« Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué
par les mages, se mit dans une grande colère,
et il envoya tuer tous les enfants mâles »
Mat 2 16-18
Les gens m’ont toujours dit que je réfléchissais trop.
Avec l’âge, j’ai compris combien je n’avais pas assez réfléchis durant ma jeunesse, combien on ne réfléchit jamais assez, combien j’appartenais à une époque qui avait validé la défaite de la pensée, époque qui se targuait d’abattre toute explication irrationnelle de ses modes de fonctionnements tout en supprimant les fondements de sa culture rationnelle.
Ici, la religion mourut, en même temps qu’il fallut arrêter de penser, c’est à dire au moment où il fallut arrêter de penser le bien et le mal. Le mal n’était qu’une ignorance qu’il serait facile de dépasser par des efforts d’éducation scientistes. Malheureusement l’expérience moderne qui échoue en tout, nous montre que la lutte contre l’ignorance doit d’abord passer par une lutte contre le mal, un mal théologisé. Sans morale l’être humain est bien faible pour dépasser son ignorance. Sans religion, il patine à théoriser la morale. Se croyant libéré des religions, l’humain navigue à vue et en pleine utopie, il légifère à l’aveugle ramenant son expérience du monde à celle qu’il a apprise seul. Étymologiquement parlant, la religion, c’est la transmission. Les idéologies modernistes n’ont eu de cesse de s’attaquer à la transmission en sapant l’harmonie qui régnait entre les institutions sociales, entre l’Etat, la religion (qui n’était pas l’Etat dans la Chrétienté), la famille. La maternité devint le modèle de fonctionnement individuel et social : un cycle de renaissances à partir duquel nous repartions seul dans la vie, à zéro. A chaque échec, nous renaissions, recommençant donc l’expérience en pensant que cette fois, ce serait la bonne. Nous ne fîmes qu’augmenter l’échec (par exemple avec la destruction de l’institution du mariage par des amours toujours renaissants mais qui ne furent plus conçus comme un leg). L’évolution n’est pas forcément synonyme de progrès. Notre niveau culturel s’effondrant, vampirisé par le fonctionnement d’une économie marchande, nos meilleurs cerveaux n’apprirent plus la beauté, l’honneur, la tradition littéraire, les grandes idées, les grands sentiments, ils apprirent à devenir rentables.
Et tout cela eut des conséquences. Quoi qu’en pensent les idiots de tous temps qui naissent quand ils sortent du vagin de leur mère, notre époque, comme tout autre, est marquée en même temps par une humanité éternelle, et en même temps par de nouvelles réflexions qui viennent s’ajouter aux précédentes. Il ne peut donc y avoir progrès dans la révolution, ni dans l’immobilisme. Aujourd’hui nous comprenons en quoi cette révolution des moeurs qui suivit mai 1968 ne nous a rien apporté. Le 20ème siècle n’aura été qu’un long siècle de deuil quant au pouvoir de l’humanité. Toutes les idéologies que les hommes de ce siècle crurent pouvoir construire en dehors de la religion, ou pour les remplacer, toutes ces idéologies échouèrent dans un bain de sang effroyable. Seule la plus pernicieuse et la plus meurtrière de celles-là survit encore, car cette utopie s’était inscrite en nous bien avant nos « révolutions industrielles », et qu’elle avait appris depuis longtemps à échapper aux conséquences de ses erreurs.
Je veux parler du féminisme.
Face à son échec suivant mai 1968 de sa révolution dans les moeurs, imperceptiblement nous connaissons un retournement vers l’immobilisme. La révolution permanente s’essouffle. Et aujourd’hui, les gens qui ne réfléchissent pas, en sont venus à trouver normal qu’un Etat subventionne les avortements.
En quoi cette idée ne viendrait jamais à l’esprit d’un homme politique sain d’esprit ?
Un représentant de l’Etat est censé faire prospérer sa nation. Sans favoriser les naissances, il doit créer les conditions propices à l’accueil d’un enfant. En tout état de cause, jamais il ne devrait se mêler de décisions individuelles que d’aucuns jugent meurtrières quand d’autres peuvent y voir, au minimum, un empêchement à procréer et une forme de déresponsabilisation. En subventionnant les avortements, en les rendant gratuits, l’Etat, lundi prochain, va proposer une loi qui fera de lui un des acteurs principal de son propre échec. Pour cela, il aura fallu, précédemment, qu’il se mêlât de donner de l’argent à des femmes pour qu’elles fissent des enfants. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Il en découla qu’il se tint responsable des naissances. Mais il abusait de ses prérogatives : il avait introduit le biais moral d’une prostitution étatique organisée. Plus tard, il devrait s’en sentir responsable. Et en effet, quand ces femmes, dégénérées par des dizaines années de prostitution, affirmèrent en masse qu’elles ne désiraient plus certains de leurs enfants, l’Etat n’eut plus les moyens moraux de leur répondre. Il fallut céder et en 1975, nous votâmes une loi autorisant l’avortement, d’abord restrictive, puis au fur et à mesure du laisser-aller moral, qui devint de plus en plus libérale. L’avortement d’Etat serait resté inconcevable si l’Etat ne s’était d’abord mêlé de subventionner une armée de mères qui ne pondraient que par intérêt, non plus en vérifiant qu’elles satisfissent aux conditions propres à une morale saine, mais en évaluant les possibilités économiques qui leur fussent offertes. Plus rarement les enfants furent accueillis comme un don de Dieu, et plus souvent comme un don fait à l’Etat qui ouvrait à des droits et qui nous enrichirait, matériellement.
