Le président actuel de la France, Emmanuel Macron, s’est fait élire sur la promesse de transformer la France en « start up nation ». Ce terme peut se traduire bien mal par « nation au lancement/au démarage ». « Start up » est aussi employé pour les toutes jeunes entreprises prometteuses qui seront les fleurons industriels de demain. L’idée à retenir est que la nation française aurait dû jouer grâce à lui et à son travail, les premiers rôles au plan mondial. Nous en étions aux débuts d’une nouvelle ère concurrentielle, et en mobilisant les énergies de tous les Français, notre pays retrouverait une place de choix parmi les autres.
Depuis, la France n’a cessé de déchoir au plan mondial. Si ses défenseurs accuseront les autres, les Français, ou encore les circonstances économiques ou sanitaires, d’être la cause de cette déconvenue, je vois plutôt dans un tel raisonnement, les raisons profondes de notre échec. Emmanuel Macron a été élu par des Français qui se sont fourvoyés, sur le monde, et sur le fonctionnement d’une société. Pour bien le comprendre revenons-en au terme de « start-up nation ».
_ « Du passé faisons table rase » : « start up nation » évoque l’idée que nous pourrions repartir à zéro, pour le bien commun, c’est à dire que le passé serait un poids qui nous empêcherait d’avancer collectivement. Or le passé n’est pas un poids, c’est un fait. S’il peut être jugé moralement, il est ce qu’il est. Il ne peut pas être changé et il s’impose au présent. Ce genre d’utopie va donc beaucoup plus loin que le déboulonnement de quelques statues dans nos rues, comme la « cancel culture » le promeut de nos jours. Nous pouvons collectivement nous donner des exemples positifs et rejeter d’autres, jugés négatifs. Rien de plus naturel. Mais nous ne pouvons pas dire que ces exemples n’ont pas existé. Les communistes au pouvoir en Russie ont essayé de détruire les racines chrétiennes du pays, pour établir un paradis sur terre. Nous savons la suite. Cependant, jamais n’ont-ils cultivé l’idée que le passé de la Russie pût être sans importance, comme le concept de « start-up nation » le suggère. Ce dernier va donc encore plus loin que l’utopie communiste traditionnelle, il en est aussi la poursuite logique. Puisque le passé ne peut-être réformé à grands coups de propagande et de pressions sociales allant jusqu’à l’assassinat, faisons comme si le problème n’existait pas, faisons comme si le passé n’existait pas, semble nous dire « start-up nation ». Cette idée est à rapprocher des slogans proférés en mai 1968 en France, mouvement lui-même poursuite des idées communistes qui avaient déjà échouées sans que nous ne le sachions encore, et président actuel qui aura été élu par cette génération de mai 1968 (ce sera le dernier ou l’avant dernier).
_ La nation comme une entreprise : la nation est bien une sorte d’entreprise, mais pas que. Elle est mue en son sein par bien d’autres influences, spirituelles, psychologiques, culturelles… Réduire la nation à une entreprise c’était faire œuvre de simplisme. Plus encore, il y avait l’idée d’en revenir aux années 60/70/80 où seule la réussite sociale importait dans une société stable et homogène. Les personnes qui ont élu Emmanuel Macron voulaient faire revivre le monde de leur jeunesse. Comme si cela fût possible.
_ L’anglicisme : le terme de « start-up nation », anglo saxon, identifie le progrès aux USA pour le faire court. Evidemment puisque le passé n’existe pas, et comme la nation est une entreprise, autant prendre exemple sur les meilleures entreprises du monde, et calquer notre mode de fonctionnement sur les leurs. Voilà ce qui nous était proposé par Emmanuel Macron, et ce à quoi une majorité d’entre nous a souscrit. Négation directe de l’élément culturel, l’anglicisme entérinait notre domination symbolique. Il est vrai que les USA ont les meilleures entreprises, et doivent nous imposer leur langage en la matière, puisque ces concepts importés nous sont étrangers au propre du terme. Cependant, l’anglicisme mettait un vernis de superficialité entrepreneurial sur une complexité politique américaine qui nous échappe. Il partait de l’idée fausse que la nation américaine s’est construite grâce à ses entreprises, ignorant ainsi l’aspect religieux, psychologique, culturel de ce même pays. Les personnes qui reprennent des termes anglais, le font souvent parce qu’elles fantasment un pays où tout leur paraît facile, et ici, où la réussite économique serait facile. Exactement le genre de simplisme inefficace dont se détournerait n’importe quel Américain.
Conséquemment
L’idée enfantine qu’une société nouvelle puisse se construire uniquement par rapport à des rapports économiques florissant, en faisant table rase du passé et en singeant une société qui n’était pas la nôtre, ne pouvait nous conduire qu’au marasme. Les soutiens d’Emmanuel Macron ont beau jeu de prendre à partie une minorité de Français considérés comme arriérés, les gilets jaunes ou les non vaccinés, pour expliquer l’inertie ou la régression, en vérité, leur comportement ségrégationniste est à l’origine du mal. Il n’est pas possible de construire une nation sur la guerre civile, en multipliant les divisions. C’est la base.
Paradoxe qui n’est qu’apparent, la « start-up nation » est à l’arrêt et recule même. L’ambiance est devenue très pesante. Aucune perspective d’avenir, aucune possibilité présente, l’individu est mis sous pression. Pas moyen pour lui de s’épanouir, ni même d’envisager un mieux dans les mois prochains. Il est masqué sans raison et doit s’aveugler lui-même sur cette question pour espérer survivre psychiquement. Son corps a été pénétré sans raison par un vaccin inefficace et même dangereux. Il n’a plus de relations sociales ou si peu. Là aussi la guerre qui est menée ne l’est pas contre un virus, mais contre les gens, guerre civile s’il en est.
