La grandeur de Rocky.
Certains acteurs s’incarnent dans leur rôle. Le personnage les accompagne tout au long de leur vie, et il nous accompagne aussi. Le héros grandit et nous, avec lui, apprenons à devenir des hommes. Rocky nous aide à grandir, avec les limites propres à l’homme qui a écrit le scénario et parfois même réalisé pour partie la série.
Les histoires, ou les croyances, ont toujours été là pour nous apprendre à surmonter nos carences affectives. Rocky n’a rien de la brute épaisse qui écraserait tout sur son passage. Bien au contraire. Il est le gamin fragile qui apprend à se dépasser, qui sait contourner les pièges que la vie peut lui tendre, qui fait face aux difficultés prêtes à le submerger à chaque instant. L’argent n’est jamais qu’anecdotique, le show business endort l’âme et doit rester un jeu, le héros est entouré de requins dans un monde factice à qui il est étranger, lui qui n’est que vérité. Il n’est pas brillant, il n’a pas fait d’études, et il sait qu’il ne fait pas partie du milieu bourgeois. Il n’a que sa bonne volonté et son humilité pour y arriver.
Les difficultés financières ne sont qu’une excuse pour apprendre à se dépasser et à revenir à l’essentiel : le couple, l’amour, les relations humaines. L’important c’est de prendre la vie du bon côté et de rester positif. Il faut savoir s’arrêter de parler pour agir, ni calomnier les gens, ni haïr son ennemi, et prier Celui qui nous surpasse et qui nous aime (ici dans la foi catholique). Méprisé, il gagne à chaque fois le respect. Souffrant, il transcende ses blessures. Gagner, c’est se relever. Il attaque ses adversaires d’abord au corps, pas à la tête, c’est sa grande force, son engagement physique, corps contre corps, car il ne se croit pas capable d’intelligence, seulement d’une grande force de coeur.
A chaque épisode ses épreuves et sa morale :
Rocky 1 :
Rocky est un minable. Il n’est soutenu par personne. Il a du mal à contenir une violence toujours prête à le submerger, il vit solitaire, isolé et méprisé, dans la puanteur et la crasse. C’est un boxer de seconde zone qui joue petit, et qui gagne ses matchs en vivant de son talent mais sans faire d’efforts particuliers pour se dépasser. Il regarde avec pitié l’enfant qu’il a été, avec un brin de nostalgie peut-être aussi. Cet enfant est toujours présent en lui, et il semble lui dire : « qu’es-tu devenu ? Où es-tu passé ? ». Ce voyou fait peur à de petites frappes pour recouvrir l’argent que le boss leur a prêté. Il travaille ainsi pour s’en sortir, mais il n’aime pas ce qu’il fait. Comme un grand frère raté, il donne des leçons aux plus jeunes dans la rue qui le méprisent à cause de cela. Son père ne l’a jamais soutenu. Il va falloir que quelqu’un lui dise qu’il gâche sa vie (Mickey, l’entraîneur) et qu’il ait enfin une opportunité de réussite (un match inespéré contre le champion du monde) pour qu’il se prenne en main. Il va falloir qu’il accepte de se faire aider maintenant que sa chance est là. Se faire aider, le révolte. Au début, il pense que l’obstacle est trop haut. Enfin il cède. Il commence son entraînement seul, dans l’obscurité. Il ne veut pas finir « comme les autres ». Il finit par atteindre l’objectif qu’il s’était fixé, grâce et pour Adrienne, à travers elle, pourrait-on presque dire.
Rocky 2 :
Rocky contre Apollo Creed. Dans cet épisode, il ne se bat plus seulement pour l’amour de sa femme, ou pour s’en sortir, mais également pour sa famille, pour l’enfant à naître, et aussi pour l’enfant qu’il n’est plus, pour tous les enfants pour qui il est devenu un exemple. En fin de compte, il cherche à devenir responsable. Il vaincra.
Rocky 3 :
Rocky, gamin de banlieue sans repère familial, né de nulle part, perd son substitut paternel, Mickey. Il devra apprendre à vivre et à gagner sans lui.
