Le pucelage des femmes est physique. Le jour où une femme donne sa virginité à un homme, elle accomplit plus qu’un simple acte sexuel. La voilà qui initie son cycle d’actes féconds, qui seront très limités au cours de sa vie. La femme ovule une 12aine de fois par an. Elle sera féconde durant une 30aine d’années. Soit une carabine à 360 coups, dans le meilleur des cas, et qui ne pourra jamais être rechargée. En sus, chaque acte sexuel « au bon moment » ne lui permettra pas forcément de « tomber enceinte ». Au contraire, faudra-t-il qu’elle ait plutôt un partenaire régulier pour maximiser ses chances de ce côté là, un partenaire fidèle qui non seulement pourra l’engrosser, mais de surcroît la soutiendra matériellement ou affectivement.
La virginité physique symbolise donc toute la fragilité d’un être qui va devoir régénérer l’humanité. Si nombre de femmes modernes n’en ont plus conscience et sont à ce point déconnectées de leur corps qu’elles multiplient les partenaires sexuels, la plupart ont encore cette évidence inscrite en elles, génétiquement j’ai envie de dire. D’ailleurs dans cette recherche éperdue de reconnaissance à travers une sexualité débridée, confondent-elles souvent baise et amour.
Le jour où une femme perd son pucelage, elle perd plus que son pucelage. Elle perd l’enfance, elle accède à la vie adulte. Elle naît à une seconde vie. L’homme qui va la dépuceler doit donc être sérieux à ses yeux, mais je dirais que quel qu’il soit, il sera forcément une personne importante de son existence, qui la marquera au fer rouge.
Pour les hommes, il en va tout autrement. Georges Brassens a beau dire que « jamais de la vie on ne l’oubliera la première fille qu’on a pris dans ses bras »,
cette première fois ne revêtira pas du tout le même sens que pour une femme. D’abord, cette première femme et contrairement ce qu’avance Georges Brassens, nous pouvons l’oublier en tant qu’homme. La chanson est jolie mais elle ne retranscrit pas l’exacte réalité. Joe Dassin est déjà plus réaliste dans « la demoiselle de déshonneur » :
Son « dépucelage » lui semble indifférent, pratiqué à la va vite, sans romantisme, presque sordide, il n’en est pas moins heureux de l’avoir accompli. Car pour l’homme, quelles que soient les conditions, la première relation sexuelle est surtout synonyme de victoire, de conquête de l’élément féminin.
Ici, Joe Dassin, pourtant très jeune, tout juste formé, subit ce qu’on pourrait presque qualifier de détournement de mineur, sans pour autant en souffrir. Des années après, il revient dessus avec miséricorde, et sur le moment même, il s’en trouve presque heureux, par défaut. Les bordels de l’armée étaient connus pour « déniaiser » tous les jeunes garçons qui n’avaient pas déjà eu la « chance » de connaître une première relation sexuelle. Là encore, un être humain accompli devrait avoir un peu honte de baiser dans de telles conditions. Mais la plupart d’entre nous, ne s’en formaliseront pas.
Est-ce à dire que les hommes n’ont pas de pucelage ? Je dirais plutôt que le pucelage d’un homme n’est pas le même. Celui d’une femme confond corps, coeur et âme. Pour un homme le pucelage du coeur est séparé du corps, il n’en est pas moins réel.
L’homme pourra donc baiser avec de nombreuses partenaires, il n’en perdra pas nécessairement son pucelage affectif. Ce jour surviendra pour lui au moment où il entrera en relation amoureuse avec sa première « dame », jour qui ne coïncidera pas forcément avec sa première relation sexuelle. Mais cet instant aura les mêmes effets pour lui que la perte de la virginité pour une femme. Si cette relation est viable, sa vie entrera dans un cycle de fécondité autant physique que psychologique. Dans le cas contraire, une catastrophe irrémédiable se sera produite. Il pourra aimer de nouveau certes, mais pas avec la même intensité, peut-être rempli d’un peu trop de désillusions, et menacé par une stérilité autant physique qu’affective.
Dans les sociétés traditionnelles, le souci de la virginité est corrélé avec une fécondité importante, de la femme, et du groupe. A l’inverse, notre société stérile se meurt de deux manières : en saccageant ce concept chez les femmes mais aussi chez les hommes. Ainsi nos femmes sont-elles insidieusement encouragées à calquer leur sexualité sur celle d’une homme. Déni complet de leur nature.
L’homme lui, sera le pourvoyeur polygame de plusieurs femmes sur toute une vie, ou alors, n’aura jamais la chance de pouvoir épouser celle qu’il aime, parce que les lois sur le divorce, parce que l’avidité sexuelle de sa partenaire, parce que son ignorance de l’importance d’aimer. Car, engagé avec une femme qu’il aime, puis séparé au gré des circonstances modernes, il s’imaginera pouvoir renouveler l’expérience avec une autre, mais se trouvera for dépourvu avec de nouvelles partenaires. Au pire ne pourra-t-il jamais plus éprouver de sentiments pour l’une de celles-là. Ne restera alors pour lui que les plaisirs de la chair, viles, ses nouvelles partenaires croyant que son excitation sexuelle peut se confondre avec un désir profond pour elles (car je le répète, la femme cherche cette confusion ou plutôt, cette unité entre corps et coeur de manière atavique).
