Dans un article récent, plusieurs garçons exprimaient leur impossibilité à bander pour de « vraies » femmes. En cause, les corps parfaits qui leur étaient vendus dans l’industrie du porno et sur lesquels ils se masturbaient.
A mon avis, le problème est plus critique. Comme nous le rappelle Judith Reisman dans son entretien de fraîche date, la facilité entraîne la facilité. Cependant, comment expliquer que cette facilité ne puisse pas s’exprimer dans la réalité « vraie », même pour une passade.
En tant qu’homme et avec l’expérience que j’ai acquise, je ne pense pas que la sexualité puisse être déconnectée si facilement des rapports amoureux et de l’engagement. Nombre d’hommes souffrent sans le savoir d’être utilisés comme des objets masturbatoires par des femmes aussi médiocres qu’eux.
Si des hommes peuvent faire n’importe quoi comme le prouve l’affaire Weinstein, obsédés par le moindre jupon, ils ne se réalisent pas ainsi. Un homme cherche femme, même maladroitement, alors qu’il est peut-être incapable de vivre une telle relation, il voudrait pouvoir construire une famille, de préférence dans une relation unique.
La pornographie, les multiples partenaires, la société industrielle le poussent vers toujours plus de pornographie, toujours plus de partenaires, cultivant ainsi sa propre insatisfaction. Car ce qui lui manque vraiment lui échappe. Un homme qui veut la pornographie ne peut se réaliser. Il lui en faut de plus en plus pour bander de moins en moins, car il perd progressivement l’espérance d’aimer. Jeune, il a encore des érections à tout va. Avec l’âge la déconfiture est complète. Il lui faut alors se retrouver dans des situations scabreuses pour satisfaire ses fantasmes. Il ne désire plus, il manque.
Les femmes ont tendance à croire qu’une érection est signe d’amour. C’est vrai et faux selon les circonstances. Ainsi, une femme ne devrait jamais se sentir flattée qu’un homme ait une érection pour elle sans avoir vérifié au préalable qu’il n’était pas simplement un homme, mais son homme. Je crois que cette expression désuète de « mon homme » va revenir au goût du jour au fur et à mesure que nous aurons décidé, à nouveau, de nous aimer entre hommes et femmes.
En attendant, il va falloir essayer de revenir sur certaines de nos habitudes industrielles en matière de corps féminins. L’élection de miss France est en ce sens significative.
Lorsque Geneviève de Fontenay s’occupait encore de l’affaire, une certaine décence représentative était de rigueur. Depuis que le groupe Bouygues a abusé de ses droits médiatiques, il n’en est plus rien. Une nouvelle pornographie des corps et des représentations s’est imposée au public. Le standard est celui du corps féminin américain, grand osseux, calibré comme une courge pourrait l’être dans sa barquette, plastique, brillant, clinquant, semblant sortir d’une chaîne de production de grosses voitures, indifféremment de toutes les couleurs selon la peinture qui lui est appliqué. Le plus ridicule dans cette histoire c’est de voir ces tas de plastique militer contre les violences faites aux femmes alors qu’elles sont devenues représentantes de cette violence :
Que ne fera pas faire le désir de bonne conscience…
L’emballage est attirant. Le consommé l’est souvent moins, surtout en ce qu’il marque d’une déconnexion entre intérieur et extérieur, entre image et identité. Ces femmes là ne sont pas des femmes. Et elles ne sont pas nos femmes. En fait, elles ne sont rien, et leur manque de charme me fait personnellement horreur.
Pour bien comprendre ce phénomène d’américanisation, de mondialisation des corps féminins, et donc des visages, il faut déjà avoir saisi combien seuls certains corps de femmes sont médiatisés et pas d’autres. Pour ce faire, faisons un détour par les films érotiques. Grand spécialiste du sujet à mon corps défendant, j’en ai tiré une science étrange. Celui de pouvoir comparer les attentes de chacun des peuples pour lesquels ils sont produits.
Dans les films américains, les situations d’attraction mutuelle partent du boulot. Les filles de ces films ont une plastique industrieuse genre Pamela Anderson. Qu’importe que le mamelon eût été grossièrement retouché par un chirurgien esthétique ancien arpète dans la boucherie, plus c’est gros, plus ça passe, plus le spectateur américain est excité. Il veut voir du transformé dans un contexte alambiqué lié au boulot, où patron et collaboratrice vont jouer un jeu ambiguë et donner de leur corps pour faire avancer toujours plus loin la cause commune. Les corps transformés excitent l’Américain égrillard pour qui la nature est dangereuse, et qui croit tout pouvoir.