Lundi, l’Etat, responsable de n’avoir pas su offrir d’assez bonnes conditions à ces mères, culpabilisant, a décidé de financer le crime après l’avoir permis. L’avortement sera gratuit. Rien que cette phrase devrait bouleverser n’importe quel être humain. Ici la marchandisation du corps prend toute son ampleur. Le fœtus a un coût et un coût qui doit être financé. Quand je lis cette phrase, « l’avortement sera gratuit », je n’y entends rien de positif, mais toute l’hypocrisie d’un système marchand, matérialiste et libéral pour qui un corps peut empêcher l’épanouissement d’un autre corps et dont l’élimination salutaire doit être prise en charge par l’Etat. Ici l’Etat est garant de fluidifier les « échanges » de cette nouvelle religion des désirs individuels. La gratuité n’existant pas, ce sont les citoyens comme vous et moi qui financeront ces désirs meurtriers. Etrange religion du désir individuel qui a besoin de l’intervention de la communauté pour amoindrir la communauté. Et réfléchissant toujours moins, sacrifiant toujours plus de foetus à leur religion, les hommes d’Etat mélangent toujours plus décisions politiques et responsabilités individuelles, remplaçant ces dernières par ces premières. Garant de la prospérité de la Nation, ils en arrivent à sacrifier l’avenir de la Nation au seul motif que ces vaches sacrées qui veulent tuer leurs enfants sont des femmes. Ces enfants ne sont d’ailleurs plus considérés comme des enfants, puisque c’est le désir de la mère qui fait l’enfant. La définition exacte de l’inceste : ne jamais naître à son désir à cause de ses parents. Notre société de malades, prend les contestataires pour des malades. Nous, êtres réfléchissants, n’avons plus droit de citer. Si nous le faisons, on nous oppose le désir individuel de chacun comme religion révélée. Pauvre pensée.
Jusqu’à quand peut-on supporter un Etat illégitime qui confond désirs individuels et prospérité de la communauté ? (féminisation)
Notre gouvernement actuel ne trouve pas de légitimité face au peuple. Les élections n’ont même pas suffit cette fois. Pour reconquérir cette confiance perdue, il cherche à assumer ses promesses de campagne. Mais ses promesses le rendent encore plus illégitime confere ce financement de l’avortement. Telle est l’horreur de promesses de campagne faîtes pour gagner des élections au détriment de l’intérêt national : à les appliquer, on favorise des intérêts de caste qui détruisent la légitimité du système démocratique. Ici, l’application de ces promesses, en plus de s’attaquer à la confiance que nous pouvons avoir les uns aux autres, s’attaque à la notion d’Etat elle-même. Quand un Etat saborde le droit de vote de la Nation dont il gère les affaires, quand il saborde les propres règles qu’il se fixe à l’intérieur de son territoire, ne distingue plus étrangers et nationaux, n’intégrant plus les premiers pour qu’ils servent mieux d’esclaves aux seconds, qu’il tue les générations à venir sans complexe, ni réflexion plus poussée qu’une féministe de bas étage, qu’il n’a plus autorité pour en imposer aux riches, qu’il détruit l’institution du couple, il doit prendre peur car il est le suivant sur la liste. Sa survie ne tient plus qu’au pain que les gens ont dans leur gueule. Si par hasard il multipliait ce genre de bourdes, la situation économique se dégradant trop brutalement, pourrait amener les irréfléchis qui sont responsables de cette bérézina à l’échafaud plus rapidement qu’ils ne l’auraient imaginé. L’histoire de France fourmille de ce genre de convulsions. Nous avons appris à détester cet esprit révolutionnaire, cependant il ne faudra pas pousser trop loin des gens qui n’auraient plus rien à perdre. Les premiers qui vous applaudissaient, seront les premiers à venir s’occuper de vous. Tel est le fond de l’hypocrisie humaine et le sens d’une morale qui finit toujours par s’imposer quelles que soient les circonstances, même dans la mort bête. Nous n’en sommes pas encore là. Au milieu d’une acculturation totale, nous avons su préserver une bonne partie de notre agriculture, bizarrement. Et cet amour pour notre patrimoine national qui a perduré, malgré certains hommes politiques libéraux, les protégera autant qu’ils auront su répondre aux aspirations du peuple sur ce point. Notre sanction ne sera peut-être qu’un peu plus de pauvreté individuelle. Si une prise de conscience collective de notre misère morale s’en suivait, alors, nous n’aurions pas tout perdu.
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