“Je t’admire, oppresseur, criant:oppression !”
Victor Hugo, Liberté.
C’est vrai Frigide Barjot a fait un travail formidable. Bravo à elle et qu’elle continue à croire en son combat. Cependant je m’y retrouve de moins en moins au fur et à mesure qu’elle obtient d’autant moins de résultats qu’elle fait de plus en plus de concessions tout en limitant les initiatives voire en excluant certains manifestants de la première heure.
L’unité n’est pas un but en soi, même si elle fait gagner.
Personnellement, je n’ai plus envie de gagner ce combat à n’importe quel prix. Je n’ai plus envie de continuer à flatter quelques bien pensants en faisant la promotion d’une union civile pour les personnes à pulsions homosexuelles, union civile qui ne nous regarde en rien et dont bon nombre d’entre nous ne veulent pas. Je ne voudrais pas faire la promotion d’une manif pour tous alors qu’elle n’en serait plus une, où l’extrême gauche serait toujours accueillie à bras ouverts, tandis que l’extrême droite serait systématiquement reçue avec un pincement de nez. Je ne voudrais pas participer à canaliser un mouvement de masse au profit de l’UMP dont seule une minorité de députés mérite nos honneurs. C’est vrai, ils ont été assez nombreux à se retrousser les manches parmi les élus de droite, pour prendre le relais d’un mouvement que nous avions initié. J’ai été fier et content de voir que certains de nos hommes politiques n’étaient pas tous corrompus et qu’il vibrait encore en eux d’une fibre catholique sans laquelle aucune démocratie n’a pu être viable jusque là. Cependant, si nous voulons donner une vraie force à cette minorité de députés ardents, il ne faut pas qu’ils soient à notre tête, mais que nous prenions leur tête. En démocratie, contrairement au fonctionnement d’une République, les hommes politiques ne mènent pas le peuple, ils suivent la majorité. Ce passage d’une République à une démocratie, ils nous en ont donné le triste exemple en légitimant tacitement ce mariage contre nature à droite, juste avant que nous retournions l’opinion publique. Il nous faut donc influer sur cette majorité et non espérer une sortie politique du mouvement grâce à quelques élus éclairés qui auront bien assez de collègues pour les encourager à “l’apaisement” face à de “nécessaires évolutions de société”.
Assumer une rupture de société.
Je voudrais que nous assumions une rupture. Ce chemin est aléatoire, dangereux, incertain, mais obligatoire. J’ai pour moi l’expérience de 40 années de conciliations entre hommes et femmes et qui ont été perdantes. Ne reproduisons pas les erreurs de nos pères qui se sont fait rouler dessus, piétinés puis jetés à la poubelle sans réagir, parce qu’ils ont cru pouvoir transiger avec les féministes, ou qu’ils se crurent à l’abri. Elles ont détruit nos familles, et elles continuent leur œuvre plus que jamais, maintenant que nous n’avons plus la force de les arrêter. N’attendons pas que ce mouvement suive le même chemin.
J’ai aussi l’expérience des révolutions, mouvements fous et sanglants qui ont détruits notre société, à pas réguliers. Nous ne sommes pas des révolutionnaires, Dieu nous en garde. Nous sommes des fous d’amour. Nous sommes les amis de la paix, et nous la voulons dans nos familles. Notre révélation est pacifique, elle est douce comme un brin de muguet posé sur une vieille table en bois. Elle ne demande qu’à être prise et mise en valeur dans un écrin législatif sain.
Fédérer un mouvement sans les médias traditionnels aurait permis la diversité des expressions.
Tout de suite, les journalistes ont tenté de nous piéger. Ils ont essayé de faire croire à la population et ils y sont arrivés chez certains, que nous étions “homophobes”. Voilà à quoi a consisté la majorité de leur argumentaire. Plus Frigide Barjot essayait de se récrier sur ce point, plus elle entrait dans le jeu de nos adversaires.
