Quand le programme familial d’Adolf Hitler est appliqué à la lettre en France, avortements, sélection eugénique, crèches familiales, les gauchistes font mine de se récrier. Hitler n’était pas gentil, et ils le censurent. Moi, j’ai plutôt l’impression qu’ils nous empêchent de le lire parce qu’il est un rejeton socialiste du matérialisme, et plus précisément du darwinisme social qui s’est opposé à l’Église. Le nazisme a fait d’autant moins de morts par rapport au communisme qu’il en était plus religieux. Cette idée est insupportable pour tout gauchiste qui se respecte persuadé de détenir la vérité.
Pour les mêmes raisons, ils censurent Otto Weininger, car celui-ci leur ressemble trop. Vous ne trouverez qu’une partie de son texte en Français sur l’internet, avec mention à la fin que « Aujourd’hui, seuls des Néo-Nazis rééditent “Sexe et Caractère” ». En matière de traduction complète, ce sera en Anglais/Allemand. Ainsi, impossible d’avoir accès entièrement à ses idées pour les dépasser, sauf à changer de langue, et donc s’acculturer et régresser. Nous en sommes dans ce pays à lutter pour avoir accès à la culture, tandis que d’autres consacrent leur énergie à grandir en intelligence. Si la civilisation américaine est critiquable, elle l’est toujours moins que la nôtre qui s’est enfermée depuis plus longtemps dans la fausse religion des droits de l’homme et ses mensonges.
Ce comportement est si grave qu’il nous empêche de comprendre notre réalité présente. Car Otto Weininger, ou tout au moins ses idées, se sont imposées entièrement à notre monde, comme si, plus que de le décrire, il l’avait pressenti voire modelé. Déjà chez lui, l’homosexualité n’est ni une déviance et encore moins une perversion, mais un modèle (p66 de la version anglaise). Déjà la femme doit faire comme l’homme pour devenir indépendante, et l’homme rester célibataire. Déjà la conscience masculine doit servir d’unique repère à la conduite du monde, et la mère si elle est déclarée humaine, ne possède plus d’âme. La justification des mères porteuses y est implicite, et bien d’autres bouleversements auxquels nous allons devoir faire face, sont induits par sa pensée. Otto Weininger a gagné en France, voire en Occident, mais ceux-là même qui l’ont fait vaincre, censurent sa pensée. Sans confession, ils n’arrivent pas à se regarder dans la glace. Ils sont un peu protestants à son image, un peu chrétien zombi comme diraient d’autres, et ils nous perdent avec leurs certitudes.
Je serais bien inculte de ne pas reconnaître l’immense talent d’Otto Weininger qui cristallise de manière brillante toutes les pensées modernes au sujet des hommes et des femmes grâce aux connaissances de son temps, et ce à l’âge de 23 ans seulement. Combien ce jeune homme aurait donné de fruits à l’humanité, s’il avait été catholique et revenant sur ses erreurs, avait fait de ce retour une question de survie. Au lieu de cela, il s’est suicidé avant d’avoir à tuer quelqu’un, lui-même, tout orienté qu’il était par sa funeste pensée. Et nous ne pouvons même pas lui en vouloir quand on songe que d’autres inspirés par les mêmes démons ont préféré vivre et massacrer des gens par millions. Car une volonté d’homme seul va vers la mort, tout comme notre monde féminisé s’y précipite aujourd’hui en ne se servant de la masculinité que comme d’un moyen. Les deux se regardent en chien de faïence. Ils ne sont que l’envers d’une même pièce. Ainsi, je ne pourrai me contenter de faire un résumé du livre d’Otto Weininger « Sexe et caractère ». Ce serait collaborer à notre monde. Il faudra que j’envisage ses idées et que je leur apporte des réponses pour ne pas laisser toute place à la force de son génie dont je conteste les conclusions. Je m’excuse par avance auprès de mes lecteurs si je fais référence à sa pensée de manière trop implicite, mais il faut avoir lu Otto Weininger quand on s’intéresse aux relations hommes femmes. Dans ce cadre, cet auteur doit être pris au sérieux et une vraie réponse lui être enfin, apportée. Plus qu’un résumé de livre, je vous propose ici un article qui complétera la pensée d’Otto Weininger et lui donnera un tout autre tour. Je veux prendre en compte ses affirmations, en rajouter d’autres, parfois les contredire, en passant souvent sur ce qu’il dit de juste.
Une fausse définition de l’amour qui pollue la réflexion sur le couple :
« L’attraction sexuelle croît avec la proximité physique, l’amour a besoin de l’aliment de la séparation et de la distance » (p7 VF internet)
Précédent en cela les constructivistes qui tentent de voir le monde par parties et non comme un tout fonctionnant de manière systémique, Otto Weininger sépare « Amour » et « Sexe » qu’il oppose, « Sexe » contre « érotisme ».
En lieu et place de « Sexe », il aurait fallu parler de « Pornographie », car « l’Erotisme » pas plus que « l’Amour » ne peuvent se départir de leurs aspects sexuels dans le couple. L’Église catholique montre très bien comment du sexe conçu en dehors de l’amour aboutit à une objectivation du corps de la femme, ce qu’Otto Weininger dénonce à juste titre. Cependant en introduisant la médiation de Dieu, l’être humain échappe à cette objectivation. Il ne prend plus le corps de l’autre afin de s’en servir, mais pour servir sa nature profonde qu’il confond avec la divinité. Ainsi accomplit-il un acte d’altruisme en « faisant l’amour » et en ayant des enfants. Tel est la manière pour un être humain d’échapper à sa vile condition d’animal soumis à ses pulsions. Dans ces conditions quand la femme vieillit, l’homme n’est plus obligé de la rejeter comme nous le suggère notre auteur, car il aime vraiment, et ne confond pas son sentiment d’amour avec une forme d’animalité masquée.
« On ne peut aimer un être humain qu’on connaîtrait parfaitement bien, car on serait alors conscient de toutes les imperfections liées en lui à sa condition d’homme, alors que l’amour ne s’adresse qu’à la perfection. » (p16 VF internet)
De même, chacun des membres du couple va pouvoir se départir d’une vision puérile de l’amour qui ne prend pas en compte les défauts de l’autre membre. Car lors d’une rencontre, si le couple amoureux a soif de perfection, il va passer par plusieurs stades qui vont l’amener à grandir. Otto Weininger pèche dans sa conception de l’amour qu’il confond avec « attirance ». L’attirance ou désir, est le premier stade de la rencontre, mais ce n’est pas le principal. Une personne en aime une autre lorsqu’elle est capable de faire des efforts pour elle, et à l’extrême se sacrifier à l’image du Christ.
« La madone est une pure création imaginaire. Le culte dont elle est l’objet ne peut être moral, car il exige de son servant qu’il ferme les yeux sur la réalité, de l’amant qu’il se trompe lui-même. » (p18 VF de l’internet)
Sur le culte marial, je vais plus loin qu’Otto Weininger dans cet article. Effectivement, ce culte pose un problème central dans notre manière d’imaginer l’amour. Il est anti-christique. L’amour marial tel qu’il est conçu par une partie de notre Eglise à l’époque d’Otto Weininger, et encore parfois aujourd’hui, est un amour qui se cache la vue sur l’autre, qui veut la perfection plutôt que la vérité, qui ne veut pas aimer mais se confiner à l’idée qu’il se fait de l’amour. Il est un refuge à la blessure, non une entrée dans le monde. Cependant il existe l’amour christique comme je l’ai fait remarqué un peu plus haut, de conception beaucoup plus élevée. Il y a aussi des gens qui rendent un culte à Marie de manière saine, comme mère du Christ, et non comme divinité co-rédemptrice. Mais les fanatiques se font toujours plus remarquer que les autres, et sont prêts à aller toujours plus loin dans des impasses.
