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Les femmes en meilleure santé, prennent pourtant plus d’arrêts maladie et les féministes s’en plaignent

Situation

Courant avril 2015, deux études sont parues sur les arrêts maladie : « L’effet des arrêts maladie sur les trajectoires professionnelles » (1) et « Quel est l’impact du système d’indemnisation maladie sur la durée des arrêts de travail pour maladie ? » (2). Ces deux articles joints donnent un tableau édifiant des différences sexuées dans nos sociétés occidentales en matière d’arrêt maladie :

– Les femmes s’arrêtent plus que les hommes.

L’analyse selon le genre montre que les femmes ont une durée moyenne d’arrêt de travail de 16,3 jours (16,4 jours) contre 14,7 jours (14,8 jours) pour les hommes.(Irdes p 16)

Cela équivaut à des milliards de dépenses sociales en plus.

 

– Dans tous les pays occidentaux, c’est aussi le cas.

Les hommes ont des durées d’arrêt de travail pour maladie significativement moins longues que les femmes. Ce résultat est conforme à ceux obtenus dans plusieurs études empiriques (Allen, 1981 ; Bridges et Mumford, 2001 ; Ose, 2005). (Irdes p 25)

– Si les femmes s’arrêtent plus que les hommes c’est en raison de la longueur de leurs arrêts maladie.

La fonction de survie dans l’arrêt de travail des femmes est toujours située au-dessus de celle des hommes 7 : la probabilité de sortie de l’arrêt de travail pour maladie des hommes et des femmes est très proche pour les quatre premiers jours, mais au-delà, les femmes restent plus longtemps dans l’arrêt de travail pour maladie que les hommes. (Irdes p 20)

– Ce sont plutôt des femmes jeunes et en forme qui s’arrêtent plus longtemps.

Longueur des arrêts maladie (Irdes p 45) pour la tranche d’âge 25-34 ans :

16,27 jours pour les femmes

13,21 jours pour les hommes

– C’est dans le privé que les femmes sont plus malades (Irdes p 45) :

Commerce :

17,43 jours pour les femmes

15,33 jours pour les hommes

Administration publique :

15,65 pour les femmes

15,73 pour les hommes

– Les arrêts maladie des femmes affectent leur rentabilité à long terme dans l’entreprise :

Hansen (2000) montre un effet négatif de la prise d’arrêt maladie sur la trajectoire salariale en Suède mais seulement chez les femmes, (p4 Etudes et statistiques)

– Même sans prendre en compte les arrêts maternité, les femmes, dans tous les cas, prennent plus d’arrêts maladie que les hommes :

 

(graphique Etudes et statistiques)

– Les congés maternité sont financés majoritairement par des hommes. Ils affectent grandement le temps de présence des femmes dans l’entreprise.

Si on inclut les congés maternité, L’emploi associé à des arrêts longs concerne trois fois plus de femmes que d’hommes. (p7 Etudes et statistiques)

 

Les reprises de travail après congés maternité sont plus fréquentes qu’après arrêts maladie :

(Graphique 2 Etudes et Statistiques)

 

Concernant les arrêts maladie en général, la situation semble donc univoque. Alors qu’elles ont une santé et une espérance de vie largement plus forte que celles des hommes, de l’ordre de 7 ans, les femmes s’arrêtent plus longtemps. Sans augurer des raisons de ces arrêts, on peut donc déjà en conclure qu’elles profitent d’un système qui leur est largement favorable. Maintenant sur les raisons de ces arrêts, deux hypothèses sont à envisager : soit le système économique permet aux femmes plus qu’aux hommes de s’arrêter quand elles en ont vraiment besoin, soit elles bénéficient d’arrêts de complaisance. J’étudierai ces deux hypothèses plus loin. En attendant, il faudrait déjà que cette situation avantageuse soit reconnue par la société. Or qu’en est-il dans la réalité ?

 

 

La plainte féministe.

Dans la presse, le déni est organisé grâce à un flot de détails concernant la reprise du travail après arrêt maladie des femmes par rapport aux hommes. En effet, après des arrêts longs, les femmes seraient plus susceptibles de tomber en précarité que les hommes. C’est notamment l’information qui est donnée par le Figaro en premier (3), puis progressivement reprise par des sites de plus en plus classés à l’extrême gauche (drapeaurouge.com (5)). Entre-temps la fausse question prudente du Figaro « Arrêt de travail, l’entreprise pardonne-t-elle moins aux femmes ? », est devenue sans faux-semblants « Arrêts de travail : mieux vaut être un homme ».

