L’idéalisation de la nature et de la mère

Face au saccage organisé de nos environnements, deux réactions diamétralement opposées s’affrontent. La première de celle-là, c’est le suicide. L’homme est considéré comme une anomalie qui porterait tort à Gaïa et dans l’ensemble, il pourrait être éliminé, ce serait plutôt une bonne nouvelle pour la nature. La deuxième est catholique et cherche à asseoir une domination juste et équitable sur l’environnement. Pour cette dernière, nos erreurs ne méritent pas que nous nous arrêtions en chemin. Faut-il croire en l’homme ou désespérer de lui ? A mon avis, ce questionnement sous-jacent est au centre de bien des débats qui animent nos sociétés, spécialement en France.

Parfois, j’entends autour de moi des Français et plus souvent des Françaises, dire que nous ne sommes pas supérieurs à la nature, qu’elle finira par nous châtier. Ils attendent impatiemment l’épidémie, la catastrophe nucléaire, le tremblement de terre, l’explosion volcanique, qui mettra fin aux prétentions humaines.

Il y a derrière cette réflexion, bien plus que cette réflexion. Tout d’abord, l’idée rassurante qu’il y aurait une entité toute puissante, matérielle, et qui guiderait nos vies. Le libre arbitre n’existerait pas et l’humanité devrait se concevoir à l’intérieur d’une animalité soumise à la terre mère.

Et puis, si ces personnes se placent d’elles-mêmes en position d’enfant, de toute évidence, elles perçoivent l’avancée en âge comme d’une déchéance, un signe indien dont il faudrait se prémunir en refusant objectivement de grandir. Leur paradis perdu, c’est leur mère, et ce temps béni où enfants, ils étaient heureux dans ses bras sans n’avoir rien à faire. Par la suite pour eux, tout n’aurait été que déchéance. Il suffirait donc de s’en remettre à la nature comme à une mère et nous regagnerions notre paradis perdu en même temps que nous reprendrions notre place d’éternel enfant.

Difficile dans ce cas, de ne pas relier cette vision du monde, à l’absence d’un père qui les aurait guidés dans la vie. Car à l’évidence, ils ne connaissent rien, non seulement du monde, mais pire, de la nature. Ils vivent dans une confusion absolue si caractéristique de ces familles où le père est un quasi-intrus vivant par délégation d’autorité de la mère. Personne ne leur a dit, ce que je me propose de faire ici.

La nature est aveugle, impitoyable et n’est pas toute puissante

La chaîne alimentaire, si chère à nos écologistes, n’est qu’une longue succession de prédations. Le petit mange le gros, très satisfait de lui quand il y est arrivé, du plus petit des organismes vivants qui vit en parasite, jusqu’à la baleine bleue qui engloutit tout ce qu’elle peut trouver de krill dans son environnement. Bambi, parlons de lui, bouffe les jeunes pouces d’arbre, et s’il venait à proliférer, le monde serait un vaste désert. Certaines poules avalent même leurs enfants, alors qu’elles ne meurent pas de faim. Le renard et le chien, mûs par le goût du sang, quand ils l’acquièrent, tuent avec la plus grande des délectations. L’arbre pousse en éliminant ses concurrents de son environnement, jusqu’à rester seul sur tout l’espace qu’il occupe, et qu’il compte bien voir être le plus grand possible. Les plantes font crever les autres moins vigoureuses. Les insectes vous suceraient le sang jusqu’à plus soif. Les mouches pondent leurs œufs sur de la chair parfois encore vivante.

Cela ne vous rappelle rien ? Si si, cet animal bien humain qui agit en prédateur, et qui de fait, ce me semble, respecte sa nature, respecte la nature. Car ce que nos écologistes communistes reprochent au grand capitaliste, c’est son côté bestial. Incohérence totale dans le raisonnement, lié à cette confusion sus-citée. Finalement qu’est-ce qu’un prédateur financier, sinon le sommet de la chaîne alimentaire ? S’il y en a un qui respecte la nature, c’est bien lui ! Et il en est ainsi pour toutes les plantes et tous les animaux. S’ils étaient laissés à eux-mêmes, sans vergogne, ils détruiraient leur environnement, et le saccageraient jusqu’à extinction. Mais en parallèle, sans eux, la vie n’existerait pas. 