L’amitié viendra à sa rescousse. Sa femme l’éclairera sur la nécessité d’admettre ses peurs et ses angoisses pour les dépasser.
Il s’affrontera à l’effronterie, à la violence aveugle qui dort certainement en lui. Mr T matérialise ses angoisses. Il gagnera ce match.
Rocky 4 :
Rocky contre le communisme (Drago). Dans la vie, il faut être capable de remettre tout en jeu, quand bien même on a atteint le sommet. Mais il existe également un danger de mort à ne vouloir vivre qu’à travers son métier. Entre ces deux extrêmes l’homme se forge une vie incertaine. Apollo Creed mourra d’avoir ignoré cette règle. Enfin l’homme mature accède au côté politique de la vie. Il combat un système inique, qui utilise la tricherie à souhait. Mais loin de condamner entièrement les gens qui suivent ce système (communisme), il leur tend la main. Je me demande à quel point ce genre de film n’est pas capable de faire basculer tout un peuple et n’est pas plus efficace que la meilleure des propagandes : ni mépris, ni aveuglement.
Rocky 5 :
le maître contre l’élève. Cet épisode est un pamphlet contre le milieu médiatique. Même si les médias en veulent toujours plus, il faut savoir suivre son propre chemin. Encore une fois, la nostalgie du départ est bien présente, de ce moment où on est quasiment nu mais où le « kwaï » est en nous. Une star du peuple ne doit jamais se dévoyer, ni oublier d’où elle sort. Le film oppose également deux notions intéressantes : la transmission et la paternité.
La conclusion, peu romaine, est de ne pas oublier ses obligations filiales. Rocky ne se place pas en modèle de père. Il ne possède pas autorité sur son fils excepté par l’amour qu’il lui donne. Ici, il prône l’idée que la famille et les liens du sang sont plus importants que le travail. Avoir du coeur c’est avoir de l’honnêteté. Les vraies statues sont érigées à la gloire de nos qualités morales pas de la richesse accumulée.
Rocky 6 :
Rocky contre la nouvelle génération. On ne peut vivre dans l’ombre de son père. Mais on ne peut vivre également de fatuité.
Toujours entre deux extrêmes, Rocky se pose en exemple pour son fils et en donneur de leçon contre son jeune adversaire. Les difficultés permettent d’apprendre à se respecter en toutes circonstances. Rocky a vieilli, il est désormais capable de devenir un vrai père et d’affronter l’image que ses enfants lui renvoient. Il a compris que l’amour ne suffisait pas et qu’ils attendaient des réponses de lui.
Adrienne et les femmes : une image idyllique qui ne tient pas la vie.
Autant Rocky est capable de nous donner des leçons en termes de vie personnelle, autant en termes de sentiments, il cultive les images d’épinal. Adrienne passera de la jeune femme soumise et timide dans le premier épisode, à une figure de plus en plus affirmée. Entre temps Sylvester Stallone aura appris à connaître un peu les femmes, et à dépasser les apparences, tant et si bien qu’il devra faire mourir Adrienne dans le dernier épisode, sa vie même n’étant plus du tout en accord avec ses scénarios, et l’image parfaite d’une Adrienne qui stérilisait l’histoire. « On remplit nos vides » sera la phrase clef du premier épisode, définition pour Rocky de l’amour. Peut-être y-a-t-il un peu de cela dans la vie (l’amour rencontre de deux névroses selon les psys), Rocky étant le muscle, et elle, le cerveau comme Rocky lui dira en riant. L’amour est supérieur à l’amitié, signe d’une époque basse. Adrienne