« Il passa la nuit à prier Dieu. »
Luc 6 12
Mme Barjot représente tout ce que je déteste chez une femme. Cette capacité à déformer la réalité, à présenter une idée pour qu’on ne la reconnaisse plus, à faire jouer des solidarités entre minorités pour constituer une majorité et à écraser tout devant elle, toute contestation en ayant l’air d’une nunuche (fêtarde). Mme Barjot fait partie du cirque médiatique, et les gens s’y sont laissés prendre, et pour éviter de se révéler pour ce qu’il est, le cirque médiatique a dû lui donner la parole. En cela, elle a réalisé un travail incroyable. Elle a largement surpassé Mme Boutin, qui pourtant, lors du combat contre le Pacs, n’avait pas démérité en jetant toutes ses forces dans une lutte déséquilibrée. Elle l’a surpassée car elle a réussi à faire trembler le golem et elle l’a raidi, révélant sa nature impitoyable derrière des dehors libérés (elle et le golem). Elle a permis de structurer une opposition qui renaîtra plus forte car aguerrie, dans une génération, quand ceux qui ont manifesté dans les rues avec leurs parents, auront grandi. Et elle l’a fait en utilisant un noyau très fort de catholiques qu’on disait morts. Le mariage pour tous a servi de catalyseur à nos communautés endormies qui avaient laissé passer trop de lois ces quatre dernières décennies, et il faut lui rendre grâce, Mme Barjot en a été une des principales médiatrices.
Il faut faire partie de la doxa ou être un contestataire invétéré comme moi pour saisir toute l’intelligence que Mme Barjot a su déployer tactiquement. Le quidam n’y a vu que du feu. Il n’a pas compris quel était sa place exacte, comment cette femme pouvait défendre un mouvement aussi sérieux, ils l’ont trouvé bizarre parfois, mais en dernier ressort, de tous bords, ils ont fini par la suivre. Car dans cette affaire, il ne suffisait pas d’avoir des qualités médiatiques, il fallait structurer des groupes hétéroclites et leur donner une apparence unie pour affronter un réseau institutionnel écrasant et anti-démocratique.
Du côté des hommes : beaucoup d’énergie dépensée.
Enfin quand je dis « ils ont fini par la suivre », pas tous. Civitas qui avait pourtant initié le mouvement, s’est laissé marginaliser. Ces derniers, dans leur combat honorable de faire passer Jésus en premier, n’ont pas su être aussi souple que Mme Barjot. Comme la tortue, ils sont partis les premiers, mais avec les certitudes du lièvre. Résultat, non seulement ils ont été bien ostracisés par le cirque médiatique, mais en plus Mme Barjot a dû participer à l’hallali et je pense que la brouille est définitive.
Alain Escada (Civitas) est un homme, Mme Barjot une femme, et cela n’est pas anecdotique. Le groupe médiatique visible de Mme Barjot, s’est retrouvé composé de nombreuses femmes et d’homosexuels. L’homme hétérosexuel… le président d’Alliance Vita, presque invisible. Sos Papa, Fils de France… visibilité médiatique très faible. Comme si nous étions incapables de porter des mouvements de masse, comme si la concurrence avec les femmes, nous excluait de facto des premiers rôles. Pourtant quelqu’un comme M Escada est un contradicteur extraordinaire, Camel Bechikh et Tugdual Derville (fils de France, Alliance Vita) sont loin d’être des idiots. Mais rien n’y a fait, comme si nous n’avions plus les moyens de mener nos troupes.
C’est vrai, c’est plus facile pour une femme. Cela ne date pas d’hier mais pour réussir désormais, il semble qu’il faille être une femme. Au front national, à la CGT, au médef, à science po ou ailleurs, les candidates sont si avantagées qu’il est quasi impossible pour un homme d’arriver à la tête d’une institution représentative, et que, pour se donner une image moderne, il faille trouver une femme dans ses rangs, Quelle que soit la compétence de celle-là. Quand on voit les femmes de notre gouvernement, on ne peut que constater à quel point le niveau de réflexion et de prise en compte d’une problématique d’un point de vue général chez celle-là, est faible. Le monstre médiatique demande des qualités féminines. Il faut avoir l’air d’avoir des idées sans avoir l’air d’être violent. Il faut plutôt être belle et jeune. Et éviter le moindre faux pas, car alors l’étiquetage est immédiat : fasciste, intégriste, extrême droite, macho, et c’est plus facile pour une femme considérée naturellement comme mesurée. Le jugement moral des journaux devrait être toujours étudié de plus près comme une forme de religion idiote, ici celle des faux-semblants et du verbiage qui avantageraient aujourd’hui les femmes, ou plutôt, que les femmes se seraient appropriés.