Or sur cette question, Otto Weininger n’en est pas à une contradiction près. La pureté mariale serait négative tandis que le désir de femmes vierges des hommes serait positif :
« …toute la haute considération qu’on peut avoir pour la virginité est venue de l’homme et continue d’en venir partout où il y a encore des hommes : elle est la projection de l’idéal de la pureté sans tache, idéal immanent à l’homme, sur l’objet de son amour. » p92 (VF de l’internet)
Ici, il pense contre lui-même tout autant que contre les femmes, en survalorisant toute pensée masculine. Sa conception même de l’amour est faussée :
« Tout amour n’est lui-même que besoin de rédemption et tout besoin de rédemption est encore immoral. » (p14 VF de l’internet)
Il est d’abord faux de dire que le désir de rédemption soit immoral. Il est surtout le juste constat de notre condition humaine : nous sommes petits, pécheurs, nés du péché, et le désir d’être sauvé nous pousse d’abord à nous accepter tels que nous sommes, tandis que le pardon de la confession va nous élever au-dessus de notre condition humaine médiocre. Seuls les orgueilleux s’imaginent agir au mieux et vivent surtout dans une forêt de bambous pré-christique. Maintenant est-ce que le besoin de rédemption lié au sentiment amoureux est immoral ?
Le besoin de femme pour un homme est autant ontologique que philologique. Lorsqu’il est ontologique, il comble des attentes, non de manière magique, mais aussi de manière réelle. L’amour peut décevoir, il n’en reste pas moins qu’il peut aussi réaliser l’être. Cette magie des premiers instants n’est pas un mensonge, elle est l’espérance que cette réalisation soit effective. Or Otto Weininger mise lui, sur la déception. L’amour serait forcément décevant. Pourtant nombre de témoignages de vie contredisent cette idée. Ce n’est donc pas l’amour qui est décevant, mais l’idée que nous nous en faisons. Viens alors la dimension philologique de l’amour. Même quand il est décevant, il pousse l’être à grandir en maturité. Il devient réalisation. Dans tous les cas, le désir est donc moral en ce qu’il va nous pousser à nous affronter à la réalité pour nous corriger. La rédemption suit immédiatement ce mouvement. Comme en matière d’union, l’amour est immoral, s’il ne se tourne pas vers Dieu et ne se termine pas à l’Eglise.
Si l’amour nous oblige à nous cacher dans les premiers temps, il suit en cela une morale personnelle. Il n’est pas inutile de faire preuve de pudeur dans une relation naissante. Otto Weininger qui trouve normal de soustraire à la vue des autres les parties intimes de nos corps, désirerait par contre que deux êtres qui se rencontrent se montrent tel quel l’un à l’autre. De surcroît, l’être amoureux compte sur son sentiment pour faire des efforts et dépasser ses défauts réels. Il compte aussi que beaucoup lui soit pardonné, plus tard, quand la confiance sera installée. S’il est des couples qui se bercent d’illusions, il en est d’autres qui réussissent. Ces derniers voient plutôt leur relation naissante avec tact, et se laissent du temps pour s’habituer l’un à l’autre. Croire que nous pourrions accepter l’altérité de manière brutale est tout simplement stupide et voué à l’échec. Dans son « journal d’un séducteur », Soëren Kierkegaard avoue ne s’approcher de la moindre jeune fille qu’en la considérant comme une « venerabile », une quasi-divinité douée de grands pouvoirs. Voilà comment les êtres humains devraient toujours se rencontrer : avec le plus grand respect. Ce qu’Otto Weininger appelle masque, se nomme surtout politesse et respect qui sont les conditions de base de toute vie en société. Sans cela, la sexualité bestiale serait partout et toujours présente, ce qu’il dénonce par ailleurs.
Il est vrai, l’acte sexuel en lui-même nous ramène à une forme d’animalité, et il serait facile d’accuser la femme d’être responsable de ce qu’elle provoque en nous, sans chercher à aller plus loin.
« …la femme, à une exception près qui n’est d’ailleurs, comme on va le voir, qu’apparente, n’est jamais que purement sexuelle. Elle désire simplement davantage le coït ou davantage l’enfant. » (P18 VF de l’internet)
Cependant, il faut avoir encore ici recours à la théologie de l’Église catholique : la loi naturelle ne s’oppose pas à la loi divine, elle s’y surajoute. Ainsi possédons-nous aussi une part animale, que nous devons apprendre à gérer. L’accepter c’est échapper au puritanisme qu’Otto Weininger développe tout en s’en défendant (dénonciation de l’ascétisme). La femme, tout comme l’acte sexuel, nous obligent à penser terre à terre, à revenir à des considérations plus humaines, à nous incarner. Tel est le sens des éternelles provocations féminines que nous voyons parfois sous l’unique aspect de leur incohérence en tant qu’hommes : celles-ci nous obligent à performer le monde, à entrer dans ce processus de clarification si cher à Otto Weininger. Sans cette altérité de la femme, nous ne pourrions penser vrai. La femme qui s’intéresse bien moins au fond qu’à la forme, nous oblige à revoir nos idées, mais aussi à prendre en compte nos actes comme signifiants. Pour prendre un exemple trivial, lors d’une discussion entre un homme et une femme, celui-ci lui parle de respect de la vie et autres grandes idées ; pendant ce temps, la femme l’observe, elle ne l’écoute pas du tout. Effectivement comme le dit Otto Weininger, elle va certainement lui opposer son arsenal de pensées toutes faites. Mais elle constate surtout que cet homme lui coupe tout le temps la parole. Elle va ainsi l’assimiler à un hypocrite, voire un rustre. Pendant ce temps, l’homme persuadé de sa grandeur va attendre d’être jugé pour ce qu’il dit, lui qui a une pensée si merveilleuse. Et il ne va recevoir de la femme qu’un profond dédain. Imaginons que cet homme dise des vérités très importantes pour le sort de l’humanité. Il jugera le dédain de cette femme avec la plus grande circonspection. De son côté, la femme en question ne croira en rien ce qui sortira de la bouche de cet homme. Dans ce genre de cas qui se multiplient à l’infini dans la vie courante, il est merveilleux de constater à quel point hommes et femmes peuvent avoir raison et tort à la fois. Le discours qui ne s’incarne pas ne reste qu’un discours. Et une apparence de respect ne peut mener l’humanité à comprendre notre monde.
Aspects politiques chez la femme
Ainsi, les femmes ne font la promotion que de personnes qu’elles jugent avoir un aspect correct. En cela, elles sont très réactionnaires, attachées à la conservation, et parfois à la galanterie quand celle-ci n’a pas été dévoyée dans leur esprit par le féminisme. Sur ce dernier point, la politesse spécifique envers les femmes n’est certainement pas une manière de les déresponsabiliser comme le souligne Otto Weininger (rejoignant en cela le combat vainqueur des féministes de notre époque), mais plutôt de sacraliser la différence. Un homme galant reconnaît les attentes spécifiques des femmes, il accepte de construire un monde différencié où deux systèmes de valeurs peuvent se côtoyer : celui du respect et celui des idées. Ces deux mondes sont tout autant complémentaires l’un que l’autre, mais ils régissent le monde en usant de règles bien différentes. Dans le monde des idées dévoué au logos, masculin, la logique, l’excellence, la cohérence et la raison y sont maîtres. La science et la volonté de clarification y sont reines. Dans le monde des sentiments, plutôt féminin, le rapport de force, l’apparence, le respect, les rapports sociaux dominent. L’affect y est une arme, l’attitude une vérité. Bien entendu, ces deux mondes ne cessent de s’entrechoquer, et de se nourrir l’une de l’autre. Leurs règles sont souvent contradictoires comme lorsqu’un génie tel que décrit par Otto Weininger remet en cause les principes sociaux qui protègent les femmes. Dès lors la vérité peut avoir tendance à être sacrifiée sur l’autel de la conservation. Cependant, il est à penser que bien des hérésies ont été empêchées par ce mécanisme. Seule la vérité qui s’accommode des êtres humains est permise par le monde des femmes, et en ceci, cette attitude protège l’humanité d’une pensée masculine toute puissante qui ne manquerait pas d’oublier les personnes pour imposer « sa vérité ». Si les femmes empêchent les progrès de l’esprit, elles empêchent surtout que ces progrès prennent des directions folles.
