Dans l’ensemble, il semble y avoir une sorte de tassement en ce moment. Les mouvements d’hommes pourtant déjà faible à la base, sont également divisés idéologiquement.
Au Canada de langue française, le débat oscille entre défense de la tradition et relativisation du féminisme. Olivier Kastlé publie encore quelques articles sur blog. Il défend une laïcité anti-islamique, et plutôt sceptique face au féminisme. On pourrait qualifier la démarche d’anti-communautariste, la communauté nationale et ethnique servant de base à ses réflexions. Il est proche en cela de Patrick Scheffer qui a publié en plus quelques écrits sur la domination féminine, dont le principal, le « vernis de l’innocence ». Il ne tient plus de blog pour la cause en ce moment. Peu de nouvelles nous sont parvenues de Jean-Claude Boucher ou de Jean-Pierre Gagnon depuis la publication collective « 300 000 femmes battues, y-avez-vous cru ? ». Le site du mouvement, l’après-rupture semble un peu en friche. Idem du côté de Gilbert Claes. Toujours du côté du Canada mais dans un autre registre idéologique, Yvon Dallaire poursuit son combat pour les hommes, qu’il a orienté vers l’épanouissement des couples. En Belgique Michel Willekens après avoir tenté d’informer largement sur le syndrome d’aliénation parentale et la situation des pères (« La vie des pères », avec Kérim Maamer), semble avoir rejoint le collectif « La Grue Jaune », né après les différents mouvements de père sur les édifices publics l’année dernière, idée intéressante au possible puisqu’il tente de rassembler les différents mouvements de père. Olivier Gourson gère le site sur internet. Philippe Veysset s’occupe de l’association avec pour soutien Patrick Guillot qui poursuit son combat pour l’égalité (GES), quand bien même les hommes auraient été jusqu’ici particulièrement victimes de ce concept arme de guerre du féminisme et des mouvements d’indifférenciation. Serge Charnay qui s’était fait remarquer justement en montant sur une grue, dort aujourd’hui en prison après qu’il n’eut pas supporté une énième séparation d’avec ses enfants. Nicolas Moreno qui l’accompagnait et qui voulait « privilégier l’action » serait parti à l’étranger depuis… Yann Vasseur avec SVP Papa poursuit son travail de fond auprès des institutions politiques et tente toujours de monter un mouvement de père efficace aussi bien en termes de défense des pères devant les tribunaux que de défense des pères en matière politique. L’initiative de réinformation sur internet des conditions légales et sociales de la parenté, 2parents.net, semble être entre parenthèses même si les archives de ce site restent intéressantes. Alexis Aguettant continue d’entretenir le blog « Homme, Culture et identité », un site qui a pour ambition d’élever le niveau de réflexion des hommes en relayant des analyses intéressantes. Il met aussi en réseau les forces vives qui défendent la famille. Le mouvement « Condition Paternelle » mené par Stéphane Ditchev collabore aux réunions politiques de lois sur la famille et tente de faire avancer la nation de déjudiciarisation lors des divorces.. Sos Papa, l’association historique de défense des pères devant la justice, continue son travail institutionnel autour de l’enfant tout en essayant de ne pas trop faire de vagues, nous verrons cela un peu plus loin. Gérard Révérend président de l’association Les papas=Les mamans voudrait faire éclater les repères traditionnels en matière de paternité mais désirerait tout de même maintenir le lien de filiation d’un enfant lors d’une séparation (sic, voir aussi les propos d’Eric Verdier sur altersexualité.com). Dans un autre registre, mais finalement assez proche, Jean Gabard veut redonner une place au père, mais qui ne serait pas traditionnelle et emprunte des « clichés sexistes de la société patriarcale ». Pascal Dazin veut se concentrer sur les droits de l’enfant. Enfin le dernier mais non des moindres, John Goetelen continue d’animer son blog suisse « Les hommes libres » tout en abordant des thèmes généraux de son point de vue d’homme, de père, de défenseur de la masculinité.
Politique, pas politique ?