est sceptique au début quant à ses combats. Elle ne lui offre pas un soutien complet, puis elle finit par revenir vers lui. Elle ne cherche que la paix d’une petite vie tranquille, sentiment feint ou réel maquillé derrière son affection pour Rocky. Dans le 4, Rocky devra même se passer de l’accord de sa femme et assumer son rôle « d’homme ». Les tensions présentes dans les précédents épisodes se révéleront. A l’opposé, Drago son adversaire laisse sa femme, très masculine, parler à sa place.Tous les deux représentent un système dégénéré dont Rocky et Adrienne sont le contrepoint. Déjà, dans le 3, Adrienne apparaissait comme beaucoup plus forte moralement. Elle devenait le guide qui le sortait d’angoisses inextricables et qui n’avaient aucun sens pour lui. Enfin dans le 5, Rocky aura perdu nombre d’illusions. Sa femme est bien plus assise que lui, beaucoup plus claire-voyante. Il aura fallu toute une vie à Sylvester Stallone pour qu’il comprenne qui menait la barque familiale en réalité. Tant et si bien qu’elle l’avertira de nombreux dangers bien avant qu’il n’en prenne conscience. Ici, ce sont les femmes qui l’initient aux sentiments, qui le précèdent, qui font de lui leur jouet, quand bien même il ne s’en aperçoit pas dans le script. Cette incompréhension atteindra son apogée dans le 6. Inconscient de son rôle d’homme, et de la nécessité d’une morale, il nous présentera l’image d’une fille-mère victimisée, où le père biologique de l’enfant est entièrement squizzé, et où Rocky viendra jouer les sauveurs. Bien entendu, l’enfant de cette fille-mère l’accueillera avec la plus grande bienveillance et cette joyeuse famille recomposée fera l’union autour du ring. Idyllique, mais très loin de la réalité (sauf peut-être pour les gens riches pour lesquels certaines femmes cupides sont prêtes à tous les arrangements afin de leur extorquer une vie débarrassée de tout souci matériel). Évidemment, il ne pouvait divorcer de la parfaite Adrienne, qui mourra dans des circonstances mystérieuses. Cependant comme Adrienne, la parfaite fille-mère saura rassurer Rocky face aux épreuves, « tu es maître de ta vie, tu en es le seul juge », Rocky ayant besoin de l’approbation de femmes autour de lui.
L’évolution d’Adrienne, l’évolution de notre conscience des femmes au cours de notre vie d’homme :
Rocky 1, la timide qui renferme certainement une personnalité très riche !
Rocky 2 : Adrienne prend du poil de la bête :
Rocky 3 : Adrienne guide Rocky au-delà de ses propres peurs. Sa machine à gagner est grippée :
Rocky 4 : opposition des couples ou doubles diaboliques ? Le jeu du miroir…
Rocky 5 : Adrienne prévient la chasse médiatique, elle anticipe les erreurs de Rocky, elle est définitivement supérieure moralement à Rocky :
Rocky 6 : la parfaite Adrienne est morte. Elle est remplacée par son double, devenue une pauvre fille-mère éplorée mais tout aussi manipulatrice que la première :
Enfin, pour quoi se battent les hommes ?
Tout le succès de la série est basé sur l’absence de clichés, parfois même Rocky a un petit côté antihéros. Mais quand il s’agit de sentiments, Rocky subit. Il ne mène pas la barque du couple. Progressivement Rocky en prend conscience mais cette compréhension parcellaire n’empêchera pas Sylvester Stallone d’échouer dans sa vie personnelle. Il divorcera trois fois et nourrira autant d’ex-familles, reproduisant implacablement le modèle que lui avait légué son père.
