Ces individus ne naîtront pas d’un homme et d’une femme. Il faudra qu’ils soient produits par des machines qui contrôleront le moindre incident de parcours dans la gestation de l’enfant. Pour apaiser le bébé, on prolongera sa vie aquatique jusqu’à ce qu’il montre une volonté d’en sortir. Il mangera selon ses envies. Quand la quantité de nourriture ingurgitée dépassera ses besoins, les adultes référents payés pour l’élever lui feront des injections indolores d’hormones pour supprimer en lui toute sensation d’appétence. Ses principaux indicateurs de vitalité seront contrôlés de manière constante. Le moindre écart sera corrigé par quelques injections appropriées. Il recevra 30 minutes de caresses par jour et un supplément en cas de pleurs. Il comprendra vite qu’il peut avoir d’autant plus d’attention qu’il protestera. Il deviendra donc capricieux. Le caprice sera encouragé car confondu avec le désir, le besoin et l’envie. Il sera encouragé car il fera de lui un être aliéné.
Il devra marcher à tel âge, prononcer ses premiers mots à tel autre, apprendre à contrôler sa violence à tel moment. Si par hasard il ne suit pas sa courbe normale de développement éducative globale, les personnes payées pour le faire grandir, le stimuleront de telle manière qu’il devra répondre par le comportement approprié. A aucun moment, il ne lui sera demandé de faire des efforts, mais l’emprise qu’on exercera à son encontre sera si importante, que l’obéissance sera pour lui le seul comportement envisageable. Cet enfant ne connaîtra rien d’autre que ce qui lui est proposé, il devra donc y souscrire. On agira ainsi pour le protéger de lui-même et lui éviter bien des peines. Les adultes autour de lui ne supportant pas la moindre souffrance, ils ne voudront certainement pas qu’il en endure. Ils agiront donc pour son bien en évitant le moindre conflit avec lui. Si cet enfant ne peut obtenir ce qu’il désire, car les limites à nos désirs existeront toujours, les adultes référents de son entourage multiplieront les explications à son égard jusqu’à ce qu’il comprenne de lui-même qu’il est inutile de perdre du temps à discuter ou de développer un argumentaire. Il en viendra à la conclusion naturelle que l’adulte a raison de manière magique et cette certitude implacable s’inscrira au plus profond de son être jusqu’à en devenir totalement inamovible. Plus tard l’Etat détrônera dans son cœur, la place que ses éducateurs auront eu pour lui. Car il comprendra avec l’âge qu’il ne devait rien à toutes ces personnes payées pour l’élever mais tout à un Etat qui avait organisé son élevage, et ce, depuis sa fécondation, et il en sera d’autant plus impressionné et reconnaissant. Il croira sentir dans l’Etat la main de Dieu.
A l’école, il apprendra à s’autocensurer. Aucun écolier n’aura d’ailleurs besoin de l’autorité d’un adulte. Car l’autorité c’est la révolte et la révolte fait souffrir. On leur apprendra à bien se comporter sans réfléchir pour éviter d’être une occasion de gêne pour leurs petits camarades. Et on compensera cette nouvelle forme de dictature en leur donnant une position dans la classe qui ne convient pas à un enfant mais qui flattera leur égo.
Hommes et femmes seront si confus dans l’esprit de chacun que garçons et filles agiront de manière identique. Le garçon aura le sexe atrophié à coup d’hormones et de réprimandes sociales, car le peuple aura pleinement intégré le danger potentiel contenu en chaque petit garçon qui naît. Les sexes auront même peut-être disparus car jugés inutiles et corrupteurs. Il n’y aura plus aucun saignement dans la cours de récréation, aucun accident, les matériaux seront prévus de telle manière que cela aura été rendu impossible.
En grandissant et par étapes successives, l’enfant sera orienté selon sa bonne volonté. Toutes les orientations se vaudront, et personne n’osera juger de la grandeur ou non de telle ou telle section. Tous les enfants penseront qu’ils ont suivi le cursus de leur choix et ne remettront pas en cause une décision qui était de leur propre fait. On n’obligera l’enfant en rien, sauf à suivre la tyrannie de ses propres décisions. L’enfant n’aura donc personne vers qui se révolter sauf lui-même. La révolte produisant de la souffrance, il choisira le cas échéant l’euthanasie plutôt que la vie. Tenant compte de ce genre de choix individuels à l’âge de l’enfance ou bien à l’âge adulte, la société prévoira un pourcentage de perte par euthanasie pour calculer le nombre de procréations à prévoir sur une année. L’équation de vie (les mots seront tous enjolivés) ressemblera un peu à cela : ((taux de perte dans l’utérus artificiel, semi-artificiel + taux de perte par masculinisation + pourcentage de perte incompressible + euthanasie dépressive + taux de mortalité par maladie encore non curable + 1)* population)/espérance de vie moyenne= nombre de naissances annuelles décidées par l’Etat.
