Voici des mois que la gène s’est installée entre nous. Tu sais très bien quel a été mon engagement contre la dénaturation du mariage. Nous nous sommes évités pour ne pas avoir à nous affronter.
De ton côté, je sais que tu aspires à vivre comme tout le monde. Tu es en couple, tu t’es pacsé, et tu ressens comme une blessure profonde l’attitude de recul qui est la mienne.
Sache qu’en tant que catholiques, nous ne sommes pas toujours à la hauteur du défi que Jésus nous invite à suivre. Les mots nous manquent parfois, ou la franchise du cœur, et la lâcheté peut guider certaines de nos actions. Quand les mots me manquent comme pour te parler, je préfère mettre de la distance en attendant qu’ils viennent. Je sais que c’est blessant pour l’ami avec qui j’avais l’habitude d’entretenir de bonnes relations, et qu’il va en souffrir, mais certaines natures pudiques comme la mienne ne peuvent pas faire mieux.
Cependant, j’ai décidé que cela ne pouvait pas durer. Mon silence entretient l’ambiguïté, et loin d’avoir résolu le problème, il n’a fait que l’amplifier. Désormais, nos amis communs sont aussi gênés que nous le sommes. Certains pensent qu’ils doivent prendre position pour te soutenir, parce qu’humainement, cela leur est impossible de te faire souffrir. C’est aussi pour eux que j’écris. Il semble que certains homosexuels aient décidé de mener une guerre contre les opposants à la dénaturation du mariage, et qu’ils se soient mis en tête d’obliger leur entourage à les rejoindre dans leur intolérance. Si tel est le cas pour toi et nos amis communs, comme j’ai pu le sentir en de rares occasions, sache que j’ai bien l’intention de dénoncer de tels procédés à chaque fois qu’ils me seront révélés et que cela fait aussi partie de mon combat.
En tant que catholiques, nous évitons autant que possible de mélanger personnes et idées/comportements. Nous nous devons d’accepter, en toutes circonstances, ces premiers, et de soumettre à notre Foi ces seconds. Car le combat de personnes ne mène qu’à la censure, et pire, dans les époques de trouble, à l’anéantissement. Je t’invite donc à t’interroger, et ce sera ma première remarque, sur ces amis qui te soutiennent quoi que tu fasses ou quoi que tu penses, ou sur lesquels tu exerces un chantage pour qu’ils fassent pression sur des gens comme moi. Interroge-toi, peuvent-ils prétendre à la qualité d’amis ? Non, ce n’est que lâcheté. Ils le font pour te faire plaisir, ni pour te rendre heureux, ni parce qu’ils sont dignes de leurs idées, s’ils en ont. Les idées ne doivent jamais amener au mépris des autres. Cependant ce refus du mépris ne peut être une caution pour accepter n’importe quel comportement. Si tu as la même opinion élevée de l’amitié que je m’en fais, tu comprendras. Tu sentiras à quel point tu ne pourras compter sur leur lâcheté en cas de coup dur, combien vos relations sont basses, et à quel point en d’autres circonstances, tu as pu ou tu pourras être victime de ce genre de lâcheté. Je ne te cautionnerai pas dans ton comportement homosexuel, mais sache que je te respecterai toujours en tant qu’humain, que je distingue bien les deux, et que tu pourras toujours compter sur moi dans ce cadre.
En effet, je considère que ta sexualité n’a pas à interférer dans nos relations. Et c’est bien là où le bât blesse. L’homosexualité, n’est qu’une sexualité pour moi. Cette sexualité ne peut prétendre vouloir constituer famille. Je sais, tu as de nombreux exemples d’hétérosexuels autour de toi, qui ont fondé famille sur leur sexualité. Cela ne te donne pas raison, ni à toi, ni à eux. D’ailleurs, dès que le désir sexuel a disparu chez ces derniers, tu les as vus se séparer aussi rapidement qu’ils s’étaient mis en couple. Ceux-là ont fait souffrir leurs enfants à cause d’un comportement immature et je ne cautionnerai jamais une telle attitude chez toi ou chez eux. Cependant, ils ont respecté la loi naturelle, ils ont donné l’exemple de l’altérité à leurs enfants, et qui pouvait dire qu’il n’y avait que le sexe entre eux ou que leur histoire était forcément vouée à l’échec ? En ce qui les concerne, même s’ils sont sortis du cadre, la souffrance qu’ils ont infligée à leurs enfants, n’était pas totalement prévisible et ne pourra jamais leur être reprochée a priori. Certainement une part d’humanité les guide toujours et les appelle à s’aimer dans l’altérité en respectant leurs engagements s’ils en ont pris, au-delà même d’attirances sexuelles vaines.