Il était inutile de se défendre du crime d’homophobie, puisque cet argument n’était qu’une forme de manipulation médiatique. Il fallait dénoncer la manipulation médiatique. Seulement Frigide Barjot comptait sur les médias. Or plus elle comptait dessus, plus elle devait faire taire la diversité des points de vue au sein de la manif pour tous, car à chaque point de vue différent qui s’exprimait, la télévision, en particulier, se chargeait de détourner les propos de l’impénitent avant de demander une condamnation ferme de la part de Frigide Barjot. Frigide Barjot ne voulait pas de la caricature d’homophobe, et pour arriver à ses fins, elle a éliminé de son groupe tous les comportements “déviants” qui n’étaient pourtant que l’expression d’une diversité intéressante mais dont la doxa ne voulait pas. En plus de défavoriser notre mobilisation, les médias traditionnels ont donc été à la source des tensions internes que le mouvement a connues.
À la fin, pour satisfaire à cette pression médiatique, la “manif pour tous” en est arrivée à défendre une union civile des personnes à pulsions homosexuelles au lieu de combattre le mariage pour tous, bien que la majorité des manifestants soit totalement opposée à ces deux formes d’unions. A force de compromissions envers l’élite institutionnelle, Frigide Barjot est en train de dévier ce mouvement de la vague réactionnaire qui l’a porté jusque là. Elle tente de le faire rentrer dans un cadre institutionnel progressiste vérolé de partout, celui-là même que notre peuple conteste et je crois pouvoir dire que nous sommes de plus en plus nombreux que cela fait bouillir. Il est à se demander combien de temps, la cocotte va pouvoir être maintenue fermée.
En vérité, nous n’avons aucun intérêt à passer par les médias traditionnels désormais que nous avons internet. Les médias nous empêchent d’exprimer une diversité de points de vue politiques. Seuls certains points de vue sont acceptés. Les autres sont ridiculisés et progressivement ostracisés. Les dés sont pipés d’avance face à une doxa qui a pris les rennes de l’expression populaire en qualifiant de sérieux ou de non sérieux les idées qui lui convenaient ou pas. Or le décalage est devenu trop grand entre le bon sens populaire et les réflexions intimes de nos élites. Ces derniers, sans culture, réfléchissant dans le vide, ayant promu ce monde sans culture, ne sont véritablement plus à la hauteur. Si les réflexions d’une ministre de la famille peuvent raisonnablement être contredites par n’importe quel blogueur, il est largement temps pour nos élites de s’inquiéter du futur de leur sort et de celui de la nation. La discussion qui a lieu ici, est plus riche que toutes les sortes d’arguments que j’ai entendus de la part des tenants du mariage pour tous. Devant la faiblesse de leur argumentaire, ceux-là ont même fini par se justifier en légitimant le rapport de force, incapables d’intégrer des avis d’experts qui leur étaient contradictoires (Jean-Pierre Michel rapporteur PS au Sénat) et je ne pense pas que nous devions perdre plus de temps à essayer de convaincre des gens sur des supports médiatiques usés de toutes parts, animés par des journalistes qui voudraient se donner bonne conscience par des débats contradictoires où nous sommes invités pour mieux être détruits.
Avec qui aller manifester ?
Avoir raison, ne donne pas tous les droits. Civitas en est le parfait exemple.
Détenir le pouvoir, ne fait pas vérité. Frigide Barjot en est le parfait exemple.
J’aime bien me retrouver pour prier avec des amis catholiques, partout, en tous lieux, mais en vérifiant bien que tous ceux qui prient n’y sont pas forcés. La liberté de conscience est à la base de la Foi Catholique. Sans elle, pas de choix entre le bien et le mal. Si on prétend vouloir rassembler, ou convertir, il faut bien vérifier qu’on donne l’exemple de cette liberté de conscience et qu’on ne mélange pas ensemble, croyants et non-croyants, pratiquants et non-pratiquants dans un même lieu de prière pour catholiques, lieu de prière que des personnes venues là pour manifester contre le mariage homosexuel, n’ont pas forcément choisi. Et si c’était pour se retrouver entre catholiques pratiquants, il aurait fallu le dire dès le début, et ne pas laisser planer le doute en espérant recruter le plus largement possible. Qui cherche-t-on à convaincre en ce cas, sinon des personnes qui n’ont aucun libre arbitre ? En dernier lieu, la démarche de Civitas coupait court à toute discussion et à toute possibilité de rencontre entre personnes de convictions différentes. A cause de cette ambiguïté, Frigide Barjot a pu marginaliser Civitas puis les exclure progressivement d’un mouvement qui se voulait rassembleur tout en étant intolérant.