Euthanasie d’un enfant en Belgique
L’utilisation du terme « d’adulte » sera bien inapproprié concernant les individus un peu plus âgés. Ceux-là ne seront jamais des adultes, car premièrement, ils ne passeront jamais le stade de la puberté jugé trop aléatoire. Ils grandiront jusqu’à maturité sans bouleversement brutal de leur système hormonal. Des activités, des camps, des apprentissages, des soins médicaux leur permettront de canaliser leur peur de voir leur corps changer. L’idéal corporel de ce monde sans souffrance sera de réussir à leur donner un corps d’adulte sans qu’ils aient à en subir les conséquences. Ils seront comme les enfants, peut-être encore plus que les enfants : sans révolte, ils feront le travail qu’on leur demande de faire sans se poser de questions. Ils élimineront les enfants à euthanasier qu’on leur demandera d’éliminer, ils écouteront le chef en allant à leur cadence naturelle, ils iront à des spectacles culturels pour se distraire, la télévision et autres médias leur donneront l’apparence de la diversité, mais rien ne sera moins faux. S’il leur reste un brin de vie, on leur délivrera de la drogue plus ou moins légalement pour apaiser leurs souffrances. Ils seront nombreux à être sous camisole chimique, et à voir dans cette prise de stupéfiants un acte de liberté ultime. En fait de liberté, ils seront les pires esclaves du système car leur suicide médicamenteux permettra à cette société maternisante de se perpétuer malgré son échec absolu.
Les hors droit ne seront pas forcément des hors la loi, mais des personnes jugées inaptes à vivre dans une telle société. Pour éviter qu’ils ne prospèrent, on les privera de toute assise sociale, ils n’auront aucune possibilité de s’intégrer, et si les peines de prison sont courtes, une autre forme de prison indolore et indicible les maintiendra plus sûrement en dehors de la société. La pression pour éliminer tous les individus qui n’accepteront pas ce contrat social sera très forte. S’ils résistent à l’exclusion sociale, il faudra aussi qu’ils résistent à la pauvreté et aux pressions psychologiques de la part de personnes agissant en meute et qui ne cesseront de les penser comme « inutiles », « extrémistes », « marginaux ». Mais absolument rien de tout cela ne sera explicite. Le hors-droit ne sera jamais insulté ni même méprisé, il sera ignoré.
La religion et l’art n’auront plus leur place dans cette société. La souffrance ne devant pas exister, sa prise en charge par une croyance religieuse sera comprise comme une forme d’incohérence, voire de provocation. Si le sentiment religieux apparaît chez un être, il sera détourné en explication rationnelle. Au mieux, il sera vécu comme une chance, au lieu d’être pensé comme une croix. Mais chacun se méfiera de ce genre de relent passéiste et on pourrait faire sentir à l’individu à sentiment religieux qu’il est de trop. Par contre, tout un tas de faux arts et de fausses religions prospéreront. Ces arts n’en auront que le nom, ils seront une forme de snobisme admis pour le délassement. Quant aux fausses religions, elles seront nombreuses, mais elles ne diront pas leur nom et n’apparaîtront pas à la conscience de tous. La croyance en l’Etat, la pensée communes, seront de celles-là.
D’ailleurs sentiments, personnes, et actes seront totalement indistincts dans une société sans souffrance. L’être ne sera jamais que ce qu’il réussit. Au moindre raté, échec, à l’aube d’une première souffrance, l’individu choisira d’être euthanasié plutôt que de souffrir, mais plus secrètement il le fera parce qu’il se sentira coupable de devoir faire souffrir la société par une présence et des sentiments inadaptés. S’il décide de vivre, il le fera pour ne pas faire souffrir la société, sans bien y réfléchir, prisonnier de son mode de pensée. Dans cette société sans souffrance, il n’y aura ni colère, ni rires bêtes, ni agression, rien ne sera déviant.
