Quand je dis que l’abus de concepts en provenance d’Amérique peut nuire à la pensée, et nous entraîner dans une forme de régression en France, je pense entre autre à l’hypergamie. Les femmes, tel des animaux, sélectionneraient le partenaire le plus riche possible. Et dans le même esprit, les hommes se tourneraient vers la femme la plus apte à lui donner des enfants vigoureux. Ainsi se perpétuerait notre espèce. Or personne ou presque ne se reproduit ainsi chez les humains.
Premièrement, dans un tel système, la polygamie devrait être la règle générale, soit un homme riche pour plusieurs femmes. En effet l’homme le plus prompte à assurer la survie de l’espèce dans un tel cadre, serait le riche qui offrirait à plusieurs femmes jeunes et jolies en même temps, et à plusieurs moments de son existence, ses subsides. Ce système existe et il peut être qualifié de régressif, de tribal, en Afrique. En Islam, cette possibilité a été limitée, par la loi, preuve que les décisions humaines tendent à s’opposer à cette idée. Chez nous, la polygamie signe son grand retour, mais de manière successive, au moment même où notre civilisation déchoit. Elle est un signe de décadence de personnes pour qui le mariage peut possiblement être dissout. Avant, la polygamie était tellement honnie que les enfants nés hors d’unions officielles, n’étaient pas reconnus. Bien entendu, la fille-mère trouvait toujours le moyen d’extorquer du fric à son partenaire sexuel, et ses enfants étaient mieux reconnus par la société que si elle avait eu des moeurs honnêtes. Cependant les épouses contrôlaient de tout leur pouvoir l’hypergamie de leurs maris, et dans l’ensemble, ceux-là se tenaient à carreau.
A l’inverse de ce concept, les femmes de la haute, cherchaient plutôt à privilégier l’amour. Elles avaient un mari riche, qui possiblement les préservait de toute déconvenue, cela ne les empêchant pas d’avoir un ou plusieurs amants, voire de leur faire des enfants dans le dos, apparemment peu comblées par le statut social de leur époux. L’hypergamie n’explique donc rien, ou si peu.
Quand nous nous penchons sur les détails des moeurs pratiques des gens, nous nous apercevons qu’ils ne suivent pas cette règle de la bonne poule pondeuse et du riche étalon. Ils tombent amoureux avec un partenaire qui leur convient ou pas, qui va réussir dans la vie ou pas, parce qu’ils sont malades ou sains d’esprit. En fait l’hypergamie n’est qu’une tendance animale parmi d’autres chez l’être humain, basée sur l’idée que chacun poursuivrait son intérêt et que, de surcroît, cet intérêt résiderait dans un désir de sélection des gènes des femmes pour les hommes, et de puissance sociale des hommes pour les femmes. En vérité, nous ne connaissons pas notre intérêt, et ce dernier a des aspects bien plus complexes que la seule sélection génique ou sociale.
Nous ne connaissons pas notre intérêt
Comme dans la théorie libérale, avec l’hypergamie, tout va bien quand la concurrence est pure et parfaite. Or pratiquement, elle ne l’est jamais et elle ne le sera jamais tant l’information nous manque, tant le pouvoir nous manque, tant les humains s’évertuent à poursuivre justement, leurs intérêts. L’intérêt des puissants, c’est de fausser les règles du jeu, comme tout à chacun, et donc de détourner les règles de la concurrence à leur propre profit en utilisant de manière privilégiée l’instrument étatique. Dans les relations humaines qui devraient valider l’hypergamie, il en est de même. A 15 ans, quand il devient temps pour les femmes de se reproduire, à part prendre un vieux barbon qui a déjà réussi dans la vie, aucune femme ne sait quelle monture va lui offrir une sécurité absolue. Si tant est que son objectif soit de se trouver un riche, elle n’est pas en moyen d’anticiper qui le deviendra. De plus, son environnement est limité, ses fréquentations aussi. Elle ne peut s’orienter que vers un nombre restreint de partenaires, et encore faut-il que ce partenaire accepte de lui faire des enfants, ce qui est impossible puisque s’il est riche ou s’il a un fort potentiel, il se tournera vers la meilleure pondeuse de l’univers, dans un environnement plus large. Et ainsi de suite devient-il impossible de posséder cette seule information : « Qui sera le meilleur partenaire pour moi ? » car au début, vous ne connaissez rien de la vie, et que personne ne vous a informé des nombreuses règles que vous allez découvrir, plus tard, à son sujet.