Le féminisme qui veut être homme, tout comme Otto Weininger le conseille aux femmes, empêche les femmes de remplir leur rôle social. Il donne tout pouvoir au progrès qu’il confond avec sa propre libération, tandis que ce progrès coupe toujours plus la femme de son corps et de son bon sens dont nous avons tant besoin en tant qu’hommes. Dès lors comment expliquer l’attirance des femmes pour tous ces tyrans, pour toutes ces dictatures qui peuvent avoir l’air de démocraties (par exemple, les femmes ont plus voté pour Adolf Hitler en proportion que le reste de la population ; ou encore le soutien patent des femmes au communisme). Pour le comprendre, il faut intégrer combien le tyran ou la tyrannie est rassurante et réactionnaire, combien l’homme injuste va stabiliser un monde forcément au profit de la femme dans des périodes troubles. Reste en suspens la question de mettre un homme au pouvoir pour des femmes qui en théorie, pourraient s’arroger directement ce pouvoir. Ici, il ne faut pas s’en référer à un cadre purement féminin-masculin comme le fait Otto Weininger, ce qui l’empêche de penser la pédomaltraitance par exemple. Pour comprendre cette fascination des femmes pour le pouvoir et cette suprême intelligence pour le guider, il faut faire appel aux travaux plus récents de CG Jung. L’homme ne possède pas une part plus ou moins grande de féminité. De même la femme ne possède pas une part plus ou moins grande de masculinité. En fait hommes et femmes ont un dialogue intérieur avec une image du sexe opposé. Cela permet d’ailleurs de mieux comprendre la pulsion homosexuelle décrite de manière complaisante par Otto Weininger. Car dans son explication, difficile de savoir pourquoi un homme masculin se mettrait avec un homme féminin (type Q et R). Il n’y aurait aucune raison qu’un homme qui s’assumerait veuille rencontrer une femme avec un corps d’hommes… Tout au moins, si l’attirance fonctionnait dans un sens, elle serait rare dans l’autre, et le nombre d’actes consommés faible, ce qui vous me l’accordez est loin d’être le cas. La pulsion homosexuelle ne peut donc se comprendre que dans un jeu à 4, comme pour un couple normal, mais jeu à 4 où l’identification homme-femme aurait été inversée pour un membre du couple, et déviée pour l’autre. L’homme féminin se penserait femme et dialoguerait intérieurement avec un homme en lui, tandis que l’homme homosexuel dit masculin d’Otto Weininger serait surtout un homme dont l’image de la femme aurait été perturbée. Après ce détour pour mieux comprendre la psyché homme-femme, revenons-en à notre tyran. La femme dite normale possède donc une identification de femme, et dialogue avec une image d’homme en elle. Mise en danger socialement, la femme va se référer à une image d’homme rassurante pour elle. Ce ne sera plus son père, son frère, ses mentors, mais le tyran. L’État peut chez la femme courcircuiter les rapports personnels. Cela se produit quand l’homme politique prend une position sociale qui domine celle du père. Dès cet instant, la femme n’accède pas à un statut supérieur comme le suppose Otto Weininger, mais dégringole au contraire dans l’échelle du logos. Le dialogue se fait par slogans, en écho à un homme féminisé qui ne pense plus les règles. Le totalitarisme parfois démocratique est alors d’essence matriarcal. Il englobe la société, ne veut plus penser ses règles, agit de manière immanente.
Car côté tyran ou soutien à la dictature, l’homme en question va idolâtrer sa part féminine en lui, souvent à cause de sa mère et/ou de l’absence de père, pour devenir cet homme qui ne pensera plus en terme de vérité, mais de pouvoir. Vous remarquerez combien nombre d’hommes politiques en démocratie sont d’ailleurs des enfants mal sevrés, toujours en recherche de reconnaissance. Cet homme politique décrit comme une prostituée au masculin par Otto Weininger, est surtout aliéné à sa mère. En tant de crise, la souffrance de sa mère et plus généralement des femmes qui l’entourent, va courcircuiter toute réflexion du pôle masculin en lui. L’image de sa mère et sa défense va s’imposer comme d’une évidence, à lui et à bon nombre de personnes qui se gargariseront d’être dans la vérité sans avoir à y réfléchir. Ceux-là sont de droite ou de gauche, indifféremment selon les époques, ils joueront sur les peurs de leurs électeurs, ou la peur de la peur, sans jamais envisager les problèmes qui se posent à nous collectivement, et de manière évidente. Dans ces moments d’émotion, les femmes porteront des caricatures d’hommes au pouvoir pour répondre à des angoisses qui les auront submergées. Bien d’autres mécanismes concourent à établir une dictature. Mais tel n’est pas mon propos ici. Je veux juste montrer l’intelligence collective dont savent faire preuve les femmes pour se protéger. Certes, les femmes ne seront jamais monades, des individualités pensantes de génie. Par contre, Otto Weininger a tort lorsqu’il les prive de tout génie social ou personnel. Au contraire, les femmes dans ce domaine sont bien supérieures aux hommes, pour le pire comme pour le meilleur. Responsabiliser une femme serait donc penser cette différence comme nos ancêtres le faisaient déjà, parfois de manière maladroite en se répartissant strictement les rôle familiaux et sociaux.
Penser la différence
Il faut bien comprendre que cette partition a de nombreux avantages et permet d’équilibrer les pouvoirs. Une mixité saine ne sera possible qu’au fur et à mesure que nous comprendrons les qualités et défauts de chacun. Dans notre monde du tout féminisation, nous en sommes bien loin. Et il faudra certainement repasser par une forme de séparation entre hommes et femmes, avant d’espérer retrouver des relations harmonieuses. Car la mixité n’est en soi ni bonne ni mauvaise. Mais la proximité gérée par les femmes est par contre une véritable arme de destruction sociale. Elle sépare hommes et femmes sur les plages quand ces dernières souffrent du manque de désir des hommes. Elle les réunit pour les exciter. Elle met filles et garçons sur les mêmes banc d’écoles pour profiter du savoir et de la science masculine, puis discrimine les garçons en appliquant des critères de sélection scolaires féminins. Elle ouvre l’entreprise aux femmes pour parasiter les secteurs performants, et ne laisse en ces lieux aux hommes que la portion congrue, une apparence de pouvoir bien vite subvertie. Ainsi ne faut-il pas combattre la bêtise chez les femmes, mais cette mauvaise utilisation de leur intelligence collective et personnelle qui pourrit les relations sociales et qui peut détruire n’importe quel homme.
En les ramenant à des bécasses, Otto Weininger a commis une double erreur dont nous payons encore le prix. Premièrement il a excité leurs complexes et désormais elles cherchent à prouver par tous les moyens qu’elles peuvent faire « aussi bien qu’un homme ». Deuxièmement il a méprisé leur intelligence réelle et nous a mis à nu pour leur donner la réplique. Certes aucune femme ne pourra écrire comme je le fais, dans le sens où aucune ne saura articuler des arguments logiques à visée morale pour atteindre une vérité abstraite et nouvelle de haut niveau. Mais, il faut le dire, aucun homme, moi y compris, ne sera jamais capable d’autant d’intelligence personnelle, de subtilité, d’intuition, de maîtrise dans les émotions que la plus bécasse de celle-là.
Nous nous croisons entre hommes et femmes. Puissions-nous nous rencontrer de temps en temps.
Une philosophe comme Simone Weil traitera de l’enracinement de l’humain de manière admirable tandis qu’un Kant plongera dans les méandres de la logique. Les uns comme les autres traiteront de sujets très différents et auront toujours des visées diamétralement opposées.
