Le délire woke ne s’impose pas sans raison. Pas mal de gens s’inquiètent de ces casques dits de « réalité augmentée », où une personne est plongée dans un univers parallèle, fantasmatique, entièrement créé par ordinateur. Ils nous promettent un avenir qui serait déconnecté de toute réalité de vie concrète. Mais ces gens ne comprennent pas qu’aucun phénomène social ne s’impose sans qu’il ne soit déjà là. En quelque sorte, toute une partie de la population vit déjà dans une réalité augmentée, un univers proche de celui du drogué qui a besoin de sa dose quotidienne de mensonge pour accepter de continuer à vivre. Si ces casques se généralisent, ils ne feront qu’entériner une pratique de vie déjà existante, dont le wokisme n’est qu’une des manifestations présentes.
La vérité est une pensée dure à accepter. Les romanciers/scénaristes peuvent nous faire accéder à cette vérité par des moyens détournés, prompts à nous soulager d’un affrontement direct avec le réel, qui désespérerait la plupart des individus. Mais ces mêmes romanciers/scénaristes peuvent également user de leurs talents pour nous distraire, nous soulager de notre quotidien, certainement pour mieux nous en faire accepter les souffrances. Et à l’extrême limite, ils peuvent nous faire vivre dans un monde fantasmatique, qui nous permet d’échapper à notre vie. S’il y a un possible opium du peuple, ce n’est certainement pas la religion, qui pose plus de problèmes qu’elle n’en résout, mais plutôt le scénario (parfois communiste). La profusion de récits à notre époque, depuis que le modèle occidental s’est imposé, nous montre cette évidence. Notre modernité a besoin d’être enrobée pour être supportée, à ce point que dernièrement, pas mal de récits dévient du réel, et s’y opposent frontalement.
L’histoire du récit avant notre époque est si vide qu’il peut être résumé en quelques traits sur plusieurs millénaires. Du fond des âges, vous avez le discours sur les origines de la création du monde, d’une société particulière. Ce genre de récit religieux structure la croyance, base de la vie en société. Vous avez les poésies épiques, les exploits des guerriers/gouvernants mythifiés, comme l’Illiade et l’Odyssée. Ceux-là légitiment un système politique grâce au récit historique qui comme chacun le sait, est écrit par les vainqueurs. Vous avez la poésie naturaliste, des sentiments, embryon de biologie, de psychologie. L’image dans les grottes européennes, a servi à garder la trace de chasses fabuleuses. Le conte populaire enseignait la vie aux enfants, mais surtout aux adultes (ils ont des structures identiques dans le monde entier). Les romans de chevalerie et les histoires mimées/les marionnettes (très présentes en asie) sont des histoires d’amour ou du théâtre en devenir. Il suffirait de quelques centaines de livres pour tous les contenir, peut-être moins que la production d’une seule année de récits en france. Non seulement, le nombre des récits a explosé en quantité pour notre époque moderne, mais la diversité de ces récits est telle que je me perdrais à la recenser.
De nos jours, la consommation de récits, se fait de moins en moins par les livres, et de plus en plus par l’image. Le conte populaire mêlé de théâtre, appelé désormais téléréalité, fiction, film, série télévisée, a écrasé le marché. Ceux-là sont toujours élaborés à partir d’écrit, cependant qu’ils proposent des images et des paroles à penser. Mais au-delà du support, quelles idées véhiculent-ils ?
Beaucoup de récits des plus récents rassemblent plus de croyances qu’un livre religieux du passé ne saurait le faire. Mais contrairement au passé, ils ne cherchent pas à exalter le récit des origines, mais à promettre une sorte d’avenir qui n’existe pas… encore. Ils vendent un rêve évanescent.
Pour mieux comprendre mon propos, vous n’avez qu’à songer aux publicités en occident, où le métissage racial se généralise, toujours pour le meilleur, et où les modèles familiaux les plus exubérants, sont donnés en exemple. Ce monde là n’existe pas, mais ses contempteurs ont bien pour ambition de l’imposer : un monde où donc le métissage obligatoire serait heureux, où les femmes indépendantes seraient heureuses, où les croyances diverses se côtoieraient sans heurt, où toutes les races, tous les sexes, tous les modèles familiaux, surtout les plus éclectiques, seraient à égalité et pourraient réussir de manière identique. Rien qu’en me lisant vous pouvez entrevoir la naïveté d’une telle proposition, même si tout le monde y adhérait. Or voilà pourtant le monde qui nous est proposé par les « progressistes ». Et plus que proposé, ce monde est réellement vécu comme tel par bien des personnes, au-delà des simples militants. Vécu, ou plutôt fantasmé, car évidemment, la réalité est toute autre, quand elle n’est pas carrément opposée à ce genre de récit. Le communisme, c’est l’opium du peuple.
