Lors des dernières présidentielles de 2012, je m’étais amusé à recenser l’absence totale de proposition pour les hommes dans les programmes des candidats. Ceux qui étaient censés être les dignes représentants de la domination patriarcale, selon les féministes, se pliaient à l’électorat féminin majoritaire. Quelle surprise !
Pour ces élections présidentielles jouées d’avance, je vais plutôt m’attacher à détailler à quelle sauce, nous, les défenseurs de la famille, forcément antiféministes, allons être mangés. Les gauchistes auront beau se récrier, notre futur président François Fillon, sera aussi soucieux qu’eux de prévalence des femmes sur la société, le chaos sexuel en moins, peut-être. Car son programme est clair. Il s’adresse de manière spécifique à celles qui décident des élections dans un scrutin majoritaire au suffrage universel : les électrices. Et pour lui, celles-là sont forcément féministes. Il faut donc leur parler en conséquence et faire passer leur intérêt avant tout, un intérêt qui n’est pas lié à la famille, mais au pouvoir économique qu’elles peuvent s’arroger sur la société.
Une volonté de se montrer garant du système féministe
Rien qu’au titre, « Pour la liberté des femmes », François Fillon en fait appel à ce vieux concept moisi de « libération des femmes ». Puis, le début du document reprend tous les constats féministes : les femmes seraient discriminées sur le marché du travail, les femmes seraient seules victimes des violences conjugales, et de violence tout court, il faudrait la parité en politique, les filles-mères seraient des victimes dans notre société riche, les femmes seraient les principales victimes de la précarité.
Oubliés tous ces sans domicile fixe qui sont majoritairement des hommes, la non discrimination des femmes sur le marché du travail, la confusion entretenue entre viol tentatives de viols agressions sexuelles et fausses accusations, la disparition de la méritocratie en politique (ou ailleurs) au nom de la parité, l’économie et l’État qui ont encouragé l’isolement des filles-mères, les violences conjugales qui sont souvent communes aux deux membres d’un couple. Balayé d’un revers de main. A partir d’un tel constat, comment des mesures prises pourront « relever la France » ?
A juste titre, François Fillon rappelle qu’il a été le premier à favoriser le féminisme quand il gouvernait avec Nicolas Sarkozy (pénalisation des clients de prostituées, loi discriminatoire envers les hommes de 2010 sur les « violences faites aux femmes », parité forcée dans les conseils d’administration, premier gouvernement paritaire en matière sexuelle, mais aussi et ce qu’il oublie de préciser premier gouvernement à introduire la théorie du genre dans les manuels scolaires). Or loin de s’amender, il affirme vouloir faire plus grâce à son groupe de réflexion entièrement féminin et son réseau large « Les femmes avec Fillon ». En fait, la droite poursuit sa surenchère familiale avec la gauche, et le blocage constitutionnel en matière de filiation apparaît comme bien dérisoire dans ce jeu. Pourtant, s’il y a un domaine où les politiques ont eu du pouvoir et où ils ont échoué, c’est au niveau des politiques familiales. Seulement, la faiblesse de la contestation antiféministe est telle, qu’ils sont loin de commencer à vouloir se remettre en question.
Des mesures qui continuent à être contraires à l’intérêt de la famille
Baser ses analyses sur des éléments tordus de la réalité, ne peut nous amener qu’à poursuivre le déploiement de solutions néfastes pour notre pays. Là, il s’agit de justifier le renforcement des mesures libérales féministes responsables de la catastrophe que justement, il dénonce : la précarisation des filles-mères. Un véritable non sens idéologique cautionné par les soit-disant défenseurs de la famille de la manif pour tous, le groupe « Sens commun ». Leur idée, c’est d’agir à l’identique du secours catholique, soit de solutionner les conséquences de la pauvreté des familles isolées et non les causes, en les soutenant quand le mal est fait. Un véritable tonneau des danaïdes qui alimente le problème depuis toujours sous prétexte de le régler.
Il faut leur reconnaître leurs intentions louables. Ces gens qui sont responsables de l’isolement des femmes au nom de leur « indépendance », veulent à juste titre, réparer les conséquences de leurs erreurs. Mais ils n’y arriveront pas en continuant à prôner ce non sens idéologique, sauf à y sacrifier tout le budget de l’État. Et encore, nous voyons bien qu’actuellement, la gabegie a ses limites.
