(Microfiction) La confession

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… (ce qui précède restera privé)


_ Je suis aussi venu vous voir mon père parce que je ne sais pas quelle est ma place dans la société. Je n’ai pas été appelé à m’engager dans les ordres. Mais je n’arrive pas à trouver de femme non plus.

_ Le devoir d’un catholique est de chercher.

_ Je cherche, mais regardez, je suis en marge de la société. Qu’est-ce que j’ai à offrir à une femme ? Pas d’argent, pas d’emploi, et puis j’avance en âge.

_ Vous devez vous concentrer sur ce que vous êtes et non sur ce que vous avez. L’important c’est la personne ! c’est votre personne !

_ Si nous devons parler de cela, l’image que j’ai des femmes est assez catastrophique.

_ Et quelle est-elle ?

_ Ma mère était une putain… enfin… je veux dire une prostituée, au sens premier du terme. Elle a plumé mon père de fond en comble pour assurer son train de vie, baisant à tout va, avec n’importe qui. Ma soeur et moi, nous étions ses accessoires. Elle ne nous a jamais vraiment aimés.

_ Effectivement cette vision est assez catastrophique. Ca ferait peur à n’importe quelle femme saine.

_ Vous ne croyez pas si bien dire, plus tard, je suis tombé amoureux d’une femme qui ressemblait à ma mère. En pire. Elle m’a engagé dans une paternité pour des raisons animales et elle a voulu me plumer, elle-aussi. Du coup, j’ai choisi de me suicider socialement pour ne pas lui donner prise.

_ Vous… vous ne payez pas de pension alimentaire ?

_ Non.

_ Mais l’enfant ? Il n’a rien fait l’enfant ? Vous devez soutenir l’enfant.

_ Mais mon père, soutenir l’enfant, ce serait cautionner cette femme, une putain ? 

_ Vous ne devriez pas employer un tel langage. Nous sommes tous pécheurs. 

_ C’est certain. Il n’en reste pas moins qu’elle s’est comportée comme une putain et que je ne me vois pas cautionner un tel comportement. 

_ L’enfant fera la part des choses… plus tard.

_ Mon père, voilà des phrases que j’ai entendu mille fois autour de moi. En vérité, cela n’arrive jamais.

_ Vous êtes bien pessimiste…

_ Parce que vous croyez que dans ma situation, il faudrait en plus que je me paye d’optimisme ?

_ Vous devez continuer à espérer.

_ J’ai déjà du mal à espérer en Jésus, alors espérer en un démon… quel est le sens d’une telle démarche.

_ Notre Seigneur Jésus a pardonné sur la croix.  Ses ennemis ne se sont pas contentés de Lui faire du mal. Ils l’ont tué. Souvenez-vous en.

_ Mais mon père, je n’ai pas d’animosité spéciale envers elle, ou envers l’enfant. 

_ Pourtant votre langage dit autre chose.

_ J’essaie d’être factuel mon père. Les tueurs de Jésus étaient-ils bien des assassins ?

_ Oui… mais employer de tels mots, ça pousse à la haine. 

_ Moi je me demande s’il ne faut pas ces mots pour passer par la vraie croix. Sans eux, on se confine à rester un inconscient. 

_ Alors comment faire pour renouer le lien, remettre de la vie là où il n’y en a plus, si vous les employez. Croyez-vous que la situation s’améliorera si vous continuez sur ce chemin ?

_ Peut-être que cela ne m’appartient pas ! Toute la société fait comme si en tant qu’homme, je devais être responsable de tout, comme si les femmes n’avaient jamais de responsabilités, comme si l’on m’avait laissé choisir, à n’importe quel moment de la procédure. J’ai l’impression que l’on nous culpabilise en tant qu’hommes, pour d’autant mieux nous contrôler, et alors qu’aucun choix ne nous est réellement laissé. Les femmes font des enfants sans volonté de rester en couple. Elles se séparent de leur compagnon pour des raisons futiles, le sexe le plus souvent. Ou elles vont harponner l’homme d’un autre. Elles ne sont jamais sanctionnées par les tribunaux quant à leurs écarts de conduites. Elles peuvent tromper, cocufier, vous obliger à assumer des enfants qui ne sont pas les vôtres, proférer de fausses accusations, vous humilier sans que vous ayez le droit de vous défendre. Toute la société cautionne leurs péchés. Et ce serait moi qui devrait me déclarer responsable de la situation ? Et puis, si cette femme se comporte en salope, qu’y puis-je père !

