Réponse à M Vincent Reynouard concernant les raisons de son apostasie

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(Défi de M Reynouard lancé aux catholiques)

Tout d’abord merci M Reynouard. Oui, merci de nous sortir de notre zone de confort en tant que catholiques. Merci de nous faire progresser même à votre corps défendant. Merci d’avoir passé tant de temps à écrire pour ce faire. Quelle abnégation. Beaucoup de mes amis catholiques devraient s’en inspirer. C’est aussi pourquoi je vous suis. Je suis loin d’être un national socialiste. Mais je respecte les honnêtes hommes. Vous en êtes un parce que vous ne vous défilez pas face à ce que vous croyez être juste. Et quand bien même vous auriez l’impression de ne pas travailler pour l’Église, vous lui rendez le meilleur des services, celui de la Vérité. Dieu travaille, Il est à l’oeuvre, même chez ceux qui ne le connaissent pas, qui ne croient pas en Lui ou qui Le refusent.

Mes frères se laissent aller oui. Vous avez raison. Vous avez encore raison de leur tendre une perche avec miséricorde. En cela, vous êtes plus catholique que vous ne l’imaginez. Et vous n’êtes pas le premier. Seulement, contrairement à mes prédécesseurs, vous n’avez pas accepté l’imperfection de notre Eglise. Vous voudriez qu’elle soit déjà divine. Mais Dieu l’interdit. L’histoire de l’Église est remplie d’horreurs. Et notre Sainte Eglise n’a été sauvée que par quelques saints, rares finalement, mais qui en sont son émanation, et qui nous ont permis de vivre jusqu’ici.

Oh, quelle responsabilité faites vous courir sur nos épaules. Vous répondre, vous vaincre à coups d’arguments et provoquer votre conversion tandis que Dieu nous a fait libres, et que vous pouvez refuser cette conversion, justement parce que Dieu aime la liberté. Nous ne serons jamais responsables de votre conversion, et pourtant, il faut que vous le soyez, converti. Alors, je prends avec horreur la plume, sachant qu’aucun de mes arguments ne pourra vous convaincre, que seul Dieu le pourra, et que pourtant, si je ne le fais pas, je mets mon âme gravement en danger.

La liberté, toujours la liberté. Seigneur, Vous nous humiliez à chaque prétention de notre part. Prétentieux, je convainc M Reynouard de l’inanition de mon action. Mais indifférent, il restera incroyant. Pourtant, je vous sais assez intelligent pour comprendre M Reynouard. Vous sentez qu’il n’est pas possible de croire. Et pourtant, c’est l’acte ultime de cette liberté que vous chérissez tant. Il est déraisonnable de croire. Tout s’oppose à la croyance dans un esprit rationnel, et pourtant : il vous faut croire. Il faut croire parce que c’est absurde, parce que l’absurdité et les fruits qui en découlent prouvent que notre religion est vraie. S’il n’en était pas ainsi, ce serait d’ailleurs trop facile. Mais n’anticipons pas.

Je vais donc vous répondre argument par argument. Vous nous avez lancé un défi. Et l’Eglise ne saurait s’y soustraire. Et mes frères catholiques ont intérêt à prier pour votre conversion dans le même temps. Et oui, s’ils ne le font pas assez, ils seront aussi responsables de cette défaite, car cela en sera une. Et si je ne trouve pas les mots, cela en sera une autre. Car Dieu pleure à chaque fois qu’un homme se détourne de Lui. Et nous devons pleurer avec Lui malgré notre coeur sec, parce que effectivement, le jour où un homme renonce à la Foi, c’est un grand malheur pour nous tous. Nous sommes les médiateurs de Dieu, qui dans son grand plan, veut votre conversion. Lorsque nous échouons, il est temps pour nous de devenir plus forts et de nous remettre en question. Frères catholiques, Vincent Reynouard vous défie. Frères catholiques, honte à nous si nous échouons.

M Reynouard, vous en appelez à notre rationalité et je suis le meilleur sur ce point. Dieu m’a encore donné le don de ressentir et je le peux grâce à ma nullité. Voilà donc ma réponse et l’une de celle que Dieu vous donne par l’intermédiaire d’un de ses médiateurs :

1ère proposition : Oui, ce ne sont pas les francs maçons ou les modernistes, ou d’autres personnes extérieures à notre Eglise, qui ont permis l’effondrement de la france, mais Dieu et nous. Les Français sont aussi libres que vous et s’ils choisissent le mal, rien ne changera. Vous le savez comme moi, vous le dites à votre façon : « tant que les frigos seront pleins… » et encore. Nous sommes individuellement libres, et si notre prière influence les événements, elle ne peut pas tout, car elle ne peut s’élever au-dessus des lois de Dieu. Plus encore, si le niveau de nos frigos détermine mécaniquement notre réaction, je peux vous dire que rien ne s’améliorera et qu’il y aura toujours des personnes pour avoir intérêt au statu quo jusqu’à l’effondrement complet et la fin de la civilisation. Ou bien, cette réaction matérialiste ne changera absolument rien à la marche du monde, même si elle nous sauvait des pénuries.

 

2ème proposition : le modernisme est bien une évolution naturelle suivie par l’Église. Il n’en demeure pas moins qu’il possède des traits erronés. La mouvance dans l’Église traditionnelle affirme que l’Église ne peut pas se tromper. Or cette position est très récente. Elle a été entérinée dans les textes au 19ème siècle avec l’infaillibilité pontificale en matière théologique. C’était une erreur dont il faudra revenir et sur laquelle nous reviendrons. Les Textes disent seulement que le diable n’aura pas le dessus sur notre Eglise. Il n’est pas dit que nous subirions pas l’influence du diable. Pour des questions historiques, et à cause d’un manque d’assurance certain, il y a eu un abus de cette position d’infaillibilité. Désormais, les « tradis » se trouvent coincés. Soit il avalisent l’infaillibilité pontificale et ils n’ont plus de Pape. Ils doivent en nommer un nouveau. Soit ils ne l’avalisent pas et ils s’opposent à l’Église historique et aux décisions qui ont été prises. Mais cette position est seulement celle du côté tradi. Du côté conciliaire, une possibilité théologique existe de revenir sur nos erreurs.