Le vivant s’organise donc autour de la prédation, et pas simplement chez celui qui est en haut de la pyramide. Les végans ont beau jeu de critiquer l’ingestion de viande, eux qui détruisent les plantes pour se nourrir et favorisent un monde artificiel où l’alimentation sera bientôt produite à partir de molécules recomposées (il n’y a qu’à voir l’uniformisation des paysages à laquelle ils participent en imposant les cultures végétales, ou bien leur ingestion de vitamines B12). A l’évidence, perclus d’incohérences, ils favorisent la pire des prédations humaines et je vais y revenir. Pour l’instant contentons-nous de constater que l’homme qui abuse de l’environnement, respecte en cela sa nature animale. Et qu’à l’inverse, celui qui veut empêcher ce mouvement, le précipite plutôt.

La question de l’équilibre de la chaîne alimentaire

A moitié conscients de ce problème, nombre de gauchistes évoquent la nécessité d’un équilibre écologique dans cette chaîne alimentaire. Ils ne défendent plus l’idée de nature directement, idée insoutenable dans la pratique, mais de contre pouvoirs à la puissance de chacun des acteurs environnementaux, insectes, plantes, animaux etc… Dès lors, nous plaçant en relais de cette nature, nous la respecterions d’autant mieux en lui permettant de s’épanouir. Voilà un premier point qui mérite d’être souligné : malgré leurs raisonnements et leurs réflexions, la nature ne serait donc pas toute puissante, même pour eux. Elle aurait besoin de quoi ? Eh bien de l’intervention humaine pour se perpétuer.

En vérité, la nature est loin d’être toute puissante, et en soutenant de telles conceptions, ils relaient surtout des succédanées catholiques mal digérés, de protection du faible appliqué à l’environnement, parce qu’à l’évidence, gaïa est incapable de se défendre face à ce qu’ils appellent « les agressions de l’homme ».

Deuxième position idéologique incohérente, en usant de ce rôle « d’équilibrateur », l’humain est vu comme supérieur à la nature, et ce qui n’est pas contradictoire dans leur esprit, à son propre détriment d’humain. Car dans leur conception des relations entre humanité et nature, l’humain doit s’opposer à l’humain, pour mieux défendre la nature, qu’il tue l’humain en quelque sorte, parce qu’il serait une gêne, un élément perturbateur de la nature, suicide s’il en est. J’exagère ? Nombre d’écologistes et même de simples défenseurs des animaux, ne voient plus la différence entre humain et animal. Ce courant s’appelle « antispécisme » et il est largement représenté bien au-delà du cercle restreint des militants. Preuve en est le succès du mouvement végan qui s’appuie sur cet anthropomorphisme. Certes, ils ne veulent pas tuer les humains directement. Seulement pour eux, l’humain n’existe même pas ! Autant dire que leur orientation politique consiste soit à ramener l’humain à l’état animal, soit à l’éliminer. Ce qui revient au même.

La démarche écologique de gauche, n’est donc pas naturelle, mais bien humaine. Elle est celle de militants qui cherchent à imposer leurs conceptions du monde aux humains au nom du monde, position forcément totalitaire, de personnes s’érigeant en dieux défenseurs d’une immanence naturelle, impossible à atteindre sans la disparition définitive de l’espèce humaine, ou son retour à l’état tribal. Dans ce schéma, la discussion avec les autres est inutile, ce qui doit expliquer bien des déboires politiques du parti écologiste français en interne. 

Cette perte de logique, comme toute perte de logique, a des conséquences pratiques. Un éleveur de bétail, a-t-il le droit de défendre son troupeau s’il est attaqué ? En l’occurrence, non en France, à cause de la pression de tels groupes. L’homme, est ici exclu de la nature. La société lui rembourse les bêtes mangées par les loups. L’équilibre se fera sans lui, parce que l’homme décide. L’écologiste de gauche tente alors de réintroduire une conception de la nature d’où l’homme serait absent, pour le bien de la nature, et parce que l’état serait seul autorisé à agir pour le bien et le mal.

Nous le voyons plus encore avec les parcs naturels. Dans ces lieux, l’homme est perçu comme un usurpateur. Et cela ne dérange pas plus nos écologistes de gauche, que nos prédateurs de droite. Et pour cause, le parc naturel est l’emblème d’un paradis perdu dont la condition d’existence, serait d’en exclure l’homme, ou pour parler plus précisément, toute trace humaine, car si l’on y songe bien, sans l’homme, ces lieux n’existeraient plus, et il est même à penser que certains animaux y régneraient en maître sans une régulation appropriée de la part des gardes-chasse.