_ Bon, d’abord ne parlez pas de toutes les femmes comme ça. Il y en a qui sont un peu différentes. Vous ne pouvez pas faire un tel amalgame. Enfin, cette femme n’est pas une “salope” comme vous dîtes mais une enfant de Dieu…

_ Qu’en savez-vous mon père ? Qui vous dit que cette femme que vous ne connaissez pas, n’a pas choisi le diable ?

_ Vous savez, le diable… c’est un concept utile pour comprendre le monde. De là à dire qu’elle est possédée… Cela n’arrive pas si souvent. Et puis, vous n’êtes pas vraiment apte à en juger, ni à faire ce genre de diagnostic.

_ Moi, j’ai l’impression que nous vivons dans une société où les femmes sont toutes possédées à tel point que ça en est devenu banal.

_ Disons plutôt que les gens sont comme… trompés. Vous savez, il y a bien des femmes qui sont victimes d’hommes, réellement.

_ Une minorité, qui fait tant de bruit qu’on entend qu’elle. Souvent, elle a été victime d’une société qu’elle a cautionnée, qu’elle a appelé en secret de tous ses voeux.

_ Cela n’empêche.

_ Oui, cela n’empêche, vous avez raison.

_ Vous-même en tant qu’homme, vous avez été trompé. Et désormais, vous réagissez avec outrance. 

_ Alors nous ne sommes pas responsables de nos actes ? Je suis juste une victime des circonstances ?

_ Le diable nous détourne du bien. 

_ Nous ne sommes donc vraiment pas responsables de nos actes ? 

_ J’imagine. Ne dit-on pas qu’un humain au comble de la souffrance est comme “possédé”, terme que vous avez employé, pour dire que son corps ne lui appartient plus. 

_ Si c’est cela, il y a les élus et les autres. Et personne ne peut être sauvé en décidant de l’être. La conversion est un mythe. 

_ Nous ne pouvons pas savoir. Ce sont des questions difficiles à résoudre, des mystères. Dieu nous met face à notre impuissance. Il éprouve aussi notre humilité. Si l’homme se sauve lui-même, il devient orgueilleux.

_ Et si Dieu est le seul à pouvoir le sauver, alors son existence n’a pas de sens… Le serpent se mord la queue. Comment moi, je peux m’en sortir au milieu d’un tel troupeau de démons ? pour devenir un catholique respectable ? 

_ Vous devez garder courage. Allez vers des femmes, et voir. Si ça ne convient pas, vous devez renoncer aussi rapidement que vous vous êtes  avancé vers elles. 

_ Je ne suis attiré par aucune de celles-là. La plupart me dégoûtent. Et avec l’âge et l’expérience, elles me dégoûtent de plus en plus. A chaque fois que j’en vois une minauder, j’ai comme envie de lui mettre une bonne fessée.

_ Et vous avez songé à aller voir un psy ?

_ Là, je suis responsable de mes souffrances ?

_ Non, non… bon alors dîtes-moi qu’est-ce qui cloche avec celles que vous avez rencontré.

_ D’abord, c’est leur manière de tricher avec les apparences qui m’horripile. Elles jouent aux saintes. Toutes. Elles font croire cela à leurs garçons et quand leurs enfants grandissent, ils se fourvoient sur leur future épouse. Il faut les voir imaginer que les femmes ne font jamais de mal. Des enfants pitoyables. Mais je ne peux pas leur jeter la pierre, parce qu’ils ont été abusés petits. Comment pourrait-on en vouloir à une victime d’inceste ? Ce n’est pas possible en tant que catholiques. Il faut avoir de la miséricorde pour tous ces mâles qui restent éternellement sous l’influence de leur mère, et qui deviennent souvent des prélats féminisés de leur environnement étriqué. Non, les vraies responsables, ce sont leurs mères. Et si tant d’hommes sont immatures dans notre société, la faute en revient à ces salopes qui jouent les petites saintes. Et puis avant d’être mères, ces femmes ont été des épouses pleines de duplicité, qui ont infantilisé leur compagnon. Je ne me vois pas m’engager avec l’une de celle-là. 

_ C’est à vous d’accepter ou pas ce jeu, de croire que vous pourrez en trouver une différente des autres, et surtout que vous serez capable de l’aimer. Peut-être vous fixez-vous trop sur les apparences justement ?

_ Mais comment pourrais-je être certain de ne pas me tromper ? Elles sont plus fortes que moi ou que vous pour ça ? Et le jour où je serai engagé, toute la société me tombera dessus. Et puis, il y a bien pire encore.

_ C’est à dire ?