 

3ème proposition : Vous écrivez : « Pourquoi Dieu avait-Il créé cet univers immense seulement pour l’Homme ? »

Pourquoi pas ai-je envie de répondre. La mesure de l’univers et de son existence n’est pas celle de l’homme qui y pense. Plusieurs fois dans votre texte, vous vous placez en personne omnisciente qui pourrait couvrir de sa pensée, l’univers et les raisons de l’existence de l’homme. toutefois, j’y trouve souvent là un manque d’imagination. Vous usez d’une intelligence convergente. Il y a bien d’autres manières de penser la rationalité. 

 

4ème proposition : le latin est surtout une langue qui nous rattache à notre histoire, à notre passé. En cela, il est propice à une meilleure compréhension de ce que nous sommes. Il peut et il a également constitué une sorte de langue universelle pour tous les peuples de l’Église. Mais il n’est pas un absolu indépassable. Il est plutôt un moyen, pour nous, Européens, de mieux investir les Textes. Dieu ne préfère pas le latin. Il préfère la tradition dont le latin est dépositaire.

 

5ème proposition : la messe dite traditionnelle est effectivement récente comme vous le soulignez. Elle a tué une forme de diversité. Elle s’est voulue centralisatrice, avec l’esprit qui va avec. Et elle a été une réaction au protestantisme, qui n’a peut-être pas été si saine que cela. Cela ne change en rien la Vérité.

 

6ème proposition : il y a effectivement une incohérence sur le jugement général qui devait arriver dans la génération. Il faut tout de même remarquer qu’ailleurs, le Christ dit que ceux qui croient sont déjà jugés. Il y a comme deux jugements généraux. Un sur terre, qui s’applique à la génération présente, donc à la génération mauvaise dont parlait Jésus, et l’autre dans le ciel. Il est facile de comprendre que lorsque nous ne suivons pas le Christ, nous faisons notre malheur, déjà sur terre. Nous béatifions les futurs saints parce qu’ils sont d’abord déclarés joyeux, c’est à dire qu’ils ont trouvé une forme de joie sur terre malgré toutes les horreurs de nos quotidiens. Ils ont trouvé le Christ, et ils ont été trouvés dignes d’être jugés. Méfions nous de l’acception assez spectaculaire d’un Christ revenant sur son cheval blanc pour nous juger. Cela ne se passera peut-être pas comme nous l’imaginons et comme nous croyons le savoir.

 

7ème proposition : les Evangiles ne sont pas La Vérité, mais un récit sur La Vérité. Nous n’avons pas la même position que les Mohamétans qui déifient, pour ainsi dire, leur texte. Pour nous, les Textes, bien que saints, sont une approximation humaine. Les apocryphes ont été écartés pour cette raison. Et il n’en reste pas moins qu’ils contiennent aussi des éléments véridiques. Le travail généalogique que vous citez a pu être incomplet ou défaillant. Pour le comprendre, il n’y a qu’à songer combien les moyens de l’époque étaient presque uniquement oraux. Quant aux remariages avec des proches, ils étaient fréquents. Vous n’avez qu’à songer à l’histoire de la veuve aux 7 maris des Sadducéens…

 

8ème proposition : il y a 2 étapes dans la résurrection : la montée au ciel et la rencontre avec Dieu où les corps sont éthérés. Puis, la résurrection des morts qui intervient à la fin des temps. Mais nous ne pourrons pas dire, comme vous le faites, que nous n’avons pas gagné quelque chose « d’angélique » entre temps.

 

9ème proposition : il est très facile d’écarter les tuiles pour entrer dans une maison ancienne, contrairement à ce que vous avancez. Encore de nos jours, c’est un des procédés préférés de certains gitans pour aller voler, parce que c’est le plus simple. Imaginez encore une maison sans étage et des pompiers qui passent par le toit d’une construction sommaire par derrière, pour éviter les flammes à l’avant. Très facile.

 

10ème proposition : Jésus n’est pas venu pour soulager les corps, mais les âmes. En cela, les miracles risquent toujours d’être un frein à la croyance. Il faut donc renverser votre proposition sur le petit nombre de miracles opérés par Jésus et nous demander : pourquoi Jésus a-t-il accepté de faire un miracle ici ? Il a provoqué les Pharisiens en faisant un miracle le jour du Sabbat. Mais plus encore, le sens n’est pas celui d’une guérison des corps, mais de la société. La société, veut que le malade reste malade. Elle jouit de la souffrance de certaines personnes en les enfermant derrière des étiquettes (vous en savez quelque chose). Il suffit de guérir une personne pour s’attaquer à cette absurdité. L’absurdité était telle qu’à l’époque, celui qui était malade était soit disant puni par Dieu. Et en guérissant un malade, Jésus les guérit donc tous. Il oblige toute la société, à les considérer comme des personnes dignes de respect, malgré leur différence. Plus largement, Dieu ne veut pas que nous soyons guéris physiquement, ou très rarement. Il veut surtout que nous acceptions les autres dans leurs différences. Jésus ne pouvait guérir physiquement tout le monde sans abolir ces différences. Il était beaucoup plus important de les laisser tel quel en en guérissant qu’un seul, et d’obliger les Pharisiens à les accepter pour ce qu’ils étaient : des humains comme les autres.

 

11ème proposition : il ne suffit pas de croire que Jésus est l’envoyé de Dieu pour agir bien, comme vous le suggérez. Nous sommes un paquet à le croire et pourtant, nous sommes très très faillibles. L’aveugle né qui ne témoigne pas pour Jésus à son procès, ne m’étonne pas. C’est le contraire qui m’étonnerait même au vu de ce que je vois autour de moi. Tout le monde est lâche lorsqu’il s’agit de dire la vérité. N’en savez-vous pas quelque chose ? Vous croyez que tout le monde aurait été comme vous, si vous aviez été guéri par le Seigneur. Mais vous êtes une exception en ce monde. Combien de persécutions devrez-vous subir pour le comprendre ?