A l’inverse dans les films français, ce sont les situations amicales qui vont embrouiller les relations de travail. Les femmes françaises de ces films, avant que l’américanisation n’emporte tout, étaient embauchées pour leur charme. Qu’importe que certaines n’exhibassent une pilosité rustique, une poitrine plate, une hanche déformée, il fallait qu’elle aient « quelque chose » qui fasse vibrer l’imagination du français.
Dans les films italiens, c’est les relations entre beau-frères et belle-sœurs qui sont généralement au centre de l’intrigue. Les femmes y sont de belles reproductrices. Il est facile d’imaginer qu’elles vont vous donner 5 ou 6 enfants robustes.
La censure arabe joue sur ce qui est caché de ce qui ne l’est pas. Pour ainsi dire, c’est le french cancan du voile.
Après ce bref tour d’horizon des fantasmes locaux, il est une idée à retenir : les corps et les femmes qui y sont présentés sont différents selon les cultures, au-delà même de l’appartenance ethnique. Et les corps issus de fantasmes américains sont en train de s’imposer : calibrés, appétants, luisants, sans poil, retouchés, poitrines généreuses mais ni trop grosses ni trop petites, tout comme les hanches, grandes tailles, longues jambes.
De ce point de vue, le concours de Miss France est régressif en matière de culture française. Il est devenu très difficile de distinguer ce concours d’une élection américaine, non seulement en ce qui concerne la production de l’émission que des visages. Par exemple, alors que l’équipe organisatrice a essayé de jouer sur les différences régionales, ces filles là ont toutes le même visage exception faites de certaines filles de nos anciennes colonies… sinon le nez, la mâchoire, le regard, tout concorde à peu près.
Ici, la différence régionale a été utilisée comme un argument marketing d’office de tourisme. Nous sommes dans le folklore. Geneviève de Fontenay a bien raison d’accuser la gagnante d’avoir triché en se colorant les cheveux, tout est voulu faux et artificieux depuis qu’elle en est partie.
Pour gagner en audience, la touche locale sert à attirer l’auditeur complexé dans son identité. La nouvelle miss, en plus d’être une fausse rousse, est une fausse bretonne, vivant dans le Pas de Calais. Le tout est agrémenté par des musiques américaines connues de tous et qui sont sensée donner une touche de modernité à cet édifice artificiel. Même le thème du 14 juillet sur la musique de Lalaland raisonne comme celui d’un « Américain à Paris », film des années 50 produit aux USA. Nous savons nous voir encore, mais à travers le regard des autres. Sinon, nous ne sommes plus rien. Le spectacle est certes très plaisant, professionnel, divertissant. Il n’en reste pas moins suiviste.
Plus grave, cette inculturation va jusqu’à transformer les corps il me semble, et sélectionne des visages aux caractéristiques identiques. Si vous prenez des photos de loin, rien ne semble distinguer ces filles gigantesques promptes à satisfaire des fantasmes américains. Nos reines de beauté en font toujours plus, et incarnent cette démesure, tandis qu’une femme, il me semble et de mon point de vue français, mériterait d’être mise en avant dans ce qu’elle a de particulier et de charmant.
Ainsi la gagnante a-t-elle cette immense bouche que l’on dirait avoir déjà été retouchée, cette mâchoire carrée, ce nez commun, le tout sur un corps élancé et maigre qui donne encore plus de prégnance à ces caractéristiques.
Elle a été élue par le public ce qui laisse songeur. Une audience de 8 millions de téléspectateurs, en baisse, mais très largement au-dessus des autres chaînes de télévision, indique un échantillon assez représentatif des aspirations du français moyen lobotomisé par la télévision : il est déjà habitué aux corps venus d’ailleurs et ne sait plus juger par rapport à ce qu’il voit autour de lui. La série télévisée américaine lambda est sa référence. Il désire par rapport à celle-là.
Je ne suis pas un spécialiste de ces concours, ni très attiré par eux, je n’ai même pas d’idées bien précise pour leur donner un tour plus authentique, mais ces corps mondialisés, et donc aseptisés, me gênent. Dans un village, le concours de beauté devait avoir encore un sens. Le gigantisme n’y avait pas prise. Une fille mignonne pouvait être récompensée. La vie y était alors célébrée à travers ce rituel.