_ Si vous y regardez de bien prêt, ce sont toutes de grosses fainéantes. Bien entendu, vous les entendez se plaindre par l’intermédiaire de leurs portes paroles féministes, qu’elles font ceci ou cela, qu’elles sont chargées mentalement ! Vous croyez que je ne le suis pas chargé mentalement, moi ? En vérité, quand vous y regardez de plus près, elles ne cessent d’en faire le moins possible, en chargeant leur homme autant que possible. Elles ne veulent même plus être des mères et s’occuper de leurs enfants. Non, ce qui les préoccupe seulement, c’est d’avoir l’air éternellement jeunes et baisables.

_ Oh ces mots ! Vous vous emportez. Péché de colère contre vous.

_ Non mon père, regardez-y de plus près, elles veulent juste rester attirantes. Vous faisiez référence tout à l’heure à l’être et à l’avoir. Les femmes de notre époque sont dans l’avoir uniquement. Elles ne sont rien à proprement parler, juste apparences. Des coquilles vides imperméables à la virilité. Elles courent les grandes villes pour faire des rencontres, trouver le meilleur parti, faire du fric et vivre sur le dos d’une société urbaine riche et facile d’accès. Voilà pourquoi elles rêvent d’un homme fort. Puis quand un homme réellement fort les contredit dans leur intimité, voire au travail, les voilà prêtes à employer tous les moyens pour avoir raison. Elles mentent alors comme des arracheuses de dents. A ce point qu’elles ne savent plus, souvent, distinguer le réel de leurs mensonges. Elles humilient leurs compagnons, leurs collègues, puis portent plainte pour “violences conjugales” ou harcèlement sexuel, tout en restant sur place. Ce n’est pas elles qui doivent bouger, mais le monde qui doit s’adapter, vous comprenez ! Le monde doit tourner autour d’elles. Elles vivent dans le monde des bisounours et elles voudraient bénéficier de tous les avantages d’une société, sans en subir la moindre contrainte. Elles sont jalouses, même des hommes. Elles en ont été punies par la stérilité individuelle et le servage social, mais croyez-vous qu’elles aient commencé à se remettre un tant soit peu en question ? Non, c’est encore et toujours de la faute des hommes. Et pour avoir raison, elles mentent si bien que tous les autres hommes jettent l’opprobre sur le pauvre malheureux qui a eu l’audace de vouloir faire régner le bon sens chez lui ou au boulot. Enfin pour s’éviter tout ce genre de désagrément, tout conflit, toute remise en question, elles engagent des efféminés, des soumis qui leur rapporteront un petit salaire à la maison et qu’elles contrôleront de bout en bout. Et encore, cela ne les empêchera pas de jouer les mégères à domicile et de se soulager les nerfs sur leur souffre-douleur masculin, voire sur leurs enfants. Elles ne savent plus rien accueillir. Rien ni personne. Ce sont des capitaines fendus. Elles ne se distinguent pas du mâle à vrai dire. Je ne veux pas faire l’amour à un homme. 

_ Et pour lutter contre ça, vous avez choisi d’entrer en guerre contre elles et de mimer leurs attitudes ?

_ C’est à dire…

_ Vous-aussi vous ne pensez qu’à vous.

_ Vous avez raison, il y a quelque chose qui cloche. Il faut pourtant que nous nous en sortions de cette idéalisation. C’est inhumain et cela nous fait tous souffrir.

_ J’ai l’impression que tout ça vous dépasse. Et pour tout vous dire, ça me dépasse aussi. Pour que Dieu vous éclaire, vous me réciterez un chapelet complet. Maintenant passons à l’absolution…

5 réponses à “(Microfiction) La confession”


  1. Avatar de Justine
    Justine

    Vous avez bel et bien une mauvaise image des femmes.


    1. Avatar de Léonidas Durandal

      Vous ne retenez que cela de cette superbe fiction ?


      1. Avatar de
        Anonyme

        Ma foi, oui. Il  y a autre chose à retenir ? 


        1. Avatar de Léonidas Durandal

          Le doute individuel, le questionnement sexué, la remise en question des résultats de la ruche, l’introspection pour une femme honnête concernant ses comportements ou les comportements de ses horribles soeurs, la prise en compte du point de vue masculin pour une femme, l’acceptation des différences sexuées, la tension entre le ratage personnel et social et familial, les liens entre faillite de l’intime et faillite politique, la prison de l’individu mâle dans une société décadente féminisée, les paradoxes entre responsabilité personnelle et responsabilité collective, la médiocrité individuelle qui côtoie la lucidité la plus absolue, l’absence de réponse définitive, la complexité acceptée etc… Non, aucune empathie pour le futur père/mari ?


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