Au moment où la conscience leur viendra, les individus d’une telle société choisiront de mettre un terme à leur vie plutôt que de faire souffrir leur entourage. Ils seront aussi maintenus en vie pour ne pas faire souffrir leur entourage, et ils accepteront d’eux-mêmes aussi bien l’euthanasie que l’acharnement thérapeutique, pour éviter alternativement la souffrance en eux ou chez les autres, au choix selon la soumission et l’inconscience de chacun. La notion de soins aura donc progressivement disparu : on guérira ou on ne guérira pas, mais jamais ce genre de malades n’acceptera l’incertitude d’être soigné tandis que jamais ce genre de personnel médical du futur ne pourra comprendre l’utilité d’espérer.
Bien entendu, le couple n’existera plus. Le couple sera jugé pervers, entraînant le conflit, et par conséquent, les souffrances. Les quelques couples qui se formeront pourront se quitter quand ils le désireront, au moment où ils le désirent. Mais s’ils souffrent à la séparation, on se moquera bien d’eux en leur rappelant qu’on les avait prévenus. Les pulsions sexuelles seront soignées par des posologies adaptées ou à un faible niveau de conscience de l’individu, par masturbation. On offrira aux individus de ces sociétés des services sexuels qui ne seront qu’une forme institutionnalisée de masturbation/prostitution d’Etat. Des machines se chargeront de ce genre de mission. Les lois aboliront la souffrance, et chaque loi devra apporter une réponse à une incapacité individuelle. Les lois deviendront si nombreuses, qu’il nous faudra de petits appareils pour nous prévenir en cas de dépassement. Ces appareils nous permettront de contrôler la souffrance de notre interlocuteur ou les mots prononcés inappropriés. Cet appareil contrôlera notre comportement et prendra le relais quand nous ne serons plus aptes à nous contenir.
Un lecteur du futur qui lirait mon texte le trouvera complètement inutile. Il pensera que le monde que je décris est déjà là, et que lire ce genre de chose n’apporte rien. Il croira tout savoir. Il sera imbus de lui-même et aucune horreur de ce monde ne provoquera en lui le moindre malaise. Il sera cynique et partagera son cynisme avec son entourage. Car l’individu du futur, flatté outre mesure, pensera tout avoir compris à ce monde. Il n’en saisira plus l’essence. Enfermé dans ses certitudes il n’en observera plus les imperfections. Cet être là ignorera sa faiblesse. Il sera aussi sûr de lui qu’il sera bête. Il chérira son manque de culture comme un signe évident de modernité, sa lâcheté comme la plus grande des prudences. Il ne changera pas et se croira un roc. Il ne pourra pas vivre en dehors de lui. Il dormira, se lèvera, ira travailler, donnera un peu de son temps à des associations bénévoles, priera pour pouvoir rester tel qu’il est (faible) et absoudra le pouvoir étatique de toutes ses fautes, en perdant la mémoire de ses vices.
Tout en haut de cette société là, des cerveaux dans des corps artificiels, insensibles à toute douleur, contrôleront le bon fonctionnement du monde. Leurs corps et leurs esprits surpuissants les feront prendre pour des dieux. Ils seront réparés quand ils en auront besoin et à terme leur cerveau même sera remplacé par un ensemble de connections matérielles ou biologico matérielles voire virales. Ce cerveau sera similaire à leur modèle de naissance seulement dans un premier temps. Par la suite, et très vite, ils auront mémoire de tout, une science infinie, et apparaîtront comme indestructibles et éternels. Le peuple aura perdu trace de leur naissance et il inventera une mythologie propre à expliquer leur apparition. A terme, ces cerveaux commandeurs s’élimineront les uns les autres, par fusion ou destruction, et il ne restera plus qu’un seul de ces êtres sur terre. Il sera une entité très proche du démon, s’il n’est le démon lui-même. Il contrôlera les planètes, dirigera des demi-démons qui le serviront et seule la venue de Jésus pourra nous libérer du tyran. Pour entretenir ces demi-démons et ces dieux, il faudra sélectionner des êtres vivants nés d’un homme et d’une femme à l’état naturel, et éduqués dans la différence. Ceux-là seront sacrifiés, eux et leurs enfants pour maintenir la bête en vie. Plus les êtres seront volontaires, croyants, innocents et intelligents, plus le sacrifice satisfera la bête. Mais le démon n’aura pas une emprise directe sur ces êtres libres.