Aujourd’hui, les associations de pères sont tellement faibles qu’elles ont surtout peur de cliver par des propos qui pourraient gêner certains de leurs membres. Ainsi, elles ne prennent pas partie dans les grands débats de société qui concernent la famille. Michel Thizon fondateur de SOS Papa, l’a appris à ses dépends lors du débats sur les unions de duos. Sa lettre a été récupérée par le mouvement féministe (voir l’article du Huffington Post) pour être caricaturée, si bien que l’actuel président de SOS Papa a dû se désolidariser de celle-ci.
Evidemment, la non prise en compte de ces questions politiques si elle rassemble, provoque pourtant trois sortes de problèmes. Premièrement, elle empêche de donner des tribunes politiques au moment même où les pères seraient le plus entendu. Deuxièmement, cela limite la visibilité et le discours des pères à ce que la doxa féministe est prête à accepter. Troisièmement, cela exonère le mouvement des pères de toute réflexion un tant soit peu approfondie sur son devenir. Dès lors, il semble y avoir une large rupture entre ceux qui réfléchissent et ceux qui sont sensés « représenter » et agir.
Les positions en présence.
Choisissez entre messieurs Soral, Zemmour et Guillot. Le premier dénonce le féminisme et débouche sur une position de réconciliation entre hommes et femmes quelques soient la religion ou l’origine ethnique de la personne. Le second relaye plutôt le discours laïciste et identitaire (qu’on retrouve énormément au Canada). La question hommes-femmes devrait être replacée pour lui dans le cadre d’un affrontement entre valeurs d’Islam et d’Occident. Enfin le troisième ne veut pas parler de ces questions et tente de se limiter à une stricte égalité entre hommes et femmes sans envisager ce que cette égalité implique et ce qu’elle a donné comme fruits, et sans vouloir envisager la possibilité que « l’égalité » soit surtout un mécanisme d’oppression des hommes mis en place par les femmes et leurs représentantes féministes. C’est la troisième position, celle de Patrick Guillot qui est pourtant majoritaire dans les associations de pères. J’y vois personnellement un retard terrible en termes de réflexion dans les mouvements de pères, retard qui nous vient d’un héritage périmé des associations franc-maçonnes. Car comment ignorer que la place du père a été entièrement détruite par le mouvement égalitaire que Patrick Guillot soutient ? Dans le prolongement de cette erreur, certains comme Jean Gabard imaginent pouvoir redonner une nouvelle place au père en prenant en compte le discours historique féministe, une position qui serait différenciée malgré l’égalité. Cependant, on voit à quel point ce raisonnement est désincarné par rapport aux débats qui animent la société actuelle. Car quand les féministes en sont elles à vouloir détruire le concept même de filiation en utilisant la notion de « genre », les pères qui voudraient se réfugier derrière « l’égalité », courent loin derrière. Ils ne les rattraperont jamais sauf à entériner l’inutilité du père biologique… En vérité, toutes ces réflexions autour de l’égalité souffrent de grosses lacunes philosophiques et politiques. Ces auteurs (comme le chercheur Daniel Welzer Lang qui défend mordicus le genre) et ces pères égalitaires semblent vouloir rester dans le confort intellectuel d’une société qu’ils n’ont pas envie d’affronter ou dont ils veulent continuer à se nourrir. Héritiers de la négation de la force masculine et des différences sexuées, ils ont avalisé une faiblesse qu’ils portent maintenant en étendard mais dont ils regrettent les conséquences dans leur vie personnelle. Car ils n’ont pas vu, ils n’ont pas voulu voir que l’égalité des droits menait à la passion de l’égalité tout court. Et qu’en agissant de manière identique, nous perdions toute distinction entre hommes et femmes, et toute culture en général. Car ce qu’on fait, est aussi ce que nous sommes. Ce faisant, nous nous affrontons à des millions d’années de progrès biologiques qui sont désormais déconnectés de notre progrès social par l’entremise de la théorie du genre. Cette déconnection rend ennemis notre corps et nos idées. Notre histoire culturelle est pourtant inscrite matériellement dans nos gènes. Et cet héritage génétique nous permet de nous perpétuer autant que d’enrichir nos connaissances culturelles. Dans un monde sain, il ne devrait y avoir aucune contradiction entre les deux. Pourtant, la notion « d’égalité » est en train de s’attaquer à cet héritage culturel et naturel. Les pères qui sont les représentants premiers de cette transmission culturelle, devraient s’en inquiéter (tout comme les mères qui vont bientôt être vendues sur le marché des ventres devraient faire le même constat par rapport aux questions naturelles). Au contraire, nous voyons des pères s’attaquer eux-mêmes à leur passé, placer sur le même plan hommes et femmes, et c’est tout juste si on ne les voit pas soutenir les unions de duos au nom de cette égalité qu’ils attendent encore pour eux… Voilà quel est le niveau réel de la réflexion des égalitaires et de beaucoup d’associations de pères actuellement. Le niveau du Français moyen. Il faudra faire mieux pour susciter l’espérance. Quant aux positions de messieurs Zemmour et Soral, seule l’histoire dira quel sera le choix que nous ferons. J’espère pour ma part que ma position catholique sera entendue, même si j’en doute fort quand je vois l’anti-christianisme de notre jeunesse, la faiblesse de mon propre camp, et l’écrasant rouleau compresseur de la position « égalitaire ».