Mais c’est pas toujours que la faute aux journaux.
Notre incapacité à nous focaliser sur la lutte. Des vues décalées du monde.
Si on cherche à prêcher, inutile de lutter à plusieurs, les prêches se contrediront. La rue n’est pas un lieu de prêche surtout quand on est une minorité à l’intérieur d’un mouvement plus large, et qu’on a besoin de ce mouvement plus large pour faire avancer son combat. Il y a de fortes chances pour que l’éveil prenne du temps. La récupération de la religion par l’Etat a failli tuer l’Eglise catholique en France, et si cet état républicain veut définitivement se saborder, ne cherchons pas, à tout prix, et immédiatement, à faire monter tous les citoyens de force dans la barque de secours. Parfois une petite baignade préalable au milieu des requins, assouplis les esprits les plus rétifs et fait mieux comprendre à la communauté la nécessité de ramer en groupe que n’importe quel discours ou tentative d’abordage. Aujourd’hui, la lutte ne peut se concevoir qu’en terme d’alliances, dans la rue ou ailleurs, de renforcement intérieur et de luttes extérieures par alliances. L’enjeu des principales années à venir est de savoir si les hommes réussiront à coopérer entre eux de manière désintéressée. Des fruits de cette lutte, Dieu reconnaissant les siens, l’évangélisation ou la reconnaissance des pères se feront naturellement si nous savons combler les vides d’une société paumée, parler pour exposer nos idées et notre point de vue, au lieu d’essayer de vouloir imposer arbitrairement une théocratie ou une justice équitable de fait, en puristes, incapables de comprendre la faiblesse de ce monde.
Notre incapacité à créer des alliances fortes et crédibles.
Ces alliances, nous sommes incapables de les gérer en tant qu’hommes sans que nos ennemis n’aient même besoin de nous déstabiliser. Dernièrement dans le milieu de la pensée dissidente, nous avons dû subir un bien triste spectacle entre M Livernette et M Abed. Finalement ce genre d’incident me fait dire que notre pensée souffre de faiblesses morales bien grandes. Si nous sommes incapables de supporter des gens qui agissent de manière différente, si nous sommes incapables de distinguer pensée, peuples et personnes, comment pourrons-nous jamais avancer, ou avoir une quelconque crédibilité ?
Pour éviter cette confusion, en nous focalisant sur des luttes communes, nous éviterons bien des écueils et s’il doit y avoir des attitudes inexcusables et si nous devons les juger comme tel, cela devra toujours être face à des personnes qui ne respectent pas leurs propres idées, non les nôtres.
Les quiproquos n’ont pas besoin d’être entretenus par des services de renseignement étrangers et nationaux. Si nous ne savons pas nous faire un peu confiance, et si nous ne savons pas éclaircir nos quiproquos, la mésentente viendra immanquablement, tout comme elle viendra si nous ne savons pas nous ménager en retenant notre langue de temps en temps par des jugements qui sont des obstacles à la cause commune plutôt que de saines introspections. Pour cela, il faudra savoir nous parler, en mettant de côté nos égos surdimentionnés qui empêchent tout dialogue. Que ce soit bien clair, en parlant ainsi, je ne veux juger aucun d’entre vous. Lors de mes propres conversations sur face book combien d’erreurs j’ai commises, désirant convaincre là où il valait mieux se taire, prenant des problèmes techniques pour des volontés de nuire. Une fois, j’ai été éjecté d’un groupe de manière volontaire et sans autre forme d’explication. J’ai demandé calmement des explications qui m’ont été fournies et qui m’ont convenues. J’ai compris progressivement que s’il n’était pas toujours possible de travailler entre nous, nous n’avions rien à gagner au scandale.
Les divergences apparaissent naturellement, et les impossibilités à travailler en commun sont bien trop grandes pour ne pas se faire jour rapidement dans un dialogue suivi. J’ai également perdu quelques contacts après des articles trop provocants pour ceux qui les lisaient, ou des dialogues houleux. Combien je les comprends, et combien j’ai apprécié la discrétion de leur départ ou le constat de l’impossibilité que nous avions de discuter ensemble. C’est la vie ? Inutile de perdre du temps dans des luttes personnelles quand ces luttes restent dans un cadre privé.
Autre source de faiblesse : notre volonté de juger les autres au lieu de juger leurs idées. Si nous sommes dans une forme de pensée émergente et alternative, que penser de cette attitude médiocre qui consiste à discuter des personnes et non des idées ? Dans ce cadre, la pensée alternative restera une pensée médiocre qui n’émergera jamais.
Les groupes d’hommes ont encore manqué le coche.