« On ne peut dire d’elle qu’elle a telle ou telle qualité ; sa particularité consiste en ce qu’elle n’a rien en propre : c’est là ce qui fait sa complexité, son caractère énigmatique, et d’une certaine manière aussi sa supériorité et la difficulté qu’a l’homme à la saisir. » P57 (VF de l’internet)
Je dirais plutôt qu’une des armes favorites des femmes consiste à ne jamais dévoiler leurs pensées, à savoir se retenir, voire comme le souligne Otto Weininger à rester dans une forme d’inconscient culpabilisant envers les hommes. Pourtant qui peut dire que nous n’avons pas besoin autant des uns que des autres. Plus encore, qui peut dire que le génie féminin n’existe pas car il serait caché au regard des hommes. Les féministes aussi ne cessent de nous asséner cet argument : les femmes n’auraient pas participé à l’histoire. Les manuels scolaires sont vides de leur présence. Et elles en accusent les hommes qui les auraient détournés de leur destin. Quelle ingratitude dans la mauvaise foi contrôlante. Chaque mère qui a su trouvé un équilibre entre ses différents appétits tyranniques, témoigne du contraire. Chaque homme qui s’est battu pour la survie de son foyer s’oppose à cette idée. Seulement l’histoire de ceux-là n’appartient pas aux manuels scolaires, ou bien elle y est retranscrite dans des ouvrages qui ont été travestis par des féministes qui se plaisent à adopter des critères de réussite masculins aux femmes et aux inconnus, réussite qu’il nous est impossible de renier en tant qu’hommes. A l’envers de la même pièce, il est facile de faire comme Otto Weininger et de prendre comme étalon de la pensée, la science, les arts, la littérature, où le si peu d’excellence est et sera toujours masculin, puis de constater l’échec complet des femmes en ce domaine, et d’oublier leur force au quotidien, leur mépris de la gloriole, leur abnégation surtout pour leurs enfants, leur amour du présent, leur niveau moyen supérieur à celui des hommes. L’absence d’individualité des femmes sur ce point est jugée durement par notre auteur. Les femmes vivraient à travers les autres, ne voudraient être qu’objets, jamais sujets, pour ne pas échapper à leur confort. Les hommes accepteraient de s’en servir comme d’outils féconds pour accéder à l’immortalité au lieu d’user de leur génie :
« L’homme doit essayer de voir dans la femme l’idée, le noumène, et non l’utiliser comme un moyen à des fins extérieures à elle, il doit lui reconnaître les mêmes droits et par là-même les mêmes devoirs (de culture morale et spirituelle) qu’à lui-même. Il ne saurait résoudre son propre problème moral en continuant à nier dans la femme l’idée d’humanité, c’est-à-dire en en faisant un instrument de plaisir ». p100 (VF de l’internet)
Mais pas plus le sujet que l’objet ne sont enfants de Dieu. Pas plus les uns que les autres n’aiment et sont aimés. La liberté ne s’acquière pas par l’orgueil du sujet ou par la paresse de l’objet. La liberté est d’abord humilité des uns et des autres dans leurs rôles respectifs. Il est donc ici impropre de parler de sujet et d’objet. Il aurait plutôt fallu parler d’actif et de passif, sachant que le principe passif peut se révéler autrement plus puissant que le principe mâle actif selon les circonstances, et qu’hommes et femmes sont en dialogue sur ce point de par leur psyché duelle. La force complète la puissance, et se répartissent différemment entre hommes et femmes selon qu’elle soit à un niveau personnel ou social.
Otto Weininger accuse les femmes de ne jamais penser leurs limites, d’être toujours dans l’absolu en quelque sorte, ni morales, ni immorales, mais amorales.
« La femme, elle, n’a pas de rapport à l’idée, elle ne l’affirme ni ne la nie : elle n’est ni morale ni antimorale, elle n’a pas de signe au sens mathématique, pas de direction, n’est ni bonne ni mauvaise, ni ange ni démon, elle n’est pas égoïste non plus (car elle pourrait alors être tenue pour altruiste aussi), elle est simplement amorale et alogique. Or tout être est à la fois être moral et être logique. Ainsi la femme est-elle DÉPOURVUE d’être. » P50 (VF de l’internet)
Pourtant combien de femmes, si elles ne pensent pas ces limites, les ressentent au plus profond d’elles-mêmes à travers une angoisse existentielle forte qui les ramène aux hommes. Si la femme est à ce point perdue, la raison en est qu’elle cherche. Tout comme les hommes, les femmes buttent sur les principes de l’existence. Elles n’échappent pas à la vérité. Seulement, tandis que les hommes affrontent une vérité scientifique, les femmes affrontent des vérités personnelles. Les premières nécessitent clarification tandis que les secondes demandent une forme de « Henids » comme l’appelle Otto Weininger, d’activité floue et englobante.
« Cette opposition homme (forme) – femme (matière) se retrouve sur le plan psychique : d’un côté, les contenus articulés, de l’autre, un flot de représentations vagues. » P57 (VF de l’internet)
Dommage que notre auteur en arrive à dénigrer ce qui nous vient des femmes, signe d’un complexe fait de domination/soumission qui entre en résonance avec chacun de nos manques personnels et incompréhensions.
La femme règne par le contact, la proximité dans l’intimité. L’homme par la pensée distante dans le cadre social. Les uns ne sont pas supérieurs aux autres. Ils sont différents, leurs mérites sont égaux et différents. Plus que de se singer comme le propose Otto Weininger, ils doivent cultiver leurs différences et appréhender celle de l’autre. En somme, la conservation importe autant que le changement. Ces deux principes s’incarnent chez les hommes et les femmes. L’homme est changement dans le monde et conservation dans l’intimité. La femme est changement dans l’intimité et conservation dans le monde. La rencontre amoureuse de ces deux entités permet la perpétuation de l’espèce humaine.
La fin des temps
Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle Otto Weininger en aboutit à l’idée du célibat, et de l’extinction de l’espèce humaine de son propre chef comme vérité eschatologique. Il ne croit pas/plus en l’amour. Sa pensée entièrement masculine s’est desséchée comme fleur dans le désert. Elle est l’antithèse de toutes ces pensées féministes qui jargonnent sans jamais ne rien dire, toutes les deux aussi stériles l’une que l’autre. Si notre monde indifférencié actuel possède une vertu, c’est de nous faire redécouvrir l’impérative nécessité de la différence amoureuse. Les défauts féminins qu’Otto Weininger pointe du doigt existent bien. Cela ne veut pas dire pour autant que les femmes n’aient pas de qualité, ni les hommes des défauts. L’homme ne tend pas forcément vers le bien comme il le suggère, « bien » qu’il confond avec le génie dont il donne une définition masculine. L’homme naît avec la marque du péché originel sur lui, tout comme la femme. Et si cette dernière est une occasion de chute pour lui, la faiblesse de l’homme envers la femme n’en est pas moins coupable. L’une tend la pomme, l’autre la croque. Le serpent rigole des deux.
Dans cette relation à la morale, l’homme se sent toujours directement coupable de son rapport à la femme. Il désire, elle s’adapte, et fait retomber sur lui le poids de son désir car il réfléchit en termes de logique. A l’homme de construire un monde cohérent qui donnerait un cadre ordonné aux sentiments.
En plus d’identifier la femme à la matière et l’homme à la forme donnée, Otto Weininger aurait dû compléter sa description en attribuant le fond à l’homme et la forme à la femme. Il aurait ainsi pu comprendre comment s’articule cette bête à deux dos et quatre jambes. La femme est bien matière, et l’homme donne souvent forme à cette matière. Mais le fond de l’homme a besoin de la matière pour se comprendre, et la forme de la femme, sa beauté intrinsèque, a besoin du désir de modelage de l’homme pour s’épanouir.
« Pour s’arranger elle-même sinon avec science, du moins avec goût, la femme a besoin de l’aide de l’homme. » (P19 Vf de l’internet)
Quelle importance dès lors que le corps nu de la femme soit « objectivement » beau ou laid comme le défend Otto Weininger.