Nul besoin d’attaquer ce dernier article tant il est caricatural et qu’il n’a pour but que de favoriser les valets du système dans leur opinions arrêtées et faussement rebelles. Revenons plutôt à l’article d’origine du Figaro qui se veut sérieux. Une étude de la Drees soit. Mais par qui, d’où. Or dans le texte, pas de lien, pas de références. Comme vous l’avez noté, les deux études que j’ai mises en lien ne font peu mention de la Drees pour la bonne et simple raison qu’il m’a été impossible de retrouver cette étude sur internet.

L’auteuresse de l’article doit certainement faire référence à l’étude de l’Insee que j’ai mise en lien, et que le ministère des affaires sanitaires et sociales a dû reprendre pour organiser sa propagande. Si l’auteresse n’est pas allée à la source, j’y suis allé moi. Or les chiffres ne concordent pas…

Dans cette étude de 2015, et sur la période 2005-2008, ce n’est pas 9,9% des hommes et 12,2% des femmes qui sont passées d’un arrêt de travail long au chômage mais respectivement 8,5% des hommes et 10% des femmes. La journaliste a repris les chiffres d’une population particulière, celle définie comme « moovers » et qui accentue les différences. Les chiffres qu’elle utilise sont cités en annexe et intègrent les congés maternité qui ont le sait, présentent des caractéristiques bien particulières en termes de choix de vie familiaux. Or l’absence de référence dans un article qui se cherche encore entre vulgarisation et reprise d’étude scientifique, permet de masquer toutes les inexactitudes derrière un manque de professionnalisme évident. En parlant de cela, il faudrait peut-être commencer par savoir écrire « professionnel » :

A l’oral, cela donne un « profezionel », qui raisonne un peu martial pour une jolie jeune fille avec un nom de bonne famille. Et si je comprends qu’on puisse faire des erreurs d’orthographe, moi-même n’étant pas exempt d’imperfections en la matière, un article qui doit tenir en tout et pour tout en 300 mots de poncifs, aurait pu être passé au correcteur orthographique, au moins, pour donner l’apparence du vrai.

Pire, les résultats de l’étude favorables aux femmes n’ont pas été mentionnés. Par exemple si 34,1 % des hommes passent au chômage/activité réduite après une absence d’activité, c’est seulement 23,4 % pour les femmes (Tab 2 p7 (1)). Le chiffre est également supérieur pour les hommes dans le sens chômage vers non-emploi.

Pour comprendre ces chiffres, il faut indiquer à mes lecteurs que les personnes qui ont fait l’étude ne différencient pas chômage et mi-temps (thérapeutiques ou pas, choisis ou pas). Il est donc très difficile de savoir qu’est-ce qui se cache derrière : choix personnels, non-activité ou chômage partiel voulu ou subi. Ce raisonnement peut également être étendu aux sorties du marché de l’emploi après arrêt maladie : qu’est-ce qui a motivé la femme à arrêter ? Sécurité financière ? Absence de volonté ? Ou discrimination comme le concluent la majorité des commentateurs féministes ? Dans tous les cas, il est facile de constater dans quel sens s’oriente le parti-pris des journalistes.

 

 

Réalité/hypothèse

Premièrement, il faut tout de suite casser l’image de discrimination faite aux femmes sur le marché du travail. Bien au contraire, les femmes y sont largement favorisées par un système de congé maternité qui devrait les handicaper, seulement en théorie. Or après ces congés maternité, elles reprennent très majoritairement le travail ou bien elles se mettent en arrêt maladie ou encore décident de reprendre à mi-temps (cas beaucoup plus rare). Toutes possibilités leur sont offertes, dont celle qui est valorisée par les féministes et majoritairement utilisée par les femmes : la reprise de travail.