Ensuite, si je traite moins durement les couples hétérosexuels qui ont basé leur couple sur le sexe, sache que je ne mets pas au-dessus de votre condition, les mères célibataires qui se font engrosser par pur égoïsme et qui vivent bien souvent, sur le dos et l’affection de leurs enfants. Entre une absence d’exemple pour des enfants, et un exemple que je considère comme mauvais, je n’ai pas envie de choisir. Pour moi, une famille ne peut être constituée à la base que d’un homme et d’une femme, seuls à pouvoir devenir père et mère, même si les circonstances de la vie ne le permettent pas toujours.
Tout cela pour te dire qu’il ne s’agit pas pour moi de placer les pulsions homosexuelles à part. J’inscris ma réflexion dans un système cohérent de valeurs, et non dans une « homophobie » quelconque dont beaucoup de tenants de la dénaturation du mariage nous ont affublés par préjugé ou une mauvaise foi parfois intéressée. Les limites que j’entends bien mettre à notre relation ne te concernent donc pas spécialement, mais concernent aussi toutes les personnes dont je jugerais que le comportement s’attaque pour moi, à la famille et aux enfants, qu’ils soient hétérosexuels ou pas.
Mes limites personnelles.
Si tu t’appropries les enfants d’une femme, si tu les prives de mère, sache que tu n’obtiendras jamais mon consentement. Si tu obliges tes enfants à comprendre et intégrer la vie sexuelle particulière de leur papa, question qui ne les concerne pas, surtout eux qui sont nés de l’altérité d’un homme et d’une femme, sache que tu connaîtras une opposition de principe de ma part. Je fréquenterai les enfants que tu te seras appropriés ou à qui tu auras parlé de choses indécentes, pour qu’ils sachent bien un jour, que je ne suis pas d’accord avec les blessures intérieures qu’on leur aura infligées, mais aussi pour les ouvrir à la parole de Dieu si possible, et surtout leur offrir une perspective de vie différente. Si tu le veux bien et si tu acceptes un tant soit peu d’altérité, nous nous fréquenterons à cette occasion. Si j’ai aussi assez de force pour ce faire. Car tu devras me pardonner ma faiblesse et mon manque d’espérance bien des fois. Je ne suis pas toujours aussi fort que je voudrais l’être pour être présent en toutes circonstances. Par contre, faible ou pas, je ne cautionnerai pas quelque union que ce soit avec ton partenaire, ni mariage, ni pacs. Si tu veux me le présenter un jour, je le considérerai dans son humanité mais jamais comme ton mari ou ton conjoint. D’ailleurs si vous oubliez de me parler de votre relation, cela me soulagera de détails qui ne me concernent pas. Par contre, si je trouve la force de mon humanité pour juger ton compagnon en tant que personne, il est hors de question que j’expose mes enfants à un exemple de partenariat sexuel qui pourrait les troubler dans leur développement personnel, ou dans l’exemple qu’ils doivent se faire d’une famille. Il est déjà assez difficile de nos jours de les protéger des bêtises sans cesse répétées à la télévision, sans que je les initie par votre intimité à des questions qui ne sont pas de leur âge. Je considère qu’ils doivent grandir avec l’idée qu’il faut un père et une mère pour un enfant, et que cette altérité est un minimum de base sur lequel ils n’ont pas à s’interroger, ceci afin de les sécuriser psychologiquement le plus possible. Tout n’est pas bon à dire, toutes les questions ne sont pas les bienvenues quand un esprit est en pleine construction alors qu’il est encore fragile. Secoué trop fort durant l’enfance par des questions qui ne le concernent pas, un petit peut se mettre à douter de tout, et n’avoir plus foi en rien, ou être troublé dans sa construction psychique, ce qui dans certains cas extrêmes, peut le conduire à rater sa vie. Je veux éviter ce genre d’épreuve prématurée à mes enfants. Il sera bien temps de leur expliquer les questions de sexualité quand ils s’interrogeront sur celles là. Jusque là, je leur parlerai d’efforts, des difficultés à se comprendre avec l’autre sexe, mais aussi de la chance qu’il y a à dépasser ces difficultés, de respect de leurs corps, de leur nature, et j’espère bien que ces leçons d’amour et surtout mon exemple, les mèneront vers une hétérosexualité épanouie, si quelques troubles hormonaux ou des épreuves malheureuses, ne les conduisent pas vers d’autres questionnements.