Instruits de l’expérience de CIVITAS, le printemps français a tenté une autre démarche pour viriliser le mouvement. Il a essayé de s’y intégrer. Mais Frigide Barjot l’a tout de suite marginalisé. Et c’est vrai, pour rester forts et unitaires, il faut parfois employer de tels moyens. Mais si les puissants de notre monde règnent en maîtres et font sentir leur pouvoir, il ne doit pas en être ainsi parmi nous.
Alors comment rester unitaires tout en ne lâchant pas tout ?
Nous n’avons pas à suivre Frigide Barjot ou Alain Escada, ou Béatrice Bourges. Non, pour réussir, notre seul guide doit être Jésus. Ainsi contre toute espérance, nous créerons l’unité. Bien entendu, nous avions rêvé de vaincre rapidement, tous unis, tous amis. Nous portions nos espérances dans le système démocratique français dont il devait rester quelques flammes. Nous croyions qu’un vote pourrait avoir lieu sur ce sujet, que ce « changement de civilisation » serait débattu publiquement, à défaut de l’avoir été lors de l’élection présidentielle, que nos institutions relaieraient notre élan démocratique. Et nous étions prêts à nous soumettre au diktat d’une majorité. Mais on ne nous en laissa même pas l’occasion.
Nous avions espéré que les députés de gauche seraient ouverts au changement, que les députés de droite les y auraient forcés, que certains journaux nous soutiendraient jusqu’au bout. Rien de cela n’arriva. Les institutionnels finirent tous par vouloir nous enterrer.
Nous avions espéré le soutien de tous nos prêtres, de tous nos Evêques, ils le firent, du bout des lèvres, puis préférèrent rester à une distance eschatologique qui leur évitât bien de se compromettre. Désormais, certains d’entre eux ont peur que notre objectif soit de renverser le pouvoir, alors même que nous exigeons la démocratie. Afin de nous comprendre enfin, ceux-là devraient se pencher sur ce souffle divin qui traverse notre peuple, directement, depuis des centaines d’années. Il n’est pas temps de le retenir mais de l’accompagner, parce qu’il est animé par l’amour. Il est temps d’accepter de faire des erreurs, encore, nul n’étant parfait. Ce désir de perfection chez nos prélats est un frein à la vie. Ils doivent enfin nous soutenir dans notre combat spirituel, tout en sachant que nous commettrons des erreurs. De notre côté, nous avons persisté dans notre foi malgré l’effondrement de nos institutions, malgré le laxisme ambiant. Certains d’entre nous ont patienté durant des années, gagnant en humilité en attendant que cet instant arrive enfin, horripilés par les dégâts occasionnés sur les familles à force d’égoïsmes et de lâchetés, mais tenant ferme dans leur Foi. Aujourd’hui, le temps est peut-être venu de faire valoir notre vision d’un amour qui ne serait pas lâche. Et nous avons besoin d’être soutenus en cela. Ce mouvement doit rester ce qu’il y a de plus pur. Il doit donner la parole à tous ceux qui ont vu notre société s’effondrer et qui ne l’acceptent pas, à tous ceux qui trouvent ridicule de centrer notre attention sur les problèmes économiques de notre société, tandis qu’il n’y aurait rien de pire qu’une économie qui fonctionnerait bien, tout en asservissant ses enfants. Oui, il est temps de parler d’écologie, de développement humain, de don de soi, de sacrifice et non plus de « croissance économique ». Cette croissance n’est qu’une ex-croissance. Elle est une tumeur de nos sociétés modernes qui n’ont pas réussi à se donner un but en dehors de la richesse, et qui ont détruit les plus fragiles à cette fin. Nous devons retrouver l’amour des nôtres avant même d’espérer la richesse.
Du débat démocratique au combat démocratique.