Dès que vous approfondissez ce concept, vous voyez donc qu’il est impraticable, qu’il ne se vérifie jamais, que les classes sociales se marient entre elles bien plus que l’hypergamie ne permet de mixité, que les partenaires engagés pour une vie entière cherchent plutôt à se reproduire avec quelqu’un qui partage leurs valeurs, plutôt que quelqu’un d’un milieu différent avec des pensées différentes, voire des couleurs de peau différentes. D’ailleurs l’explication génique devrait nous pousser vers le multiculturalisme, puisque les femmes les plus éloignées génétiquement de nous, nous offriraient, en théorie, une descendance plus fructueuse, des protections accrues face aux maladies etc… Mais ce n’est pas le cas. Dans l’ensemble, nous sommes attirés par des personnes qui ressemblent à nos parents et là encore, sauf exceptions maladives, cette règle de l’hypergamie échoue à donner une explication des rapports hommes femmes, comme semble l’attester le taux de divorce dans les couples mixtes.
La notion d’intérêt chez l’humain est complexe
Restreindre l’intérêt de l’humain à la simple hypergamie, c’est simpliste. Par exemple, la femme aussi cherche un apport génétique chez l’homme qu’elle fréquente. L’homme peut aussi chercher une sécurité financière chez la femme qu’il épouse. Le principal prophète de l’Islam n’en a-t-il pas d’ailleurs donné l’exemple avec Catidja, stérile… ce qui par ailleurs ne l’a pas empêché de s’essayer plus tard à la polygamie et de se reproduire ainsi. Vous jugerez vous-même de son manque de réussite en s’opposant dans ses tout débuts au concept d’hypergamie… L’intérêt pour un homme peut donc consister à épouser une femme vieille laide stérile mais riche, ou encore, à tout simplement refuser de s’élever socialement pour rester dans un environnement connu de lui. L’intérêt de la femme peut consister à prendre un gros boulet à demeure pour peu que celui-là lui offre quelque attention de temps en temps, ou quelqu’un à sauver. Elle peut choisir quelqu’un de travailleur mais pauvre dont elle sera certaine de la fidélité etc… Sans parler de l’entraide qui est un sacrifice personnel à l’intérêt collectif qu’il soit couple, communauté, société ou encore civilisation, entraide qui imbriquée à différents niveaux selon la complexité de l’environnement d’un individu, permet de se reproduire en s’opposant par nature aux règles de l’hypergamie, ou au mieux en les rendant sacrément obscures. En fait, énumérer les intérêts de chacun qui sortent du cadre de l’hypergamie, ce serait écrire une litanie infinie. Mais il y a pire encore. Non seulement le concept d’hypergamie peine à recouvrir tous les intérêts des êtres humains, mais encore, les êtres humains sont capables de s’opposer à leurs intérêts matériels tout en réussissant dans la vie !
Quid des personnes qui ne respectent pas leur intérêt
J’écarte dans un premier temps toutes ces femmes malades et qui copulent sans se préoccuper de reproduction. Elles sont nombreuses, de tout temps. Parfois elles ont des enfants qui réussissent. Non, l’exemple le plus flagrant de liberté humaine, c’est celui de la religion. Chez les Juifs pratiquants, un homme valeureux pour une femme est un homme qui connaît la Torah. Voilà qui semble bien éloigné du simple intérêt quand ces mêmes règles hébraïques ne cessent de vouloir mettre des freins à l’avidité de l’être humain. Chez nous, catholiques, nombre de femmes issues de la tradition cherchent à se perpétuer par la rencontre d’un mari croyant. Ayant pas mal d’enfants, bien éduqués, rentables, ces couples resteront le plus souvent dans la pauvreté, alors que leur intérêt matériel les pousserait à en faire moins. Voilà même certains qui se restent fidèles dans une stérilité subie.
En Asie, comme en Europe, nombre de personnes très valeureuses, appelées moines, ne cherchent même pas à se reproduire. Vivant leur foi pleinement, ils s’épanouissent dans la pure contemplation de la nature ou de Dieu, ou des deux, avec toutes les nuances de travail qui l’accompagne. Où est passée l’hypergamie chez eux ? Apparemment, elle ne les a aidés en rien. Par contre, combien vont-ils donner à la société et aux individus pour leur permettre de se reproduire, sans aucunement transmette leurs gènes ! (il n’y a qu’à penser à nos soeurs infirmières qui ont soigné tant de générations occidentales, soeurs parfois issues des classes les plus riches de la société…). Ici aussi, la litanie des vies sans hypergamie s’allongerait à l’infinie si je ne devais la stopper ici en la résumant ainsi : chaque acte conscient nous fait sortir de nos préoccupations strictement matérielles et sur lesquelles nous n’avons que peu de prise. La liberté divine y concourt, le hasard aussi. L’intérêt, rarement.
