Dans « Pourquoi est-il dit que la France a la droite la plus bête du monde ? », j’avais posé un premier constat. Dans ce présent article, et après l’affaire Lola qui a prouvé que la droite n’avait pas changé en France, j’aimerais me pencher sur les causes profondes et personnelles de ce genre de marasme politique.Avec l’âge, on commence à rabâcher. C’est inévitable j’imagine. L’essentiel d’une vie nous apparaît clairement et vient en déduction de tous nos raisonnements. J’ai déjà évoqué ailleurs, cette juge aux affaires familiales qui raillait les hommes divorcés de vouloir négocier devant elle. Pour notre magistrate, il était véritablement incongru d’adopter un tel comportement. A l’époque, quand je l’ai entendue s’exprimer ainsi dans ce documentaire dont j’ai oublié le nom, j’étais véritablement outré et en colère qu’elle ait pu défendre une telle opinion, en public ! Avec le temps, j’ai évolué et je comprends désormais son point de vue de gauchiste.
La négociation est un invariant masculin dans la sphère publique. Or devant une juge aux affaires familiales, la négociation n’a aucun sens pour plusieurs raisons. La femme qui exerce l’autorité publique se confond avec le système qu’elle défend. La société est organisée pour elle, en tant que femme, et ici par elle, en tant que juge. Négocier, revient alors à la remettre en question personnellement, mais aussi le système qui la défend. Seules les femmes éduquées, donc par un père, donc rares, surtout dans notre société, seraient capables de prendre un peu de distance dans une telle situation pour exercer leur métier avec professionnalisme. Même pour une telle femme, ce serait un grand écart personnel. Alors pour une gauchiste qui s’est dirigée vers ce métier par besoin d’exercer une forme de contrôle dans son environnement, c’est tout bonnement impossible. Résultat : là où il devrait y avoir une évaluation juste et une prise en compte des arguments des différentes parties, il y a l’exercice abrupte d’un pouvoir aveugle. Or bien que cette situation soit particulièrement injuste pour les hommes, ma réaction ne fut pas plus glorieuse. J’y vois désormais beaucoup d’immaturité. Il était ridicule d’éprouver de la colère contre cette injustice. Il aurait plutôt fallu y percevoir un état de fait, et avancer.
Or cette attitude de ma jeunesse, combien de fois je l’ai remarquée dans les mouvements de pères divorcés, ou plus largement à droite en matière politique. Les épreuves m’ont fait progresser. J’aimerais qu’il en soit de même à droite. Si le gauchiste défend le groupe et développe l’idée d’une toute puissance collective délirante, voire meurtrière, le droitard français fait faillite dans sa conception personnalisée du pouvoir. Dans l’idéal du droitard français, le chef va résoudre tous les problèmes de notre société. « Le poisson pourrit par la tête » aime-t-il à répéter dans les temps de décadence. Il ne veut s’interroger ni sur lui, ni sur la responsabilité des particuliers dans cette faillite, ni sur les moyens d’en sortir. Ou plutôt, la seule manière pour lui de s’en sortir, c’est de rechercher avec avidité « l’homme providentiel ». Quand le gauchiste mise tout sur le rapport de force de quelques uns contre la majorité, tout en disant défendre la démocratie, le droitard français pense qu’un individu seul va pouvoir rétablir la justice au nom de la majorité.
Cette image du chef provient d’une enfance idéalisée où papa a défendu maman jusqu’à ne pas se distinguer d’elle. Ou plutôt, papa était un petit garçon au service de mémère, ce qui revient au même. Si ici, je psychologise le débat, c’est parce que je crois qu’il ne vole pas bien plus haut. Quant un droitard vous parle « d’ordre », de « respect des lois », de « justice », de « souveraineté », il voudrait surtout rassurer son environnement. Il a besoin de retrouver le monde de l’enfance. S’il s’énerve parce que de méchants bougnoules ont égorgé un passant, ce n’est pas par souci de vérité et de justice, mais parce que le dit bougnoule l’a énervé et a dérangé son acception de la vie.