Discutant autour de moi, faisant personnellement le lien direct entre éviction du père et mariage lesbien dès le début, combien j’ai été surpris de constater que de nombreux pères, pourtant lésés dans leurs droits face à la justice étaient incapables de faire ce lien même après un débat.
Certains de ceux qui avaient dû subir la réduction de leur rôle de père à celui de portefeuille sur pattes, étaient favorables à ce que des familles se constituent sans homme et que des groupes de femmes puissent supprimer, dès la naissance, le père de leur enfant. Ils ne voyaient pas, ils ne pressentaient même pas, qu’en acceptant que la notion de père fusse supprimée, ils le soient de manière indirecte.
Là, il y a un gros travail de théorie à faire du côté des associations de pères, pour que chacun d’entre nous comprenne combien de telles mesures, depuis 40 ans (divorce, libération sexuelle…) ont progressivement fait passer n’importe quel père pour un objet inutile au sein de sa famille, et combien croire à une telle propagande est à l’origine même des problèmes que nous connaissons face à la justice. Le lien reste à faire, le travail est immense chez des hommes qui ont cru aux chimères de cette société et qui pourtant se sont faits détruire par celle-là. Il va bien nous falloir renoncer aux quelques oripeaux qui nous ont été jetés en pâture, et commencer à assumer notre radicalité qui n’est que justice ? Nous serons toujours perçus avec méfiance, et au lieu d’essayer de rassurer un système qui a intérêt à faire la sourde oreille, si nous commencions à vouloir opposer une résistance sérieuse à ce système inique ?
La nécessité de voir la lutte de manière plus large.
On ne gagne pas des points dans l’opinion publique seulement en essayant de se battre pour ses enfants, noble tâche, mais qui apparaît trop intéressée aux yeux d’un public qui ne sent que trop bien qu’en matière d’intérêts, aucun groupe d’homme n’arrivera jamais à la cheville d’un groupe de femmes. Le rapport de force est trop en faveur d’elles en ce domaine. Quand on est un homme, on gagne des points dans l’opinion publique en luttant de manière désintéressée pour la famille, pas pour son cas personnel. Je peux vous garantir que si les associations d’hommes s’étaient retrouvées en tête de la contestation contre le mariage « pour tous », cela aurait fait grand bruit. Enfin, le public aurait perçu du neuf dans notre attitude : un refus explicite de l’oppression, une menace crédible, une forme de combat tactique intelligent et enfin désintéressé, sortant du cadre qu’on lui avait assigné.
Ce combat était le combat idéal.
Complètement apolitique, voulu areligieux par les catholiques eux-mêmes qui formaient le très gros de la troupe, cherchant des interlocuteurs divers et variés, nous n’avons pas réussi à nous intégrer dans ce cadre. Il était pourtant ouvert, la lutte inespérée et sans risque (au stade où nous sommes, qu’avons-nous à perdre?), les alliances nombreuses, et malgré cela, nous n’avons pas su en saisir l’opportunité. Il aurait fallu nous jeter corps et âme dans cette lutte. Nous avons continué comme avant. Je ne sais pas si le train repassera une deuxième fois. Je sais par contre qu’il n’est jamais trop tard, que la lutte continue encore et que plus nous serons nombreux à prendre conscience de l’usurpation, plus nous serons prêt à occuper l’espace médiatique quand un autre casus beli familial nous concernera.
Conclusion temporaire.
Le train familial est en mouvement en France. Il n’est pas question de croire que nous pourrons arrêter le train et monter dedans pour le conduire à notre guise. Il faudra, plutôt à chaque aiguillage, se battre pied à pied pour prendre une direction qui nous sera plus favorable, et surtout, trouver des alliances crédibles et sans concession dans le milieu associatif. Si nous continuons à déconnecter nos luttes personnelles de la marche sociale (ou plutôt de sa reculade), jamais nous n’y arriverons. De surcroît, à chaque débat, il faudra bien réfléchir aux luttes que nous voulons mener. Voulons-nous participer à la destruction de la famille en tirant les marrons du feu de manière intéressée et en jouant aux citoyens progressistes ? Si tel est le cas, je peux vous garantir que nous n’obtiendrons absolument rien de la société : nous sommes en minorité et nous le resterons pour bien longtemps, jusqu’à notre anéantissement, et je pèse mes mots : dans les années qui viennent, les progrès technologiques vont nous offrir des perspectives démentielles en matière familiale et si nous ne nous préparons pas à affronter ces pulsions bestiales chez nos collatéraux, si nous nous contentons de vouloir infléchir le droit sur des points qui n’intéressent personne que nous-mêmes, sans comprendre la globalité d’un système qui exploite les hommes, le tour que prendra notre société à l’avenir aura certainement tous les aspects d’une pendaison collective.
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