Vous ne devriez pas vous étonner d’entendre parler de riches mondialistes payant pour de la chair fraîche dans des bordels de luxe, alors même que leur statut leur permettrait, d’accéder à une jolie femme assez aisément, selon leurs propres critères animaux. Or pour eux, l’amour n’est plus. Ils ont perdu le pucelage de leur coeur, et ne savent plus aimer une autre femme que celle avec laquelle ils se sont investis pour la première fois. Par défaut, ils baisent.
Tout comme la femme doit faire très attention à sa première relation sexuelle, l’homme doit faire très attention à la femme avec laquelle il entretiendra une première relation amoureuse suivie. Combien de couples ai-je vu autour de moi se former sur un coup de tête et rester dans l’impossibilité de se défaire de cette « première fois », l’une ayant donné son pucelage, l’autre son coeur. Généralement ceux-là connaissent une rupture, puis immanquablement reviennent ensemble, qu’ils soient faits l’un pour l’autre, ou pas, parce que leur attirance mutuelle sera devenue trop forte, et qu’après la rupture, ils sauront dès lors, qu’ils ne pourront jamais retrouver la force de ce sentiment premier.
Il est vrai qu’accepter de ne plus reformer ce couple primordial, à l’image d’Adam et Eve, c’est accomplir un deuil terrible s’il en est, dont le manque se renforcera avec l’âge, et qui poussera les dépucelés solitaires à tous les excès par besoin d’affection.
Notre société qui devrait protéger et nous avertir sur l’essence et l’importance des premiers émois, fourvoie ses propres membres en occultant leur caractère définitif et engageant. La loi qui devrait soutenir les sentiments, entend défendre les individus contre les familles depuis la sécularisation de la société, alors que les intérêts des individus et de leur famille sont irrémédiablement liés.
La famille est perçue comme un contre-pouvoir menaçant par l’état. Du coup, le divorce a été encouragé et il est devenu la règle. Dans ce cadre, seuls les plus forts survivent, ceux qui n’adoubent en rien le discours social, soit par hypocrisie, soit bien conscient de cette mécanique de mort. Les naïfs se font piétiner. Pour rappel, les lois trouvent leur justification dans la modération des excès de notre animalité. Elles organisent la loi de la jungle. Au contraire ici, encouragent-elles nos instincts primitifs. Elles sont devenues, lois anti-légalistes, destruction de la loi en quelque sorte. Sans parler ici de motifs religieux, rien ne peut justifier leur promulgation et leur maintien, du seul point d’un état qui serait au service des citoyens, sauf à désirer la tyrannie.
Dans notre société permissive, du divorce, le premier choix de jeunesse n’aura pas souvent été heureux, néanmoins nous aura-t-il engagé pour la vie, sans que nous en ayons bien conscience. Car tout à l’inverse des vécus des personnes, nos institutions modernes, en plus de favoriser les séparations, nous suggèrent que nous pourrions briser une « première » fois pour en trouver une meilleure, et que même nous aurions gagné en expérience entre les deux, ce qui renforcerait nos chances de réussite pour notre futur couple (« il vaut mieux divorcer que de rester malheureux, TOUTE UNE VIE ! »).
Pour appuyer leur discours, ces institutions dénoncent tous ces couples pathologiques qui ont raté leur vie et obéré celle de leurs enfants. Résultat, à partir de ces exceptions, elles ont fini par produire une majorité de séparations. Je dirais comme d’habitude. Leur vocation puritaine les pousse d’abord à supprimer le mal sur terre, en flattant les désirs de grandeur de chacun de ses membres, puis à mettre en œuvre des mesures libératrices, enfin devant l’échec, à généraliser le mal en affirmant que cette situation est devenue la norme. En fait, ce genre d’institutions corrompues, et les citoyens qui se laissent flatter, ont fait devenir normal ce qui était pathologique, ici la séparation, là la déviance ou encore l’indifférenciation. Rien de plus beau n’a jamais été créé que la mariage catholique et ceux qui s’y sont attaqués, étaient des menteurs puritains qui nous ont conduits dans le gouffre stérile actuel. Leurs promesses d’un monde meilleur n’ont jamais été tenues. Au contraire, le malheur s’est propagé d’autant que leurs idées étaient idéalistes.
Ainsi des hommes répudiés, se retrouvent-ils dans notre société avec une famille à charge qui n’est pas la leur. Des amoureux transis se suicident. Des pères divorcés tombent à la rue. Tous, parties émergées d’un iceberg. Sous la ligne de flottaison, combien d’amertume, d’hommes brisés qui ont renoncé à la joie, à l’espérance, ou encore sombrent dans la déviance sexuelle et la maltraitance, parce qu’ils n’ont pu réaliser leur aspiration profonde d’aimer une femme pour la vie. Cette femme, a pu partir avec les enfants, simplement les trahir, ou les faire grandir trop vite, ils n’auront pas de seconde chance, exception faite dans une excessive mesure ou une volonté d’aveuglement puérile et qui les mènera donc à reproduire les mêmes erreurs.
Quand elle survient, la perte de ce pucelage pour un homme est irrémédiable. Célibataire, elle fait de lui au mieux un vieux con, au pire un damné. En couple, un cynique ou un éternel nigaud cocu et quitté. Si la chasteté féminine est souvent physique, la chasteté d’un homme est affective. Un homme qui n’aura pas su être chaste en matière sentimentale, le payera soit par une abstinence forcée/contre-nature s’il veut s’élever, soit par une dégénérescence humaine complète, l’invitant à dévier sexuellement pour satisfaire ses viles instincts. Le temps ne se rattrape pas. Nous ne vivons pas éternellement.
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