Quelle est cette énergie qui me tient et me force à écrire dans un désert ? Elle s’impose pourtant à moi. C’est comme si mon coeur était trop petit pour contenir le flot de paroles qui veut en sortir. Il exploserait en plein vol si je le retenais. J‘émerge tout juste des vapeurs médicamenteuses et mon premier réflexe, c’est encore de vouloir m’exprimer. Et je n’y peux rien. Pourtant je sens bien que ma conscience est trouble. Ma vision n’est pas claire. J’entends comme un écho d’échos. Le monde devrait être sans saveur alors qu’ils m’ont abruti. Or je vis et je respire profondément. Mieux, je me sens plus vivant que ceux qui me soignent. Un ravin infranchissable a été mis entre eux et moi. Ils ont voulu anesthésier ma pensée. Résultat, ils m’apparaissent encore plus crûment pour ce qu’ils sont. Des morts vivants.
Voilà d’ailleurs pourquoi ils m’ont abruti. Ils disent vouloir m’empêcher de me suicider. Après m’avoir empêché de vivre, ils veulent m’empêcher de mourir. Je n’aurai pas le droit à l’euthanasie qu’ils promeuvent. Car il ne faut pas que je leur échappe. Ce serait de leur responsabilité si je décidais de mon sort en ce moment. Ils veulent prouver au monde qu’après avoir perdu le contrôle, ils l’ont bien repris, et qu’ils m’enserrent de leurs griffes, que personne ne leur échappera jamais. Mais voilà justement le point faible de cette machine à détruire la Terre et l’humanité. Elle tente de nous persuader de sa toute puissance cependant qu’elle n’est rien. Ma vengeance les a dynamités et les a terrassés. Lorsque la conscience de la Terre se soulève, ils s’effondrent, eux et leurs informations, eux et leurs guerres, eux et leurs mensonges, eux et leurs renoncements. Elle les a vomis par mon bras. Ils ont cru m’avoir dans mon enfance, mais c’est moi qui les ai bien attrapés. J’ai déchiré le masque qui couvrait leur visage pour en révéler l’horreur.
Ô combien cela me rappelle cette période de pandémie où ils ont couvert nos museaux enfantins. Combien ai-je eu le temps de réfléchir à leur inanité, soustrait à leurs regards. Bien caché, je les ai observés avec leurs gesticulations, leur fausse grandeur d’adultes pervertis et menteurs. Ils l’ont bien déguisée leur tyrannie sous couvert de soins. Le groupe est la vérité. Quand bien même il serait toxique. Pas de salut en dehors du groupe. Tous ces adultes nous ont donné une bonne leçon. La force s’impose à tous. Il n’y a pas d’échappatoire que la force et la conscience brisée. Il faut jouer le jeu, sous peine d’être exclu. J’ai retenu la leçon. Vous vouliez de la force. Mon couteau vous en a donné. Vous vouliez du contrôle. Je vous ai tenu sous le fil de ma dague.
En parlant de contrôle, mes camarades ont-ils remué, ne serait-ce que le petit doigt pour la sauver ? Non, ils n’ont pas bougé. Les adultes semblent offusqués par la soixantaine de coups de couteaux que j’ai asséné à Lorène. J’aurai pu lui en asséner 1000, rien n’aurait fait bouger ses copains. Peut-être l’un d’entre eux eut-il fini par sortir son portable et filmer la scène ? Et encore… Le logiciel qui leur tient lieu de conscience, n’était pas programmé pour réagir dans cette situation. Il attendait un ordre qui n’est jamais arrivé. Sur leur écran, nos amis espéraient la survenue de l’adulte ou l’état nounou qui allait la sauver, qui allait les sauver. Il a tardé. Pauvres enfants de bourgeois de centre droit, trop bien élevés et dont l’absence de réaction n’a pas choqué. Ils pouvaient l’attendre leur sauveur. Leurs parents ont vendu les vaccins. Ils les ont injectés. Des hommes en arme les ont protégés. Ils ont profité des prêts à taux zéro pour sauver leur entreprise. Et ils ont forcé des gens à se masquer, pas que les forces de l’ordre, pas que les enseignants, mais eux, oui eux, qui n’avaient aucune autorité pour ce faire. Bref, ils ont continué à gagner leur vie comme si de rien était, quitte à tuer des gens après les avoir asphyxiés. Comme dans l’expérience de Milgram. Certains se sont même enrichis. Ils n’attendaient que ça de la vie. Quand ils n’agissaient pas en tant que prolos, petites filles sages, ou par frustration sociale, gratuitement, tous ces pitoyables insectes.
Et encore, un insecte ne vaut-il pas plus cher qu’un seul de ces parents ? Je prendrais toutes leurs vies plutôt que de tuer un seul insecte. Ils ne valent pas la peine d’être sauvés contrairement à l’insecte. L’insecte, il remplit son rôle dans notre écosystème, et il lutte à sa manière contre notre folie. L’insecte doit faire avec la pollution que nous avons créée. L’insecte doit éviter les voitures qui l’enfument. L’insecte doit se reproduire dans un milieu toxique. L’insecte doit chercher une nourriture saine au milieu d’un environnement dévasté et laid. L’insecte n’a plus le droit à la beauté dans nos sociétés modernes. Il a fui sous les acclamations. Il est apprécié parce qu’il est devenu rare. Et encore le regarde-t-on avec méfiance s’il s’incruste.
