L’ acronyme Men Go Their Own Way, désigne ces mâles déçus par les relations hommes/femmes dans notre société moderne, et qui ont décidé de réagir en :
_ Prenant les femmes pour ce qu’ils imaginent être.
_ Ayant une attitude franchement indépendante de ces dernières.
Ce mouvement nous vient des Etats-Unis où il s’est développé de manière empirique sur internet face à l’échec cuisant des relations hommes/femmes modernes basées sur la rencontre des désirs individuels. Il est difficile de comprendre le mouvement MGTOW sans cela. Des garçons éduqués par un système féminisé -mères toutes puissantes, enseignantes incompétentes et/ou détraquées, médias complaisants- leur a vendu le mariage d’amour comme la panacée universelle, et le féminisme comme une libération. Arrivés à l’adolescence, beaucoup se sont aperçus qu’il leur était demandé beaucoup d’efforts, alors qu’en échange, des femmes vénales profitaient de l’éducation qu’ils avaient reçue.
Le MGTOW vient donc en réaction à ce que beaucoup d’hommes considèrent comme une duperie. Engagés par amour, ils sont majoritairement quittés, ne semblant satisfaire aucune de ces dames. Mariés, ils divorcent, perdant de vue leurs enfants mais devant continuer à financer une famille qui n’existe plus pour eux, dans un monde où il leur avait pourtant été certifié que les femmes étaient indépendantes. Divorcés, cherchant à briser la solitude, ils doivent assumer l’éducation et les besoins matériels des enfants d’une nouvelle compagne, sans pour autant être reconnus de ceux-là. Quittés de nouveau, il ne leur reste plus rien.
Si un jeune homme des années 70 pouvait se nourrir d’illusions quant au chemin qu’il allait suivre, il est de plus en plus difficile de tromper un jeune homme d’aujourd’hui. La société féminisée, l’a ramené lui et la femme, à l’état de bête, dans une meute où des femelles se reproduisent sur le dos de la partie masculine de la société (par la fiscalité, les lois sur le divorce et leur prévalence dans les relations inter-personnelles sur les hommes). A côté, il y a la baise, de plus en plus séparée d’un engagement vrai.
Le constat est clair. Il est celui d’une faillite complète de notre civilisation qui n’arrive même plus à se reproduire sans faire appel en majorité, à des éléments qui lui sont étrangers.
Si j’approuve l’analyse, je pense que la réaction Mgtow participe plus au problème, qu’elle ne le combat.
La vision du couple
Dans les temps anciens, une part plus grande était faite au choix des parents. Ces derniers donnaient leur avis avant l’union de leurs enfants, voire les incitaient clairement à faire tel ou tel choix. Après avoir ridiculisé ce genre d’union, désormais, notre société pourrait en comprendre la nécessité. Si une famille veut survivre, tant physiquement que spirituellement, elle a besoin du regard expérimenté de ses aînés. Des enfants de 15, 20, et aujourd’hui de 25-30 ans ont rarement le recul nécessaire pour savoir à quoi ils s’engagent et avec qui, pour toute une vie. Devant les difficultés, nos âmes trompées accusent l’autre sexe de tous les maux. Du côté des féministes, l’échec s’explique par un refus des hommes de renoncer à leurs privilèges dans un monde où nous n’avons plus vu l’ombre d’un père depuis des décennies… Du côté des MGTOW, les femmes sont accusées de réagir selon leurs intérêts en singeant une forme de romantisme. Les uns comme les autres idéalisent la femme, ou l’ont idéalisée. Trompés par leurs fantasmes, les féministes refusent de se remettre en question. Pour leur répondre, les MGTOW veulent en revenir à des considérations strictement matérielles et objectives.
Or que ce soit pour les féministes ou les Mgtow, ou pour tout autre personne, la réalité s’impose. Si le fantasme égalitaire des féministes relève du délire, le culte de la raison MGTOW n’en est pas moins qu’une vérité partielle. La réalité n’est pas une utopie que nous pourrions réduire à nos désirs individuels, même tangibles.