Plus encore, ces chiffres de reprise du travail après un congé maternité sont supérieurs à ceux d’une reprise de travail après arrêt maladie. Cela prouve que la discrimination en cas d’absence si c’est une femme n’est pas en jeu. Si plus de femmes ne réintègrent pas l’entreprise après de longues absences dues à une maladie qu’après un congé maternité, il faudra donc plutôt aller en chercher la raison dans des choix personnels et d’état d’esprit des femmes, que dans une quelconque discrimination qui est moins significative après un congé maternité.

Des arrêts de type congés maternité conduisent à des trajectoires professionnelles moins dégradées que des arrêts longs dus à la maladie – notamment parce que les congés maternité sont le plus souvent suivis d’un retour à l’emploi continu et sont plus rarement suivis d’arrêts maladie (graphique 2). (p14 Etudes et Statistiques)

Dans ce tableau de l’Insee, on peut aussi constater qu’il y a une différence significative entre hommes et femmes dans la poursuite du travail salarié, arrêt maladie ou pas. Les femmes peuvent probablement choisir un éventail plus large de situations professionnelles en toute connaissance de cause parce qu’elles se sentiraient globalement plus en sécurité que les hommes. Cette hypothèse peut être corroborée par les derniers chiffres du chômage qui montrent qu’en tant de crise, ce sont les femmes qui gardent leurs emplois, en tout cas en France. Elles bénéficieraient d’une situation supérieure à celle des hommes qui serait masquée par des choix personnels transformés en plainte à la précarité par la ruche féministe.

Les différences de choix entre tranches d’âge sont éclairantes à ce sujet. Pour les 30-35 ans, l’inactivité augmente par rapport au chômage et inversement pour les 35-40 ans. Tandis qu’il est plus difficile de se caser sur le marché de l’emploi autour de 40 ans qu’autour de 30, on devrait constater la situation inverse. En somme, une proportion non négligeable de jeunes femmes choisiraient l’inactivité complète avant de revenir sur le marché du travail sans forcément se réintégrer pleinement. Il est facile de comprendre que le choix de s’occuper d’enfants devient de moins en moins préoccupant pour les mères au fur et à mesure que leur progéniture grandit, raison pour laquelle celles-là doivent réintégrer en nombre leur milieu professionnel tout en se conservant autant de temps qu’elles le désirent pour leur famille.

Ainsi, l’inclusion des congés maternités dans l’échantillon féminin accroît le risque d’inactivité chez les 30‐35 ans et accentue le risque de chômage chez les 35‐40 ans. (p14 Etudes et statistiques)

Parlons également d’aléa moral avéré et d’arrêts maladie injustifiés.

Plusieurs travaux montrent en effet, qu’en dépit d’une santé altérée, des salariés en situation de précarité face à l’emploi, avec un risque de chômage élevé, hésitent à recourir à des arrêts de travail (Hansen et Andersen, 2009). (Etudes et Statistiques p15)

Toutes choses étant égales par ailleurs, ce nombre devrait être plus important chez les femmes, en particulier parce qu’elles bénéficient d’une meilleure couverture sociale en tant que fonctionnaires :

Frick et Malo (2005) montrent que le nombre de jours d’arrêt moyen par salarié diffère fortement entre des pays européens aux caractéristiques socio-économiques pourtant comparables et qu’une grande partie de ces écarts tient au niveau de protection des salariés (p9 Irdes)

Les résultats empiriques montrent que le niveau d’indemnisation est positivement lié au taux d’absence (Frick et Malo, 2005 ; Bonato et Lusinyan, 2004 ; Chaupain-Guillot et Guillot, 2009), au nombre de jours d’absence pour maladie (Osterkamp et Röhn, 2007 ; Malo, 2005) ou à la durée d’arrêt maladie (Johansson et Palme, 2005, Ben Halima et Regaert, 2012, Galizzi et Boden, 2003, Spierdijk et al., 2009) (p12 Irdes)

Mais là, comme nous l’avons vu plus haut, les chiffres sont contradictoires. Il y a moins d’arrêts maladie dans certaines administrations publiques et pas dans d’autres. Il faudrait voir secteurs par secteurs ce qui motive l’arrêt maladie : meilleures conditions de travail, moins de volume horaire ou au contraire conditions difficiles et inadaptation de tel sexe au travail qui lui est demandé, même si pour les auteurs de l’Irdes, la longueur des arrêts maladie est corrélée avec un régime d’indemnisation plus ou moins favorable :

