Vous les aurez entendues autour de vous, de ces femmes qui vous interrogent sur vos choix politiques, car la présidentielle approche et qu’en vérité, elles se sentent un peu dépassées. Elles tâtent le terrain pour se faire une idée de la situation, auprès du maximum de personnes avec qui elles sont en contact, avec un a priori : voter pour Marine Le Pen. Beaucoup n’auraient jamais eu l’idée de lui accorder leur confiance il y a quelques années. Certaines votaient à gauche. Mais elles s’y sont faites, et devant la déconfiture, envisagent une forme de radicalité. Dans leur esprit, Marine Le Pen est la seule à pouvoir incarner une sorte de choix extrême, car non seulement elle occupe le paysage politique depuis plusieurs années, mais également parce qu’elle est une femme. Voilà qui n’est pas peu pour celles-là, effet ruche oblige.
En face, elles semblent délaisser une autre forme de radicalité, celle d’Eric Zemmour, dénoncé comme, inconnu, clivant et laid. Oui, je dis bien laid, beaucoup de ces femmes effectuant leur choix politique sur des critères physiques comme elles l’avaient déjà fait en élisant Emmanuel Macron, jugé jeune et vigoureux lors de la dernière élection présidentielle. Celles-là ne savent même pas qu’il est juif et pourtant détectent-elles chez lui comme une sorte d’incompatibilité, ignominieuse parce qu’elle leur serait étrangère. Je suis resté plusieurs fois coi devant cette réflexion qui m’était infligée. Et puis j’ai compris que telle était une des manières pour les femmes de produire de l’identique : dénoncer celui qui ne leur ressemblait pas, physiquement, elles qui enfantent.
Je ne trouve pas Emmanuel Macron plus beau qu’Eric Zemmour à vrai dire. Ce serait même plutôt l’inverse si je devais me pencher sérieusement sur la question. Cependant, notre président actuel personnifie assez bien une sorte d’envahisseur franc (yeux bleus, nez) qui aurait fait un régime, et qui saurait donc se contenir. Voilà à mon avis comment l’inconscient féminin français l’envisage. A l’inverse, le petit juif replié sur lui-même, bâtard brun-yeux clairs, éructant concernant la nécessaire filiation patriarcale, a tout pour faire peur à ces dames. Surtout qu’il est homme. A quoi se joue une élection moderne…
Mais l’opposition sur la forme ne s’arrête pas là. Le dit Eric Zemmour, à l’inverse de Marine Le Pen recrute plutôt du mâle, jusqu’à provoquer nombre de démissions dans les rangs de son alter égo. A l’inverse, le parti de Marine Le Pen a été épuré de tout élément à risque masculin. Les personnes à pulsions homosexuelles y ont pris le pouvoir. Seuls survivent quelques garçons liés au clan de manière tribale comme Jordan Bardella.
La caricature politique n’en est pas moins nette que la caricature personnelle. D’un côté, un parti tribal qui défend pourtant une représentation nationale, issue des conceptions ethno-identitaires de son fondateur. Avec à sa tête une déesse mère. De l’autre un tribal conservateur, ethno-nationaliste par reconnaissance envers ces institutions à qui sa famille doit beaucoup, dans le fond étatiste et socialiste laïcard. A une autre époque, ce mâle entreprenant aurait été rad-soc. Les deux recrutant selon des critères sexués stricts entre conception masculine et féminine de la politique, voire du monde.
Normal dès lors qu’entre papa et maman, le coeur des enfants français balance. Même beau-papa hésite à choisir son gendre plutôt que sa traître fille, qu’il a installée. La déchirure est complète, le divorce latent. D’un côté l’homme dynamique dans ce qu’il pourrait renouveler la scène politique, et nous faire échapper, un peu, à l’horizon de corruption généralisée socialiste, système passé d’une conception nationale à une conception internationale du pot de vin. De l’autre la maman, héritière de la ruche, l’Angela Merkel française, qui soignerait la nation à coup de petites mesures pleines de bon sens. Tentant de par son côté rassurant.
Mais comme dans un divorce, il pourrait s’avérer que le jugement électoral ne convienne à personne. Il vaut mieux un mauvais accord qu’un bon procès dit l’adage populaire. Les défenseurs des deux camps l’ont bien senti, eux qui essaient de modérer les attaques des uns envers les autres, retenant les coups autant que possible. Ils pourraient même gagner l’élection ensemble en incarnant un joli couple à la française, moderne j’entends : elle, l’enracinée, aryenne. Lui, l’étranger valeureux, ténébreux. Un vrai compte de fées progressiste qui ravirait jusqu’aux plus sceptiques des communistes au second tour.
N’en reste pas moins qu’il faudra y arriver à ce second tour tandis que les disputes conjugales grèvent les espérances des unes et des autres, quand l’électorat n’est pas divisé en nombre. Et qu’ensuite, il faudrait encore s’entendre pour gouverner. Mariés au premier regard, de force, ce couple qui ne se connaît pas, ne sait pas bien comment fonctionnerait leur vie domestique. Les Français le savent encore moins. Et pourtant, l’intérêt de la nation le commande diantre !
Pour réduire toutes les incohérences internes de ces deux personnages, ce mariage arrangé ne serait pas de trop. Comme dans un couple, maman et papa ne fonctionnent pas à l’identique, il faut pourtant que les décisions soient prises en commun et que la famille avance, dans la complémentarité, n’en déplaise à Marine et à ses idées très LGBT compatibles ! Eric a dû se faire une place à côté de mémère qui voulait occuper tout l’espace. Il devait agir en ce sens. Les femmes ont toujours cette tendance, surtout dans notre modernité. Le second tour devra montrer que chacun des deux parents est capable de se la jouer adulte, en faisant une place à l’autre, pour le bien de tous ! Reste à savoir s’ils en seront capables… ou s’ils sombreront dans une modernité conjugale décevante.
Marine et Eric ont un avenir radieux ensemble s’ils savent faire fi de leurs petits egos. Papa à la présidence et maman à la cuisine gouvernementale. Alors seulement une majorité de Français pourra leur faire confiance. Sinon, ils incarneront la séparation, ce qui fait intérieurement horreur au plus dégénéré des progressistes. Je le répète, ils ne peuvent réussir qu’ensemble ! Les Français le veulent ainsi ! Quant à ce pays, vous aurez compris qu’il restera bien mal en point car il rechigne à évoluer dans ses conceptions politiques, envisageant toujours une nouvelle forme de socialisme au lieu de vouloir changer de logiciel. Nos deux tourtereaux ne semblent pas devoir changer cette donne. Les peuples et ceux qui les représentent avancent si doucement en période de décadence…
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