Les syndicats enseignants passent leur temps à protester contre chaque mesure gouvernementale jugée totalitaire ou inadaptée pour l’école, et à envoyer pour ce faire, des messages aux écoles. Avec la théorie du genre, plus question de contestation. Les masques sont tombés, encore une fois. Le syndicat majoritaire relaie le totalitarisme gouvernemental et on apprend même qu’il avait fourni aux enseignants, avant l’élection de François Hollande, un dossier pédagogique complet pour accompagner les dispositifs ministériels en termes de lutte contre les inégalités entre hommes et femmes :
Document général (signé par presque tous les syndicats) :
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/Ecole_primaire_et_LGBT.pdf
Document de base (fabriqué par le syndicat enseignant majoritaire):
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/document_telechargeable-2013-30-05.pdf
Je ne vous raconte pas combien l’élaboration de tels dossiers (presque 200 pages pour le plus volumineux) a dû coûter. L’Etat et les syndicats enseignants vivent en symbiose entre eux, et en parasite sur le dos du reste de la société.
Sur cette affaire particulière, les messages envoyés aux écoles par les syndicats ont été d’une toute autre nature que ceux dont ils ont l’habitude. Fini la contestation pour la défense d’intérêts corporatistes et matériels. Affolés par la dénonciation publique de Farida Belghoul sur la théorie du genre dans les écoles (JRE2014) qui les concernait effectivement, les syndicats se sont défendus en masquant leur rôle idéologique réel et en accusant les « zextrémistes proches de la droite » à droite tentant de rallier ainsi, idéologiquement, le corps enseignants. Fini aussi les questions d’augmentation de salaire, de décharges de direction, de réduction du temps scolaire et autres résultats de mouvements négociés, nos chers professeurs ont eu droit à la « préservation de notre noble école et de ses valeurs républicaines ». On rigole et de nombreux enseignants encore lucides, ont dû bien rigoler aussi, même si cette franche tranche de bonheur a dû être compensée par la peur de voir les parents jeter un œil sur leurs enseignements.
Syndicats par syndicats.
Du côté du SNUIPP, le syndicat majoritaire, même stratégie que le gouvernement au sujet de la « théorie du genre » : le déni. Dans ce billet du SNUIPP du 30/01/2014 à l’attention des enseignants, cette « théorie » ne semble être qu’une « rumeur scandaleuse » :
Et dans la lettre aux parents qui accompagne ce billet, il n’est même plus fait mention du terme « homosexualité » :http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/30_01_14_mot_destine_aux_parents.pdf
Le syndicat SNUIPP n’ose plus employer ce terme, ni celui de « lutte contre l’homophobie » qui n’aurait plus qu’un lointain rapport avec « la lutte pour l’égalité hommes-femmes ». Et pour cause. En rappelant que dans l’idéologie du genre, ces concepts sont liés entre eux, il aurait fallu expliquer en parallèle aux enseignants que la réalisation de ces objectifs passaient nécessairement par un nivellement des comportements entre filles et garçons. Et là, on aurait pu en conclure logiquement que cette lutte pour l’égalité nous menait vers la pente dangereuse de l’indifférenciation entre filles et garçons dénoncée si justement par Farida Belghoul. Il aurait fallu affronter des parents sourcilleux qui sont une « chance pour la France » quand ils votent PS, et deviennent subitement « des parents gênants voire irresponsables », comme j’ai pu le lire dans certains commentaires de journaux de gauche, quand ils rappellent aux enseignants qu’il n’est pas du rôle de l’école de faire l’éducation genrée de leurs enfants, ni même leur éducation sexuelle. Disparue donc la lutte contre l’homophobie dans les documents à l’adresse des parents et des enseignants, et bonjour la lutte ABCD pour l’égalité ! (pourtant basée, elle-aussi, sur le concept de genre)
Idem du côté de la SE UNSA dans son courrier aux écoles du 30 janvier 2014
« La théorie des genres n’existe pas. »
La CGT éducation, elle, se la joue super stratégique : pas de référence à la théorie du genre dans le courrier pour les parents, pas de référence au document SNUIPP (syndicat adverse), et surtout ne prévenir les parents que dans les écoles où la journée de retrait a été suivie, pour éviter la contagion bien entendu ! La lettre de la CGT renvoie directement au dispositif ABCD égalité,
et cette lettre n’assume même pas les termes des documents qu’elle a pourtant signés en tant que syndicat :
La « théorie du genre est une campagne d’intox… pour que les inégalités perdurent » dixit un mail de la CGT aux enseignants datant du 02/02/2014.
Rien que ça. On les dirait aux abois les pauvres. Ils reculent, ils se cachent, ils accusent les autres, les autres, toujours les autres… Il faut dire qu’en matière d’égalité, si on étudiait de plus près l’idéologie véhiculée par ces syndicats depuis 40 ans, et les résultats qu’on peut leur attribuer, Manuel Valls se verrait obligé de faire voter leur dissolution. Car on dit que les milices d’extrêmes droite font du mal à la France en matière d’égalité, mais bien moins que tous ces syndicats enseignants qui ont été le relais de l’échec scolaire d’un système qui fonctionnait bien mieux quand il était encore calqué sur celui de l’école libre (méthodes d’apprentissage, rôle de l’élève et du maître, place des hommes et de Dieu, morale laïque entièrement calquée sur la morale catholique, reprenant même des textes de l’Ancien Testament).