J’ai été traité à l’identique de cet insecte, moi le bâtard, moi le métèque, dans cet environnement qui n’était pas fait pour moi. Alors me demander de tuer un insecte ! Tonton Adolf n’aimait pas tuer les insectes, j’en suis sûr. Avec son souci de l’écologie, lui, il n’aurait pas laissé faire de tels monstres. Ils ont peur d’Adolf Hitler car voilà le genre d’homme qui pourrait les mettre au pas et sauver Gaïa. Ils honnissent sa tyrannie parce qu’ils haïssent leur tyrannie, qui dépasse la sienne. Car je vois bien le projet en ce qui concerne tonton Adolf. Il me semble clair, terrible et clair, oui, mais majestueux. Par contre, pour cette société de l’auto-destruction, je ne le vois pas bien, si ce n’est un suicide de notre dernier reste d’humanité. Adolf Hitler voulait le bien de son peuple. Nous ne sommes même plus capables de ça. Nous croulons sous le poids de notre propre corruption. Et nous nous forçons à y croire, quitte à avoir recours à la drogue.
Les médicaments, ils ne les donnent pas pour moi. Ils les donnent pour eux. Cela leur laisse le temps de respirer. Et plus ils les utilisent, plus ils étouffent. Ils ne le savent pas, mais ce n’est pas moi qu’ils emprisonnent avec leurs médicaments, c’est eux. Principe de précaution oblige, avanceront-ils pour moi. Le risque zéro. Qu’est-ce que cela a donné ? Un adolescent qui enfonce et enfonce et enfonce un couteau dans la chair tendre de sa meilleure et seule amie. J’en rigolerais si j’étais encore capable d’émotions. Pour proscrire les incidents, ils vont bientôt interdire les couteaux en cuisine. Ou alors avec des bouts ronds. Comme ça, ils dormiront tranquilles, sur leurs deux oreilles. Cacher cet humain que je ne saurais avoir engendré. Et alors, je le prédis, le crime et les suicides progresseront. Plus les médicaments feront leur œuvre. Plus cette société engendrera des irrécupérables. J’ai franchi allègrement le rubicon dans le tonnerre. Des millions me suivent en silence. Ils devraient leur en vouloir à eux, pas à moi. Moi, je leur ai donné une chance d’évoluer, de penser leur autodestruction. Mais au lieu de comprendre, ils ont resserré les entraves, parce qu’ils ne veulent pas entériner leur échec. Ils veulent bien mourir ou que la Terre meure. Par contre, ils ne veulent pas en avoir conscience. Les sédatifs qu’ils prennent sont plus puissants que les miens. Les brumes qui les entourent, plus épaisses. Ils s’imaginent peut-être que je veux être suivi, comme ils rêvent de l’être ! Or, je voudrais juste avoir été combattu. D’ailleurs, un seule courageux n’a-t-il pas suffi à m’arrêter ? Si j’étais combattu, je ne dis pas qu’ils remporteraient la victoire, mais si j’étais combattu, cela prouverait qu’il reste encore une étincelle de vie en eux. Cela prouverait peut-être qu’ils sont récupérables. Or ils ne me combattront surtout pas. Ils m’esquiveront, ils m’oublieront, ils me sédateront, ils me censureront, puis ils passeront à autre chose.
Je ne me leurre pas. J’ai déjà été oublié. Je l’ai lu dans le déclin du courage de Soljénitsine. Un fait divers en chasse un autre. L’esprit des gens est occupé par une succession de questions vaines, qui alimentent leurs certitudes, et qui sont oubliées tout aussi rapidement, mais qui confortent leurs certitudes. Cependant, peuvent-ils empêcher la Terre de se rebeller contre leur inanité ? Bien entendu que non. C’est leur lutte qui est perdue d’avance. Pas la mienne. La société m’a exclu. La Terre m’a pourtant accouché. J’ai grandi dans son ventre maternel et protecteur, loin de la laideur. D’autres suivront le même chemin que moi. Je suis son fruit. Tout n’a été que déchéance en dehors d’elle. Je veux retourner dans Ton saint ventre, ô Mère, loin de la fureur et des cris. Je veux continuer à bénir Ton saint nom ô Mère chérie. Acceptes-tu mon sacrifice Mère divine ? Mon pur sacrifice pour Toi, Gaïa. Car de nouveau, tes protecteurs se sont levés et ils ont mis sur l’autel ce qu’il y avait de plus beau et de plus précieux pour t’agréer. Ma Lorène. Ô sainte Terre immaculée, par qui tout fait sens, que je regrette ton saccage, qu’il m’est insupportable. Tu as été conçue sans tâche, sans souillure, et de vils hérétiques sont venus te piétiner. J’ai réparé la souillure par ce sacrifice. Daigne l’agréer bonne Mère et me protéger, en Ton sein.
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