1 400 000 manifestants, la plus grande manifestation de notre histoire, n’a pas réussi à faire infléchir notre gouvernement, un tant soit peu. Malgré tout, nous devons être fiers de l’avoir soutenue. Cependant, les institutions démocratiques dans lesquelles Frigide Barjot a cru, ainsi que d’autres élus de notre démocratie, ont échoué à organiser un vrai débat. Aujourd’hui, Mme Barjot veut croire en notre démocratie, malgré notre démocratie, alors même qu’une victoire à ce stade n’en serait plus une pour nos institutions. Je reconnais que cet élan est noble. Mais il ne me concerne plus. Les débats des derniers mois, m’ont révélé l’incapacité de notre démocratie à sortir d’une forme de rigidité idéologique. J’ai aussi voulu croire que notre pays pourrait échapper au rapport de force, et j’ai donné une chance à cette idée, mais certains de ces idiots sans Dieu nous ont signifié qu’ils ne se soumettraient pas à autre chose qu’à un bras de fer. Face à ces exploiteurs nés, la seule réponse possible semble être la contrainte, quand bien même elle serait démocratique. Il nous faut accepter ce rapport de force, même si nous n’en avons pas voulu. Quand on dit oui à tout, il n’y a pas de conflit, mais l’oppression persiste. L’oppression se définit par l’acquiescement et non par la contrainte. Or notre démocratie semble être devenue une machine à faire acquiescer les gens. Elle fait voter, puis attend que le peuple s’habitue et enfin qu’il soit compromis, quand bien même les effets objectifs de tels lois se révéleraient catastrophiques (avortement, divorce de masse…). Quand le peuple a plongé ses mains dans la marre de sang, il n’a plus les moyens moraux de revenir en arrière, surtout dans une société où il croit pouvoir se passer de pardon. Ici encore, ces tenants d’une société sans homme et sans femme, sans bien et sans mal, attendent que les pratiques homosexuelles se soient généralisées à toutes les familles et que nous ne puissions plus nous en dépêtrer. Ils osent appeler une régression infantile, un « progrès ». Dès lors, il faut agir comme le père qu’ils n’ont pas eu. Il faut leur donner des limites, et les sanctionner en cas de défaillance.
La manif pour tous vient d’exclure l’idée de poursuivre des objectifs électoraux pour les prochaines municipales. C’est un tort. Seule l’idée de perdre leur place fera bouger ces gens là. Il ne faudrait pas que les quelques députés qui se sont exposés pour nous soient sanctionnés tandis que les autres seraient prolongés dans leurs responsabilités. Nous atteindrions alors le comble de la perversion. Dès lors, je pense qu’il faudra se concentrer sur quelques cibles prioritaires et les faire échouer aux prochaines élections, pour donner l’exemple. A cette fin, je propose comme première cible prioritaire Nathalie Kosciusko Morizet qui s’est abstenue de voter à l’Assemblée Nationale concernant le mariage pour tous, sous la pression du réseau LGBT rameuté par Roselyne Bachelot. Si une personne de droite qui s’est abstenue se fait dégommer, les autres prendront légitimement peur, puis nous pourrons les faire tomber une à une. Ce sont des moyens virils, mais ce sont des moyens qui sont seuls à même de nous sortir d’une forme d’impuissance dans laquelle notre société par trop féminisée se complaît désormais.
En attendant ces développements stratégiques qui ne manqueront pas de s’imposer à nous si nous voulons en imposer à un système qui ne croit qu’aux rapports de force, allons manifester le 26 mai, que ce soit ici ou là, mais surtout, gardons l’esprit qui nous anime.
Nous ne manifesterons pas seulement contre le mariage homosexuel, mais surtout contre 40 années de politiques familiales catastrophiques. Nous ne manifesterons par pour une union civile des personnes à pulsions homosexuelles, mais pour la famille et les enfants. Puisse cela maintenir notre motivation à un niveau suffisant.
Le 26 mai, si Jésus vous inspire de choisir Civitas, venez avec votre balai, chasser les sorcières !
ou bien si vous ne croyez pas encore en Jésus ou s’Il vous inspire en ce sens :
Enfin, peut-être le printemps français daignera organiser une action ? Je serai for aise de me reprendre du gaz lacrymogène avec eux.
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