« …l’homme qui aime tombe de haut et est même effrayé lorsqu’il a la révélation que si la femme est belle, elle n’est pas pour autant morale, qu’il accuse la nature de mensonge d’avoir mis “dans un corps si beau tant d’abjection” », (p11VF de l’internet)
En accueillant les fantasmes de l’homme, la femme devient belle, et l’est réellement. Il n’y a pas d’objectivité à cela, sauf à vouloir relativiser toute beauté dans la nature. Car à ce compte là, pourquoi une fleur serait belle, ou un paysage de montagne, ou une rivière au soleil entourée de bois… nous pourrions tous les passer au crible de notre relativisme et ne plus rien apprécier de la vie, et nous tuer comme Otto Weininger l’a fait ? Ou encore de dire que le phallus de l’homme est la chose la plus ridicule qui lui appartienne, comme s’il devait refuser de se perdre de désir pour une femme. En effet, au moment du coït, l’homme est esclave. Il fait don de son énergie à la femme, qui jouit d’être parvenue à ses fins. Il ne se contrôle plus.
« L’homme a créé la femme et il la recrée continuellement tant qu’il est encore sexuel. Tout comme il donne à la femme la conscience, il lui donne aussi l’être. En ne renonçant pas au coït, il suscite la femme. La FEMME est LA FAUTE DE L’HOMME. » p62 (VF de l’internet)
Pire : vouloir le coït ce serait soumettre notre masculinité aux vues d’une femme :
« C’est à la femme que l’homme demande le critère de sa masculinité. Ainsi le nombre des “aventures”, des “liaisons” et des “filles” est-il devenu en fait la légitimation du mâle devant le mâle. Ou plutôt non : car on peut dire dès cet instant qu’il n’y a plus d’hommes. » p92 (VF de l’internet)
Le désir est dangereux. A cause de lui, nous nous mettons risquons la blessure. Cela ne veut pas dire qu’il faille arrêter de désirer pour ne plus souffrir. Cela ne veut pas dire non plus que les femmes ne soient pas, elles-aussi, sous l’emprise du désir des hommes. Encore une fois, il s’agit là d’envisager notre dépendance personnelle et notre interdépendance sociale de manière positive, ce que refuse Otto Weininger, tout comme l’ensemble des féministes. La vraie question ne devrait pas être celle de l’engagement, mais comment vivre cet engagement pour échapper au malheur. Je répondrais personnellement que Jésus nous permet de dépasser nos petites morts, et donc, d’avancer dans nos existences et d’accéder à une vie réelle. Même s’il ne devait s’agir que de nos corps, le contrôle est possible. Nous avons les moyens d’orienter notre nature. Encore faut-il le vouloir.
Apprendre à faire confiance, ne pas s’engager avec n’importe qui, reconnaître les qualités objectives d’une femme. Telles sont quelques uns des nombreux principes de vie pour un homme qui veut désirer sans se perdre dans son désir.
Si l’homme attache moins d’importance au sexe, et si effectivement la femme est tout sexe, tout coït, tout maquerellage, et cherche à acquérir du pouvoir sur l’homme par ce biais, cela ne veut pas dire là non plus que l’un soit supérieur à l’autre.
« Ce n’est que dès l’instant où l’homme devient SEXUEL qu’elle acquiert à la fois existence et signification : son existence est liée au phallus, et le phallus est PAR LÀ son seigneur et maître incontesté. » p61
Car quelle prétention de vouloir supprimer le sexe et la rencontre de l’humanité quand soi-même on est arrivé à la vie par ce moyen. Comme je l’ai écrit plus haut, le sexe peut regrouper/inclure des notions plus étendues d’amour, de respect, d’humanité s’il se conçoit de manière élevée. Une femme qui voudrait progresser devrait pouvoir envisager son tout sexuel de manière morale ; tout comme l’homme devrait savoir rentrer dans la matière à bonne fin, si j’ose m’exprimer ainsi, et abandonner intelligemment sa vie aventureuse pour l’une de celles-là.
Prenons l’exemple de la contraception. Sa maîtrise a permis aux femmes de répandre le coït dans les sociétés occidentales, et donc de gagner en pouvoir. Cependant, il y a eu un revers à cette « libération ». Non seulement, les femmes se sont intoxiquées physiquement mais elles se sont stérilisées de nombreuses autres façons. Quand les femmes auront pris conscience de ce genre d’auto-mutilation, il est à gager qu’elles reviendront sur leurs pratiques sexuelles, ou qu’elles deviendront minoritaires et que d’autres femmes leur imposeront des codes et une morale plus saines (certainement en provenance de l’Islam). Ainsi, elles auront grandi en intelligence en matière sexuelle après nous avoir fait connaître une forme de régression. Car il n’y a d’avenir que dans l’intelligence, qu’elle soit sexuelle ou pas.
D’ailleurs les femmes exercent déjà une forme de science en matière de sexualité. Elles ne choisissent pas n’importe qui et se font coïter après sélection. Il n’est pas vrai de dire comme le suggère Otto Weininger que les femmes sont ouvertes à tout vent. Elles font seulement semblant de l’être pour attirer le mâle. En vérité, elles ont le choix et suivent des impératifs tout autant sociaux qu’individualistes. Car s’il y a bien un domaine où la femme pense à elle, c’est au moment du choix d’un partenaire. Le « henids », le nuage de l’être, n’exclue pas la sélection et l’intelligence sélective (une intelligence dont j’ai déjà parlé ici). La posture passive de la femme peut prêter à confusion. L’homme peut s’imaginer qu’elle n’est rien et ne choisit rien. C’est méconnaître la forme d’intelligence spécifiquement féminine, son art d’évaluer et de comprendre à travers le brouillard des sentiments, de manière très instinctive, d’effectuer un choix éclairé. Il me sera rétorqué qu’aujourd’hui, les femmes ne veulent plus choisir, et restent célibataires. Ou que d’autres se font engrosser par le premier venu. En fait, elles sont devenues d’autant plus dysfonctionnelles avec les hommes qu’elles n’en fréquentent plus de valeureux dans leur jeunesse, et qu’elles attendent tout d’un désir masculin qu’elles briment ou méconnaissent. Les femmes stériles disparaissent naturellement de la société pour son plus grand bonheur, emportant toutefois de nombreux hommes avec elles. Quant aux filles-mères à répétition, elles font s’effondrer la civilisation et permettent une perpétuation de l’espèce qui n’est que temporaire. Les femmes occidentales n’ont donc pas le choix si elles veulent survivre : elles devront opter pour l’intelligence sexuelle ou mourir et faire mourir la civilisation avec elles dans un retour tribal des plus affreux. Mais si ce retour se fait, il ne se fera pas sans hommes.
Discussion sur les faiblesses féminines
Il est vrai qu’une forme de mimétisme intellectuel n’est pas absent de la psyché féminine. Elles vont adopter toutes les vues du plus fort, que ce soit celles de leur homme, de leur père ou de la société, selon l’époque de leur vie, selon les époques.