A travers cette série, Sylvester Stallone nous livre quelques clefs pour avancer dans nos vies. Mais aujourd’hui, il nous faudra aller plus loin et mener un autre combat. Rocky se bat pour Adrienne et avec l’aide de Dieu. Or cette époque idyllique qui a couru du moyen-âge jusqu’à nos jours, est terminée. Il est clair qu’aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de nous reposer sur nos femmes. L’assise publique dont nous pouvions profiter en cas de conflit, n’existe plus du tout. Ainsi, nous sommes comme de petits moineaux face à des chats, car notre assise morale est bien faible en comparaison de celle des femmes. Les hommes de l’ancienne époque, sûr de leur fait, se battaient pour l’amour d’une belle, qui, en échange de son engagement d’homme et de son travail, lui donnerait des enfants, et un foyer chaleureux. Les hommes appréhendaient la force des femmes de manière progressive, souvent soumis, mais certains de survivre quant à la nécessité que l’épouse avait d’entretenir sa force de travail (celle de son mari) à un bon niveau. Aujourd’hui cette contrepartie s’efface. Les femmes ont toujours besoin des hommes, mais elles se sont servies de l’Etat pour leur extorquer de l’argent sans leur consentement et sans devoir rendre des comptes. Les hommes eux, pauvres fous, se battent toujours pour l’amour de la belle, et même maintenant de la fille-mère. Et leur esclavage qui connaissait un semblant d’échange à une époque où les relations monétaires étaient directes, devient complet maintenant que les femmes ignorent de plus en plus la nécessité qu’ils ont d’eux. Ainsi les hommes acceptent leur petite tyrannie quotidienne, bien éduqués, de mieux en mieux chaque année, et ils vont nourrir un autre petit tyran dès que le premier a été satisfait, qui de l’argent, qui d’un enfant, qui d’une vie sans enfant, qui d’une présence rassurante. Immanquablement les bons partis, les pigeons diraient certains passent de femmes en femmes, jusqu’à ce qu’il ne leur reste plus que leurs illusions.
Si nous sortions de cette tyrannie, en réalité, nous ne saurions plus trop quel est le sens de notre combat, nous serions perdus. Il est si facile de se battre pour l’idée que l’on se fait des femmes et non pour les femmes réelles que nous avons devant les yeux. En vérité, à tout leur pardonner, à ignorer leurs crimes, leurs pulsions de morts, leurs avortements, les infanticides, leurs mensonges devant les tribunaux, leurs calomnies et leurs radotages sanguinaires, leurs égoïsmes quant à leur progéniture, nous en avons fait des irresponsables. Et nous aimons tant cette image d’enfant en elles que cette absurdité ne semble vouloir connaître de fin. D’irresponsables, beaucoup ont franchi le pas de la monstruosité. Nous n’avons plus à nos côté que des parasites qui nous rendent la vie impossible et dont nous nous croyons entièrement dépendants. Certaines vont même jusqu’à flatter nos vices pour asseoir leur position (et on ne peut comprendre les femmes de pédophiles qui ont participé activement au crime, sans comprendre cela).
Il est une erreur historique terrible qui vient de je ne sais où, certainement du puissant inconscient collectif des femmes, erreur sur laquelle il serait temps de revenir. Cette erreur nous a fait nous battre pour nos femmes avec l’aide de Dieu, erreur sacrilège qui plaçait la femme au-dessus de Dieu. Hier, nous nous battions pour nos femmes avec l’aide de Dieu, sûr et certain de notre fait. Aujourd’hui la situation dramatique que les hommes connaissent sur le plan de leurs libertés pourrait avoir quelque chose de très bon : enfin, nous pourrions sortir de notre esclavage d’homme. Enfin, nous pourrions prendre conscience de la tyrannie psychologique imposée depuis des années aux maris conciliants que nous avons été ou que nous projetons d’être.
Loin de créer une nouvelle société, nous pourrions, en prenant en compte le niveau de bassesse que de nombreuses femmes ont atteint, exiger de vrais partenaires à nos côtés. Oui, nous pourrions enfin nous assumer en tant qu’hommes, et demander des comptes à nos femmes, non pas pour chronométrer leurs heures de vaisselles comme certaines se sont plues à le faire pour nous, mais pour obtenir d’elles un engagement, et de la sincérité, et surtout, une forme de réciprocité dans la dépendance. Les hommes peuvent-ils continuer à vivre ainsi, dépendants affectivement de femmes qui les méprisent intérieurement tant elles leur ont fait faire n’importe quoi. Personnellement, je ne le veux pas pour moi et je ne crois pas qu’aucun homme digne de ce nom puisse le vouloir. Le futur peut donc prendre deux issues viables pour les hommes :
_ Soit nous exigeons d’être protégés des femmes par la loi, de nouveau, comme nous le fûmes par le passé.
_ Soit nous pourrions exiger, dans l’interdépendance qu’objectivement nous avons d’avec les femmes, de vraies contreparties de leur part.
Ceci nous ne l’avons jamais connu.
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