Sur la forme :
Voici le meilleur livre, à mon avis, des 3 que j’ai lu d’Alain Soral. Le style y est le plus fluide tout en restant percutant. La subversion atteint son but de manière claire, même si les idées qui y sont développées sont complexes, et demandent des connaissances en psychologie que le commun n’a pas forcément. Vers la féminisation ? N’est pas un livre accessible. Alain Soral jongle entre les catégories intellectuelles : politiques, économiques, psychologiques… tout en tentant de donner à l’ensemble une unité. L’exercice n’est pas facile et la lecture d’un tel ouvrage n’est réservé qu’à des gens cultivés (en particulier dans le domaine psychologique) ou qui voudraient passer du temps à approfondir le contexte théorique dont il alimente son bouquin. Manipuler le concept d’oedipe comme il le fait et lui additionner une réflexion politique par-dessus, tout en remettant en cause l’ensemble du mouvement psychologisant, dénote d’un esprit agile, rapide, centré sur les idées, mais qui ne prend pas toujours le temps d’explications qu’il imagine certainement comme superflues.
Cependant un lecteur attentif ne sera jamais totalement perdu s’il prend le temps de relire certains passages.
L’idée générale :
Derrière le féminisme, il y aurait une arnaque anti-démocratique dont le but serait de nous éloigner du vrai combat : le combat de classe entre dominants et dominés. Le féminisme, bien vite rejoint par d’autres mouvements minoritariste, sèmerait la division dans le prolétariat. Cette alliance des minorités constituerait majorité et imposerait son diktat (j’élargis peut-être un peu son concept, mais telle est la conclusion que j’ai faite de l’écrit de Monsieur Soral). Le grand capital encouragerait ce mouvement dans le but d’opposer les prolétaires entre eux, hommes contre femmes en particulier : diviser pour régner. Or pour Alain Soral, le combat de classe se situerait plutôt entre femmes riches et femmes pauvres, entre hommes riches et hommes pauvres plutôt qu’entre hommes et femmes.
Des questions psychologiques aux questions politiques et économiques :
Monsieur Soral part de la naissance de l’enfant, et du concept de féminité. Après avoir défini le petit homme, la demoiselle (n’en déplaise aux féministes), il définit la notion de féminité. Puis il démontre comment des désordres dans la féminité peuvent aboutir au féminisme, au lesbianisme ou à l’anorexie mentale. Au passage il écorne toute la mythologie féministe sur l’oppression des femmes, et définit même des catégories de féministes (flippées, pétasses, masculinisantes), catégories dont il montre comment les unes ont engendré les autres (complexe, je vous l’avais dit). Il démontre comment la situation psychologique du petit garçon et de la petite fille, expliquent nos différences culturelles, et quels sont les accidents possibles dans ce processus (immaturité relative du garçon, psychologisation du monde pour les filles). La prise de pouvoir des féministes sur le plan idéologique correspondrait à une féminisation de la société, bien utile aux détenteurs du grand capital (terme non utilisé par M Soral mais que je me permets d’utiliser pour faire plus simple).Cette féminisation correspondrait également à un appauvrissement culturel dans le domaine du travail et à une baisse de conscience de la nécessaire lutte politique. À la fin, le consommateur resterait enfermé dans des rapports immatures et maternisants. Il ne s’émanciperait jamais, ce qui rendrait bien service à une forme de capitalisme financier qui n’attendrait de lui qu’une propension à consommer toujours plus. La psychologie aurait pour but, dans ce cadre, de soulager les bourgeois de toute conscience morale.
Voici tracé en gros quelques-unes des principales idées d’Alain Soral qu’il serait trop long de détailler ici.
L’extrait :
(p57)… Les raisons de cette immoralité (ndc : féminine), visiblement inconsciente, et de cette sujétion infantile au pouvoir politique en place (et plus profondément au système politique en vigueur) a sans doute deux explications :
– l’impossibilité logique pour une vision intra-oedipienne d’accéder à la morale, et
– l’absence de meurtre du père...
Ces explications sont détaillées par la suite.
Ma critique des idées exposées dans ce livre :
Du point du vue idéologique et si on accepte les hypothèses de départ de Monsieur Soral (lutte des classes comme explication du monde), je n’aurais qu’un seul reproche à faire au livre : le féminisme n’y est jamais expliqué comme un acte libre. Dans son matérialisme de l’époque, Alain Soral suit un enchaînement logique qui ne souffre pas le libre arbitre. Pour moi, les féministes sont non seulement responsables de s’être laissées allées à leurs pulsions négatives, mais en plus, elles ont imposé leur idéologie par un intérêt bien compris grâce à un inconscient collectif surpuissant. Mais ce cadre d’analyse est celui d’un croyant qui croit au bien et au mal, qui croit que les individus peuvent avoir le choix au sein d’une société. Pour les mêmes raisons, la lutte des classes comme hypothèse de départ, même si elle développe une logique implacable, ne me semble pas être une logique dont on puisse sortir par le haut.
Ces postulats idéologiques gâchent un peu l’analyse qui s’en porterait tout aussi bien sans ce contexte. A la place de concept de dominants-dominés ou exploiteur-exploité, j’aurais préféré qu’il soit utilisé le concept de profiteur-abusé qui s’applique aussi bien à des femmes ou des hommes riches qu’à des femmes pauvres dont de nombreuses savent également profiter de ce système (ce qu’il semble remarquer sans en tirer la conclusion).
Conclusion :
Il n’en reste pas moins que ce livre est à lire car il constitue un réel progrès en matière de théorie antiféministe. Il offre de nombreux arguments aux militants sur le côté psychologique individuel des féministes, les relations entre profiteurs (autant femmes qu’hommes) et abusés (bien souvent hommes dans ce monde moderne). Il explique bien comment tout un système a intérêt à la féminisation actuelle, voire à ce qu’il serait peut-être plus juste d’appeler avec le recul « une confusion sexuelle » suivant la féminisation.
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