Sache aussi que, si je m’adresse à toi en tant qu’homme, il ne s’agit pas de te discriminer en tant que tel. Je pense la même chose des couples de lesbiennes. Certains sont plus tolérants envers leur comportement, parce que ce sont des femmes et qu’ils fantasment, les pauvres, un type de relation qui serait plus « naturel », raisonnement identique qu’ils appliquent aux mères célibataires, femmes possiblement ouvertes à leurs convoitises d’hommes. Je connais assez de lesbiennes pour savoir à quel point certaines d’entre elles sont surtout beaucoup plus barrées que des couples d’hommes, et beaucoup plus inaptes qu’eux à élever un enfant, combien le déni de la masculinité chez certaines d’entre elles, ou la jalousie, peuvent détruire tout leur entourage et comment ce sentiment peut même les pousser à se détruire elles-mêmes, quand elles ne vivent pas dans une forme d’autisme ou d’enfermement médiocre. Il ne s’agit donc pas pour moi d’avoir une attitude discriminatoire et sexiste envers toi, mais d’essayer de fixer entre nous des règles de bonne entente par rapport à nos convictions communes. Si tu acceptes que nous fonctionnions ainsi, je ferai des efforts, et je t’en demande autant envers moi.
Car il n’est pas question pour moi, de couper le lien humain qui nous lie, malgré toutes les divergences et les limites que je viens de t’exposer. Viens me voir, je suis prêt à te prendre dans mes bras pour t’aimer comme l’ami, le frère, le cousin que tu es pour moi, et si tu acceptes ma personne comme j’accepte la tienne, nous saurons vivre ensemble malgré nos différences. Je ne cautionnerai pas certains de tes comportements qui peuvent s’opposer à l’idée que je me fais de la famille, et je ne mettrai pas mes enfants en contact avec une sexualité qui pourrait troubler leur développement normal, voilà tout. Mais tout cela n’est qu’un détail pour des gens de bonne composition. Le chantage aux sentiments, ne convient pas à deux amis qui se respectent. Nous accepter avec mesure, sera bénéfique pour nous deux, pour notre entourage, pour notre relation. Ainsi, nous pourrons continuer à vivre dans l’acceptation de nos différences, et faire de ce monde, un endroit plus humain, où nous pourrons vivre ensemble malgré nos divergences. Que ce soit entre nous ou ailleurs, il y a beaucoup de divergences de points de vue entre tous les êtres humains. Pour résoudre tous les maux de la terre, nous ne pouvons pas vouloir que le monde entier pense de la même façon. Par contre, nous pouvons travailler à la vraie tolérance, celle du respect des différences entre des idées forcément multiples. Quoiqu’il arrive, je continuerai à prier pour toi, que ce soit pour que tu te convertisses et pour que tu te donnes des limites que je considère comme chastes, et ce, parce que je veux te respecter à la hauteur que Dieu nous invite à le faire pour n’importe quel être humain quelque soit ses pratiques sexuelles et ce, malgré mes moyens limités. Loin de m’éloigner de toi, cela me permettra de continuer à te prendre tel quel, avec tes défauts et tes qualités, tant que ceux-là n’empiéteront pas sur mes choix de vie et sur l’éducation que je veux donner à mes enfants. Puisse ce compromis être acceptable pour toi aussi.
Dans le respect des différences.
Ton cousin qui t’aime pour ce que tu es et pas toujours pour ce que tu fais, Léonidas Durandal.
Laisser un commentaire