Pourquoi réfléchir est nécessaire.
La prise de position politique et argumentée est une nécessité. Non argumentée, elle provoque le malaise des auditeurs, tel qu’on le ressent quand on entend un père s’exprimer à la télévision quand il est favorable à la dénaturation du mariage (comme s’il se mettait un pistolet sur la tempe), ou quand un de ceux-là joue à la femme en affirmant qu’un père peut apporter un amour identique à celui d’une mère. Un groupe internet, Stop à l’injustice familiale comité 26/04, avait tenté de relier vraie politique, action et défense des pères. Mais il semble aujourd’hui que l’initiative n’ait pas abouti et, au-delà de la démarche qui était pertinente, je crois qu’il y a une bonne raison à cela : le groupe s’est constitué en voulant rassembler mais en ignorant tous les autres groupes qui avaient voulu faire comme lui avant. Or les autres n’ont pas échoué par hasard. A chaque fois, des personnes plus ou moins compétentes décident qu’elles vont faire mieux. Et à chaque fois c’est l’échec. En fait, au lieu de toujours vouloir créer une nouvelle initiative, je pense qu’il serait préférable de fédérer et que chacun d’entre nous apprenne à collaborer avec d’autres qui pensent de manière identique. Aucune initiative isolée ne réussira aussi intelligente soit-elle. Avant même de nous mettre d’accord, et à agir, il va falloir que nous apprenions à nous rencontrer. L’initiative La Grue Jaune qui fonctionne comme un collectif d’associations me paraît en cela intéressante. Au moins, si les pères désirent multiplier des structures qui pensent toutes de manière identique, qu’ils se retrouvent à un moment donné ou à un autre ensemble.
Eviter de se mettre à dos des mouvements de soutien des hommes au nom de son vécu personnel.
Beaucoup d’hommes blessés par une enquête psy durant un divorce, désirent bannir la psychologie de la défense des droits/devoirs des hommes, et en particulier la psychanalyse. Or toute la psychanalyse défend justement la place du père. Les contorsions médiocres d’une Elisabeth Roudinesco, n’y changeront rien. C’est se tirer une balle dans le pied de jeter le bébé avec l’eau du bain. Je m’entends, la psychanalyse freudienne, n’est certainement pas l’alpha et l’oméga des sciences humaines. Mais vouloir abattre une théorie qui vous défend dans le débat public (voir le travail d’Aldo Naouri), est au mieux contre-productif en terme de stratégie, au pire risque de nous faire apparaître comme une bande de malades mentaux. En matière d’efficacité et de vérité, je pense qu’il serait donc préférable de s’attaquer à toutes les enquêtes sociales ou psy injustifiées au nom de la présomption d’innocence, un homme n’ayant pas à être jugé inapte comme père tant qu’il n’a pas été mis en cause de manière pénale. Contester toute demande d’enquête accusatoire à notre égard, nous permettrait de conserver le pan de la psychanalyse en notre faveur, et d’en éviter les applications pratiques qui se sont révélées ici comme ailleurs, assez inopérantes. D’autant plus que la psychanalyse ne défend pas que la place du père mais aussi la différence homme-femme. Insatisfaits du courant freudien, nous pourrions aussi nous tourner vers le courant junguien qui n’est pas moins défendeur de la différence des sexes.