Pour le droitard français, la vie se résume à « travailler ». Il faut faire de l’argent pour nourrir sa famille et avoir une bonne insertion sociale pour être reconnu au sein du groupe. Voilà ce qu’il appelle « avoir des valeurs ». Autre forme de socialisme que celle du gauchiste, le droitard français est parfois plus à gauche que le socialiste. Je veux dire par là qu’il n’est pas un individu à part entière. Il travaille pour des raisons qui lui échappent et que sa mère lui a transmis, par avidité. L’idée qu’il se fait du chef n’est qu’une personnification du groupe par personne interposée, une idéalisation délirante de petit garçon qui voudrait être un homme tel que sa mère le désire par procuration. Il souffre ainsi du syndrome de la petite fille sage. Il ne voit pas le monde des hommes à travers la responsabilité, mais telle une femme, à travers l’obéissance et/ou le contrôle. « Voilà comment on réussit dans la vie ».
Le droitard français appartient au parti de l’ordre. La vérité lui importe peu, ou les souffrances d’autrui, tant que les citoyens obéissent et que les lois sont appliquées. Penser la liberté est trop compliqué pour lui. Ou bien dit-il « On verra plus tard », quand l’ordre sera rétabli. Voilà pourquoi il cautionne finalement toutes les exactions des gauchistes qui sont au pouvoir s’il s’agit de rétablir son ordre chéri. Le bon citoyen n’est jamais pour lui une menace pour le groupe, pour la société, pour la civilisation, car l’ordre et l’obéissance génèrent pour lui le beau et la vérité, qu’il confond avec eux. Dans cette manière de procéder, il n’y voit jamais sa propre lâcheté à penser, à agir, à être remis en question dans ses certitudes. Au contraire, s’imagine-t-il glorieux de respecter les lois les plus iniques de la société au nom d’un saint sacrifice qui n’a d’existence que dans sa tête. Grâce à son comportement d’enfant immature, les gauchistes font les lois, et lui, il les défend. Les gauchistes organisent la colonisation, et lui, il cherche à conserver les colonies.
Ce brave citoyen éprouve une admiration sans bornes pour les forces de l’ordre. Et quand celles-ci se mettent à lui taper sur la gueule ou sur celle de ses enfants, il se dit que c’est une erreur, que les forces de l’ordre sont bien mal commandées. Jamais il ne se dit que les forces de l’ordre sont susceptibles de générer un abus, de par leur fonction même. Voilà pourquoi une des solutions réponse à tout qu’il chérit plus que tout, c’est : donner plus de moyens aux forces de l’ordre, tandis qu’il est généralement contre l’augmentation des impôts. L’image du fonctionnaire en charge de l’ordre est rassurante pour sa psyché fragile. En fait, il en a besoin pour survivre mentalement. Les forces de l’ordre peuvent donc lui taper aussi fort qu’elles veulent sur la gueule, sans craindre qu’il ne change d’avis. Il n’en démordra pas. Dans les manifestations d’ailleurs, il cherche l’assentiment des dites forces de l’ordre. Il ne songe même pas que comme lui, le policier, le crs a une famille a nourrir et que pour lui, l’ordre, consistera parfois à lui taper sur la fraise. Quant à penser le plaisir que pourrait éprouver un agent public à abuser de son pouvoir, voilà qui est en dehors de son entendement. Lui, châtré dès l’enfance, a repoussé aussi loin que possible l’idée de violence. Dès lors, s’imagine-t-il que tout le monde fonctionne ainsi, surtout chez les forces de l’ordre auxquelles il s’identifie, et que même, si c’est pas comme ça, ça devrait être comme ça.
Là où le gauchiste soumet volontairement son individualité au collectif, le droitard n’a parfois, même pas d’individualité. Il veut se confondre dans le ventre de la société mère. Le droitard français est parfois pire que le gauchiste, raison pour laquelle, il est difficile de discuter avec lui d’autre chose que du travail. N’ayant aucune épaisseur, il s’imagine que le travail est l’unique horizon humain. La culture, c’est fait pour les chiens à punk désintégrés socialement. Voilà pourquoi dans les années 50, il a laissé ce pouvoir aux gauchistes avec le résultat que nous constatons de nos jours. 50 ans après, il se réveille surpris : « Ah la culture, c’était donc important ??? » Il ne sait toujours pas pourquoi la culture c’est important, il ne comprend plus rien à l’idée de transmission, il est obnubilé par la réussite matérielle, mais comme il est pragmatique et qu’il constate le marasme, il commence à admettre que le « travail » n’est peut-être pas suffisant. Pourtant, embourgeoisé jusqu’au bout des ongles, il abhorre cette idée qu’il manie comme un canard qui aurait trouvé un couteau, avec circonspection.