Et quid des individus qui sont obligés par la société ?
Encore faudrait-il que les individus choisissent leur partenaire pour avoir une chance d’être hypergames. Or le plus souvent, dans de nombreuses civilisations, c’est la société qui s’en charge pour eux et qui règle la reproduction. Oui, c’est horrible pour les individualistes que nous sommes devenus, mais de tout temps dans les sociétés structurées, et encore aujourd’hui, la majorité des mariages dans le monde sont arrangés. Les mariages arrangés ne se font pas sur la base de la beauté de la femme. Que nenni ! Mais sur son statut social et le fric qu’elle apporte à la communauté, fric appelé dote, et qui sera retirée au mari si celui-ci ose aller voir ailleurs. Ces mariages arrangés ne se font pas plus sur la réussite professionnelle de l’homme, mais sur son statut social qui doit être équivalent et non pas supérieur à celui de la femme. Evidemment, une femme avec une tare visible, tout l’argent du monde ne concourra à lui faire trouver de mari, parce qu’évidemment, elle sera suspectée d’être inapte à donner des enfants. Mais attention, elle sera suspectée non pas par le mari qui n’aura pas vraiment son mot à dire même s’il tombe amoureux d’elle, mais par la société qui verra sa reproduction menacée.
Alors d’où nous vient ce sentiment que les femmes sont toutes des putes, et les hommes sont tous des chiens ?
Parce que c’est vrai. Nous sommes des putes et des chiens, remplis de ce qu’en tant que catholiques, nous appelons le péché originel. Cette part animale, régressive, nous pousse toujours vers le bas, c’est à dire à croire que la reproduction se fait pour de mauvaises raisons, qu’il n’y a pas à réfléchir, que nous n’avons pas d’autonomie en ce monde, que nous sommes les fruits du destin, que la liberté de conscience n’existe pas, que le mauvais l’emporte toujours sur le bon, que le fonctionnement de ce monde est simple, et finalement que l’autre est un objet qui doit servir mes fins.
Cette pensée autoréalisatrice entretient la société du divorce, c’est à dire qu’à force de nous présenter comme des animaux promptes à se reproduire pour des questions animales, nous avons fini par le devenir. Et que nous ne cessons de le devenir au fur et à mesure de la « libération sexuelle ». Car l’hypergamie, ce n’est que ça : qu’est-ce qui détermine notre envie de baiser. L’hypergamie, c’est le meilleur match sur tinder, cette application de rencontre ne visant qu’à vivre sur le dos de nos pulsions, ce qui fait qu’après des milliards de matchs, seuls quelques couples ne se sont jamais mariés grâce à tinder. Et encore faudrait-il vérifier qu’ils sont toujours ensemble. Et encore l’algortithme de tinder, loin de ne privilégier que des pulsions hypergames, travaille à rapprocher les personnes ayant des philosophies de vie identiques. Et encore, n’importe quelle fille reçoit des propositions, quelle que soit la largeur de son cul. Du coup, il est à penser que les hommes ne s’attachent pas vraiment aux mensurations de la personne, mais cherchent seulement à se vider le sguègue, car en fait, comme je l’ai déjà écrit ailleurs, ils détestent leur aliénation aux gènes et cherchent à s’en extraire par tous les moyens possibles, pornographie incluse.
Quant aux femmes, elles cherchent un partenaire fiable, et vérifient souvent qu’elles n’ont pas affaire à un petit con prétentieux avec son fric. Comme la conscience masculine déteste le sexe qui est une aliénation à ses plus basses pulsions, elles détestent parallèlement ce sentiment qui les pousse à niquer avec des riches et elles ont inventé tout un tas de mécanismes de défiance, justement pour avoir l’occasion de se reproduire dans de bonnes conditions, folles exceptées.
L’attirance que certains hommes suscitent subitement auprès des femmes parce qu’ils sont devenus riches, ou bien parce qu’ils ont passé la trentaine, les trompe. Ils croient alors avoir compris la femme, tandis que celle-ci vient juste vers eux pour de mauvaises raisons (effectivement une pulsion animale, mais qui fera le malheur de tous), un âge plus proche que celui de leur père au moment où il l’a engendrée, ou encore la présomption d’avoir un adulte en face d’elle, un homme fort et vigoureux qui saura lui donner la réplique (et combien souvent est-elle déçue dans ce cas là en s’apercevant que le pouvoir de son papa dans sa famille n’est pas équivalent à celui de son partenaire dans son couple et dans la société actuelle).