 

12ème proposition : le rapport sexuel a pour but la fécondation. C’est assez évident. Se couper de cette fécondation apporte bien des désordres que nous pouvons constater dans notre société, qui a abouti notamment sur une forme de stérilité. Et puis, les moines sont entièrement chastes quand ils accomplissent leurs vœux avec réussite. Pourquoi les couples mariés ne le seraient pas de temps en temps ou de différentes manières sur toute une vie ? Je ne vois pas bien pourquoi les laïcs mariés ne devraient pas s’exercer à une forme de continence ?

 

13ème proposition : ce n’est peut-être pas les enfants morts sans baptême qui sont dans les limbes, mais nous-mêmes. Les textes disent que nous ne savons pas bien ce qu’est la mort, car personne n’en est revenu. Jésus en est revenu mais son enseignement sur le sujet est plutôt lacunaire. Comme si nous devions pas savoir. La certitude n’amène pas à la foi, mais à l’inverse. Il faut douter pour croire. Celui qui sait, ne croit pas en Dieu, il croit en lui. C’est un fanatique. Pour croire sans doute, il faudrait être Dieu. C’est une absurdité. Nous ne serions pas libres de choisir notamment. Nous sommes remplis de failles et d’ignorances. Seul un élan du coeur inspiré peut nous tourner vers Dieu. Les petits enfants n’ont pas l’âge de raison. Et nous pouvons dire plus largement que notre responsabilité grandit avec l’âge et les connaissances. Jésus souligne d’ailleurs plusieurs fois cette justice rétributive. La pauvre veuve est plus valeureuse de donner sa petite pièce que le riche son or. Il semble donc y avoir deux systèmes de justice pour le ciel, comme sur terre d’ailleurs : une justice distributive qui juge définitivement des actes intrinsèquement bons ou mauvais, et une justice rétributive qui prend en considération les circonstances. Celui qui ne voudrait pas faire baptiser ses enfants alors qu’il est catholique se mettrait donc en tort. Mais l’enfant qui ne serait pas baptisé n’aurait commis aucun tort et ne serait pas damné. Celui qui ne connaît pas Dieu d’ailleurs n’est pas considéré comme un damné. Il est marqué par le péché originel. Y-a-t-il exacte collusion entre péché originel et damnation ? Là encore, dans les Textes, cela ne semble pas être le cas. Jésus va aux enfers le Samedi Saint pour enseigner les âmes. Les bons se tournent vers Lui et les autres non. Ils sont évangélisés durant leur mort. Voilà certainement pourquoi le purgatoire est peut-être une nécessité de la Foi catholique ? Il peut s’y passer bien des choses. Certes notre Eglise nous enseigne qu’il est trop tard lorsqu’on est mort. Mais trop tard pour quoi ? Pour réparer le mal commis sur terre, certainement. Peut-être pas pour réparer le mal qui n’a pas été fait ? Le baptême est probablement une délivrance. Certes. Mais c’est peut-être aussi une grande responsabilité.

Il en découle, si j’ose dire, que le baptême n’est pas une certitude comme vous l’accusez de l’être, mais qu’il a un caractère protéiforme et complexe. Nous naissons de l’eau et de l’Esprit comme vous le relevez dans les Textes. Et le baptême devrait être ce signe. Les parents posent ce signe sur leur enfant, car ils veulent qu’il naisse de l’eau et de l’Esprit. Cependant, il n’est pas certain qu’il en sera ainsi. Vous admettrez que bien des baptêmes n’ont pas été suivis d’effets, ni d’une éducation catholique correcte. Le baptême ne sauve donc pas entièrement. Mais il tend à faire échapper à la damnation. Voilà en tout cas comment l’a voulu notre Eglise qui s’est essayée à une interprétation pragmatique progressive et assez sûre. Le petit enfant est certainement sauvé par son baptême. Celui qui grandit et choisit le mal, c’est beaucoup moins certain. Vous reprochez à l’Église d’avoir construit une doctrine au fil des ans. Mais cette doctrine est plutôt sage en vérité. Elle souffre d’imperfections comme vous le soulignez parfois, mais celles-là ne remettent pas en cause la cohérence d’ensemble. L’architecture générale nous pousse au salut selon notre niveau de conscience et notre âge (rôle de la confirmation etc).

 

14ème proposition : le péché originel est effectivement un dogme inventé, mais comme tout dogme. Le dogme a pour but de résumer sous l’apparence d’une formule, un agrégat de convergences d’idées éparses dans les textes. Ce sont des constructions qui nous aident à appréhender les Textes. Il ne faut donc pas en chercher la formulation littérale dans les Textes, puisque justement, c’est une invention qui a pour fonction de recouper une réalité saisie à divers endroit des Textes. Le dogme est donc un concept qui permet d’accéder à une compréhension plus fine des Textes. Sans le dogme, il faut reprendre la réflexion à zéro et reconstruire depuis le début tous les raisonnements qui ont abouti à son élaboration. On peut le faire, mais ami, c’est très fastidieux. Il est préférable de faire confiance à l’Eglise tant que ce dogme ne pose pas de problème. Pour vous, le dogme du péché originel pose un problème notamment à cause des petits enfants. J’ai démontré qu’il pouvait se comprendre autrement que comme une simple damnation des enfants morts sans baptême. 

 

15ème proposition : le diable ou le démon a poussé nos ancêtres au péché sous une forme qui nous est inconnue et que nous appelons ange, ou pur esprit, par facilité de compréhension. Les catéchismes que vous avez cité ont pu faire des erreurs. Il faut en revenir aux Textes qui vous sont si chers et à l’origine du mal. Ici, Adam et Eve semblent parfaits, créés à l’image de Dieu. Mais ils ne sont pas Dieu. Ce qui les en distingue : ils ne peuvent pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance. Dieu ne pouvait créer un autre Dieu, et Il se distinguait de sa création, à laquelle appartenait Adam et Eve. Adam et Eve n’avaient donc pas tous les attributs de Dieu. Pour cela, il aurait fallu qu’ils aient une connaissance pleine et entière. Mais alors, ils auraient été Dieu, ce qui ne pouvait être. Notez que ces deux êtres sont parfaits, mais dans leur mesure. Ils ne sont pas omnipotents non plus. Ils ont une limite : l’arbre de la connaissance du bien et du mal. S’ils en mangent les fruits, c’est à dire s’ils veulent devenir créateur du monde et se faire Dieu à la place de Dieu, ils perdent alors leur inconscience/innocence, et la vie éternelle.