Pour lui, la culture, c’était il y a 100, voire 200 ou 500 ans. Ca peut pas être actuel. De nos jours, y-a que de la merde. Dans son aveuglement et sa médiocrité, il ne voit même pas que le travail est d’abord un phénomène de création culturel, et qu’il doit tout, dans son intégration sociale, à la culture. Comme en matière politique, il défendra dans quelques années les créations culturelles de la gauche qu’il dénonce actuellement.
En matière d’éducation, d’instruction publique, il cherche à protéger sa famille. Le monde peut s’écrouler, il pense pouvoir en réchapper en donnant aux siens, une bonne éducation. Il n’a même pas le recul culturel de comprendre combien les individus peuvent être emportés par le vent de l’histoire. D’ailleurs, quand ils le sont et qu’ils sont droitards, ne meurent-ils pas inconscients ? Heureux d’avoir accumulé de l’argent pour rien, pour leur propre plaisir dans une masturbation abjecte ? Le droitard ne s’imagine pas qu’il puisse, et qu’il a même le devoir, de s’opposer à l’ordre social. Qu’il paye des impôts pour un système qui tue des enfants dans le ventre de leur mère, ou pour déstructurer les écoliers, est pour lui une triste fatalité. Il vaut mieux cela que le désordre ou le chômage. Il a renoncé à ses convictions à cause de ses convictions.
Le droitard français est donc un être étriqué. Conséquence, quand il fait face à une injustice, il n’a pas les moyens affectifs de la gérer. L’immigration de masse fait l’objet, non pas de son opposition ferme, mais de sa haine. Entre deux mouvements du coeur, il reprend son sacro-saint travail, et laisse faire. Comme pour le meurtre d’une petite innocente par un immigré en situation irrégulière. Il va s’y investir affectivement pour se donner des raisons de bouger, ne comprenant pas que son émotivité puisse provoquer répulsion ou désordre. Répulsion car personne n’a envie de se laisser aller à de tels sentiments aussi bas que le désir de vengeance ou la haine. Désordre car son désir d’ordre n’est que l’envers d’une volonté de déstabiliser toute la société pour assurer « l’ordre ».
Lorsque des gauchistes ont montré des photos du petit Aylan, mort sur une plage, parce que tombé du bateau de son père trafiquant de clandestins, il n’est pas venu à l’idée du droitard de crier à une « honteuse culpabilisation, indigne du débat public, alors que l’enfant n’était même pas enterré ». Il a plus ou moins encaissé parce qu’il n’avait pas la force morale de répondre à ses opposants. Par contre, quand des gauchistes ont justement utilisé ces mots à son encontre dans l’affaire de la petite Lola étranglée par une clandestine, il a trouvé cette manière de penser injuste et de l’ordre du « terrorisme intellectuel ». Ainsi traite-t-il ces deux événements de manière différente, parce que dans les deux cas, il n’est pas capable de supporter l’impact affectif dont il se croit victime. Dans le premier cas, il lui est impossible de remettre les gauchistes face à leurs incohérences morales. Dans le deuxième cas, il n’est pas apte à se contenir. Les gauchistes ont alors beau jeu de le renvoyer dans les cordes de la culpabilisation quand un fait divers sert leurs intérêts, en jouant de sa faiblesse affective, dans un cas parce que le droitard ne saura pas s’opposer avec fermeté à la manipulation gauchiste, dans l’autre parce qu’il se sera laissé emporté.
Le droitard est donc un faible affectivement et par conséquence, moralement parlant. L’envers de sa conception enfantine du pouvoir, avec un chef résolvant tous les problèmes, se traduit par une incapacité à affronter les situations problématiques d’un point de vue sentimental. D’où les guerres auquel il participe sans coup férir par « solidarité envers la nation », d’où les législations à rallonge basées sur des cas particuliers, d’où les solutions à l’emporte pièce, le « il suffirait de faire ceci ou cela », de « mettre tous les immigrés clandestins à l’eau, et les autres avec », « de mettre tout le monde au travail et que ça résoudrait le problème du chômage et même de l’immigration et même de la société », son « rétablir la peine de mort » comme solution universelle à la délinquance, ou encore son « les Français sont désobéissants, pas comme les Allemands », se rêvant secrètement en socialiste nazi. Et j’oubliais le plus saillant dans ce tableau et que j’ai déjà évoqué plus haut : son adulation pour les forces de l’ordre, qui lui évite d’avoir à devenir une personne courageuse. « Il faut que la justice et la police fassent leur travail » nous répète-t-il. Sans penser que les forces de l’ordre n’ont qu’une simple délégation pour assurer sa sécurité et qu’il devrait avoir, non pas la possibilité, mais le devoir, d’assurer la sienne et celle des siens. A l’inverse, il faut supporter sa confiance niaise en la soldatesque gouvernementale.