Si vous êtes un peu avancé en âge, vous connaissez « Plus belle la vie », cette fiction sur marseille dont le titre affichait déjà les prétentions : rendre la vie plus belle qu’elle ne l’est en regardant une série tv. Elle nous donnait à voir une france traditionnelle qui, malgré les difficultés, vivait en harmonie avec toutes les innovations sociétales modernes : multiculturalisme, homosexualisme, droit de vie et de mort sur les fœtus etc. les méchants étant ceux qui voulaient garder leur identité franchouillarde sans accepter toutes ces « évolutions ». Plus récemment, une série sur Montpellier l’a remplacée, « Un si grand soleil ». Scènes de vie ou polard, l’idée est toujours la même : une ville du sud où il ferait soit disant bon vivre, parce qu’il y aurait du soleil. Un multiculturalisme métissé sans ségrégation (les bougnoules et les nègres ne vivraient pas entre eux dans des quartiers pourris). Une libération sexuelle épanouissante.
Nous en rions mais ce phénomène n’a rien d’anodin. Une majorité de la jeunesse blanche construit sa vie sur de tels délires dans lesquels ils baignent. Une partie de la population, peut-être majoritaire, s’est perdue dans un vécu parallèle, en vivant de telles fantaisies. Sans même parler de statistiques sur le divorce, sur le nombre d’enfants par femmes etc.. je le vois autour de moi. La jeunesse occidentale adhère majoritairement à ces thèses et fait son malheur avant que des erreurs irrattrapables ne la rappelle à l’ordre, preuve que ces fictions, si elles ne sont pas la cause de tout le mal qui existe dans notre société, l’encouragent bien. Car si cette même jeunesse ne vit pas forcément dans un délire homosexualiste, et encore, elle construit des relations familiales assises sur du sable. Pas de mariage, un engagement ténu, jamais discuté, des enfants qui arrivent comme ça, après une longue période de stérilisation et de masturbation par corps interposés, de la pornographie évidemment, une négation complète des différences culturelles, raciales, ethniques, psychologiques, un athéisme, qui l’amène parfois à la plus extrêmes des réactions, j’y reviendrai.
Ce modèle est stérilisant par essence. Et chaque jeune mû par un instinct de conservation doit se rebeller contre ces mauvais repères en proportion de son envie de s’en sortir. Or cette lutte interne lui fait perdre beaucoup de temps et d’énergie tandis qu’il doit prendre, durant sa jeunesse, des décisions qui vont impacter le restant de sa vie. Autant dire que la partie est mal engagée. Cependant, il n’est pas possible de vivre en voulant ignorer une réalité qui se rappelle toujours à nous, d’autant plus que nous n’y avons pas été préparés. Cette réalité est faite de différences avec lesquels il faut composer, ethniques, culturelles, sociales, psychologiques, spirituelles, financières, et qui ne peuvent certainement pas être repoussées dans une volonté indifférenciatrice grégaire. Plus sa prise en compte est tardive, plus elle engendre de souffrances.
La stérilisation n’est pas un hasard de notre monde. Pour la jeunesse perdue, le réveil est souvent si long et si difficile, qu’il laisse des adultes marqués à vie, et sans possibilité de revenir sur leurs erreurs. Vous n’avez qu’à penser aux personnes souffrant de dysphorie du genre, tentant de transitionner vers un autre sexe, et revenant bien tard de leur erreur, devenues stériles.
Mais c’est le pot aux roses qui cache la forêt d’erreurs plus communes, comme celle de tous ces couples qui pratiquent l’infanticide par avortement en croyant qu’il n’aura pas de conséquences graves sur leur relation, ceux qui font des enfants bien tard, ou dans n’importe quelle condition avec n’importe qui, ceux qui divorcent parce qu’ignorant la notion même d’engagement, ceux qui aiment plus leur travail/leur chien que leur famille et/ou qui ne veulent qu’un ou deux enfants. Telle est la règle qui confine à la stérilité dans notre occident.
Dans ce cadre, l’importation de ventres neufs s’y révèle inopérante tant la machine à stériliser écrase les velléités personnelles. En 2-3 générations, il ne reste plus rien des embryons de vie qui devaient se transmettre. La logique matérialiste finit toujours par accomplir son oeuvre sur le long terme. Les individus qui s’y soumettent sont d’abord soulagés de pouvoir se libérer des « chaînes de la tradition » avant d’en éprouver les conséquences.