Pour arriver à comprendre comment ils pêchent, il faut se pencher deux secondes sur la nature du mal. Orgueil disent les uns, chez des êtres sensés être dénués d’orgueil. Ignorance disent les autres, chez des êtres qui sont donc innocents par définition. Or le mal qui entre par le serpent, le démon n’est pas un personnage comme notre imaginaire collectif l’a cultivé. Il est une sorte d’absence, un trou noir. Il n’agit pas de manière directe mais en créant un vide, qui fabrique une sorte d’appel d’air. Dans cette histoire, chacun est appelé à agir pour combler ce vide, le serpent, Eve et Adam. Le serpent ne veut pas être responsable d’avoir brisé le tabou établi par Dieu. Il veut savoir sans avoir à être responsable. Il cherche à combler son ignorance. Il dit à Eve qu’elle ne sait pas, à cause de l’arbre. Il souligne cette limite. A son tour, le mal agit en Eve et lui révèle son manque. Elle n’est pas Dieu. Manger de ce fruit comblera ce manque. Enfin Adam voit Eve qui a mangé du fruit. Elle lui est devenue supérieure et il va vouloir devenir comme elle.

Le diable est mimétique à tous les stades. C’est la volonté de combler l’écart qui les sépare de Dieu qui les pousse au mal. Ni Dieu, ni eux-mêmes. Le mal est dans le rapport mimétique, l’écart entre eux et Dieu, écart mimétique qui a très bien été étudié par René Girard. Ce mal, ou plutôt cet esprit du mal, est difficilement définissable. D’ailleurs, et je suis certain que vous l’avez fait, vous vous êtes penché sur la nature du mal. Et vous vous êtes certainement dit : « Le mal ne devrait pas exister. » Voire : « il n’existe pas ». Effectivement, le mal n’existe pas en tant qu’objet identifiable. Il existe par son absence. C’est un ange du vide qui cultive le vide. Les orthodoxes disent avec raison qu’il est le mensonge et le père du mensonge. Mais c’est encore pire. Il est tellement mensonge qu’il n’est rien, et qu’il fait croire qu’il est. Alors que Dieu, Lui, réellement, est. De là vient le péché originel que nous connaissons tous et qui est facilement identifiable dans nos vies quotidiennes, comme l’action de tous ces gens qui veulent être ce qu’ils ne sont pas. Voilà qui explique comment Adam et Eve étaient parfaits mais qu’ils se sont laissés aller au mal par leur incomplétude. Bien de nos laissés aller sont à l’origine du mal dans nos propres vies. Et ce mal est toléré par Dieu parce qu’il est le négatif de sa propre nature à partir du moment où il y a création. Ce mal a un rôle a jouer dans la création, puisqu’il nous permet de grandir en foi et de nous rapprocher de Dieu. Ainsi Dieu se sert-il aussi du manque pour en faire un plein.  

Je passe sur l’idée de Dieu vengeur et aux traits bien humains qui nous est proposée dans l’Ancien Testament, image cultivée par nos écrivains du passé, pour me pencher sur la question plus sérieuse de la non-venue du sauveur plus tôt dans l’histoire humaine.

 

16ème proposition : le sauveur ne pouvait sauver qu’une humanité préparée à être sauvée. Jésus le dit Lui-même. Il aurait bien d’autres choses à nous dire, et ces choses là nous seront dites à l’avenir (preuve qu’il n’entrevoyait pas forcément un retour en grâce dès la première génération comme vous l’affirmez). Il y a une sorte de pédagogie entre Dieu et l’humanité. Le libre exercice de notre liberté oblige à une telle douceur. Il n’est pas possible de dire à quelqu’un « t’es un con tu te trompes et tu dois faire comme ça ». Dans nos vies de tous les jours, nous expérimentons tout le tact qui est nécessaire aux relations humaines. Il en est de même entre Dieu et les hommes. L’humanité a dû en passer par certains stades. Comme je l’ai déjà évoqué et contrairement à ce que vous dites, elle n’était pas vouée à la damnation, cette humanité passée. Elle a été sauvée le Samedi Saint. Elle avait encore l’Esprit Saint à sa disposition et tout l’enseignement des prophètes, et la loi naturelle etc. Les hommes n’ont pas été laissés abandonnés au diable. Ils ont pu éprouver à travers la loi naturelle, leurs limites et leurs écueils. Vous n’avez qu’à songer aux sacrifices humains généralisés dans les sociétés païennes, procédé que l’allemagne nazie était d’ailleurs en train de réactiver, procédé que la révolution française a retrouvé bien vite. Naturellement, les hommes ont commencé à comprendre que ce genre de pratique était rétrograde, grâce à la loi naturelle. Mais cela n’a pas été le cas partout, ni définitivement. Seul Jésus pouvait révéler le mensonge plein et entier par son sacrifice. Et il fallait que ce Sauveur arrive au bon moment, que l’humanité comprenne ses limites à fond. Et Dieu sait que nous avons la tête dure en la matière.

 

17ème proposition : La création de l’Église précède l’écriture des Evangiles. Inutile donc de chercher les ajouts ou omissions qui auraient été faits à l’époque pour justifier ou non l’existence de l’Eglise. Certes, cette Eglise était hésitante, balbutiante, mais Elle était. Pire encore, au moment de la rédaction de ces Evangiles, Pierre avait déjà eu un ou plusieurs successeurs. Ce n’est donc pas les Evangiles qui établissent l’Église comme vous semblez le suggérer dans vos raisonnements. C’est l’Église qui établit les Evangiles. Sans Eglise basée sur Pierre, nous n’aurions pas tous ces textes. Il nous en manquerait beaucoup et des principaux.