« Le penser et l’agir de la femme sont un penser et un agir d’emprunt, la femme ne parvenant jamais à se faire par elle-même une opinion des choses, ni à abandonner de son plein gré une opinion qu’on lui a mise en tête (en quoi elle montre que loin qu’elle domine sa pensée, c’est sa pensée qui la domine), mais acceptant constamment et avec enthousiasme celle qu’on lui impose et à laquelle elle pourra se raccrocher. C’est bien pourquoi les femmes tolèrent si peu tout ce qui va contre les conventions et les usages, quels qu’ils soient. » (P29 VF de l’internet)
Si l’homme renonce à vouloir les convaincre, et il le doit, il risque de tomber dans le mépris. Pour ne pas ce faire, il doit envisager de manière positive ce pouvoir féminin de sélection des prétendants mais aussi l’existence d’un phénomène psychique symétrique au mimétisme intellectuel de la femme : la perméabilité sentimentale des hommes dans l’intimité. Ils ne formeront plus qu’un comme nous dit la Bible. Cette intimité et l’échange intellectuel/sentimental qui s’en suit, échappent absolument à notre écrivain qui ne voit qu’abaissement en lieu et place de la présence d’un dialogue fécond qui fonde la moralité du couple. Oui, une femme qui voudrait penser le monde par elle-même n’aurait l’air que d’une bécasse à côté de son mari. Un mari qui voudrait contrôler les affects de son couple n’aurait l’air que d’un handicapé. Voilà pourquoi il est préférable que les « femmes tolèrent les conventions et les usages » tandis qu’il est nécessaire que les maris rentrent le soir se coucher gentiment auprès de bobonne, le monde ne s’en portant que mieux. Car imaginez qu’une femme à la vue personnelle veuille gérer la collectivité ou qu’un mari manquant de subtilité dans ses sentiments veuille accorder les uns et les autres dans sa famille. Ce serait la guerre dans la société et la guerre dans les couples. Voilà qui ressemble justement à notre modernité qui cultive chez les hommes et chez les femmes cette folle utopie de l’indistinction.
Ce monde des sentiments est si étranger à Otto Weininger qu’il accuse les femmes de double langage quand elles disent rarement ce qu’elles pensent et défendent toujours ce qu’il faudrait penser.
Là encore, c’est méconnaître la morale personnelle qui exige l’adaptation pour éviter de froisser les ego par exemple. Il est vrai qu’à un niveau social, ce genre de bipolarité est proprement catastrophique. Elle voit des employées de bureau saccager une ambiance de travail, ou des femmes politiques agir sur des clichés (voir là encore la présidente d’Allemagne Angela Merkel et le traitement des réfugiés, ou bien sa manière de gérer un pouvoir et une puissance dont elle a hérité sans pouvoir la développer). Mais à un niveau personnel, ne pas toujours dire ce qu’on pense, est vital. C’est avoir du pouvoir, c’est aussi avoir la possibilité de l’exercer de manière responsable. Ainsi, l’endroit du ridicule des femmes en politique n’en est pas moins grand que l’envers de la niaiserie des hommes dans l’intimité, toujours prêts à suréagir à la moindre provocation, toujours manipulables, reclus dans la fuite et moins souvent dans la violence pour échapper à la supériorité effective de leur femme au quotidien. Je ne veux pas dire que les femmes et les hommes soient forcément moraux dans leurs fonctions respectives, je veux dire que seuls dans leurs fonctions ils peuvent l’être, car la faiblesse est intrinsèquement source d’abus, et que « l’injustice sera toujours préférable à l’anarchie ».
Il est à propos de rappeler maintenant que la femme a bien une âme contrairement à ce que défend Otto Weininger, justement parce qu’elle a plus souvent conscience d’en manquer que l’homme.
« Cela a été prouvé de manière exhaustive que la femelle est sans âme, et ne possède pas plus d’ego que d’individualité, de personnalité ou de liberté, de caractère ou de volonté. » P207 (version anglaise)
Le seul penchant pour la logique de Dieu ne fait pas âme sinon nous serions tous francs-maçons. Le manque est la conscience aiguë de notre petitesse à l’égard de la création, mais aussi de cette part de divinité vers laquelle nous tendons. Les femmes sentent plus souvent le manque que nous. Nous sentons plus souvent la présence de Dieu. Nous n’en manquons pas moins de la présence de Dieu autant que nous en bénéficions. Comme dans une relation amoureuse, les deux parties de notre être masculin-féminin, plein-manque, discutent avec Dieu et peuvent en être régénérées.
Ainsi le manque de moralité des femmes est plus le manque d’ouverture à des idées différentes de la moralité, à des conceptions plus intelligentes que les leurs, conséquence de la fréquentation d’un environnement masculin pauvre ou dénigré plutôt que d’un vrai manque de morale. La moralité des femmes se comprend aussi dans un équilibre : celui du désir et de l’intelligence. Soyez moraux, désirez des femmes morales, en tant qu’hommes, et vous les aurez. Mais trop souvent, l’homme accepte d’entamer une relation avec une femme en lui cédant tout. La femme appelle cela « amour » et l’incite à ce reniement car elle va jouir au plus profond d’elle même de ce comportement servile qui va rassurer ses peurs. Conséquence d’un monde où les pères ont été dévalorisés, ce genre de relation pathologique n’arrive jamais à équilibrer des femmes malades. Si le mariage n’est « qu’amour », il est maladie, signe d’un profond déséquilibre dans une société où les pères n’ont pas su créer un cadre propre à faire grandir leurs filles, et où ces petites filles immatures peuvent décider des modalités de l’engagement. C’est en ce sens qu’Otto Weininger affirme que les femmes n’ont pas de morale et qu’elles ne méritent pas d’être aimées. Là encore, il n’arrive pas à penser la morale du désir, ni la morale en dehors de la conscience, ni la morale comme un équilibre précaire entre masculin et féminin. Par exemple, la morale pour une femme, ce sera que vous vous rappeliez d’elle, de ces moments d’attention que vous avez eu pour elle, de votre passé amoureux. Otto Weininger n’y voit là que médiocrité. Or il s’agit plutôt d’une morale de la personne, qui se surajoute à la morale universelle kantienne. Car que serait une morale universelle si nous ne savions pas appliquer nos grands principes aux personnes que nous rencontrons ? L’humanité est ainsi tiraillée entre le besoin de vérité et la nécessité de respecter les êtres dans ce qu’ils sont. L’articulation de ces deux modes de réflexion forment la pensée morale, la vraie pensée morale.
Morale des hommes contre morale des femmes dans la société
De nos jours, seule la pensée morale personnelle s’impose, et il nous manque un vrai dialogue de pensée morale sociale. Notre société féminisée ne veut voir qu’à travers des cas de souffrance personnels. Elle détourne ainsi les yeux du massacre de milliers d’innocents. Il n’y a qu’à voir comment nous laissons des « réfugiés » espérer être accueillis chez nous tandis que nous leur faisons risquer leur vie inutilement, ou que nous vidons des pays entiers de leurs meilleurs éléments. La morale de l’accueil des réfugiés n’est pas en ce sens contradictoire avec une fermeture des frontières. Sauf qu’aujourd’hui, le phénomène de la morale personnelle, ignoré par Otto Weininger, a pris tout pouvoir dans notre société, les écrits de notre Pape n’en témoignant que trop, si bien que cette morale personnelle ne s’articule plus ou mal, avec une morale sociale qui nous fait cruellement défaut.
Pire, cette morale personnelle fonctionne trop souvent sur le mode de la morale sociale. Les idées d’universalisme, d’égalité, de rentabilité, ne sont plus des concepts juridiques ou sociaux ; ils sont devenus des dogmes qui ont la prétention de régir tous nos rapports intimes. Cette phrase d’Otto Weininger pourrait nous faire croire qu’il s’oppose à ce mouvement :
« On peut parfaitement bien vouloir l’égalité juridique de l’homme et de la femme sans pour autant croire entre eux à une égalité morale et intellectuelle » (p22 VF de l’internet)
Mais il n’en est rien. Dans l’esprit de notre philosophe, l’absence d’égalité morale et intellectuelle entre hommes et femmes doit nécessairement déboucher sur la volonté des femmes de calquer leur psyché sur celle des hommes, de se masculiniser, quand bien même elles en deviendraient moins attirantes. Cette promotion du lesbianisme, hommasse, de la femme indépendante diraient d’autres, comme mode de réalisation personnelle, est pour le moins d’actualité. Otto Weininger préfigure un monde où les femmes se seront masculinisées et pencheront vers la stérilité en reniant leur propre nature, tout cela pour singer le « génie masculin ». Triste pensée moderne occidentale et homosexuelle qui s’est pleinement imposée dans les esprits.