D’un côté, l’existence de ces lieux, justifie donc le combat gauchiste. Il pointe un idéal. De l’autre, en dehors de ces lieux, tout est permis, ce qui convient très bien au prédateur sus-mentionné, et ce qui alimente le combat gauchiste pour l’éradication de l’humain. Vous comprendrez dès lors comment d’immenses déserts écologiques, dans notre campagne, ont pu s’imposer. Les forêts domaniales et les parcs urbains nous autorisent à rêver. Le parc national, c’est la bonne conscience de tous… excepté de l’homme soucieux d’asseoir une domination juste sur la nature, et incluant donc l’homme.

L’homme par rapport à la nature

Si la question précédente a été résolue, celle de la nature prédatrice de la nature, et de notre impossibilité à nous en exclure en tant qu’humain, il est un défi autrement plus ardu à relever : celui de la place de l’homme dans la nature. Maintenant que nous avons établi la nécessité de vivre en dominant, comment exercerons-nous cette domination ?

Et là, je dois vous dire que je n’ai pas de réponse, que cette question est le vrai défi de notre temps. Surtout que nous nous sommes leurrés par des conceptions clivantes qui arrangeaient les extrémistes de tout bord. Je ne ferai donc ici que poser quelques jalons.

Je voudrais d’abord rappeler à mes lecteurs, combien le travail de la terre a été dur et ingrat durant des milliers d’années. S’en remettant à la nature, les gens mourraient de faim, au hasard des récoltes. Ils finissaient brisés physiquement. La moindre faiblesse de l’individu était impitoyablement pourchassée par le groupe quand elle le mettait en danger. Certains finissaient par en devenir brutaux pour mieux répondre aux nécessités de l’environnement et se soulager d’une violence qui s’imposait à eux. Ce qui ne les empêchait pas de vivre dans un état constant de peur face à un avenir qu’ils ne maîtrisaient pas.

De nos jours, comme beaucoup ont oublié leur passé, des menteurs se chargent de vivre sur leur dos en leur vendant une idée de nature bienfaisante, en tout point éloignée du vécu de nos ancêtres. Vous les reconnaîtrez facilement car ils vous disent que nos ancêtres savaient, que nous avons oublié et qu’eux, ils ont trouvé/retrouvé la solution pour faire cracher la terre sans se fatiguer et sans l’abîmer. Il suffit de la laisser faire ! En l’occurrence, combien cultivent-ils l’idée de régression infantile parmi leur auditoire. Celui-ci va se précipiter pour acheter leurs livres, regarder leurs vidéos, et faire pousser deux trois tomates et quelques aromates sur leur balcon, pour finir de se convaincre que tout est possible, que les gros agriculteurs ont tort, et que les fournisseurs d’intrants dans l’agriculture sont des salauds, ce qui comblera leurs attentes en matière de suicide civilisationnel.

Certes, nous avons perdu le fil entre nature et agriculture. Mais les mensonges ne rétabliront pas ce lien. Le moindre abandon de pesticide signifie un retour au travail manuel, une perte de rentabilité, une augmentation de la pollution par les machines, un abaissement des revenus au niveau national, une augmentation de la part des revenus consacrés à se nourrir, un peu plus de peur aussi. La demande environnementale en direction de nos agriculteurs n’est pas rentable, et je ne vois pas pourquoi ils devraient payer la facture de nos lubies tandis qu’en tant que consommateurs, nous avons été incapables d’imposer une soif de mieux. La part du bio augmente certes, mais cet acte d’achat qui nous coûte rien, ou si peu, n’est pas devenu majoritaire, loin s’en faut. Dès lors, comment penser à imposer des mesures aux agriculteurs, qui elles, les mettent en danger de survie directement, et alors que nous n’avons pas été fichus de remplir correctement un caddy au supermarché ? Vraiment, il va falloir redescendre sur terre. 

La seule remarque intelligente que j’ai entendu de la part d’un vidéaste spécialisé en agriculteur biologique était que le retour à la terre n’était possible que pour des personnes qui avaient eu, au moins, un grand-père agriculteur. Pour les autres, pour la plupart, cette démarche se soldait par un échec parce qu’ils s’étaient engoncés depuis plusieurs générations dans un vécu bourgeois.

Ceux qui trouveront des solutions pour améliorer notre environnement, ne seront pas des idéalistes, mais des personnes avec de gros doigts boursouflés par le travail manuel, qui sauront faire preuve d’un courage et d’une intelligence à toute épreuve et sur toute une vie. Il en faut pour relever le défi d’un monde complexe et d’un métier d’autant plus difficile à exercer lorsque l’on veut renoncer à tout confort intellectuel. Ceux encore qui changeront le monde, seront ceux qui feront des efforts pour dépenser mieux au lieu de dépenser plus, au quotidien. 