Et puis, si l’établissement de l’Église n’avait pas été une évidence pour les gens de l’époque, ils n’auraient pas accepté tous ces Evangiles qui en font mal l’écho, ou ils auraient gardé celui de Saint Matthieu, rejetant les autres comme apocryphes. Plus encore, Jésus n’aurait pas envoyé les apôtres évangéliser les Juifs, puis le monde. Et le retour de Jésus ne pouvait se comprendre que dans ces conditions. Encore de nos jours, il y a des Chrétiens qui annoncent régulièrement la fin des temps. Ce sont les témoins de Jéhovah. Imaginez juste après le départ du Christ combien ce mouvement a dû être fort parmi de pauvres croyants désespérés par le fonctionnement du monde. Ici, je vois ce même défaut un peu partout dans votre texte, de mépris de la culture orale. Les textes seraient tout et la pratique ne serait rien, ni la transmission de pair à pair. C’est bien mal connaître les us et coutumes de l’époque et de cette région. L’écrit n’était presque rien à l’époque, et la culture orale et ici la vie de l’Église était tout. Et elle s’est construite petit à petit parce que Jésus nous a envoyé le « Paraclet » pour discerner le bien et le mal qui devait découler de nos choix.

 

Proposition 18 : je laisse à d’autres catholiques le soin de défendre les contradiction de Marie et de Joseph dans les Evangiles. Pour moi, ces points là ne changent absolument rien à ma foi. Je dirais même, au contraire.

 

Proposition 19 : Dieu n’a pas averti toute l’humanité dans son ensemble, comme vous L’en accusez, car ici comme ailleurs, Dieu ne pense pas comme Vincent Reynouard. Je m’excuse, mais imaginer qu’un homme ait la prétention de rivaliser avec Dieu, a tendance à m’agacer au plus haut point. Afficher son manque d’imagination ou de logique comme une preuve de logique, est triste. M Reynouard, vous qui pratiquez si bien cette liberté de ton et de recherche, pourquoi ne comprenez vous pas, ici comme ailleurs, que la liberté ne puisse pas souffrir d’être imposée. Dieu nous a fait libres, pour être à son image. Cette liberté ne souffre pas de miracles écrasants, d’annonces stupéfiantes, et de faits évidents. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Dieu doit nous libérer en ménageant notre liberté. Et vu les orgueils autour de moi, et mon propre orgueil, il n’y a absolument aucun moyen de faire autrement. La croyance doit être un acte de foi, pas une obligation. Voulez-vous être forcé à croire, c’est cela, parce que Dieu vous serait supérieur ? Croyez moi déjà puisque je vous ai compris et répondu, et on verra après.

 

Proposition 20 : la plupart du temps, les gens n’agissent pas avec logique, contrairement à ce que vous sous-entendez. Ils agissent parfois à rebours de toute logique, tout court. C’est étonnant que vous ne vous en soyez pas aperçu, mais la plupart des gens sont animés par des motifs plus ou moins inconscients, qu’ils auraient bien du mal à défendre consciemment. La jalousie, la bêtise, la colère aveuglante, l’avidité sont autrement plus répandus que la seule logique. Il est absolument très rare que la logique puisse expliquer un événement. La plupart des gens rationalisent après coup, quand ils rationalisent. Il n’y a qu’à voir comment les populations ont pu se comporter durant l’épisode covidesque si vous n’en étiez pas convaincu alors. Dès lors pourquoi chercher une logique autre que celle du fou, chez Hérode. Pourquoi chercher une logique autre que celle des mages pour les mages. Les mages suivent leur chemin appelés par les étoiles. Pourquoi devraient-ils prévenir les gens ? Faire ceci ou cela puisqu’ils cherchaient seulement la vérité pour eux-mêmes comme tout chercheur finalement.

 

Proposition 21 : s’il y a eu des incohérences introduites dans les Evangiles par des gens pleins de trop bonnes intentions, cela n’enlève rien au fond de Jésus, à son enseignement, et à sa vie. Les uns ont voulu justifier tous les détails de son enfance comme autant de signes prophétiques, pour faire coller l’Ancien au Nouveau Testament. Les autres ont peut-être exagéré d’inutiles miracles pour mieux impressionner. Il n’en reste pas moins que le message caché de Jésus est là et qu’il s’oppose à toute pompe. Il est celui d’un crucifié rejeté de tous. Voilà comment Dieu a voulu nous inspirer. Pas par des détails éclatants, une venue somptuaire, des trompettes dans le monde entier. Mais par un petit enfant qui va grandir mystérieusement, puis mourir sur la croix à l’âge adulte. Ceux qui veulent toute cette pompe étaient dans l’erreur hier, et le sont encore de nos jours.

 

Proposition 22 : il n’est pas possible de juger du temps passé avec des valeurs morales présentes. Les sacrifices étaient encore très présents dans pas mal de ces sociétés anciennes, contrairement à ce que vous croyez. Et le massacre de quelques enfants aurait passé complètement inaperçu selon les critères de l’époque. Les massacres étaient réguliers et habituels. Les femmes et les enfants étaient parfois passés au fil de l’épée lors de la conquête d’une ville, surtout si elle avait résisté. Il est impropre de penser que Hérode le sanguinaire n’aurait pas osé faire cela, ou que les chroniques De Flavius Joseph l’eussent mentionné. Il est impropre de conclure qu’il y aurait dû avoir des preuves historiques d’un tel massacre. Là encore, M Reynouard, vous appliquez une méthodologie de recherche propre aux documents de notre époque. Les miraculés de Jésus seraient ainsi pour vous des anonymes « pour rendre toute enquête historique ultérieure impossible » (p115), à une époque où le concept d’histoire savante n’avait même pas été inventé…

 

Proposition 23 : Jean le Baptiste reconnaît le Fils de Dieu, cela ne l’empêche pas de douter. Un roi, un libérateur doit arriver. Jean le Baptiste cherche à faire la volonté de Dieu mais il ne connaît pas les pensées de Dieu. Est-ce que cela doit nous surprendre ? Pas moi en tout cas. Notre relation à Dieu, plus ou moins inspirée, est toujours de cet ordre. Elle n’est pas de l’ordre de l’évidence, miracles ou pas. D’ailleurs les contemporains de Jésus, et ses apôtres même, s’en sont détournés avant de mourir pour Lui, preuve de la versatilité des esprits de l’époque. Ils ne semblaient pas comprendre, ou comprenaient après coup, comme nous tous d’ailleurs. Même les saints sont parfois durs de la feuille. Je ne vois pas en quoi il y a contradiction ou incohérence ici. J’y vois au contraire, une marque de notre nature bien humaine, que Dieu ne cesse de vouloir prendre en compte. Jean le Baptiste a douté de son inspiration. Normal face à un tel événement.