Seuls ceux qui se protègent de la société en devenant croyant y résistent, difficilement. Les droitards qui reprochent à l’islam de ne pas vouloir faire société, devraient réfléchir un peu plus à ce qu’ils racontent. Déjà, ceux qui ne sont pas catholiques n’ont aucune crédibilité pour moi. Ils participent à nourrir ce rêve éveillé qui nous pousse vers l’abîme.
Il faut redescendre sur terre. A 25 ans, dans la plupart des cas, une vie familiale est jouée, tandis que de nos jours, nos jeunes jouent encore à touche pipi. A cet âge où leurs aînés allaient être grand-père (j’exagère mais pas tant…) ils tentent de se sortir d’une addiction aux jeux vidéos, à la pornographie, aux sites de rencontre. Ils commencent dans la vie avec un boulet attaché aux pieds parce que leurs aïeuls n’ont pas pu les guider dans ce nouveau monde et ont renoncé à la tradition, qui aurait seule pu les guider, difficilement.
Là encore, je veux préciser qu’il y a jeu vidéo et jeu vidéo. Ceux qui nous poussent au dépassement, qui nous permettent de nous ré assurer affectivement, qui font progresser notre logique, ou notre sens esthétique, ne sont pas à rejeter, avant la vie adulte. Mais il y en a qui enferment dans des mondes parallèles. Je pense notamment à ces jeux où il est possible de se construire une vie et une identité alternative, sans souffrances ou si peu. Je pense aussi à ces très jeunes enfants que j’ai vu se divertir dans un tel monde et qui n’étaient déjà plus tournés vers la réalité parce qu’il n’y avait personne pour la leur faire aimer. Combien auront-ils à en souffrir plus tard quand elle se rappellera à eux ?
Dès lors, il ne faut pas s’étonner à un âge plus avancé, de la profusion de cheveux multicolores, de tatouages et de piercings. C’est aussi une manière pour des personnes mal assurées de s’affirmer maladroitement dans un monde réel qui les blesse.
Venons-en aux réactions, car il y en a, maladroites également, mais dont notre avenir dépend. Dernièrement un commentateur du site reprochait aux hommes de ne vouloir la soumission des femmes qu’après une séparation difficile et alors qu’ils n’avaient pas été à la hauteur. Si seulement ça pouvait être le cas ! En vérité, même après leur échec, beaucoup d’hommes en restent au même point. Ils refusent d’avancer, de réagir, et leur demande de soumission des femmes reste très marginale dans notre société, malgré l’ampleur des divorces. A la rigueur, ceux qui réagissent un peu, sont les enfants qui ont souffert de telles situations. Par exemple, le retour à un islam radical peut être compris de la sorte. Les imbéciles qui dénoncent cette réaction, feraient bien eux-mêmes de réagir avant d’avancer toute critique. Or voit-on des droitards, j’insiste, qui voudraient mettre la charrue de l’identité, avant les boeufs de la civilisation. Il faut d’abord être soi-même digne d’exemple avant de critiquer une société mohamétane qui fait mieux que notre occident dégénéré.
Autre réaction saine mais maladroite : la salle de sport/la musculation. « S’affronter » à son corps est une manière de revenir brutalement à une réalité concrète, ici physique. L’excès et l’aspect égocentré seuls manquent leur cible. Car ces hommes, il s’agit souvent de jeunes mâles, n’apprennent pas à chasser en meute. Pour le dire autrement, ils ne développent pas ces capacités sociales qui sont à la base de notre culture historique masculine. Mais la réaction est là, et c’est déjà beaucoup dans un monde qui nous pousse à la margi-norme, la marginalité maladive comme norme, vous n’avez qu’à penser à ces corps déconstruits, obèses, déformés, animalisés, handicapés (jeux paralympiques), pornographiques, qui nous sont désormais donnés en exemple.
Je pense enfin à toutes ces courtes fictions familiales/amicales que la télé nous donne à voir et qui rencontrent un succès certain (je crois que l’un de ceux là s’appelle « secrets de famille »). Au-delà de leur promotion de pratiques déviantes, car elles ne sont pas exemptes de défauts, elles donnent à voir des situations difficiles que tout à chacun a touché du doigt sans toujours pouvoir les affronter par manque de mots. Le manque de mots, pour exprimer ses véritables désirs, voilà une des plaies de notre monde asocial, que ce genre de mini séries contribuent à guérir, tout au moins, du peu que j’ai pu en voir.