La négation des êtres a suivi de près la négation des faits. La réalité française, spirituelle, psychologique, culturelle a été oubliée par ces mêmes décideurs/électeur qui, par conséquent, ont été incapables de bonne gestion, même économique. Il n’y a qu’à voir l’état déplorable de l’hôpital. Les mesures de soutien économique durant une année d’épidémie de covid19, auraient suffi seules à augmenter le budget de l’hôpital de 20 % durant 10 ans, dépenses qui auraient très largement permis de surseoir à la crise sans que nous n’ayons rien à changer de nos habitudes de vie. Culturellement, les productions artistiques subventionnées, presque les seules à exister dans notre pays, ou tout au moins, les seules à être promues, sont insignifiantes/politisées à l’extrême. Psychologiquement, l’idée que les familles puissent se construire sur des troubles de l’identité sexuelle, en dit long sur la fécondité qui est la nôtre, et les rapports malsains que nous avons promus dans nos familles.
La mise à l’arrêt de la société française par Emmanuel Macron, cautionnée par beaucoup dans cette société, sous couvert de “grand démarrage” (“grand bond en avant” ont dit d’autres à une autre époque) tire son origine de l’immaturité d’une « génération mauvaise », comme le dit Jésus de celle de son époque. Je me fais fi de leurs déterminismes justifiant alternativement la tyrannie et un laisser aller complet. Nous avons le choix. Même refuser de choisir est un choix. Or loin d’avancer, cette génération a voulu figer le monde à celui de sa jeunesse. Cette tendance qui est d’habitude tempérée chez l’être, par une expérience de vie profonde, ne l’a pas été chez celle-là qui a désiré l’enfance éternelle, une période de jouissances sans entraves comme elle le scandait elle-même durant ses années militantes. Du coup, face aux changements environnementaux imprévus, la peur l’a tétanisée, incapable qu’elle a été de réagir par une autre idéologie que celle du statu quo et du suivisme.
L’idée transhumaniste sera leur prochain développement. Notre science, au mieux, singe de loin la nature. Nous l’avons vu avec cette farce covidesque. Mais qu’importe pour eux. Il faut que nous nous donnions l’illusion de la maîtrise et échapper ainsi à l’idée de notre possible mort. Imaginez l’espérance de vie d’une personne qui n’a plus que la science comme croyance ! Puisqu’elle cherche à faire aussi bien que l’idée catholique qui l’a précédée, son seul horizon devient de devenir immortelle grâce aux progrès technologiques. Et si elle gagne quelques années d’espérance de vie, et encore, au moins échappe-t-elle à l’idée de sa propre finitude. Or l’humain n’échappe à l’idée de mort physique qu’en souscrivant à la damnation éternelle ici-même sur terre. Sans conscience de sa propre finitude, cette génération qui croit avoir vécu au travers de plaisirs furtifs, finit de se suicider en entretenant une vision étriquée de l’existence.
Dans les Evangiles, des villages entiers sont maudits. Si Jésus offre le salut individuel, il n’exclut pas la damnation collective. Tel est notre horizon si nous continuons à insister sur de telles absurdités scientistes pour nous guider collectivement en France, absurdités qui n’excluent pas un déni de la science d’ailleurs. Car comment penser quand la peur est partout, et vous pousse à l’erreur, quand la religion est fausse et vous trompe sur vous-même, quand le passé n’existe plus ? Grâce à ceux qui le suivent, le prince de ce monde, par son matérialisme, a eu beau jeu de précipiter ce monde riche dans l’abîme.
Le monde n’est plus celui des années 60. Ceux qui votent ne l’ont pas compris. Ils ont élu quelqu’un de jeune, de dynamique, obsédé par sa carrière professionnelle, auquel ils pouvaient s’identifier, car même à l’entrée du cimetière, ils veulent continuer à pouvoir s’imaginer jeunes. Ce vieux d’une quarantaine d’années qu’ils ont élus, Emmanuel Macron, n’a pas de passé, et donc pas d’avenir, pas d’enfant, pas de femme, seulement une mère pour compagne. Il est désincarné. Son corps ne lui appartient même pas. Eternellement jeune, éternellement vieux, il entérine la non-vie de ceux qu’il représente et qui persistent dans le déni. Toujours au départ de leur vie, dans les starting blocks, cette génération n’a jamais couru. Elle est restée dans l’ivresse de ses possibles. La France sous Emmanuel Macron, jeune et éternelle, finit de s’effondrer dans un paradoxe saisissant, à la fois désirant avancer vigoureusement, à la fois tétanisée et immobile.
Cette génération qui n’a pas voulu penser de manière complexe, spirituelle, catholique, nous entraîne à l’euthanasie et à la crémation. Nous aurons bien du mal à sauver quelques restes de leurs cendres. Puissions-nous repousser avec vigueur leur non héritage. Puissions-nous vieillir/mourir avec bonheur, les bras tendus vers Dieu.
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Pour aller plus loin : une société capitaliste d’enfants mal sevrés / Pourquoi le socialiste vous prend pour un enfant / L’enfant tyrannique / Comment les puissants tentent de nous maintenir dans l’enfance
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