 

Proposition 24 : les miracles sont habituels à cette époque. Il ne faut donc pas les voir comme des preuves éclatantes de divinité qui auraient pu surprendre outre mesure ses contemporains. Bien des gens avaient de tels pratiques. De nos jours encore, des personnes soignent miraculeusement d’autres. Elles ne sont pas déclarées messie pour autant. Les miracles de Jésus sont donc accessoires, ou plutôt, ils donnent un sens plus large à Sa venue et au coeur de son message. Ils ne sont pas le message. Il faut les comprendre comme intriqués dans une forme de spiritualité, au minimum. D’ailleurs Jésus les lie à la foi des gens. Comme les magiciens de l’époque, Il aurait pu faire croire à sa force et à sa grandeur. Mais tel n’est pas du tout le message de Jésus. Il cherche à faire grandir les autres, plutôt que de se grandir. Voilà qui étonne sa famille, et qui vous étonne M Reynouard, encore de nos jours. Ils le considèrent comme fou, même les siens. Oui.

 

Proposition 25 : la cohérence des récits des Evangiles n’est pas toujours parfaite, parce qu’il est difficile de mettre bout à bout des anecdotes pour en faire un récit sans quelques imprécisions. Tout auteur le sait. Même une auto biographie subit des rajouts, et des modifications pour en assurer la cohérence. Les souvenirs se mêlent et s’emmêlent. Pourquoi les Evangiles échapperaient à cette règle ? Le récit de Lazare apparaît comme un de ces ajouts. Mais cela ne prouve pas qu’il est faux.

 

Proposition 26 : la méconnaissance du cadre culturel de l’époque vous empêche d’y voir clair. Que vous puissiez émettre des conclusions sur l’époque de la seconde guerre mondiale, vous a été facilité parce que cette société n’est pas si éloignée de la nôtre. Mais émettre des hypothèses sur une histoire aussi lointaine nécessite un bon bagage culturel, au-delà de la simple logique. Par exemple, quand à la page 116, vous indiquez que les gardes romains auraient pu reculer devant Jésus à cause du miracle qu’il opérait, c’est bien méconnaître les croyances religieuses de l’époque et des Romains en particulier. Vous devez savoir par exemple, qu’ici, les Romains auraient eu honte de reconnaître la supériorité du Dieu des Juifs face à la puissance des dieux romain. Ils n’auraient donc jamais reculé, et s’ils avaient osé commettre un tel blasphème, ils auraient risqué la mort pour cela.

 

Proposition 27 : vous trouvez quelques personnes pour vous soutenir dans le monde M Reynouard, parce que Jésus s’est sacrifié avant vous. Même depuis Jésus, il est absolument très rare d’être soutenu dans la tourmente. Chacun sait la solitude qui l’entoure quand il pratique le bien et qu’il est dénoncé pour cela. Alors avant Jésus, n’en parlons pas. Avant la crucifixion, tout le monde s’est défilé, et contrairemnt à ce que vous avancez, c’est l’inverse qui aurait été étonnant.

 

Proposition 28 : Le signe de Jonas est un signe qui ne peut pas être vu par la génération mauvaise. Vous ne comprenez pas l’annonce de Jésus qui est faite à la génération mauvaise. Jésus ne veut pas apparaître à toutes ces personnes sans foi ni loi. Quand Jonas est jeté par dessus bord et reste trois jours trois nuits dans le ventre de la baleine, il ne réapparaît pas aux yeux des matelots qui l’ont jeté par dessus bord. Voilà pourquoi Jésus annonce sa résurrection par un « mais » : « Mais il ne leur sera donné que le signe de Jonas » sous-entendu, « je ressusciterai mais ils ne me verront pas comme les matelots n’ont pas été autorisés à revoir Jonas ». Là encore, toute la démarche de Dieu et de Jésus est cohérente avec le reste : pas de miracle privatif de liberté, pas d’éclats rocambolesques, pas d’évidences humaines asservissantes. Tout pour laisser place à l’homme et à la foi, ou à la réflexion. Il faut sentir ça. Vous dîtes encore que l’apparition de Jésus aux grands prêtres aurait clarifié la situation. Je vous trouve naïf sur ce point. J’ai expérimenté l’inverse. J’ai plutôt expérimenté : « Même si quelqu’un revenait d’entre les morts, ils ne croiraient pas. » J’en reviens encore à l’expérience covidesque. Pensez vous que les nombreux morts aient fait changer d’avis la population ? Je ne crois pas. Lors de la dernière grippe, j’ai vu les masque refleurir alors que rien n’avait été demandé à personne. C’est plutôt cela l’humanité. Non pas des gens convaincus à coups d’arguments et de vérités, mais des personnes qui se laissent guider par des croyances archaïques, même parmi les catholiques.

 

Proposition 30 : votre position sur le saint Suaire est exactement celle du vatican. C’est au mieux une relique mortuaire.

 

Proposition 31 : vous reprochez au Christ de ne pas être apparu à sa mère en premier. Or sa mère, c’est celle qui suit la parole de Dieu, dixit les propos de Jésus. La perméabilité de Jésus à Marie est très rare, et elle est même rabrouée lorsqu’elle existe durant les noces de Cana : « Femme, ne sais-tu pas que mon heure n’est pas encore venue ? ».