Car si l’hypergamie a eu cours il y a quelques millions d’années, à vérifier étant donné la multiplicité des modes de reproduction animaux, désormais elle est un frein à la vie en société, un boulet que nous traînons dans notre bas ventre et qui nous empêche de nous reproduire dans un monde plus harmonieux. L’hypergamie fabrique les bâtards par milliards, des familles déstructurées, engendre la dépression en encourageant les individus à poursuivre des buts absurdes.
Voilà pourquoi il ne faut pas toujours écouter le pragmatisme américain, quand bien même ce peuple régnerait sur l’économie mondiale. Justement, il est à penser que cette idée développée dans les cercles hoministes outre-atlantique ne corresponde qu’à un fantasme bien particulier : celui du pionnier qui se bat pour réussir et avoir accès aux femmes afin de se perpétuer. Ce rêve éveillé permet à tout un peuple de continuer à s’imaginer fort pour le devenir, tandis que tout à l’inverse de ces idées animales d’hypergamie, c’est la religion, l’entraide, et une nature hostile qui ont fait de lui ce qu’il est.
L’hypergamie rassure d’avides précurseurs qui ont été sacrifiés par millions et qui n’ont pas survécu à la conquête de l’ouest, tandis que des salopards de politiciens les encourageaient à continuer en ce sens pour ériger des fortunes et leur permettre à eux, notables, de se perpétuer tout en les remplaçant par des immigrés arrivés de fraîche date.
L’hypergamie, c’est finalement un sentiment puéril sous-entendant que l’homme et la femme auront accès à ce qu’ils demandent simplement en réussissant dans la société, c’est à dire en en devenant ses esclaves. Mais la société est menteuse, frivole et changeante, et les esclaves ne se reproduisent pas. Quant à ceux qui croient en l’hypergamie, ils sont impitoyablement éliminés. Leurs enfants les haïssent, car seuls les enfants de l’amour ont un avantage particulier à la génération suivante. Encore faut-il que ces enfants soient éduqués dans un cadre sain. Voyez comme nous en sommes loin.
Leurs enfants à eux, ceux des esclaves, deviennent souvent des monstres parce qu’ils sont moins aimés que les autres. Leurs filles sages deviennent des putes qui sont un poids pour toute la société et leurs fils dociles, des chiens qui n’en sont pas moins invivables avec les autres, handicapés. Car il y a des handicapes physiques mais aussi sociaux, et les femmes qui envoient de petits soldats avides dans la société, le font pour elles, en tant que mères, mais jamais pour la future épouse qui, si elle accepte de se marier avec un tel riche, fera son malheur et celui de ses enfants.
En général, ceux qui se reproduisent sans aucun amour, font toujours régresser la civilisation d’un cran sans pour autant qu’il soit dit que leurs enfants ne s’en sortiront pas, tant que notre société aura une once de chrétienté en elle. Cela ne veut pas dire non plus que nous ne puissions pas apprendre à aimer au sein d’un mariage arrangé, bien au contraire. Mais cela veut dire qu’en tout état de cause, arrangé ou pas, animal ou pas, passionnel ou pas, il faudra réussir à s’aimer pour se reproduire dans de bonnes conditions, en sachant que chacun de ces modèles offrira des obstacles propres à sa réalisation.
Pour aborder sommairement cet autre thème, paradoxalement, le mariage arrangé demande un fort engagement moral. Le mariage animal demande de renoncer à la domination/soumission. Le mariage passionnel demande de renoncer à sa folie. En un mot, pour aimer, il faut savoir renoncer. Un passionné peut parfois sacrifier son sentiment à l’objet de son amour. C’est difficile. Un éduqué peut faire preuve de coeur. C’est plus probable. Mais un animal ne voudra que rarement sortir de ses croyances enfantines.
Ce concept d’hypergamie a pourtant eu un avantage dans les cercles hoministes : rassurer la nouvelle génération de garçons perdus aux USA, c’est à dire leur donner un prêt à penser soignant leurs egos blessés par des femmes dont ils ne pouvaient accepter la supériorité sociale, familiale et finalement économique dans un monde où ceux de leur sexe avaient tout construit. Toujours est-il qu’elle est une illusion dont les hommes vont devoir se sortir pour affronter des défis de la pensée autrement plus importants que de savoir quel sera leur salaire dans 10 ans.
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