La fréquence des arrêts maladie et leur longueur dépendent de la catégorie du salarié et sont positivement corrélées au niveau d’indemnisation. (p18)

En ce domaine, les hommes s’arrêtent d’autant moins qu’ils sont bien payés. Comme si la conscience professionnelle jouait à plein pour eux, tandis que les femmes seraient plus centrées sur leurs besoins quel que soit le métier :

Une forte progression salariale de long terme tend à réduire la durée d’arrêt de travail, au moins pour les hommes (Ben Halima et Regaert, 2013) (p11 Irdes)

Centrées sur leurs besoins ou sur leur famille d’ailleurs. Quand il est constaté que plus de femmes choisissent des travaux à temps partiel, et que plus de personnes en temps partiel s’arrêtent, il est légitime de se demander ce qui joue :

Les individus travaillant à temps partiel ont une durée moyenne d’arrêt maladie plus longue que les travailleurs à temps complet (17,2 jours contre 15,1 jours). (p16 Irdes)

Un manque d’implication dans le travail dû à une absence de motivation personnelle n’est pas à exclure puisque dans le cas contraire, les personnes concernées désireraient prouver leur implication par une présence supérieure quoiqu’il arrive :

Plusieurs résultats empiriques vont dans ce sens comme, par exemple, Henrekson et Persson (2004) et Johansson et Palme (1996, 2002) qui montrent que les durées d’arrêt maladie sont plus courtes en périodes de chômage élevé. (p28)

Enfin, il est à noter que ces deux articles portent sur une période favorable à la plainte des féministes, une période où le taux de chômage des femmes était artificiellement supérieur à celui des hommes. Depuis la crise, les analystes ont pu s’apercevoir que la précarité professionnelle réelle touchait d’abord les hommes (sans même parler de précarité familiale). Or si la même étude portait sur la période actuelle, tous les chiffres ou presque deviendraient mécaniquement défavorables aux hommes. Au moment même où nos journalistes féministes dénoncent une situation discriminatoire en défaveur des femmes, ce sont les hommes qui souffrent le plus. D’autant que ces derniers sont plus dépendants socialement de leur insertion professionnelle… Là encore le féminisme qui prétend expliquer le monde avec son modèle de lutte des sexes, tombe complètement à côté de la plaque au moment le plus crucial pour nous : un moment de crise.

Tant que nous avions de l’argent, notre société pouvait se permettre de croire à la rigolade féministe. Désormais qu’elle a bien été cassée, il faudrait peut-être se demander si tout notre modèle intellectuel, social, familial et professionnel n’est pas complètement vérolé par cette religion qui n’explique rien, mais trompe beaucoup.

 

1 L’effet des arrêts maladie sur les trajectoires professionnelles, Insee avril 2015.

2 Quel est l’impact du système d’indemnisation maladie sur la durée des arrêts de travail pour maladie ? Irdes avril 2015.

3 « Arrêts de travail : l’entreprise pardonne-t-elle moins aux femmes ? », Figaro du 29/04/2015.

4 « Travail : les femmes pénalisées par leurs arrêts ? », Radin.com du 30/04/2015.

5 « Arrêts de travail : mieux vaut être un homme », Drapeau rouge du 01/05/2015.

Léonidas Durandal

Antiféministe français, j'étudie les rapports hommes femmes à travers l'actualité et l'histoire de notre civilisation.

View Comments

  • Mouais depuis qu'ils ont mis en place ces quotas à la con, non seulement les secteurs professionnels concernés se casse la gueule, mais en plus les hommes sont mathématiquement plus défavorisés que les femmes. Ainsi il y a plus "urgent" à mettre des quotas de femmes dans les sciences, le domaine de l'ingénierie et les maths, mais mettre des hommes dans le domaine de l'enseignement, de la justice ou même dans les secteurs publics comme les insituts que vous citez étudiant les arrêts maladie et leur impact sur la précarité.

    Donc forcément cela créé un fort déséquilibre. En plus de dépendre de plus en plus des femmes au lieu de se débrouiller tous seuls comme des adultes.

    Moralité, débarrassons-nous de ce fléau qu'est le féminisme 8)

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