 

Proposition 32 : lorsqu’un récit doit être reconstitué lors d’un procès, personne n’est d’accord sur aucun détail. C’est une expérience sociologique connue et qui a été refaite mainte fois : vous faites entrer une personne dans une salle qui provoque un incident, puis il sort de la salle. Enfin vous demandez aux personnes présentes ce qu’elles ont vu. Résultat : à chaque fois des détails différents et contradictoires apparaissent. Les policiers connaissent très bien ce phénomène. Lors d’un événement tel que la résurrection du Christ, les esprits ont dû être particulièrement bousculés. Personne n’en a fait la même description, ce qui corrobore toutes les expériences de psychologie sociale faites sur le sujet. Ici comme ailleurs, vous avez des interprétations sur les comportements humains probables qui ne sont pas exacts.

 

Proposition 33 : vous accusez Dieu de ne pas avoir laissé de livre à l’humanité. Or si Dieu avait laissé un livre à l’humanité, Il aurait créé des fanatiques idolâtres du livre. Jésus ne pouvait se comporter ainsi. Nous le voyons bien avec l’islam. L’objet livre devient sacré. Eux qui disent faire la chasse aux idolâtres dans leur camp, idolâtrent cet objet jusqu’à tuer ceux qui le brûlent, comme avec ce Chrétien syrien en suède récemment. L’absence de livre de la main de Jésus est un témoignage en faveur de Dieu. Même certains auteurs païens font écho à cette démarche. Il n’y a qu’à songer à Socrate pour le comprendre. C’est donc une erreur de théologie de considérer les Evangiles comme des témoignages tout à fait exacts de la vie du Christ.

Plus généralement, les gens s’enflent d’orgueil en défendant notre religion, jusqu’à porter tort à notre religion. Ils veulent absolument prouver que tout est certain et que le doute n’existe pas. Ce sont des puritains, phénomène qui touche notre religion et qui en touche bien d’autres. Le mauvais croyant tente toujours de récupérer les textes à son propre compte contre les autres, pour se justifier. Le Pharisien dit : «  Je suis un bon croyant, je donne l’aumône, je ne suis pas pécheur et adultère comme tous ces Publicains… » Quant au Publicain qui sera sauvé par Dieu, il dit : « Je suis un grand pécheur, ce qui est mal à Tes yeux, je l’ai commis une autre fois, veux-Tu me pardonner encore… ». Vous ne pouvez donc pas analyser la véracité de textes imprécis, sans vous pencher sur la théologie, mais une vraie théologie, pas une théologie mystifiée par quelques impies. C’est la théologie, mise en cohérence avec des événements historiques décrits qui permet de retrouver la véritable logique des Textes, au-delà des affabulations/erreurs des uns et des autres. Cela n’entache en rien la révélation christique, et cela la renforce même : nous sommes tous pécheurs. Les saints sont de plus grands pécheurs encore.

 

Proposition 34 : un corps ressuscité est de chair et d’énergie, probablement. Pourquoi voulez-vous choisir entre l’un et l’autre ? Les derniers développements de la physique nous indiquent qu’il y a une forte intrication entre l’énergie et la matérialité, de plus en plus au fur et à mesure que nos connaissances augmentent. Il devient probable qu’un corps matériel puisse avoir des aspects célestes. Peut-être même les nôtres. Alors que dire d’un corps qui serait revenu de la mort… Certes, ce n’est pas une preuve de ma part. Et il ne s’agit pas là de faire de la science en matière de théologie. Pourtant, la science court toujours derrière l’imagination des hommes et offre de nouvelles surprises à chaque fois qu’elle la rattrape un peu.

 

Proposition 35 : Jésus avait annoncé à ses disciples, sa résurrection, avant sa mort. Par son étonnement face à leur étonnement devant Sa résurrection, Il veut leur rappeler leurs manques de foi passés. Il n’est pas vraiment étonné contrairement à ce que vous affirmez. C’est un procédé pédagogique pour leur faire comprendre leurs erreurs. 

 

Proposition 36 : malgré ce que vous avancez, les doutes de Saint Thomas sur la résurrection corporelle du Christ sont tellement vraisemblables que ce sont les nôtres et même les vôtres. Si cet événement n’a été relaté que dans l’Evangile de Saint Jean, il y a peut-être une autre raison qu’un ajout tardif. Saint Jean était l’apôtre du Christ. Les autres Evangélistes travaillent sur des récits rapportés. Il pourrait donc être normal que l’Evangile de Saint Jean contienne des détails inconnus des autres.

 

Proposition 37 : la certitude des disciples concernant la fin du monde a pu être trompée, sans que le récit ne puisse être remis en cause. Il a fallu que les disciples en reviennent à la réalité, et qu’ils arrêtent de persister dans leurs fantasmes proches de ceux des témoins de Jéhovah actuels. La belle affaire. Nous en sommes tous là en tant que croyant. Nous fantasmons un Jésus qui n’est pas le Jésus réel. Et tant mieux. Cela nous invite à nous remettre en question pour nous améliorer en nous rapprochant de ce vrai Jésus. Comme avec l’Ancien Testament, Dieu poursuit son travail pédagogique envers les hommes à travers le Nouveau Testament. Et apparemment, il y a énormément de travail à faire.

 

Proposition 38 : Jésus essénien ? Peut-être, et alors ?

 

Proposition 39 : l’avènement de la science a fait reculer le christianisme. Mais le scientisme n’a répondu à aucune question sérieuse que se pose l’humain. Le christianisme seul le peut. Sa doctrine résiste à l’analyse contrairement à ce que vous dîtes, et je l’ai suffisamment prouvé ci dessus, sans même parler de la question théologique qui est quand même le nœud de l’affaire, et qui n’est jamais abordé par vous, ou rarement.

