Je me suis toujours demandé comment un esprit aussi puissant que celui de M.Finkielkraut était à ce point incapable de retour sur l’Etat d’Israël. Finalement qu’on soit sioniste ou anti-sioniste, il y a des évidences qu’il est difficile d’ignorer. Comment pouvait-il parler, par exemple de colonies sans faire un parallèle avec le concept de colonisation ? Soit M Finkielkraut en était resté à une conception du 19ème des races , soit… ?
J’ai toujours écarté la première hypothèse, le sachant trop intelligent pour cela. Mais je n’avais pas de réponse à sa coupable ignorance. La judaïté cultive l’intelligence. Mais le Christianisme nous a appris à nous méfier de l’intelligence. L’intelligence ne recouvre pas toutes les vérités, elle n’est pas la vérité ultime, elle n’est pas Dieu. Pire, elle peut même être une entrave à la vérité. Le Christianisme est d’ailleurs né chez des Juifs qui avaient compris que la culture seule ne suffisait pas, qu’il y avait un principe plus fort que celui-là, plus explicatif de la réalité et surtout plus salvateur. Encore aujourd’hui, les Juifs qui se convertissent au Christianisme sont de ceux qui ont compris que la Loi était insuffisante pour se rapprocher plus près de Dieu (ou différemment pour ne pas éveiller les antagonismes). Ils peuvent garder un fort attachement pour leur judaïté et accéder à un niveau plus élevé de conscience, comme Monseigneur Lustiger.
Je n’irai pas par quatre chemins, pour moi féministes et sionistes sont aveuglés de manière identique, et par le diable. Et voilà comment, à mon humble avis, celui-ci procède dans leurs esprits : la shoah a bien existé, elle a fait des millions de morts ; il y a bien eu des millions de femmes victimes à travers l’histoire. S’identifiant à ces victimes et parce qu’ils ont un fort esprit communautaire, sionistes et féministes n’en arrive à voir que par leur souffrance. La souffrance des autres devient secondaire car elle n’appartient pas à la communauté, elle n’explique pas leur quotidien. Prendre en compte la souffrance des autres, ce serait admettre qu’il y a eu des millions de morts injustes autres que Juives, ou des millions de morts hommes injustes(beaucoup plus que de femmes en fait). Mais là où de nombreux peuples font des efforts pour pardonner, là où chaque individu qui s’incarne dans une identité se méfie de son égocentrisme, il faut avouer que sionistes et féministes en ont bien été incapables jusque là. La souffrance de morts passés qu’ils n’ont parfois jamais connue et qu’ils perçoivent comme la seule digne de leur attention, leur fait oublier qu’un mort est un mort, et qu’à ce décompte macabre, il n’y a rien à gagner sauf à s’enfoncer dans des raisonnements mortifères qui poussent communautés contre communautés. Les raisons d’opprimer quelqu’un sont toujours mauvaises. D’une même voix, le sioniste et le féministe crient haut et fort : «Je suis une victime, et à ce titre, j’ai tous les droits car ceux qui s’opposent à une victime sont forcément des bourreaux ».
En inversant le rapport à l’autre, la victimisation s’est propagée comme un fléau dans notre société. La victimisation est la véritable arme du malin. Il suffit de se proclamer comme victime particulière pour attirer à soi tout un tas de bonnes âmes charitables prêtes à faire le bien, et à réparer le mal, processus naturel de survie dans l’humanité. Mais si on oublie, comme le Christianisme nous l’a enseigné, que nous sommes tous victimes et coupables, alors ce processus de victimisation finit par détruire tout esprit de corps dans la société. Le processus naturel de survie, devient alors un processus de destruction. Les voilà chacun, à revendiquer leur part de souffrance, à demander qu’il leur soit reconnu ce droit à être victime, puisque toute reconnaissance sociale doit passer par là. Et comme la charité de tout à chacun est limitée, ces communautés en viennent forcément à la surenchère pour accaparer l’attention commune. Les souffrances se mettent en concurrence et deviennent de plus en plus aveugles. Le simple quidam, parfois complètement a-communautaire, sentant bien que ce genre de victime aveugle bafoue les lois de l’humanité, en vient à détester dans un même élan tous ceux qu’il identifie à cette communauté. Ainsi nombre de citoyens en viennent à devenir anti-Juifs ou misogynes, sans distinction, même s’ils ne le disent pas. Et face à cette haine, féministes et sionistes se trouvent confortés dans leur paranoïa. Ils peuvent enfin se dire : « vous voyez, nous avons bien raison de lutter, on nous veut encore du mal. » Et le cercle infernal de la haine et de l’incompréhsension se referme, s’amplifie jusqu’au jour, les uns exterminent les autres. Aujourd’hui, les colonisateurs sionistes agissent en toute bonne conscience reconquérant des terres qui leur appartenaient et se justifiant des Textes sacrés et de souffrances passées infligées à leur peuple. Les féministes n’hésitent pas à écraser les hommes devant les tribunaux, à les pousser au suicide, et finalement à détruire le concept même de famille, parce qu’en même temps, la femme est fragile, et qu’elle a été, par le passé, oppressée. Elles justifient également l’avortement de par leur propre souffrance. Ainsi des Juifs en arrivent à oublier les principes les plus sacrés au nom de ce processus, comme des femmes en arrivent à tuer des enfants au nom même de leur omnipotence victimaire. Qu’ils soient sionistes ou féministes, en fait, il n’y a que eux pour avoir le droit d’exister.
Laisser un commentaire