Dans cette société de la consommation matérialiste, il est bien difficile d’aller au-delà du mensonge, et de s’en sortir par le haut sans y participer. Ainsi, dans un monde où les hommes sont les dindons de la farce féministe, les Mgtow entendent consommer les femmes, ou bien ne plus du tout les fréquenter. Ils prennent la partie de leur matérialisme comme un tout, l’accepte et le font leur, sans considérer que la vie doit être envisagée comme matérielle, en partie. Le puritanisme féministe de l’indépendance des femmes, fait ici écho à celui d’hommes qui les accusent de promouvoir un monde où seuls les plus forts survivent. Mais c’est toujours cette même caricature. Cette aspiration à la pureté est la plaie de l’humanité. Elle l’empêche de se regarder telle qu’elle est et de nous accepter avec nos défauts, pour tenter de progresser, un peu. Le Mgtow ne veut pas voir que le matérialisme dont il accuse les femmes fait écho à son propre renoncement. Devant le combat, il baisse les bras, cédant tout au mal dans une politique de la terre brûlée, qui le pense-t-il, forcera les femmes à changer. Un suicide n’a jamais changé quoi que ce soit, sauf en mal.
Le couple pour les féministes
Les féministes qui vouent un culte à l’indépendance de la femme n’ont pas compris que l’indépendance était une utopie qui n’a jamais existé et qui for heureusement n’existera jamais. Hommes et femmes sont liés dans leur couple, par leurs enfants, par leur travail, par leurs revenus. Mais ils sont aussi dépendants d’une entreprise, d’un patron d’un homme politique, qui en retour, est dépendant d’eux. Seule l’émergence d’une classe moyenne forte a pu s’entretenir d’illusions sur le sujet. L’indépendance est un concept inventé de toute pièce, à mi-chemin entre l’autonomie et la liberté, mais qui n’existera jamais.
Baser des raisonnements, dont le couple, sur l’indépendance est à ce point ridicule, que pour y arriver, notre société a été obligée de se détruire. A chaque fois qu’une femme gagne son indépendance, elle le fait en esclavageant un homme par des lois et de l’imposition, homme qui en retour, deviendra de moins en moins humain, ce qui ne manquera pas de la laisser insatisfaite tout en étant dénoncé comme domination patriarcale par les féministes. La dialectique entre Mgtow et féministes est en ce sens significative, tout comme celle de ces nombreux couples qui se déchirent au moment du divorce. L’un reproche à l’autre ce qu’il est pour mieux esquiver la question de son propre rôle dans la société.
Le couple pour les MGOW
Le mâle alpha serait l’objectif de femmes qui vendraient leur cul pour n’importe lequel de celui-là. Quant aux hommes, ils seraient attirés par des femmes jolies et en bonne santé, chacun des sexes essayant d’obtenir chez l’autre ce dont il aurait besoin pour se reproduire. Cette vision simplificatrice qui a pour but de nous soulager de questions obsédantes, nous éloigne de notre humanité.
Nous suivons bien des considérations animales, mais pas toujours. Le malentendu entre hommes et femmes est là. L’argent et le statut social agissent sur les femmes comme un excitant équivalent à celui d’une belle paire de nichons pour un homme. Cependant, cela veut dire attirance, et surtout pas amour. Tel est le premier quiproquo. Hommes et femmes, dans un système individualiste, ne se rencontrent pas sur cette base. Dans un tel cas, ils veulent profiter l’un de l’autre, qui d’une nuit d’amour, qui de dépenses somptuaires, mais avec un mépris profond pour celui dont ils ont abusé ou qu’ils ont abusé.
Les vraies aspirations de l’homme et de la femme
Ainsi, l’homme qui obtient tout d’une femme trop rapidement, souvent du sexe, finira par la considérer comme une traînée. Elle pourra être la plus jolie fille du monde, rien n’y changera. Très vite, il aura du dégoût pour elle, car elle lui renverra l’image d’un homme qui n’a rien de particulier et qu’il a choisi pour de mauvaises raisons. Si l’homme aspire à une jolie femme dans ses fantasmes sociaux, par contre, sa vie intérieure se nourrit d’une femme pour qui il sera quelqu’un de particulier dans la réalité, une femme qu’il puisse respecter pour avoir des enfants avec elle, une femme qui ressemblera à sa mère idéalisée.