A l’inverse, ce concours miss France joue sur d’infimes détails entre les concurrentes. Il faut même les créer de toutes pièces pour maintenir l’attention du public en éveil, tant la sélection est rude. Alors que les filles ne sont plus jugées à tenues égales, l’uniformité d’avant faisait ressortir les différences, tandis que l’éclectisme d’aujourd’hui les annihilent. Drôle de paradoxe. La diversité est peut-être sacrifiée ici sur l’autel de la pacification des rapports sociaux. Il se dégage une unité de ce spectacle qui rassure le téléspectateur.
Geneviève de Fontenay qui avait à coeur de préserver l’étanchéité entre son concours et la pornographie a perdu deux fois. Non seulement certaines des concurrentes prennent des photos dénudées, mais toutes, il leur est demandé de prendre des postures d’actrices de charme américaines pour gagner. Ce concours devient un corps étranger à notre pays, dans tous les sens du terme. Notre antique simplicité s’est perdue dans les méandres d’une mondialisation violente. Les femmes n’y ont pas gagné. Nous non plus. Par contre, le mensonge a bien progressé. Il est lisse, agréable à voir, il ne choque personne, il est comme un paravent de la vérité. En attendant, le glissement culturel opère.
Car à tout prendre, quelle femme choisirions-nous pour la vie entre cette miss des années 50 et celle-ci des années 2010 ?
Un homme qui voudrait construire sa vie de manière sérieuse aurait vite fait d’opter pour celle du siècle dernier. Cependant, cette possibilité là ne lui sera pas offerte tant les modèles issus du féminisme et de sa libération sexuelle concordent plutôt avec la deuxième.
Bien entendu, beaucoup de personnes normales n’ont pas encore cédé au mensonge. Mais celles qui sont en manque de repère auront bien du mal à s’y retrouver dans un tel bain. Les femmes françaises auront l’impression de devoir ressembler à un bout de plastique pour plaire. J’en connais tant qui se cachent derrière leur masque. Les hommes français ne seront pas pourquoi ils n’aiment pas ces bouts de plastique.
La raison en est pourtant claire : ces bouts de plastique sont de modèle américain. Ils sont l’exaltation d’une société riche, puissante, qui se veut parfaite et qui s’est construite contre la nature. Les modèles de femmes proposés à ce monde correspondent à cet idéal. La barbie s’incarne dans la réalité, réalité de la femme américaine fantasmée qui forge barbie. Don’t believe the hype ! Pour nous, cette apparence n’est qu’un masque. Il ne dit rien de ce que nous aimons en tant que Français mais nous force à apprécier des formes doublement artificieuses : dans la manière dont elles uniformisent, et du fait qu’elles n’appartiennent pas à notre culture.
Une image valant mieux que beaucoup de mots, voici les deux visages de l’ancienne et de la nouvelle présidente miss France :
A 85 ans, Geneviève de Fontenay a su garder une classe et une tenue. Visage charnu. Décence de l’habillement. Ensemble coloré (presque excentrique).
De l’autre Sylvie Tellier cherche encore à jouer aux blondes américaines à 40 ans. Enfoncée dans une image de star, peu originale, semblant avoir été retouchée, anorexique.
La deuxième image est plus clinquante, certes, mais 45 ans sépare ces deux femmes. A bien y regarder, entre les deux, l’une représente la France, l’autre un pays étranger, qui personnellement, et dans mon esprit, reste un pays étranger malgré toutes ses qualités. Celui-là me plaît dans sa différence. Il ne fait pas vibrer mes tripes.
Conclusion sur le mal féministe
Les féministes qui ont fait tant de mal à notre monde, désirent prendre un cap tout à l’inverse du précédent. Pour elles, les critères de beauté seraient inopérants à servir les femmes. Ils les asserviraient. Le comité Miss France a d’ailleurs anticipé avec intelligence les critiques féministes en produisant un clip sur les violences faites aux femmes où les miss mettent en avant leur liberté de dire non. Celui-là fait appel à la responsabilité des femmes plutôt qu’à leur victimisation. Ainsi les miss apparaissent comme des femmes fortes, responsables de leur vie, et non des victimes de « la domination patriarcale ». Il était difficile de prêter allégeance au système tout en affirmant une permanence de la différence des sexes. Le scénariste du clip a réalisé cet exploit.
Car pour les féministes d’aujourd’hui, tout devrait se confondre dans une immense soupe universelle. Passant d’un extrême à un autre, elles ne voient pas qu’hier comme aujourd’hui elles sont en pointe en termes de démolition.