Moins courageux que ces agriculteurs du futur, nous aurons pourtant bien des défis à relever. Prenons la question de l’aviation civile pour bien comprendre, ou plutôt, pour comprendre à quel point il est difficile de comprendre. Les avions puent, font du bruit, et polluent les terres. Ils se répandent dans le ciel comme la peste. Voilà d’ailleurs un point de vue strictement humain. Car la nature, à part quelques territoires dévolus aux aéroports, y est plutôt indifférente. Déplacer au maximum les trajets au-dessus des mers, soit, mais voilà qui augmente la pollution en rallongeant les distances, et qui à l’inverse, augmente le prix du billet d’avion, limitant donc la clientèle pour ces avions, tout en n’évitant pas la pollution des mers. Les citadins sont dérangés par l’aéroport. Soit. Mettons les infrastructures à la campagne. Mais voilà que nous nous attaquons à des écosystèmes pour le bien d’une urbanisation galopante et très peu naturelle.

Alors, le suicide de l’humanité par l’interdiction de l’aviation civile ou l’exercice de notre domination en cherchant les meilleurs solutions ? Tout dépend en effet des hommes. Réussiront-ils à apporter des réponses aux plaintes légitimes de chacun en coopérant, inventant, se dépassant ?

La responsabilité individuelle : une libération et un mouvement collectif

Car je crois qu’une des clés pour sortir de ces débats sans queue ni tête, c’est de faire confiance aux individus pour trouver des solutions, si l’état ne lui met pas des bâtons dans les roues en soutien aux lobbys divers et variés. L’individu ou l’humain a la solution. Mais la bureaucratie ne souhaite qu’une chose : ne pas être dérangée dans ses habitudes. Or, il n’y a qu’en prenant des risques, en subissant des échecs, en généralisant les essais, que nous pourrons avancer. En nous confrontant les uns aux autres.

Chaque plainte est légitime, mais elle met du temps à être accueillie, puis à être solutionnée. Elle nécessite donc de la patience et de l’engagement de toute une société civile. Voilà pourquoi je n’ai pas de réponse précise sur ce sujet, exception faite du rôle négatif de l’état sur notre capacité à réagir. Car ce dernier, sous couvert de défendre l’intérêt commun, n’a que l’intérêt à la bouche, et en dernier lieu, défend toutes les prédations en se faisant le représentant du plus fort, représentant de lui-même ou de quelques lobbys devenus plus puissants que lui.

Bizarrement, l’exercice de notre propre domination sur la terre est surtout un chemin composé d’individus. L’ingénieur qui améliorera les solutions de stockage de l’électricité sera un libérateur de l’humanité. Il fera plus pour la nature que tous les écologistes réunis. Et il y a en aura un, tôt ou tard, sinon personne ne sera là pour lire mes lignes. J’ai confiance. Jusqu’à présent, les humains ont toujours trouvé des solutions pour résoudre les problèmes dont ils avaient pris conscience. Quand ils en avaient conscience et qu’ils étaient prêts à réagir…

Y-aura-t-il demain des humains capables d’imaginer un futur ?

Les problèmes posés par des personnes exigeantes sont là pour être dépassés grâce à des personnes exigeantes, et nous permettre ainsi un mieux vivre. Personne ne peut vouloir le statu quo, ou le paradis perdu, qui n’est qu’un mirage lointain, mortel, qui se nourrit d’un scientisme non moins fou, parce qu’il a la prétention de répondre à toutes les questions humaines de manière inhumaine. La douce protection étatique n’en est pas moins illusoire. Le dépassement de l’humanité  par la croix est le seul qui soit envisageable, en prenant en compte nos environnements proches (parabole du Samaritain), non en suivant l’exubérance de quelques grandes idées sorties tout droit du coeur d’êtres pétris de manques affectifs profonds qu’ils voudraient voir pris en charge par d’autres. Ainsi, méfiez-vous des discours qui flattent votre sentiment de facilité et de toute puissance. Les personnes qui adoptent ce langage, cherchent à acheter votre conscience et souvent votre vote. Ils sont l’instrument du diable pour vous perdre et malgré tous leurs grands discours, ils ne changeront rien à votre quotidien, sauf pour l’enlaidir.

Léonidas Durandal

Antiféministe français, j'étudie les rapports hommes femmes à travers l'actualité et l'histoire de notre civilisation.

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Léonidas Durandal

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