résultat d’un tel laisser-aller. A coup sûr, les revendications féministes n’ont pas progressé depuis 50 ans ! Mais bien entendu, les anciennes étaient légitimes ! Ce sera le même genre de type qui dans 50 ans, trouvera que finalement, les féministes d’avant, n’étaient pas si mal. A l’inverse, je suis persuadé que les nôtres sont tout de même beaucoup moins criminelles que celles d’il y a 50 ans. Pour rappel, celles du passé, ont fini par légitimer l’assassinat d’enfants. Si les femmes de nos jours, cautionnent l’emprisonnement sans preuve d’hommes, elles seront à jamais moins pires que celles qui se sont attaquées à de petits innocents sans défense.
Chez ER, ce ne serait plus des « néo-féministes » qui seraient les méchantes parmi les féministes, comme chez le droitardé de base, mais des « féministes hystériques » ou des « féministes mondialistes » allons donc, comme si toutes les féministes n’étaient pas, par nature, hystériques, en cherchant à porter leurs revendications intimes dans l’espace public, en ne voyant que par leur féminité, en excluant le respect des hommes de leurs raisonnements. Comme si toutes les femmes n’étaient pas mondialistes par nature, lorsque cette idéologie inonde la nation d’esclaves masculins à leur service. Si certaines femmes viennent récemment de changer leur fusil d’épaule, c’est seulement après avoir subi les désagrément de leur bêtise politique, pas à cause du changement de leur nature féminine.
Peut-être vont-elles quand même plier sous la menace de notre éditorialiste d’ER, car pour celui-ci, dans une veine identique à celle des pères divorcés de l’époque, attention, « Les hommes sont comme de gentils taureaux, placides, calmes en apparence : on encaisse, on encaisse, mais quand ça va trop loin, que les emmerdeuses féministes croient avoir gagné, elles se font avoiner. ». Pour les pères divorcés de mon époque, c’était le méchant antiféministe qui allait venir une nuit de terreur, les balayer si elles continuaient. Terrorisées par cette menace, elles n’ont pas hésité à poursuivre jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun mouvement de père divorcé puissant. Désormais, l’homme harcelé admet qu’il pourrait peut-être avoir une réaction si ça continue. En 50 ans, le progrès est notable. Le violé social par une femme, ne délègue plus à un autre méchant le soin d’effectuer son boulot. Cependant, pour la réaction, il faudra peut-être attendre un peu. Et puis de toutes les manières, comme elles scient elles-mêmes la branche sur laquelle elles sont assises, nous ne risquons pas grand chose ! Par contre, pour la greffe de couilles, on manque encore de donneurs.
Le bœuf est lent, mais la terre est patiente. Le droitardé en sait quelque chose. Il prend son temps en matière de réflexion, ou pour s’assumer un peu. Seulement, arrivé au bout du sillon, il pourrait s’apercevoir que la terre ne lui appartient plus, qu’elle a été vendue. Il pourra s’en retourner à l’écurie, l’oeil torve, les épaules basses, il l’aura mille fois mérité. Il serait temps que ceux qui s’impliquent et nous représentent, élèvent un peu le niveau, ou qu’au moins, ils n’aient pas peur de passer pour de méchants fachos. Apprenez à répondre aux féministes et plus largement à recevoir les points de vue de vos femmes. Et arrêtez de soutenir des hommes qui n’ont pas fait ce chemin. Ils ne font pas partie de la solution, mais toujours du problème.
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