Cette négation de la morale personnelle des femmes et son remplacement par la morale sociale des hommes dans les rapports intimes signe un monde de confusion où rien n’est à sa place. La morale sociale y a été subvertie par la morale personnelle. La morale personnelle est devenue morale sociale autocratique. Ce mélange des genres fait référence à une déstabilisation des psychés masculines et féminines selon la définition que CG Jung en donne. L’image de l’homme chez les femmes a été dévalorisée, tandis que l’image de la femme chez les hommes les a submergés. L’identité féminine s’est masculinisée, et celle des hommes s’est féminisée. Ce double mouvement explique pourquoi les individus de nos sociétés sont si instables, même quand ils réussissent à se perpétuer. Soit ils acceptent une inversion contre-nature, soit ils se réfugient dans des repères traditionnels qui n’ont plus aucune contenance réelle mais qui leur permet de survivre en jouant la comédie d’un monde qui n’aurait pas changé. Vous voyez ainsi des pères faire semblant d’être leur place d’homme dans leur famille tandis que leur assise ne repose sur rien, et des femmes qui les écoutent parce qu’elles sont terrifiées par leur toute-puissance. Ceux qui ne jouent pas ce jeu, succombent au ridicule et finissent bien souvent par se séparer. Ils sont de plus en plus nombreux aujourd’hui.
Si je n’ai rien à redire sur la description d’Otto Weininger concernant l’hystérie, je voudrais souligner qu’il est dommage de ne voir partout ailleurs la femme que par la maladie.
« La femme est comme sous l’empire d’une malédiction. Elle la sent par moments avec angoisse peser sur elle, mais elle ne lui échappe jamais, parce que le poids en est pour elle trop doux. Ses cris sont de faux cris et sa fureur est feinte. C’est lorsqu’elle fait mine d’en être le plus horrifiée que son désir d’y succomber est le plus fort. » (P43 Vf de l’internet)
De plus, celle-là qui oscille entre désirs sexuels inavoués, conscience amorale de ses manques, ne se choisit pas une figure d’attachement masculine au hasard. Cette dernière lui permettra certes d’éviter d’avoir à réfléchir par elle-même, mais constituera une sorte de meilleur repère masculin dans sa psyché par rapport aux précédents. Plus généralement, le pouvoir que les femmes ont de se choisir des modèles masculins leur permet d’exercer une forme de libre-arbitre. Ainsi la servante et la mégère décrites par Otto Weininger, double pôle entre lesquels la femme oscillerait, se comprennent mieux. L’une est contrainte intérieurement par ce que CG Jung appellerait ses « juges », l’autre extérieurement par la société. Aucune des deux ne se doit le mérite individuel de s’être construit sa psyché. Mais disons-le, elles ne se la doivent pas beaucoup plus que les hommes qui s’ils se réapproprient individuellement le monde des idées, le doivent à leur maître. Les quelques rares génies qui innovent, qui fascinent Otto Weininger sont aussi des héritiers. Les hommes ont le mérite de comprendre un monde des idées qu’ils font vivre tandis que les femmes adhérent à cette compréhension ou pas, pour des raisons sentimentales. De manière symétrique, les femmes ont le mérite de comprendre le monde des sentiments qu’elles font vivre tandis que les hommes ont le choix ou non de s’en imprégner chez l’une de celle-là. Tous les deux sont éduqués dans leur enfance à faire vivre leur petit monde intérieur et à choisir. Le mérite ou la liberté des uns équivaut bien à celui/celle des autres.
« Si les femmes ne craignent pas de montrer leur malheur à autrui, c’est qu’il ne s’agit pas là d’un malheur véritable, que ce malheur n’est pas fondé sur le sentiment d’une faute, encore moins sur celui du péché. » P49 (VF de l’internet)
Disons plutôt que les femmes montrent leurs vrais malheurs comme les faux et que beaucoup se complaisent dans la plainte. Les hommes disent qu’ils assument en toutes circonstances. Cette position sentimentale n’en est pas moins idiote et fallacieuse. A la moindre brusquerie les voilà dépassés, tandis que les femmes et leurs plaintes sont capables d’encaisser de gros coups. Il n’y a qu’à voir comment se déroule un divorce conflictuel. Entre assumer complètement et se délester sur son entourage, il y a certainement un équilibre à trouver, ou un mode de fonctionnement à adopter. Le monde des sentiments est fait de bavardages qui soulagent le coeur. Le monde du travail est fait de paroles parsemées efficaces. Si hommes et femmes comprenaient déjà leurs différences, peut-être la société se porterait mieux. Or aujourd’hui, il est demandé aux femmes d’investir le monde du travail où il faudrait gérer leurs affects contre productifs. Dans la famille, les hommes sont sommés de devenir plus « sensibles ». Ils s’exécutent et perdent toute légitimité. L’utopie d’Otto Weininger qui aurait voulu que les femmes se masculinisent pour accéder à un plus haut degré d’humanité s’est réalisée sur le marché de l’emploi. Mais ses résultats n’ont pas été bons. Elle oscille entre stérilisation et rejet des hommes/manque d’efficacité dans des secteurs entiers parasites de l’économie productive. A cela s’ajoute le délitement des liens familiaux dû au tout travail salarié. En parallèle, sous l’influence du pouvoir grandissant de femmes masculinisées, les hommes se sont féminisés, et toute la société avec eux. Le déni de nos natures nous a conduit à une impasse sociale. Sans parler de l’immigration sensée pallier tous nos échecs. Ce marasme provient d’un reniement de ce qu’il y a de beau dans la nature féminine, comme masculine, d’une mauvaise compréhension de notre interdépendance, mouvement auquel Otto Weininger a participé tout autant que l’avant-garde lesbienne et hystérique des associations féministes :
« …comment l’homme doit-il traiter la femme ? Comme elle veut être traitée elle-même ou comme l’idée morale exige qu’elle soit traitée ? S’il a à la traiter comme elle veut être traitée, il doit la coïter, car elle veut être coïtée, la battre, car elle veut être battue, l’hypnotiser, car elle veut être hypnotisée, lui montrer par la galanterie combien peu il l’estime en elle-même, car elle veut être complimentée, et non pas estimée et respectée pour ce qu’elle est. Si, au contraire, il veut avoir avec elle l’attitude que lui commande l’idée morale, il doit voir et considérer en elle l’être humain. » p95 (VF de l’internet)
En fait l’homme doit coïter la femme non parce qu’elle le veut, mais parce qu’il le doit, en ne coïtant que l’une de celles-là. Il doit exercer une certaine forme d’autorité sociale pour éviter d’avoir à la battre. Il doit l’hypnotiser, et s’élever ainsi au-dessus de sa condition. Il doit être galant pour montrer qu’il accepte et assume l’altérité des sexes. Et enfin, cerise sur le gâteau, il doit imposer au monde une vision logique de la morale qui ne soit pas personnelle tout en dialoguant avec celle-ci.
En cela, il n’y aura jamais d’émancipation de la femme surtout comme il l’envisage :
« La femme n’a pas plus à nier sa féminité qu’à l’affirmer. Tout ce qu’elle a à faire est de la supprimer en elle. » p99 (VF de l’internet)
L’homme et la femme seront toujours dépendants l’un de l’autre, tout comme n’importe quel individu le sera jamais à l’égard de la société et inversement.
