« Si tu le fais au plus petit des miens… » (Mat 25, 40)
Le sablier du temps fait tomber les morts un à un, poussés par les autres du dessus qui veulent vivre. Si c’est pas lui, ce sera moi. Autant qu’il soit laid, qu’il mérite sa chute et qu’avant de tomber il nous offre l’image de l’horreur. Eric Peeters a sombré. A 57 ans, il n’en reste plus rien si ce n’est quelques photos embuées de vapeurs d’alcool sur les réseaux sociaux ou des écrits trop pleins d’émotion en direction de cette société d’assassins. Il a dénoncé parce qu’il avait espoir que sa fuite serait comprise. Les pères se cachent pour mourir. Honteux, ils osent parfois crier en reculant. Mais l’espoir n’est pas de mise quand l’État assassine. Un individu solitaire reste un petit, surtout s’il est dit « participant à la domination patriarcale ». Sale gueule le patriarche en terre de Bénin, poussé au suicide par bien plus fort que lui, reclus à boire et à baiser pour oublier son passé.
Voilà un militaire de carrière qui a servi sa patrie, un père modèle qui avait femme, enfants, maison, famille. Enlevez-lui la caution d’une seule et le voilà changé du tout au tout. Sa femme l’a disputé, elle l’a quitté, puis elle lui a fait payer l’addition notamment en le privant de ses enfants. Lui, il a mis du temps à comprendre qu’il ne serait l’objet d’aucune pitié, malgré le handicap, malgré sa situation sociale. Après de bien longues procédures inutiles, trop longtemps après, il a lâché. Il a rejoint le Bénin. Là-bas, il croyait pouvoir se reconstruire. Bien mal lui en a pris.
Avant, l’exil punissait les mauvais sujets. Aujourd’hui, il est une échappatoire intolérable… pour l’État. Ce dernier ne vous laisse même pas la possibilité de fuir quand il vous a tout pris. Vous lui appartenez corps et âme. Il n’est plus l’émanation d’un peuple plutôt heureux, mais une machine dont vous êtes la propriété, et qui a les moyens de sa forfaiture. L’avocat de la mère lui ramène une facture d’huile devant son tribunal, il en conclue que vous menez la grande vie. Telle est la mésaventure anecdotique mais significative qui a été celle d’Eric Peeters. Ne cherchez pas à comprendre. La justice française, déesse de la lune, se permet de sonder les reins à la place du vrai Dieu. Elle s’amuse à la morale sentimentale, femme à qui il faut un coupable.
Eric Peeters a donc sombré. Il a trop bu, il a trop mangé, il a forniqué pour oublier ses douleurs. Il s’est suicidé car ce que ne dit pas notre société de la libation menstruelle c’est le malheur de la fausse liberté. Les morts ne parlent pas, et la laideur ne fait pas pitié. Poussez au suicide quelqu’un, et il sera si moche que son entourage en viendra à souhaiter sa disparition. Les coupables propageront l’idée qu’il fut une éternelle épave, la société se donnera raison de l’avoir poussé jusque là. Ne vous trompez pas. Les innocents d’aujourd’hui assassinés ne sont pas brûlés dans des chambres à gaz. On les étouffe par une fausse morale. Ils meurent dans un silence en forme d’approbation générale. Ils sont Eric Peeters, ils sont vous, ils sont moi. Ils sont ces pères qu’on accuse d’être le mal. La vie profanée, le sacrifice discret.
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