Revenir à la réalité est crucial dans un monde riche et féminisé. La richesse permet de s’extraire des contraintes matérielles qui nous ramènent sur terre. Elle contribue aussi à nous faire rester enfants dans le sein de notre mère dans un monde où le rôle de l’homme n’est plus compris ni nécessaire à la survie (mais pas à la vie). Dès lors, la moindre contrainte est vécue comme une agression à laquelle nous ne savons/pouvons pas répondre, et nous marginalise. La consommation addictive aux drogues et à l’alcool s’en suit, et bien d’autres déconvenues psychiatriques.
Notre monde a la prétention de vouloir être « inclusif ». S’il voulait vraiment l’être, il chercherait à élever ses enfants, à leur donner les moyens d’affronter les réalités familiales et professionnelles qui les attendent, au lieu d’indifférencier et de médiocriser ces sphères, ce que les progressistes, hérauts de cette tâche, appellent « déconstruction ». Mais la volonté puritaine qui meut ce progressisme, l’empêche. Car ce système refuse a priori, l’exclusion d’un seul. Pour ce faire, toutes les personnes un peu qualifiées pour le bonheur et la réussite, sont déconsidérées. En effet, par leur existence, et leur idéologie, elles tendent à blesser toute personne « qui a eu moins de chance » dans la vie et qui s’éloigne par trop de ce modèle. Ces gagnants sont donc sommées d’abandonner toutes leurs ambitions pour se fondre dans la masse, et ne pas alimenter les convoitises, ni les vexations. Ainsi le règne égalitaire/grégaire/tribal aura, soit-disant, plus de chances d’aboutir que dans un système qui fabrique naturellement des exclus.
Or la dynamique ambitieuse, celle qui nous pousse à aller de l’avant en acceptant notre imperfection, est la seule susceptible d’améliorer tout autant notre sort individuel que collectif. Certes, elle fabrique des exclus, mais ces exclus nous poussent à nous remettre en question. Au contraire, dans un monde où la médiocrité règne, il n’y a pas de progrès spirituel possible. Le monde dégénère au fur et à mesure que l’égalité s’approche, parce qu’il faut éviter de blesser la sensibilité du plus petit, qui tend à devenir de plus en plus fragile au fur et à mesure du laisser aller moral.
Ce mouvement génère naturellement de la censure. La moindre dévalorisation d’une différence devenant agression contre la sensibilité du plus petit, il faut l’interdire. Ce n’est pas seulement la réalité qui est alors attaquée, mais la possibilité d’en revenir au réel. La lutte contre les « discours de haine », jugés inacceptables par une majorité de femmes maîtres en coeur, procède de ce mécanisme. Dans la loi, le contrôle de l’homme s’obtient par l’interdiction tout court de ce genre de sentiments négatifs. Dans notre pays (et dans tout l’occident ce me semble), une armée de jugesses se donne un malin plaisir à censurer directement cette inclination chez tous les garçons mal pensants pour faire advenir un « homme nouveau », plus aimant. Avant, des hommes féminisés portaient les revendications de ces dames, désormais, elles tranchent elles-mêmes, signe d’avancement de ce mouvement décadent. Sur internet, une armée de censeurs travaille à ce que jamais vous n’accédiez à un article comme le mien. Mes idées pourraient froisser un certain nombre d’egos…
Si le règne de l’amour est un progrès dans le monde des sentiments, il ne peut pas s’imposer dans les coeurs à coup de lois sans blesser la société. L’intimité qui règne sur la vie publique, obtient des résultats aussi déplorables qu’une vie publique qui règne sur les sentiments. Cette confusion totale entre sphère publique et sphère intime, a été rendue possible de nos jours parce que les hommes ont été/se sont laissés entièrement pacifiés et castrés. Ils ne sont plus en charge de trancher, de mettre de la distance entre la mère et l’enfant. Ce dernier reste alors éternellement immature, qu’il soit mâle ou femelle, et engendre de nouveaux handicapés à la génération suivante, quand il ne renonce pas, au bout d’un long processus, à se reproduire tout court. Voilà notamment, de manière contre-intuitive, comment une société en cours de féminisation totalitaire, est une société qui se stérilise.
Pour ne pas sombrer, individuellement et collectivement, l’homme a un devoir particulier. Celui de réaffirmer la différence des sexes, en assumant sa propre différence. Voilà une responsabilité qui doit être incluse au sein d’un mouvement plus général de refus des mondes irréels. Pour ce faire, chaque homme doit se sortir de l’enfance par tous les moyens à sa portée : lectures, amitiés, sport, création artistique, passion mesurée pour le travail, mais aussi, renonciation à la pornographie, aux jeux vidéos à l’âge adulte, aux oeuvres qui le flattent et l’abaissent, et engagement dans la tradition/la transmission/l’évolution de la tradition, la famille, le débat public, la religion catholique. Tout ce qui fait la gloire d’un homme qui se veut complet.
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