Penser en dehors de la problématique « père », une problématique féministe en fait.
Je trouve la position d’Yvon Dallaire totalement novatrice en termes de défense de la masculinité : la concevoir à l’intérieur du couple. Les féministes ne s’y sont pas trompées, elles qui ont attaqué une de ses réunions. Car c’est bien cela qui dérange le féminisme depuis le début : leur ressenti « d’aliénation du couple ». La notion « d’indépendance », de « libération de la femme », ou aujourd’hui d’ « unions de duos », n’ont jamais caché chez elles que le désir de s’attaquer au couple homme-femme. Et elles ont plutôt réussi comme en témoigne les statistiques sur les séparations.
Quand les hommes réussiront à exprimer leur désir en couple, quand ils ne seront plus entièrement perméables à la femme qu’ils aiment, un grand pas aura été fait. Trop souvent, au moment du divorce, nous rencontrons des pères qui ne savent pas ce qu’ils veulent pour leur famille. Quand ils se seront posés la question avant, nous éviterons peut-être le spectacle pathétique d’êtres incapables de prendre une décision sans leur femme. Nous aurons peut-être aussi, des hommes capables d’occuper le terrain en matière de revendications familiales. Le chemin est long.
Parité, hommes battus et maltraités psychologiquement.
Pour sortir de la diptyque féministe plainte-domination, et éviter les concepts égalitaristes, on pourrait parler de parité ou d’équité en lieu et place d’égalité. Il faudrait aussi que les hommes reconnaissent avoir été dominés dans leur relation de couple jusqu’à ce jour. Au vu des procédures conflictuelles de divorce, la plupart des hommes le sont, et il serait temps que les associations d’hommes/ de pères, abordent le sujet dans cette optique. L’attitude d’un Patrick Robinson peut nous aider en cela. Ce dernier n’a pas hésité à raconter son histoire dans les journaux sous cet angle. Je crois que si les hommes mettaient leur orgueil de côté et reconnaissaient humblement avoir été maltraités au moins psychologiquement par leur ancienne partenaire, juste avant de l’avoir été par la justice, nous ferions un grand pas collectivement. Ce pourrait être le début d’une prise de conscience générale quant à la vraie situation des pères en France, dans les pays occidentaux de langue française en général. D’ailleurs, en matière de prise de conscience, il serait temps que les hommes voient le silence passé de leur père tel que le définit Guy Corneau comme une énième domination féminine dans notre histoire, silence qu’il définit pourtant comme « patriarcale » reprenant en cela le mensonge féministe. La parole est, a été, sera toujours celle du Père. Si à un moment donné ou à un autre de l’histoire, des hommes n’ont plus su exprimer leurs sentiments, leur pensée, il faut y voir une forme d’abâtardissement terrible des enfants mâles et non une quelconque domination masculine.
L’art.
Il n’est pas possible que notre souffrance ne se traduise pas par un mouvement artistique. Certains d’entre nous ont commencé le travail. Ce serait bien de trouver le moyen de centraliser les productions, les références, mais surtout d’encourager les démarches de chacun. Une chanson de Marc Gil Ar Blouc’h :
Toutes ces initiatives sont capitales et doivent sortir de leur aspect ponctuel pour former culture. Pour cela, et ceux qui ont l’habitude de me lire savent combien j’en parle souvent, je crois qu’il serait bon que nous commencions à nous construire en dehors du regard d’une femme. Les drames que nous avons vécus dans notre vie peuvent être une chance. Pour cela, il faudra tout d’abord reconnaître combien collectivement la mixité a contraint notre pensée jusqu’à nous empêcher de faire culture. Aujourd’hui beaucoup d’hommes, éduqués par des femmes, introduits à la société par des femmes (parcours scolaire, médical, judiciaire…) n’ont plus du tout les moyens affectifs de se réfléchir. Et c’est le plus terrible.
Reconnaître et donner du pouvoir à ceux qui font le boulot.
