Je me rappelle clairement avoir vu mon pays du haut des marches du tribunal. Il n’y avait presque personne, qu’un vent froid et quelques passants obnubilés par leur travail. J’étais là avec ma pancarte, seul, cherchant à comprendre comment tant de bons sentiments dans les paroles avait pu déboucher sur si peu de dialogue. Mon regard s’est fait plus clair tandis que j’acceptais de voir d’où venait le problème, quel était un des noyaux nucléaires de l’hypocrisie, d’un de ceux qui m’avait conduit ici même.
Je ne sais toujours pas pourquoi des personnes se couchent et d’autres se lèvent, pourquoi des gens calculent leurs intérêts de si près qu’ils acceptent, tout, en maugréant. Et pourquoi d’autres comme moi, ont la certitude de tout perdre sans que cette évidence ne les fasse reculer d’un pas, ni même ne les émeuve, voire qui en sont soulagés. Il est vrai que comme n’importe quel jeune, je n’ avais pas bien idée de toutes les difficultés auxquelles je devrais m’affronter. Mais ça n’avait plus d’importance. Moi, et une immense cohorte de mes pairs avaient été injustement traités. Les combats passés avaient échoué par respect des croyances sociales. Il fallait donc secouer l’impossible, déboulonner ce féminisme qui s’était imposé à tous et qui ne cessait de s’étendre au fur et à mesure que les liens filiaux volaient en éclat.
A l’époque, l’idée que le féminisme fut à l’origine de maux sociaux qui étaient les nôtres, n’était même pas envisagé. Les uns maugréaient contre telles ou telles mesures, les autres lui restaient indifférents, mais personne ne concevait que la défense du droit des femmes fut un problème en tant que tel. Encore aujourd’hui, cette défense paraît légitime à une multitude. Car comment cela ? Les femmes ne devraient pas être particulièrement privilégiées au nom de l’égalité, notez l’incohérence totale dans le raisonnement. Comment ? Les femmes ne seraient pas l’avenir des hommes ?
Non, elles ne le sont pas. Elles sont notre passé, notre origine. Elles ne peuvent être aussi notre avenir, sauf dans les pays qui régressent, les futures tribus, les temps de parasites, de mensonges.
Cette phrase tirée du film Braveheart m’a toujours interpellée, quand le personnage secondaire, s’identifiant au héros, répond à son père : « jamais plus je ne serai du côté de l’injustice ». Un homme n’a pas le droit de cautionner les compromis qui finissent toujours par nous faire échouer collectivement, qui repoussent les prises de conscience et les rendent toujours plus difficiles, dont les finalités nous conduisent à un bain de sang. Les criminels se veulent rassurants et responsables. Ils vous disent qu’aucun autre chemin ne peut être emprunté pour votre propre bien, et la passivité qu’ils génèrent parmi les foules, encourage ce mouvement général de laisser aller. Face à cet élan de médiocrité, il suffit pourtant de se lever et de dire que l’on n’y croit plus, ou d’agir sans plus y croire, en tout. Dès lors, le roi apparaît aux yeux de la foule pour ce qu’il est. Habillé du parement de la sainte foi, il resplendit. Dans le cas contraire, il est nu.
Cette prise de conscience qui vous révèle comment le roi est habillé, vous ne pouvez pas l’attendre d’un autre, surtout pas de responsables politiques qui naturellement cherchent à décider au lieu de servir. Ou pire encore, vous ne pouvez l’attendre de marchands qui sont tributaires des lois votées par ces mêmes politiques. Elle est un mouvement individuel, à la base, qui doit se coaliser à d’autres prises de conscience individuelles, inattaquables, irrésolues, fondamentales. Elles sont un éclair de lucidité dans un océan de mensonges socialistes, tribaux, cléricaux, une claire vue du but à atteindre au-delà des intérêts immédiats ou des raisonnements alambiqués qui cachent surtout une lâcheté de suiviste.
Le royaume de Dieu appartient aux simples d’esprit et ce n’est pas un hasard. La prise de conscience est d’abord une prière, un mouvement du coeur, que l’esprit gène et face auxquels il est mal à l’aise. Les faux intellectuels sont contraints par leur position sociale, leurs erreurs passées, leurs inventions, leur confort, tandis que l’homme simple, le pauvre, voit encore les évidences. La vérité se sent d’abord avant de se penser, elle est le fruit du courage, de celui qui n’a rien à perdre. Voilà pourquoi il y a bien plus de personnes lucides chez les misérables, que parmi les penseurs de l’élite, et pourquoi les premiers finissent systématiquement par remplacer les seconds, alors même qu’ils sont barbares.
Depuis, je n’ai pas quitté les marches du palais. Je suis toujours debout à attendre, tout en sachant désormais qu’il ne suffit pas de demander justice pour l’obtenir. Le prophète Isaï nous le rappelle mardi dernier et depuis presque 3000 ans « Il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, Il se prononcera en faveur des humbles du pays. », car sans le Christ, les humbles ont toujours été humiliés, les petits ont toujours été jugés avec partialité, et la rumeur des sorcières fait loi. La république n’y a rien changé, au contraire.
Encore une fois dans notre histoire, seul le retour du Christ nous sauvera de tels désordres, et j’ose espérer que nous plierons le genou pour l’accueillir de nouveau. Alors nous fondrons nos glaives plein du sang des pères pour en faire des charrues et des faucilles, promptes à défendre ce en quoi nous avons encore foi. Le guerrier sera vaillant. Le travailleur sera impliqué. Le prêtre sera convaincu.
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