Hier la victoire de l’industrialisme consacrait la femme libérée, modèle standard de putain. Elles étaient alors à l’origine de cette consécration à cause de leurs revendications. Aujourd’hui, elles disent vouloir préserver les femmes de cette prison qu’elles ont créée. Et elles disent vouloir le faire en niant l’existence même de toute espèce d’esthétique féminine. Elles préparent seulement l’avènement d’un monde transhumaniste où le sexe n’aura plus aucune importance. Enfin, un monde où le sexe n’aura plus aucune importance pour celles qui en auront les moyens, et les personnes qui échoueront à les suivre.
Jusque là, le concours de miss France sera pris entre ces deux extrêmes. D’un côté il lui sera reproché d’être trop sexiste et désuet si les femmes s’y affirment en tant que femmes. De l’autre, il n’attirera aucun public s’il a la prétention de se passer des normes esthétiques et donc, de la différence des sexes. Quant à moi, j’aimerais juste un peu plus d’authenticité. Un tel concours doit conserver son aspect léger, sinon il perdrait tout sens. Mais peut-être n’est-il pas impossible de faire léger, français, et vrai, notamment au niveau de ces corps et de ces visages qui prennent un aspect monstrueux au fur et à mesure qu’il leur est demandé de tous se ressembler.
A chaque défaite de la gauche, à chaque frustration, ce sont les mêmes images qui…
En 2022, certainement soulagé de sortir de la bouffonnerie covidesque, je suis passé à côté…
_ « Je vous l’avais dit Donald, vous ne pouvez rien faire contre leur désir. Ils…
Prenons la dernière loi française qui fiscalise les pensions alimentaires que les pères payent très…
Lorsque cette fameuse épître aux Éphésiens (5,21-28) de saint Paul est lue durant une assemblée…
A contre-temps. Je crois qu’il n’y a pas de meilleur mot pour désigner l’action politique…
View Comments
"Body shaming, ou la fausse sororité : les femmes sont bien pires que les hommes ! [L’Agora]" Breizh du 02/03/2024.
"Sans les filtres d’Instagram et Snapchat, des adolescentes n’acceptent plus leur aspect" Breizh du 21/02/2023.
"Miss Esthétique et l’attraction obscure" Hommes libres du 07/10/2021.
Entre le formatage complet et l'absence de formatage complet, il y a un point commun : l'extrémisme.
"Miss France 2021: dans les petits carnets de Cécile Bados, la chaperonne des candidates" Figaro du 17/12/2020.
Des coquilles vides qui singent une histoire passée.
"Geneviève de Fontenay: « Le centenaire de Miss France est une vraie mascarade »" Figaro du 18/12/2020.
"Mila et Nabilla ou la connassance contre la connaissance" ER du 07/02/2020.
Excepté la conclusion, cet article est très bien construit. Dommage de plaquer des valeurs masculines sur des critères de réussites féminins à la fin. La réussite d'une femme ne se calcule ni par sa plastique, pas plus que par ses connaissances.
«Une beauté androgyne, aux traits plus durs, se dessine chez les jeunes filles qui recourent à la chirurgie esthétique.» C'est pourquoi de plus en plus d’hommes s’orientent vers la douceur féminine et la beauté naturelle des petites filles...
Un jour les femmes jouent aux petites filles pour nous déresponsabiliser, pour se déresponsabiliser. Voilà l'image d'elles qu'elles ont promu il y a peu. Un jour elles jouent au mec pour satisfaire leur esprit de domination. Voilà la nouvelle mode. Sur aucun de ces chemins, il ne faut les suivre. Il faut leur rappeler leur devoir de se comporter en femmes, et d'être obéissantes à leur conjoint. De toutes les manières, elles ne peuvent faire autrement, sans sombrer.
A moins que ces femmes androgynes ne sont qu'une minorité d'hystériques que les journalopes féministes nous présentent comme majoritaires pour je ne sais quelle idée tordue qu'elles ont derrière la tête. Car celles que je croisent dans la rue, pour la plupart, ne sont pas aussi monstrueuses. Non, je plaisante, c'est vraiment pas des cadeaux de la nature.
"Radioscopie des standards de beauté d’aujourd’hui" Figaro du 03/02/2020.
Des monstres.
"Miss France 2020: les critiques à l’égard du concours sont-elles fondées?" Figaro du 14/12/2019.
La photo des miss : des femmes habillées en pantalon chemise blanche style working girl.
"Pas de bikini pour Miss America", Hommes libres du 07/06/2018.
Les suivistes français abandonneront-ils désormais la plastique américaine ? Certainement au profit, malheureusement, du politiquement correct.
Qu'est-ce qu'une femme ?