Si au moins, ces syndicats avaient été honnêtes et francs du collier, cet incident sur la théorie du genre aurait été pour eux l’occasion rêvée d’expliquer à tous les parents leur démarche pédagogique et notamment que cette « école primaire a un rôle déterminant à jouer pour éduquer, sensibiliser et prévenir, (en matière d’)éducation à la sexualité et aux notions de genre »les élèves(p2 document général).
Pourquoi ont-ils voulu cacher aux parents leurs objectifs ?
Il est vrai que ce genre de phrases contenu dans le document syndical : « l’étude et le respect de la diversité demandent que ces évocations (l’approche de l’homosexualité et des questions de genre à la maternelle) puissent être effectives, lorsqu’il en est besoin, dans les albums de littérature jeunesse, lors de la reprise des insultes, en éducation à la sexualité, lors de la prévention des discriminations, lorsque les élèves abordent ces questions, etc… » (p4 document général) mises en corrélation avec ce genre d’album :
, auraient pu faire tiquer certains parents qui seraient tombés dessus et que l’explication qui leur aurait été donnée pour justifier l’emploi généralisé de tels concepts pédagogiques dans l’école publique ou privée sous contrat, aurait pu se révéler acrobatique.
Si on rajoute aux nombreuses imprécisions scientifiques du document pédagogique que pour eux « l’homosexualité, la transgression du genre, tout comme l’homoparentalité ou la transparentalité doivent être abordées intelligemment sans les considérer comme tabous et sans vouloir le faire à tout prix » et surtout qu’ « Il importe donc de donner une image positive de l’homosexualité et de faire disparaître ces préjugés. » (p6 document général), effectivement, il valait mieux cacher la vérité aux parents. Bon nombre d’entre eux à la lecture de telles déclarations, auraient pu vouloir retirer leurs enfants avant qu’on ne les dévoie, et pas seulement une journée par mois.
En fait, je crois que les syndicats ne sont pas encore capables d’assumer leur orientation genrée. Ils devraient pourtant faire un effort pour donner l’exemple… même si ce n’est pas facile. En effet, la théorie du genre est un concept sans base scientifique réelle qui, niant la complémentarité des hommes et des femmes, nous conduit à une aberration pédagogique sans nom et à un pari fou : parler d’homosexualité à des enfants quitte à tuer toute pudeur chez eux et ceci dès la maternelle pour réduire plus tard, de pseudos inégalités entre filles et garçons.
Si « ces études (de genre) se sont historiquement heurtées, et se heurtent toujours, a de puissants discours essentialistes qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes a un substrat biologique, a un invariant « naturel » ». (p17 document de base), il y a peut-être des raisons à cela, plus objectives et plus scientifiques d’ailleurs que celles énoncées par le cerveau malade d’une lesbienne américaine et reprises dans ce genre de document.
Car quand on peut lire dans un rapport qu’ « Il s’agit donc de déconstruire la complémentarité des sexes pour transformer en profondeur la société. » (P24 document de base), il est normal de s’inquiéter sur la rigueur scientifique entreprise, qu’on soit intellectuellement pourvu ou pas. Ce lexique énoncé avec légèreté évoque bien à celui qui possède un tant soit peu de mémoire historique, une période du 20ème siècle où des fous sanguinaires se sont mis en tête de changer l’homme, se targuant de faire le bonheur de tous, et tuant par là-même des millions de personnes.
Non, « Apprendre et éduquer l’individu à respecter la personne et sa différence y compris dans sa revendication d’identité de genre » (p6 du document général) n’est pas une mission de l’école. La « revendication d’identité de genre » est au mieux une question psychologique, au pire, une question politique. Mais jamais au grand jamais, elle ne doit se traduire en termes de pressions sur des enfants innocents et stables qui n’apprennent même plus les apprentissages de base dans une école qui a pourtant la prétention de changer le monde. L’école moderne publique tyrannise psychologiquement les enfants sains mais se révèle incapable de les instruire. Elle a la prétention de les éduquer quand elle ne possède même pas des connaissances psychologiques primaires (1). Elle dit fuir toute autorité, mais elle étend sa norme de manière insidieuse pour pervertir une génération entière et la faire penser comme elle en a envie. On ne rend pas libre un élève ainsi. On n’essaye pas de faire du handicap une norme, pour prouver à l’enfant que l’handicapé est normal. Un handicap, cela ne se copie pas, cela se soigne, cela se prend en charge, cela s’accepte, quand on est devenu adulte et sain. Un enfant, lui, a besoin de la force des adultes pour grandir pas de leurs démissions. Quand une Réjane Sénac (professeur de sciences politiques, membre du CNRS) remet en question les écrits de Jean-Jacques Rousseau en matière de pédagogie sans prendre de pinces (p23 du document général et critique de « l’Emile ou de l’éducation »), elle montre toute l’étendue de son inculture et se révèle ainsi incapable de comprendre quoi que ce soit à un élève. Que ce genre de déclaration puisse être reprise telle quelle, et sans honte par le syndicat enseignant majoritaire, montre le niveau de faiblesse auquel notre élite intellectuelle est arrivée. Que tous ces prétentieux arrivent seulement au niveau d’écriture de monsieur Jean-Jacques Rousseau, et on en reparle ensuite. En attendant, qu’ils lâchent nos enfants.
1 « L’école féminisée leur échappe », Aimeles du 19/09/2012.
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