On ne peut continuer à fréquenter un mouvement où tout se vaut, comme dans le reste de la société. Aucune société ne peut fonctionner sans reconnaître les compétences spécifiques de chacun. Tel est d’ailleurs une des raisons pour laquelle j’ai écrit cet article. Ce dernier est aussi un moyen pour nous, et pour le lecteur qui me lira de se repérer dans tous le fatras actuel. Il est aussi une reconnaissance limitée du travail fait par pas mal d’entre nous, alors même que vous pourriez trouver mon écrit critique. Je remercie d’ailleurs chacun pour le temps qu’il passe sincèrement à la cause des hommes. Je lui en suis reconnaissant. Je l’invite seulement à progresser toujours plus loin et à éviter de se croire au-dessus du panier sans raison. Les personnes qui se sont retrouvées, ou qui se retrouveront en position de délivrer un message, ont une responsabilité énorme. Je pense que chacun d’entre nous sera prêt à leur rendre service. Encore faut-il qu’ils se mettent à notre service et à celle de la cause. Qui sait, nous aurons peut-être, dans les prochaines années, un catalyseur, une personne morale qui sera spécialement mise en avant et qui saura endosser ses responsabilités pour parler au nom des hommes, qui aura réfléchi longuement et de manière efficace au discours cohérent qu’elle doit tenir. En parlant de compétence, je n’ai pas encore cité le ComiteCedif et Affaires familiales qui font un travail formidable sur la protection de l’enfance, et la justice actuelle. Je crois que le pseudonyme Michael Bouvard s’occupe d’ailleurs d’un de ceux-là et je mets un lien au cas où vous auriez besoin de quelqu’un qui sait y faire en matière de communication. Je ne veux pas terminer sans citer I comme identité.
Je m’excuse pour tous ceux que j’aurais oublié mais qu’ils n’hésitent pas à me faire signe et je leur donnerai un peu de visibilité si je juge que leur engagement en vaut la peine. Bien entendu, je ne donnerai aucune visibilité ici, à tous ceux qui croient que leur dossier personnel suffirait à révéler l’horrible discrimination que les pères subissent, puisque comme je l’ai déjà dit ailleurs, tous nos dossiers juridiques se ressemblent et qu’aucun d’entre nous n’a vécu une situation particulière, à peu de choses près. D’ailleurs le public se contre-fout, pour l’instant de leur témoignage. J’en publie tout de même quelques uns de temps en temps, premièrement pour bien montrer à tous que nous sommes dans la même galère, deuxièmement pour constater la faiblesse de nos relais sur internet (ces vidéos restent à des scores minables), troisièmement pour faire mémoire. Sachez d’ailleurs que la personne dont j’ai mis la vidéo en lien dort en prison actuellement pour avoir cru, comme Serge Charnay, que la société et la justice comprendraient l’élan de son cœur. Aujourd’hui, nous avons de nombreux prisonniers politiques qui dorment derrière les barreaux, mais nous sommes tellement mal mobilisés que leur sacrifice n’aboutit à rien. Eux, ne voient que par leur cas. Nous, nous ne savons pas donner un cadre à leur détresse.
Question de représentation.
Un dernier problème qui me vient à l’esprit. Nous passons pour des abrutis auprès des juges (comme en a témoigné récemment une féministe institutionnelle sur Agence Info Libre), mais aussi parfois du public. Je pense qu’il faudrait retravailler notre image par rapport à ce constat qui n’est pas à notre honneur. Franchement, un costume digne de ce nom, un sourire, une main tendue, ou même une cravate, ce n’est pas du surplus quand vous organisez une action médiatique ou quand vous vous rendez auprès d’institutionnels. Bien entendu, nous avons tous notre côté artiste et un peu fou fou, mais par pitié, si vous vous présentez en terrain ennemi ou en public, acceptez de jouer le jeu. La société n’acceptera pas de nourrir votre ego. On vous a dit que la société était très tolérante, qu’elle aimait l’éclectisme, et qu’elle n’attendait qu’une chose : vous. Eh bien tout cela est complètement faux. La société française, en particulier, n’a pas changé. Elle veut des signes d’intégration sociale et de soumission des hommes avant d’accepter de les entendre. Elle veut des hommes intelligents avant d’être émotifs qui maîtrisent leur sujet et non des personnes dont les affects empêchent toute expression intelligente de leurs idées. N’espérez pas non plus que votre plainte sera accueillie. Elle fera peur. Cette société veut donc, malheureusement-heureusement, des hommes très au-dessus de la moyenne actuelle, des hommes forts. Au travail !
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