Vous essayez de prouver que le christianisme n’est pas scientifique. Et à partir de là, vous en concluez qu’il n’est pas vrai. Or justement, et for heureusement, le christianisme n’est pas une science, mais une religion. Penser le contraire, c’est plaquer une religion scientiste sur ce que devrait être le christianisme. C’est un raisonnement vicié. La science n’est que matérialisme (et encore…). Et s’il y a une pensée qui a bien échoué dernièrement, au 20ème siècle, c’est ce matérialisme. Le christianisme a été détrôné pour laisser place à cette religion scientiste qui a exterminé les populations comme seul l’islam avait pu le perpétrer auparavant, ou certaines religions païennes sud américaines. Vous constatez alors la perte d’influence du christianisme, mais vous ne voyez pas le désastre qui s’en est suivi et ce boulet matérialiste que nous traînons aux pieds depuis. La science n’explique rien de ce qui doit nous être important en vérité, si bien que l’homme contemporain est entré en dépression. Il se suicide même et de bien des manières. L’Église catholique elle, a connu bien des vicissitudes et même des quasi anéantissements comme à l’époque arienne. Mais Elle est toujours là, et Elle va continuer, jusqu’à la victoire finale sur l’esprit d’absence, le diable. Nous seuls offrons une perspective à ce monde. Vous pouvez croire que ce monde va continuer, quoi qu’il arrive, christianisme ou pas. Tous les jours qui passent nous prouvent le contraire. L’humain orgueilleux a voulu se passer de Jésus. Il est en train d’y revenir la queue entre les jambes. Et ce n’est qu’un début. Le catholique est en train de vaincre au milieu du désastre car tel est son destin.

Un jour, notre Eglise sera assez sûre d’elle-même pour nettoyer les Evangiles. Merci de vouloir y contribuer. Mais admettez aussi qu’une telle entreprise est dangereuse. Preuve en est vos interprétations erronées. Si des personnes introduisaient de nouvelles interprétations erronées, le remède serait encore pire que le mal qu’il était sensé nous guérir. Voilà pourquoi, il est préférable d’agir sur de longues décennies sur ce sujet et d’avancer à pas de loup, et de prévoir des procédures qui permettraient de ne pas figer le texte sur de mauvaises interprétations. En attendant, au lieu de vouloir imposer une cohérence à tout le monde, identique, il serait préférable que chaque catholique progresse dans sa propre cohérence aux Textes. Voilà qui est le plus important. Bien que vous ayez bien étudié le sujet, des personnes vous dépassent. Moi. Et cela devrait vous appeler à la prudence.

Bien des constructions fausses se sont accumulées dans notre Eglise. Luther voyait les désordres de son époque. Mais au lieu d’y remédier de l’intérieur, il a désobéi. Vous vous êtes mis dans sa situation. Et il y a une erreur en cela. Vous n’avez pas choisi le sacrifice au milieu du mensonge. Vous avez choisi de vous mettre en dehors de la vérité du sacrifice. Toute votre vie est pourtant un appel au sacrifice, une image christique. Alors que vous manque-t-il ? Un peu de sérieux dans l’Église catholique ? Diantre, votre foi dépend-elle donc des autres ? Il vous manque peut-être un christianisme scientifique ? Mais il s’agit de religion, pas de science. Il vous manque une perfection et une pureté que vous ne retrouvez pas dans l’Église, une pureté à laquelle vous avez voulu croire enfant et qui a été déçue ? Mais l’Église catholique n’est pas un lieu de pureté. On vous a menti sur ce point précis, et on a été ignorant sur d’autres. Vous ne trouverez pas dans l’Église la pureté, mais le combat spirituel, la lutte contre le mensonge, le progrès intérieur malgré le péché, un chemin de sanctification. Voilà qui vaut bien plus qu’une pureté ridicule qui ne s’obtient qu’en récompense d’un long chemin ou de grâces données par le Seigneur, mais certainement pas à coups d’imprécations et de volontarisme.

Vous vous êtes mis en dehors de l’Église. Nous sommes trop impurs pour vous approcher. Nous voilà aussi mis face à des querelles de rabins sur l’exégèse des écritures. Il est vrai que mes frères catholiques sont fainéants en la matière. Mais à leur décharge, cette fainéantise vient de ce qu’ils voudraient surtout respecter l’Esprit de la loi, plutôt que la loi. En cela, ils ont raison. Ils ont seulement tort de croire que l’Esprit de la loi les dispense d’une exégèse sérieuse. Il faut voir notre incapacité à dialoguer avec le monde pour le comprendre. Vous nous invitez à ce dialogue. Je vous en remercie encore. Mais vous oubliez l’essentiel en chemin. Oui, il faut une exégèse sérieuse. Mais la première des exégèses commence par la miséricorde, pas par une démonstration scientifique.

Vous dites encore que cette construction de l’Église est artificielle et qu’elle n’est pas basée sur l’enseignement de Jésus. Là, vous ne comprenez pas que nous sommes en prière perpétuelle depuis 2000 ans pour comprendre cet enseignement, et nous en rapprocher. Le résultat ne vous plaît pas. Il est bourré d’erreurs et d’approximations. Oui. Et votre réflexion aussi.

Comme je l’ai déjà écrit un peu plus haut, l’Église est une chose mystérieuse en vérité, qui avance lentement, sans que nous comprenions même les chemins que Dieu veut Lui faire emprunter. Face à cela, vous opposez l’éclatante action qui serait la marque de Dieu. Voilà qui est la marque du diable plutôt. L’Église est une cathédrale construite pierre à pierre, pas une organisation magique et parfaite, grandiose d’un coup. Si quelques uns ont pu vous tromper sur le sujet, il n’en reste pas moins que la vérité est plutôt dans ce que j’écris. Quand vous aurez épuisé tous vos arguments scientifiques, bientôt, vous détesterez Dieu de ne pas vous avoir donné la foi. Souvenez-vous alors de ce que je vous dis : c’est vous qui l’avez refusée. Dieu vous a créé libre. Il ne vous force en rien, contrairement aux humains. Alors ne cherchez pas en Lui cette vérité écrasante. La vérité chez Dieu, est un souffle. Dieu n’est pas dans la tempête. Il n’est pas dans le tremblement de terre. Il n’est même pas dans le sacrifice. Et encore moins dans la science, même s’Il a bâti ce monde. Il est dans la miséricorde. Vous avez voulu nous vaincre en tant que catholiques, en montrant plus de miséricorde que nous pourrions en avoir à votre égard. En vous répondant, en prenant vos propos au sérieux, j’espère bien vous avoir sauvé d’un tel écueil. 

Une réponse à “Réponse à M Vincent Reynouard concernant les raisons de son apostasie”


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