Cette utopie de femmes masculinisées aboutit à une forme de totalitarisme. Au nom du pouvoir avilissant que les femmes exerceraient sur l’humanité, il faudrait les empêcher de nuire dans la société en les privant de l’éducation de leurs enfants :
« Il faut enlever à la femme l’éducation de la femme et ENLEVER À LA MÈRE L’ÉDUCATION DE L’HUMANITÉ. Ce serait là la première chose à faire pour mettre la femme au service de l’idée d’humanité, qu’elle a jusqu’ici plus que personne empêchée de se réaliser. » p103 (VF de l’internet)
Beaucoup d’autres l’ont pensé avant lui, notamment durant la révolution française. Comme la famille serait source de toutes les difficultés personnelles d’un individu, il faudrait la supprimer. Mais la famille n’est pas un seulement un lieu d’asservissement mais la condition inextinguible de la libération de l’individu. Il est vrai que nous sommes aliénés à notre éducation familiale. Mais toutes les expériences de privation de parents le prouvent : une éducation « neutre » ou abiologique ne vient pas sevrer l’enfant, mais l’aliène d’autant plus qu’il n’a pas su se constituer de repères sains grâce à la présence d’un père et d’une mère. Là encore Otto Weininger rejoint notre modernité la plus revendicatrice, celle qui échoue. Par exemple en matière de privation de mère. Les femmes allant travailler laissent derrière elles des générations d’enfants en bas âge perdus, en manque affectif et qui le resteront toute leur vie. Plus encore, cette idée justifie l’achat et la vente d’enfants : puisqu’une mère n’est pas nécessaire, pourquoi ne pas fabriquer des bébés sur commande en louant des ventres, en les faisant naître dans des utérus artificiels. La généralisation de l’idée homosexualiste, cette indifférenciation à grande échelle, suinte de partout dans les raisonnements d’Otto Weininger. Négation de la réalité, il rejoint tout autant les revendications des groupes féministes lesbiens qui veulent « libérer » la femme de son rôle de mère, que les groupes gays puissants et riches qui veulent pouvoir utiliser les ventres de femmes comme d’une marchandise, même si c’est pour d’autres raisons. Tout cela au nom du rationalisme.
Définitions de la femme
Une dernière distinction me dérange dans le travail d’Otto Weininger : celle de la mère et de la prostituée qui engloberait toute les situations. L’une serait penchée vers ses enfants et l’autre vers les hommes. Tout d’abord, à aucun moment, il n’envisage la femme qui travaille. Pourtant, elles sont nombreuses, même dans la bourgeoisie de cette époque à tenir un petit commerce par exemple. Ces femmes là n’existent pas pour lui. Elles ne semblent pas pouvoir se réaliser dans une activité rémunératrice. Deuxièmement, il fait de ces deux catégories des ensembles étanches entre elles. Les prostituées auraient d’autant moins d’enfant qu’elles ne seraient pas mères, et inversement. Pourtant, si elles en ont certainement moins, l’un n’exclut pas l’autre. Non seulement il y a des prostituées qui sont mères, mais il y a surtout des mères qui se comportent comme des prostituées, en se servant de leurs enfants ou de leur mari comme d’une rente sociale, ou en privilégiant leur « carrière ». Otto Weininger dénigre fortement le rôle de prostituée par rapport à celui de mère, et je le comprends. Cependant l’inclination à la vénalité des unes peut bien valoir celle des autres.
Que dire également quand il rapproche la mère de la servante. Est-ce à penser que selon ses distinctions, la prostituée serait une mégère. Ici, le raisonnement ne colle pas à la réalité. Effectivement les prostituées cherchent les hommes, mais les mères sont toutes autant à leur recherche que les filles des rues. Les mères ont besoin de l’homme pour ses revenus, pour leur faire des enfants, mais plus encore pour rester des individualités à part entière. Sans l’homme, leur personnalité se retrouverait prisonnière de celle de leurs enfants, et ce serait un drame psychologique comme notre époque en regorge. Je pense qu’ici, Otto Weininger fait trop référence à son passé juif. A la tribalité, il oppose la prostitution. Jésus nous permettrait d’échapper à ces deux écueils, comme s’Il n’était venu nous délivrer qu’individuellement. Or la communauté juive qu’il accuse d’être le prototype de société féminisée, n’est surtout qu’une tribu parmi d’autres qui a réussi à survivre en se déplaçant. Bien des civilisations vivent et ont vécu différemment. Celles-là se sont élevées au-dessus de leur condition matriarcale tout en échappant à la prostitution. A l’inverse, toutes les tribus forment des groupes endogames où les femmes font société autour de leur utérus. Leur enfermement n’est relatif qu’à leur manque d’altérité, lui-même issu de ce pouvoir féminin qui prend toute la place. La tribu juive n’a rien de particulier en ce sens et si Otto Weininger en exalte tous les défauts, sa haine qui n’est que l’envers d’un amour déçu, l’empêche de voir combien elle n’est qu’un système archaïque par lequel toutes les civilisations sont passées avant de se développer.
En effet, plus que la condition de l’homme, la condition de la femme, surtout sa toute puissance, est aliénation. La femme ne s’en libère pas en allant sur le marché du travail où elle sera amputée de son rôle de mère, où elle tapinera pour un patron. Elle ne s’en libère pas dans la prostitution où elle est le jeu des désirs masculins ainsi que de ses propres désirs. Elle s’y soustrait en devenant femme, mère et épouse dévouée, en quittant son père et ses désirs vénaux, pour se donner à « quelqu’un de bien », non à un « bon parti ». Tel est le sens de l’épître de Saint Paul adressée aux femmes “Soyez soumises à votre mari.” Le mari libère la femme. Il lui donne la possibilité de se consacrer aux autres, tout en restant une personne à part entière, sans s’évanouir dans son environnement. Au yeux de son mari, la femme est quelqu’un de particulier, d’irremplaçable, qu’il sert tout autant qu’elle le sert. Le mari et la femme se libèrent l’un l’autre de leurs aliénations en se mettant au service d’une cause qui les dépasse et qui leur permet d’aller plus loin qu’ils ne l’auraient pu l’espérer en restant seuls. Il y gagneront en spiritualité, en équilibre, et même matériellement. Evidemment, ils ne le feront qu’à mesure qu’ils vivront pour l’autre, qu’ils renonceront au péché, de vénalité par exemple, mais aussi d’orgueil, de paresse, de colère etc etc. en somme qu’ils se tourneront vers Dieu en acceptant de prendre en compte leurs différences.
Conclusion :
La contribution d’Otto Weininger est essentielle sur un point : elle fait descendre les femmes de leur piédestal. Il est très important pour un homme de concevoir la femme dans sa réalité, et non de rester enfermé dans les fantasmes du petit garçon avec sa maman. Cependant, cette réalité des femmes ne doit pas éclipser le rôle positif qu’elles jouent dans le sort de l’humanité. L’horizon d’un antiféministe ne peut se résumer à renoncer aux femmes pour échapper au mal.
Notre auteur reproduit en cela l’erreur cathare : les hommes ne pourraient se réaliser pleinement qu’en dehors du mariage. Juif converti au protestantisme, il a cédé à la tentation de la pureté, soit tout l’inverse d’une conception christique de la religion. Il cautionne ainsi la fin de l’humanité, la séparation, et l’enfermement dans la réflexion au sens le plus large du terme. Il est certain que la proximité avec les femmes nous met face à des choix cornéliens. Par exemple, et comme je l’ai déjà évoqué, les femmes aiment que nous abandonnions toute moralité pour elles. Combien de prêtres défroqués ont cédé à la tentation qui leur était offerte ? Cependant, s’il s’agit de réalisation personnelle, aucun homme ne peut se passer d’espérer pour le couple et d’intégrer les femmes à ses raisonnements. Si nous reprenons à notre titre les questions familiales en les soustrayant à l’immense coït féminin qui règne dans la société, nous avons une chance de compenser le déséquilibre qui s’est installé. Pour cela, nous devons prendre en compte notre faiblesse d’hommes et veiller à ce que nos besoins soient satisfaits équitablement. Je pense que nous naviguerons toujours entre une gestion de la mixité et de la proximité avec les femmes. Il faut penser ces deux mouvements. La proximité d’essence personnelle doit se faire dans le respect et donc avec pour visée le mariage. La mixité d’essence sociale permet la rencontre mais doit être conçue pour nous éviter les occasions de chute, ou d’indifférenciation. Or même en améliorant le fonctionnement de notre société, nous ne réduirons jamais le mal à néant. Seule la confession ne pourra jamais compléter les systèmes sociaux que nous mettrons en place, si nous voulons bien entrer dans une forme d’introspection et de reconnaissance du bien et du mal en nous, et dans la société.
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