Il en est de même pour les femmes avec l’argent. Très vite, les femmes finiront par mépriser celui qui croit que sa richesse seule saura la combler. Bon, cela arrive parfois un peu tard chez certaines, souvent quand elles ont pris en assurance et gagné en sécurité, après avoir engagé leur compagnon dans une paternité. Cependant, à partir de ce moment là, la matérialité de l’homme la renverra immanquablement à son propre vide. Dans un système libéral, la rupture sera inévitable. Je me demande même à quel point l’image des femmes vénales n’est pas là pour rassurer des hommes faibles, et combien l’image d’hommes guidés par leur sexe n’est pas tout aussi confortable pour les femmes. Or ces deux caractéristiques sont aimées comme des défauts chez l’autre. Leur satisfaction aboutira à une relation basée sur l’inévitable victoire d’une déchéance.
Je pense en particulier à tous ces hommes qui se suicident quand ils perdent leur travail tandis que leur femme le supporterait très bien, qu’elle attendrait autre chose qu’une réaction d’orgueil, de se serrer les coudes dans les difficultés par exemple, ce qui saurait la rassurer probablement plus que la réussite. Les gains monétaires sont aléatoires, la solidarité ne l’est pas…. Mais ce genre d’homme tient plus à son image et surtout à celle de la femme en général, qu’à leur donner une vraie sécurité en forme d’espérance. Ainsi ceux-là n’en sont-ils que plus faibles. « Heureusement » dans notre monde, les hommes perdent plus souvent leur travail après avoir été quittés, qu’ils ne sont quittés après avoir perdu leur travail. Mais même dans ce deuxième cas, je crois que leur incapacité à se définir en dehors du monde du travail est plus en jeu que leur stricte déchéance matérielle. Les hommes qui croient que les femmes sont vénales prennent l’effet pour la cause. Elles aiment la sécurité dont l’argent découle, pas l’inverse. Je pense aussi à ces femmes qui subissent opérations chirurgicales sur opérations chirurgicales pour garder leur éternelle jeunesse, tandis que leurs hommes chercheraient une relation humaine. Elles comblent leur propre vide, pas celui de leur homme, en cherchant à se rendre désirables. Car ces maris qui découchent pour aller vers de plus jeunes, ne sont pas déçus par leur femme. Ils ont surtout nourri d’un complexe d’infériorité dont une petite jeune va, le croient-ils, les guérir.
Bien souvent la réalité fantasmée par les hommes et les femmes est tout à l’inverse de ce qu’ils imaginaient. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les hommes finissent par détester ce côté animal qui leur fait courir derrière le moindre jupon. Ils finissent par avoir conscience de l’esclavage qui est le leur. De même, les femmes finissent par comprendre combien l’attrait pour l’argent est ridicule, en particulier dans un monde qui n’a jamais tant crevé de richesses. Alors réapparaissent des aspirations plus nobles qui vont détruire le couple au moment où elles auraient dû participer à le construire.
Les vraies raisons d’un couple
Contrairement à ce que suggèrent les Mgtow, dans un monde libéral, nous choisissons nos partenaires pour des raisons complexes, même si les considérations matérielles n’en sont pas absentes. Ce seront d’abord des raisons spirituelles, psychologiques, d’entre soi (classes sociales qui se reconnaissent et ont les mêmes codes), et enfin à la marge, matérielles, qui sauront émouvoir hommes et femmes. Souvent, les personnes pour lesquelles nous sommes émus sont rares, et de plus en plus avec l’âge et l’expérience. Certains ont un coeur d’artichaut, oui, mais même ceux-là ne s’engageront qu’avec un nombre très limité de personnes, voire une seule. Cette personne là sera très particulière à leurs yeux, et s’ils se séparent, ce ne sera pas par manque de grâce de la femme, ou par impécuniosité de l’homme, mais surtout un manque de valeurs partagées, d’éducation commune, de complémentarité et d’incapacité à faire des efforts pour l’autre. L’argent ne donne rien de cela.
Pourquoi la société du divorce
L’incompréhension grandissante entre hommes et femmes est le fait d’une insécurité institutionnelle, sociale, affective, d’un monde qui dénie à l’humain sa toute éternité. Ainsi, les Américains organisent-ils des « dates » très codés, censés baliser ce chemin devenu de plus en plus escarpé. Notre monde étrange recrée les mariages arrangés sous forme de tournois en mimant la danse de l’amour. Mais ces rencontres ne permettent ni l’abandon des mariages arrangés, ni l’abandon au sentiment amoureux. Car l’amour ne se décide pas, il s’accueille. Ce volontarisme des « dates »détruit ce qu’il a la prétention de créer : la relation de couple. L’autre vu comme un objet interchangeable, devient objet interchangeable. A ce point, une majorité de ruptures sont inévitables, l’exception n’étant pas la règle.