Favoriser le travail des mères isolées par l’impôt et la contrainte sur les hommes
Les féministes et les ultra-libéraux en avaient rêvé. François Fillon veut le faire : sortir les mères isolées de la pauvreté, en les faisant travailler, quitte à ce qu’elles ne soient plus du tout présentes auprès de leurs enfants. Il s’agit ici d’ attribuer à ces femmes et de manière privilégiée des logements sociaux, des places de crèches qui auraient des horaires d’ouverture larges, des aides pour revenir au travail, des associations de soutien éducatif, des places de foyer en cas de violences conjugales, des encouragements à déposer plainte (?), des mesures pour favoriser la dénonciation du harcèlement à l’intérieur des entreprises, des programmes de rééducation des écoliers au respect des femmes, d’allongement de la prescription pour qu’elles puissent porter plainte à vie si elles se souviennent avoir été agressées sexuellement plus jeunes, des amendes contre les hommes qui les dragueraient lourdement dans les rues, l’obligation forcée de la mixité dans les associations subventionnées, le renforcement du contrôle des écoles hors contrat, la sanction des discours qui mettraient en doute la nécessaire égalité hommes-femmes, la sanction des entreprises ou les hommes et les femmes ne seraient pas payées de manière identique, la mixité forcée dans les métiers d’hommes, l’augmentation des amendes pour que la parité soit obligatoire dans les partis politiques, la sanction immédiate de toute forme de sexisme en politique. Le tout teinté de laïcisme contre l’Islam. Sur ce dernier point, François Fillon n’imagine même pas que des femmes qui portent la burqa puissent adhérer à l’Islam de leur propre chef. En fait, il défend la vision des féministes occidentales qui ne veulent pas être bousculées dans leur conception du pouvoir.
La police des familles au service du féminisme
En somme, il s’agit d’étendre l’intervention de l’Etat dans les familles, tandis que ce pouvoir a, comme je l’ai déjà souligné, favorisé les problèmes qu’il se proposait de combattre. Il n’est pas étonnant dans ce cadre que les mesures concernant les enfants soient minimes. Leur prise en compte révélerait bientôt d’une contrainte inacceptable pour les féministes, d’un poids entravant l’indépendance des femmes. Evidemment, encore moins que pour les enfants, ces mesures ne sont liées à la place de l’homme au sein du couple. Au contraire, il est facile de comprendre que la police des familles va renforcer son contrôle sur nous. La liste des mesures liberticide est extraordinairement longue. L’Etat qui ne remplit plus ses missions régaliennes a la prétention de réguler toujours plus la société. Juste un exemple, pour montrer à quel point ces mesures sont complètement absurdes. Si François Fillon met en oeuvre son programme, non seulement mes articles pourront être interdits au nom de la dénonciation que je fais de l’égalité, mais s’il veut aller jusqu’au bout de sa démarche, il faudra aussi interdire la Bible (Ep 5,22-24 par exemple) puisqu’elle n’entre pas dans le cadre législatif qu’il se propose de modifier. Les gauchistes n’avaient pas envisagé une telle mesure depuis l’effondrement révolutionnaire.
Et puis, parlons des questions pratiques. Si les mesures de François Fillon sont adoptées, les femmes pourront porter plainte alors que l’absence de prescription rendra les faits matériels invérifiables. Elles pourront ainsi mettre la pression sur n’importe quel innocent tout en étant jamais poursuivies pour leurs fausses accusations. Quant aux mères, elles continueront à aller travailler toujours plus sans prendre en compte leur famille, sans même devoir s’occuper de leurs enfants et assumer leur rôle. Elles seront donc toujours moins responsables, tout en étant déclarées « libres » en tant que femmes. Nos familles continueront à dépérir, le phénomène des filles-mères ne cessant d’augmenter.
La poursuite de la faillite
Le plus inquiétant, c’est de voir notre société plonger toujours plus profond dans la dictature d’une économie libérale étatique alliée au féminisme. Notre société souffre, mais la remise en question est nulle. D’un côté, des femmes qui voudraient s’occuper de leurs enfants sont incitées à retourner travailler. De l’autre, des femmes qui ne s’occupent pas de leurs enfants sont incitées à se passer de leur mari. L’hystérie est la règle qui invite à tout et à son contraire, sans sens ni logique exceptée celle du contrôle matérialiste.
Les mesures de François Fillon n’ont absolument rien de révolutionnaire par rapport à celles de la gauche. Elles poursuivent une logique de surenchère qui nous a conduit au politiquement correct de ces dernières décennies, à un contrôle renforcé des opinions, à une sanctification de l’économie libérale au mépris des lois naturelles. L’État se veut fort pour favoriser toujours plus un individualisme qui doit profiter essentiellement aux femmes. Sans lui, les hommes politiques ne seraient pas réélus, et les femmes ne comprendraient plus l’intérêt de souscrire à la destruction de leur cadre familial. Et pourtant…
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