Lorsqu’il est victime de ce système de contrôle, quand il découvre l’injustice intrinsèque de la raison d’état, il tombe du haut de ses illusions tout en étant incapable de changer de logiciel sécuritaire. Alors il demande encore plus de police, encore plus de justice. Si ça lui est tombé dessus, c’est que c’était une erreur. Il ne s’aperçoit même pas que la juge gauchiste qui l’a sanctionné, a joui en le rappelant à la loi.
(discours sur mesure pour rassurer le droitard français, ici en matière d’immigration)
Pour reprendre le propos de Charles Gave, « Le but ultime pour la droite (ndt : française) est de réussir à prendre le contrôle de l’outil de contrainte qu’est l’état, non pas pour libérer les Français de ces contraintes, mais pour imposer les leurs. Et si ce dernier estime que la droite a renoncé à l’économie à cause d’une vision idéalisée du pouvoir, je crois plutôt que cette droite est incapable d’articuler économie et pouvoir, passant de tout l’un à tout l’autre, sans nuances, au contraire d’une personne adulte qui perçoit la complexité de ce monde.
Or le droitard cherche des explications simplistes au monde. Là où le gauchiste idéalise le collectif pour ce faire, le droitard idéalise le chef. Tous, ont peur du pouvoir de l’individu, et de ses talents. Les uns, veulent niveler le niveau par instinct grégaire. Les autres par la soumission à un seul individu. La soumission chez le droitard est une pratique érotique qui a pour fonction d’entretenir sa libido. Le droitard s’imagine facilement soldat, mais il ne sera jamais guerrier. Il jouit d’appuyer sur un bouton pour défendre la cause de la nation. Au mieux, il essaiera de se contenir, mettant ses nombreux talents au service du chef, attendant puérilement d’être reconnu. Jamais, il ne cherchera à pondérer les motivations politiques et philosophique de son action. Il sera très fier d’avoir écrasé une résistance populaire aussi légitime fût-elle, au « service de la nation ». Même Napoléon Bonaparte se moquait des décorations qu’il leur donnait en parlant de « hochets menant les hommes ». Le droitard sait d’ailleurs qu’il est traité comme un enfant. Il est donc inutile de le lui faire remarquer. Il s’en délecte intérieurement car il recherche cette régression. Le lui reprocher, serait l’encourager.
Enfin, le pire, chez le droitard, c’est sa perméabilité aux femmes. Tout ce que j’ai écrit de désobligeant sur lui n’est rien à côté de sa soumission spirituelle, intellectuelle, affective, à sa mère symbolique. Enfant avec le chef, il l’est d’autant plus avec les femmes qu’il idéalise et à la fin, ne comprend pas. Dès qu’une femme pointe le bout de son nez, il renonce en propre à son être. Dès qu’une femme est menacée, il ne calculera plus les responsabilités de celle-là. Il se l’imagine enfant, comme lui, pour se rassurer. L’irresponsabilité, souvent juridique, dont il l’affuble n’est que l’envers d’une irresponsabilité qui est la sienne. Ainsi Charles de Gaulle a-t-il pu excuser les femmes de leurs crimes, dans leur ensemble, car soit-disant, elles agissaient pour des motifs affectifs. Comme si cela pût excuser quoi que ce soit. Ou comme si l’homme était dénué d’affects en matière criminelle…c’est dire le niveau.
Pour en terminer, je voudrais en revenir à l’exemple du début. Cette juge gauchiste avait bien raison de se rire du comportement des pères divorcés. Il est véritablement puérile de vouloir négocier avec une personne qui ne respecte que le viol. Un homme, un adulte, doit agir selon les circonstances, selon ce qui est. Il ne doit pas avoir d’idées prédéfinies comme un droitard pourrait en avoir, ou vouloir tout changer au monde, comme si ce dernier n’avait pas de limites, tel un gauchiste.
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