Si les MGTOW voulaient être cohérents avec eux-mêmes, ils devraient prôner un retour au mariage arrangé strict, décidé par leur famille, puisque cette question matérielle semble centrale pour eux. Et même s’ils en venait à cette forme de cohérence idéologique, il faudrait qu’ils prennent conscience que cela ne réglerait en rien les questions humaines que tout couple doit nécessairement affronter. D’où leur tentation de rester seuls pour suggérer aux femmes : nous sommes encore désirables. Et revenir à l’ancien temps. Le Mgtow ne manque pas de justice, il manque de reconnaissance.
Un mariage protecteur des couples
Le drame aujourd’hui, est celui de l’insécurité institutionnalisée dans les couples au nom de l’indépendance de la femme. Il serait bon que nous renversions du tout au tout les principes qui nous ont conduit à l’échec actuel. En ce sens, il faudrait réfléchir à une société qui gérerait les relations de dépendance au mieux, au lieu de faire comme si elles n’existaient pas. En premier lieu, il faudrait légiférer sur l’idée d’un contrat de mariage indissoluble, véritablement protecteur des familles, parallèle aux autres contrats de mariage. Nous ne pouvons continuer à favoriser le manque d’engagement et la séparation pour éviter des situations dramatiques qui auraient pu se gérer par des séparations de corps. Suggérer aux hommes et aux femmes de ce pays qu’ils pourront avoir plusieurs vies, plusieurs familles et que tout se passera pour le mieux dans le meilleur des mondes, est un mensonge éhonté. La plupart d’entre nous ne pourra assumer qu’une famille au cours de son existence, et son délitement nous poursuivra à jamais. Autant que nous sachions à quoi nous nous engageons et que cette famille à laquelle nous allons nous donner, soit protégée.
MGTOW : une réaction dans le sens du féminisme en forme de suicide
La réaction MGTOW est celle d’un enfant abusé qui se retourne contre sa mère symbolique et qui lui dit « Tu m’as trahi, je ne veux plus de toi. Désormais, je ne participerai plus à cette mascarade. » Il n’a pas forcément tort dans son constat. Mais il va dans la mauvaise direction. Ce faisant le Mgtow est toujours à même de participer au délitement des relations hommes/femmes dont il a particulièrement souffert. Car en accusant les femmes d’être ce qu’elles sont, même si le nombre de connasses a crû de manière exponentiel ces derniers temps, le MGTOW soutient le féminisme qu’il dit combattre. Ces femmes qu’il dénonce, n’ont-elles pas eu un père par exemple ? Or la faiblesse des hommes ne l’interroge pas. Elle le ramène à sa propre impuissance et ses propres illusions. Il ne la conçoit pas dans un système féministe qu’il faudrait combattre politiquement, car cela le remettrait profondément en question. Il préfère s’adapter individuellement, changer d’attitude et demander aux autres de faire de même, pour conserver une bonne image de lui-même. Intérieurement, il est resté un puriste.
Bien entendu, le Mgtow n’en est plus au stade de l’enfant féminisé et immature, ce que j’appelle un chevalier maman, ce qu’il appelle un chevalier blanc, qui n’a même pas conscience de toute la dialectique inter-personnelle, entre hommes et femmes, qui se joue actuellement, ou bien qui la refuse en cherchant à rester enfant. Cependant, il n’en est pas encore homme. Pour cela, il lui faudra acquérir la vertu d’espérance et combattre pour un monde meilleur. Il lui faudra aussi accepter l’ambivalence des êtres humains et notamment des femmes, qui sont faites d’ombres et de lumière. Enfin, il lui faudra analyser sa faiblesse pour en faire une force collective et ne plus vouloir se sauver individuellement en attendant que secrètement, les femmes se décident à changer. L’éternel féminin est une évidence au-dessus de laquelle un homme digne de ce nom doit savoir se placer.
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