L’existence de ce petit peuple se passera dans un parc prévu à cet effet, où ils seront enfermés par des artifices qu’ils ne connaîtront pas vraiment. Les disparitions improbables de certains seront expliquées par quelques causes naturelles. Les démons et demi-démons envieront grandement les êtres du parc. Ils désireront intérieurement les posséder, et souvent, ils iront les perturber sur terre. Mais Jésus veillera sur eux, et ils ne pourront étendre leurs méfaits qu’aussi loin que ce petit monde ne priera pas. Le démon devra donc en convaincre le plus possible de sacrifier eux-mêmes leurs enfants et d’abandonner la prière. Le démon et les demi-démons leur souffleront à l’oreille des horreurs en provenance de leur monde, et ils feront passer ces horreurs pour naturelles. Chez les êtres priant Jésus, le démon distillera la peur du malin pour les contrôler. Ainsi, autant les êtres qui ne pensent pas seront aisément contrôlables, autant le démon contrôlera les êtres naturels par la peur et devra en jouer de toutes ses forces pour arriver à ses fins. A chaque fois qu’un de ces êtres, abandonnera un enfant, le laissera mourir par égoïsme, évitera le conflit par lâcheté, n’ira pas vers les autres par faiblesse et ne s’en repentira pas, le démon pourra absorber le petit être abandonné. Il ne se contentera jamais de ce qu’il a détruit. Il lui faudra détruire toujours plus. Il s’attaquera d’abord aux êtres isolés de la communauté, puis à la communauté elle-même. Les êtres naturels et les autres vivront les uns à côté des autres, mais le démon ne se trompera jamais de cible. Ceux qui lui appartiennent déjà ne l’intéresseront pas en ce qu’ils répondent exactement à ses ordres. Parmi les êtres perdus, seuls ceux qui prieront l’Esprit Saint pourront lui échapper. Quant aux êtres naturels du petit peuple de Dieu, ils seront dans l’incertitude perpétuelle, mais tournant leur cœur et leur corps vers Dieu, et recevant Jésus en leur être, demandant le pardon de leurs fautes, jamais ils ne mourront. Ils souffriront durant leur vie sur terre et les enfermés les appelleront des doloristes. Ceux-là souffriront les attaques de leur conscience et ne seront jamais certains de faire le bien malgré des règles mûrement réfléchies. Certains d’entre eux livreront leurs enfants au démon et ce, avant même la naissance. Mais en les livrant, ils sauveront ces petits êtres du néant au moment même où ils se perdront. Sauf grâce universelle acceptée, jamais les enfermés ne comprendront qu’on puisse vouloir des enfants en dehors de l’Etat et en particulier par des voies naturelles. Ils se répéteront avec terreur certaines phrases de ces croyants : « La femme enfantera dans la douleur et l’homme gagnera leur nourriture à la sueur de son front » ou encore « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice ». Ces enfermés se glorifieront d’avoir refusé toute souffrance dans leur existence. Leur seul plaisir vrai sera d’avoir échappé à la Vérité, au Chemin et à la Vie. Pour le reste, ils auront perdu le goût.
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"Hommes et femmes n'ont pas le même rapport à la drogue", Figaro du 22/05/2015.
Les chiffres deviennent démentiels en France. On peut considérer que l'utilisation de la drogue pour soulager des souffrances/vivre mieux est une forme de constat d'échec complet de la société.
"Quand Rue du Commerce insulte l'ensemble de sa clientèle", Madmoizelle.com 05/11/2014
Quand l'humour raté est jugé comme humour déplacé, puis comme préjugé, et enfin comme sexisme, la société devient liberticide et tente d'empêcher ce genre de campagne publicitaire à causes de jeunes filles incapables de supporter la moindre différence dans ce monde.
""Voulez-vous coucher avec moi ?"Apprendre le consentement sur le campus", Figaro du 14/10/2014, Pauline Verduzier.
Eviter la souffrance les lendemains de cuite ?
Vincent Lambert a été laissé 15 jours sans alimentation alors qu'il est conscient. Sa femme veut-elle arrêter sa souffrance, ou plutôt la sienne en demandant de le faire mourir ? Veut-elle toucher l'héritage ? Se "libérer" ? Toujours est-il que les parents témoignes en faveur de la vie de leur fils, malgré le personnel médical, malgré cette épouse attentionnée. Ils auraient discuté ensemble de l'euthanasie avant qu'il ne tombe inconscient. Une conversation à la va vite faite sous l'emprise de médias menteurs peut-elle servir de solution finale ? alors même que l'euthanasie est illégale en France ? que le patient vit par lui-même ? Qu'il n'a pas exprimé de consentement écrit ? qu'il s'agit ici de suicide assisté ? qu'il est très probable qu'il ne souffre pas ?
Médiapress info du 05/03/2014
Soignez-le bon sang.